Le 24 juin, Julie Oudot a soutenu une thèse de sociologie intitulée : 

En attendant l'emploi

Gestion de masse et accompagnement individuel des allocataires du RSA

Jury

·  Vincent DUBOIS, Professeur des universités, Université de Strasbourg, SAGE (Rapporteur)   

·  Nicolas DUVOUX, Professeur des universités, Université Paris VIII, CRESPPA/LabToP

·  Anne JOURDAIN, Maîtresse de conférences, Université Paris-Dauphine, IRISSO

·  Jeanne LAZARUS, Directrice de recherche, CNRS, CSO (Directrice de thèse)

·  Gabrielle SCHÜTZ, Maîtresse de conférences, HDR, Université Versailles Saint-Quentin, Printemps 

·  Marc ZUNE, Professeur, Université catholique de Louvain (Rapporteur)

Résumé :

Alors que le Revenu de Solidarité Active (RSA) n’a jamais été pensé comme une allocation permanente et que les politiques d’activation visent à en garantir le caractère transitoire, une part importante des allocataires reste durablement dans le dispositif : en 2022, 36 % percevaient le RSA depuis plus de cinq ans, et 15 % depuis plus de dix ans. Cette tension constitue le point de départ de la thèse. S’appuyant sur une enquête multi-située de deux mois dans des services départementaux d’orientation, d’accompagnement et de contrôle, plus d’une centaine d’entretiens et l’exploitation d’archives et de données statistiques, elle montre que ces politiques ne se contentent pas d’accompagner vers l’emploi, mais mobilisent et instrumentalisent le temps comme outil central du gouvernement des personnes sans emploi.

Elle retrace l’itinéraire de la croyance selon laquelle l’intensification de l’accompagnement favoriserait le retour à l’emploi, stabilisée dès les années 1990 par le tournant managérial des politiques sociales et l’essor d’une ingénierie temporelle devenue clé dans l’évaluation de l’action publique. La thèse analyse comment cette lecture temporelle du chômage a recomposé les frontières professionnelles dans le champ de l’insertion, en opposant les pratiques sociales à de nouvelles expertises inspirées du coaching et du développement personnel. Enfin, elle explore les effets contrastés de ces politiques sur les allocataires, en montrant comment ils et elles s’en saisissent, les détournent ou y résistent. À l’intersection de la sociologie des politiques publiques, du chômage et de la pauvreté, cette thèse éclaire les mutations de l’État social, désormais engagé dans l’encadrement actif des périodes d’inactivité.

Mots clés : État social, activation, pauvreté, chômage, coaching, mise au travail, ethnographie