Vivre et gouverner le délogement dans deux espaces populaires en attente de rénovation urbaine

Vivre et gouverner le délogement dans deux espaces populaires en attente de rénovation urbaine

Charles Reveillere, Docteur en sociologie
  • Marseille, France - January 19 2021: An excavat©shutterstock-Obatala-photographyMarseille, France - January 19 2021: An excavat©shutterstock-Obatala-photography

Le 22 novembre à 14h, Charles Reveillere a soutenu une thèse de sociologie intitulée :

Demain c'est loin, et aujourd'hui c'est déjà trop tard. 
Vivre et gouverner le délogement dans deux espaces populaires en attente de rénovation urbaine.

Thèse co-dirigée par Claire Lemercier, directrice de recherche au CNRS (Centre de sociologie des organisations, Paris) et Jérôme Pélisse, professeur à Sciences Po Paris (Centre de sociologie des organisations, Paris)

Jury : 

M. Renaud Epstein, professeur à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye (laboratoire Cesdip, Saint Quentin en Yvelines) 
Mme Claire Lemercier, directrice de recherche au CNRS (CSO)
M. Jérôme Pelisse, Professeur des Universités à Sciences Po (CSO)
Mme Yasmine Siblot, professeure à l’Université Paris-8 (laboratoire Cresppa, Paris) 
Mme Robin Stryker, professeure à l’Université Purdue (Indiana, Etats-Unis) 
M. Julien Talpin, chargé de recherche HDR au CNRS (laboratoire Ceraps, Lille) 
Mme Sylvie Tissot, professeure à l’Université Paris-8 (laboratoire Cresppa, Paris) 

Résumé : 

Ce travail porte sur deux espaces populaires du parc privé et social marseillais ciblés par des projets de rénovation urbaine. Le quotidien des habitant·es est mis en suspens : vont-iels devoir déménager, quand, où et comment ?
Au nom d’une éventuelle démolition à venir, la gestion courante est minorée, laissant se dégrader bâtiments et espaces publics.

La thèse analyse le délogement comme un processus dont la brutalité se déploie au long cours. Elle commence par une description de l’attente vécue par les habitant·es, si éprouvante qu’elle fabrique souvent leur consentement au départ avant même que les administrations aient à les en contraindre. Après avoir identifié quelle forme d’action publique produit ce phénomène, l’auteur s’intéresse aux rapports de pouvoir qui déterminent les règles de distribution des biens symboliques et matériels en jeu dans le délogement.

En articulant cadre d’analyse processuel et comparaison spatiale, la démonstration identifie deux modes de gouvernement des espaces populaires, associés à un horizon plus ou moins ouvert de négociation. Trois angles d’analyse se dégagent.
Tout d’abord, la relation entre pouvoir et prévisibilité : comment se distribue la maîtrise du temps et que fait-elle aux rapports entre des habitant·es et des administrations qui les délogent ?
Ensuite, les pratiques d’intermédiation : dans l’attente des guichets officiels, des voies d’accès alternatives aux biens sont érigées, produisant des règles de distribution structurées par des rapports de domination différents de ceux habituellement observés.
Enfin, les liens entre fragmentation interne de l’espace populaire et pratiques des administrations : la comparaison de formes plus ou moins rapprochées de domination permet de voir ce que les pratiques plus ou moins familières des agent·es font aux rapports sociaux localisés.

La thèse étudie plus spécifiquement les différentes faces du gouvernement clientélaire, entre réappropriation populaire des rapports aux administrations, levier de maintien de la paix sociale et instance de politisation conflictuelle. Elle repose sur l’analyse longitudinale de données produites par deux ethnographies des espaces populaires, des entretiens (avec habitant·es, agent·es administrations et intermédiaires) et des recueils de sources écrites.

Contact : charles.reveillere@sciencespo.fr

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