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10.12.2025
Les assemblées citoyennes : un espoir sur fond de défiance politique
Cette nouvelle note de recherche, issue du projet DeCoDe, projet Scientific Advisory Board de Sciences Po intitulé "Citizen Deliberation and Political Trust in Democracy (2024-2026)", analyse la manière dont les Français perçoivent les assemblées citoyennes dans une période où la confiance envers la politique traverse une crise profonde.
Proposée par Bernard Reber et fruit du travail collectif d'une équipe de chercheurs du CEVIPOF à ses côtés, Damien Bol, Flora Chanvril, Bruno Cautrès et Dimitri Courant, elle propose une évaluation précise de deux expériences emblématiques de démocratie délibérative en France :
la Convention citoyenne pour le climat (C3),
la Convention citoyenne sur la fin de vie (CCFV).
L’étude ne se limite pas à mesurer l’adhésion à ces dispositifs : elle les replace dans l’ensemble du paysage institutionnel en comparant le niveau de confiance accordé aux assemblées citoyennes à celui dont bénéficient les institutions politiques, les élus et les partis.
Des assemblées perçues comme légitimes et utiles
Les résultats sont clairs : 67 % des Français estiment que les assemblées citoyennes sont “une bonne chose”. Ce soutien dépasse largement celui accordé aux institutions politiques traditionnelles.
Les répondants valorisent :
- la représentativité du tirage au sort,
- la qualité des délibérations,
- l’éloignement du jeu partisan,
- la possibilité pour des citoyens ordinaires d’influencer des décisions importantes.
C3 et CCFV, souvent décriées ou mal comprises dans le débat public, bénéficient en réalité d’une image nettement positive, y compris chez les citoyens critiques vis-à-vis de la politique.
Le paradoxe de la défiance
Cet engouement survient dans un contexte marqué par une défiance politique élevée.
Les citoyens expriment une critique persistante du fonctionnement de la démocratie représentative, du rôle des élus et du système partisan. Les assemblées citoyennes profitent ainsi d’une image positive, précisément parce qu’elles se situent hors du système politique classique.
Mais Bernard Reber insiste :l’adhésion symbolique ne garantit pas l’adhésion pratique.
La confiance repose sur la crédibilité du dispositif… et surtout sur la prise en compte réelle des recommandations.
Les assemblées citoyennes ne résolvent pas la crise démocratique, mais elles offrent un espace d’innovation
La note rappelle que ces assemblées ne sont ni un substitut aux institutions, ni une réponse miracle.
Elles peuvent cependant :
- améliorer la perception de la démocratie,
- encourager l’écoute délibérative,
- répondre au besoin de participation exprimé par les citoyens,
- renforcer la légitimité de décisions publiques complexes.
Leur efficacité dépendra de :
- leur pérennisation,
- la transparence de leur fonctionnement,
- et de leur insertion dans le processus décisionnel.
Un espoir fragile mais réel
Les assemblées citoyennes apparaissent comme un levier d’expérimentation démocratique, particulièrement attractif dans un climat de lassitude civique.
Elles ne suffisent pas à elles seules à restaurer la confiance, mais elles montrent la voie d’une démocratie plus ouverte, plus inclusive et plus délibérative — une demande forte des citoyens aujourd’hui.
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