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14.11.2025
Enquête AMF-CEVIPOF : Malgré un goût d'inachevé, les maires repartent au combat
À quatre mois des élections municipales de 2026, le CEVIPOF publie avec l’AMF une nouvelle enquête coordonnée par Martial Foucault et Pierre-Henri Bono, dans le cadre de l’Observatoire de la démocratie de proximité. Elle offre un éclairage inédit sur l’état d’esprit des maires à l’issue d’un mandat éprouvant, mais aussi sur leurs motivations, leurs inquiétudes et leurs perspectives pour l’avenir.
Un mandat secoué, mais une forte envie de continuer
Le mandat 2020-2026 restera pour les maires comme l’un des plus difficiles depuis des décennies : crise sanitaire sans précédent, tensions inflationnistes persistantes, guerre en Ukraine, montée des incivilités, instabilité politique nationale.
Malgré ces épreuves, 6 maires sur 10 (58%) déclarent envisager de se représenter en 2026, soit une proportion supérieure à celle observée avant les élections de 2020. La fatigue est réelle, tout comme le sentiment d’avoir exercé un mandat souvent « empêché », mais le sens du service public et l’envie d’agir demeurent puissants.
Qui se représente en 2026 ? Le rôle décisif de l’âge, de la satisfaction personnelle et du climat politique local
L’âge apparaît comme le premier déterminant de la candidature : 73 % des maires de moins de 35 ans souhaitent repartir, contre 30 % des plus de 75 ans.
Les facteurs subjectifs jouent aussi fortement. Parmi les maires satisfaits de la vie qu’ils mènent, 63 % envisagent une nouvelle candidature, contre seulement 23 % chez les insatisfaits.
Le climat des conseils municipaux pèse également : 62 % des maires décrivant des conseils « très pacifiques » veulent se représenter, contre 46 % quand le climat est jugé « agressif ».
Des motivations ancrées dans le projet, des renoncements liés à la vie privée
Lorsqu’ils choisissent de briguer un nouveau mandat, les maires mettent en avant deux ressorts majeurs :
la logique de projet (79 %), pour poursuivre ou engager des actions structurantes ;
l’engagement pour l’intérêt général (78 %), au cœur de leur conception de la fonction.
À l’inverse, ceux qui renoncent invoquent avant tout la nécessité de retrouver un équilibre personnel et familial (79 %), fréquemment mis à mal par les contraintes du mandat. Beaucoup estiment également avoir accompli ce pour quoi ils avaient été élus (64 %).
Des conseils municipaux globalement apaisés, malgré des tensions bien réelles
L’enquête révèle que les conseils municipaux restent majoritairement paisibles : seulement 8 % des maires décrivent des séances agressives, et 68 % des votes se concluent par des décisions unanimes.
On observe toutefois des signes de tension : les maires rapportent en moyenne 1,6 démission de conseiller municipal depuis 2020, un chiffre qui grimpe dans les communes les plus peuplées.
Par ailleurs, 32 % indiquent faire face à une opposition structurée, considérée comme négative pour la gestion locale par 58 % d’entre eux.
Des finances locales jugées saines et en amélioration
L’appréciation de la situation financière marque un contraste avec les difficultés vécues depuis 2020. Près de 9 maires sur 10 estiment aujourd’hui leurs finances « saines », soit 10 points de plus qu’en 2022, moment où la crise énergétique avait durement touché les communes.
De 2020 à 2025, la proportion de maires jugeant leurs finances solides passe de 83 % à 89 %, une progression homogène quel que soit le type de commune.
Violences et incivilités : un phénomène stabilisé mais toujours préoccupant
Les violences symboliques, numériques ou physiques ont augmenté depuis 2020, avant de se stabiliser légèrement après la mi-mandat.
En 2025 : 65 % des maires ont subi des incivilités, 36 % des injures, 28 % des menaces ou attaques en ligne, 8 % des violences physiques, avec des répercussions sur les proches dans 12 % des cas.
Enfin, si une large majorité de maires (92 %) et de Français (87 %) estiment que la violence progresse en France, ils sont beaucoup moins nombreux à la percevoir dans leur commune, révélant un important décalage entre perception nationale et réalité locale.
Une démocratie locale éprouvée, mais qui tient et se projette
L'édition 2025 de l'enquête montre une démocratie locale résiliente.
Pour Martial Foucault et Pierre-henri Bono : "Les municipales de 2026 diront si les maires parviennent à transformer cette envie de continuer en démonstration d’efficacité, dans ce “dernier kilomètre” où se joue désormais la crédibilité de la politique."
Télécharger les résultats complets de l'enquête cevipof-Amf 2025 sur les maires de france
Consulter toutes les précédentes enquêtes de l'Observatoire de la proximité
(crédits : shutterstock_FoxPictures)
