La contestation sociale et ses futurs. Pour une approche temporelle de l’action politique

La contestation sociale et ses futurs. Pour une approche temporelle de l’action politique

Appel à communication - Propositions à envoyer avant le 15/01/23
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Appel à communication pour la Journée d’ Étude

La contestation sociale et ses futurs. Pour une approche temporelle de l’action politique

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Dans quelles temporalités futures s’inscrivent les mobilisations contemporaines ? En matière de contestation sociale, le futur gonflé d'espoir et la conviction qu’un avenir meilleur est à portée de main ont longtemps marqué la rhétorique révolutionnaire et l'engouement politique progressiste (Koselleck, 2016: 87-105). Aujourd’hui, pourtant, le « jusqu’auboutisme » enthousiaste et stratégique semble être une temporalité qui appartient au passé. En effet, pour de nombreux historiens, philosophes et sociologues, c’est une approche du futur tout autre qui domine les représentations sociales de l'occident depuis plusieurs décennies : celle de la « crise de l’avenir » (Dubar, 2011: 2), de la « crise du futur » (Leccardi, 2011), de la « perte du futur » (Anderson, 2017: 466). Nous vivrions des temps « apocalyptiques » (Foessel, 2012; Carey, 2019), « dystopiques » (Díaz, 2017: 5) ou encore « catastrophistes » (Dupuy, 2002; Chateauraynaud et Debaz, 2017).

Tous ces travaux font référence à une approche défaitiste de la lutte sociale et à l’effacement des temporalités futures à long terme dans les discours politiques progressistes. Il n’est plus question de se projeter dans un avenir lointain, tout particulièrement lorsqu'il est question du réchauffement climatique et de la dégradation de l'environnement, de la récession économique ou du sentiment de manque de prise démocratique face au démantèlement de l’État social et de l’organisation du monde du travail, mais dans un présent catastrophique.

Et pourtant, des luttes sociales continuent de s’organiser à travers le monde et dans des contextes variés (Semal, 2019). Que disent nos ethnographies à ce sujet ? La vision optimiste et enthousiaste du futur n’a-t-elle plus de place dans l’imaginaire politique contemporain ? Quels rapports à l’avenir sont compris dans les mobilisations sociales qui continuent malgré tout de s’organiser ? L’idée, paradoxale (Revault d’Allonnes, 2012 ; Vigh, 2008), d’une crise globale et permanente a-t-elle des répercussions sur la nature et la forme de cette contestation sociale ? Quels conflits de temporalités existent entre les revendications de la société civile, le fonctionnement de l’action publique et les agissements des entreprises ? Les acteurs sur le terrain sont-ils cantonnés à une temporalité de « réaction » ou font-ils malgré tout exister des horizons temporels lointains ? L’aspiration à plus de justice et le souhait d’émancipation collective creusent-ils encore le sillon de projets utopiques ou, au contraire, est-ce que la perspective d’un « effondrement » (voir Allard et al., 2019 ; Tasset, 2022) contribue à une démobilisation et un individualisme sans précédent ? Le « présentisme » (Baschet, 2018 ; Hartog, 2013) s’imposerait-il alors comme un horizon temporel dominant ?

En partant des postulats selon lesquels 1) les temporalités qui entourent la vie sociale sont nécessairement multiples et parfois antagonistes (Grossin, 1996 ; Pels, 2015) ; 2) que les projections des individus vers les horizons temporels futurs cohabitent avec celles d’autres rapports au temps, qu’il s’agisse des horizons temporels passé et présent ou des rythmes, des échéances, des sentiments d’urgence (Anderson, 2017) ou d’ennui ; et 3) que les imaginaires du futur façonnent des états émotionnels (individuels ou collectifs) qui orientent le contenu des pratiques visant à transformer le monde (Persoon et van Est, 2000 ; Adam, 2009 ; Appadurai, 2013 ; Chateauraynaud, 2013); cet appel à communication souhaite regrouper des chercheur·euses travaillant sur les aspects temporels des contestations sociales contemporaines.

À travers une discussion transdisciplinaire et sur base de travaux reposant aussi bien sur des terrains européens qu’internationaux, cette journée d’étude souhaite prendre acte de la diversité des temporalités qui existent dans la contestation sociale contemporaine. Il s’agira d’apporter des éléments empiriques permettant d’appréhender concrètement quels facteurs influencent (ou non) l’élaboration des horizons temporels futurs, qu’il s’agisse des caractéristiques socio-biographiques, des idéologies politiques, des cadres culturels ou religieux, des volontés de filiations à des mouvements de luttes passés ou encore des évènements marquants l’actualité.

Sans prétention d’exhaustivité, les travaux axés sur les réseaux internationaux d’action pour le climat, le phénomène de « retour à la terre », qu’il soit porté par des aspirations autonomes (Sallustio, 2022) ou des pratiques survivalistes (Barker, 2020), les pratiques de boycott, des formes contemporaines de résistance et de luttes dans le cadre du travail, les stratégies militantes au sein de partis ou d’associations politiques, ou encore les initiatives d’aides d’urgence déployées dans le cadre de migrations, conflits armés ou catastrophes naturelles seront les bienvenus.

Organisatrice

Madeleine Sallustio, post-doctorante CNRS au Centre de sociologie des organisations (CSO), Sciences Po.

Calendrier et modalités

Les propositions peuvent être rédigées en français ou en anglais et contiendront, sans compter la bibliographie, +/- 1200 mots (1 page).
Accompagnées d'une brève biographie (150 mots max.), elles devront être envoyées avant le 15 janvier 2023 aux adresses mail suivantes : madeleine.sallustio@sciencespo.fr et simon.cordonnier@sciencespo.fr.

Veillez à nommer votre document, ainsi que l’objet du mail comme suit : JE_CSO_Nom_Prénom.

Les communications pourront se dérouler en français ou en anglais. Toutes les disciplines sont les bienvenues.

Le programme de la journée d’étude sera élaboré de manière à ce que les communications soient complémentaires et entrent en dialogue.

La journée d’étude aura lieu en juin 2023 sur le site de Sciences Po, Place Saint Thomas d’Aquin, 75007 Paris.

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