S’appuyant sur les résultats de la treizième vague de l’enquête “Fractures françaises”, menée par Ipsos BVA pour le CEVIPOF, la Fondation Jean-Jaurès, Le Monde, et l’Institut Montaigne, Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos BVA, et Stéphane Zumsteeg, directeur du département Politique et opinion d’Ipsos BVA,  s’intéressent à l’un des mécanismes clés de la vie politique française : le “front républicain”, ce réflexe électoral visant à faire barrage à l’extrême droite au second tour des scrutins.

À partir d’une enquête menée auprès de 3 000 personnes en , les auteurs montrent que si l’adhésion de principe au front républicain demeure forte, sa traduction concrète dans les urnes s’affaiblit.

• Les électeurs de gauche (NFP) et du centre (Ensemble) restent majoritairement attachés à ce réflexe (82 % et 65 %),
• Mais l’électorat de droite traditionnelle (LR) s’en éloigne de plus en plus : seuls 36 % y adhèrent encore.

La note met également en évidence un effritement du barrage à gauche, en raison du climat politique et du rejet croissant d’Emmanuel Macron et du “socle central”. De plus en plus d’électeurs de gauche placent désormais un signe d’égalité entre la droite et l’extrême droite, préférant parfois l’abstention au vote de blocage.

Pour autant, les auteurs rappellent que le front républicain n’a jamais été un réflexe figé : il a prouvé, en 2024 comme en 2022, sa capacité à se réactiver fortement en période de campagne, notamment quand la perspective d’une victoire du RN se fait plus concrète.

En conclusion, Mathieu Gallard et Stéphane Zumsteeg soulignent que le maintien ou non du front républicain sera un facteur déterminant lors d’une éventuelle nouvelle dissolution. Car pour le Rassemblement national, la conquête d’une majorité – même relative – passe nécessairement par l’effondrement de ce réflexe républicain.