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14.10.2025
Fractures françaises : l’image des partis politiques en question
À l’approche de la publication de la treizième vague de l’enquête Fractures françaises, cinq chercheurs du CEVIPOF livrent les premières notes de recherche d’une collection entièrement consacrée à cette étude annuelle emblématique, menée par le CEVIPOF en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès, l’Institut Montaigne et Le Monde, et réalisée par IPSOS/BVA.
Après l’analyse de Luc Rouban et Anne Muxel, cette nouvelle note de recherche, proposée par Frédérik Cassor, assistant ingénieur statisticien CNRS au CEVIPOF, met en lumière l’évolution des images partisanes à travers cinq années d’enquêtes (2020-2024).
Basée sur les vagues successives de l’enquête (8 à 12), l’étude montre que l’image des partis reste un facteur clé de la décision électorale, structurée autour de trois dimensions : la crédibilité, la proximité avec les citoyens et le potentiel démocratique.
Une gauche fragmentée, un RN en progression
Du côté des partis de gauche, une fracture nette se dessine entre La France insoumise, le Parti socialiste et Europe Écologie – Les Verts.
LFI pâtit d’une image dégradée : jugée peu crédible pour gouverner et perçue comme « dangereuse pour la démocratie » (63 % des répondants), elle souffre d’un déficit de confiance que le PS, à l’inverse, semble avoir partiellement regagné.
Le PS apparaît aujourd’hui comme le parti le plus consensuel de la gauche, tandis que le RN consolide sa position dominante en matière d’image positive — notamment sur la proximité et la capacité à prendre des décisions impopulaires jugées nécessaires.
Des clivages sociaux et culturels profonds
L’étude révèle également une forte dimension sociologique dans la perception des partis :
– Le RN domine dans les catégories populaires et moyennes,
– Renaissance et Les Républicains séduisent davantage les catégories supérieures,
– Les partis de gauche attirent les diplômés du supérieur et les électeurs aux revenus plus élevés.
Les valeurs culturelles et politiques jouent un rôle déterminant : le libéralisme culturel et la confiance dans les institutions nourrissent une image positive des partis de gauche, tandis que l’autoritarisme et le passéisme sont associés à la progression du RN.
Vers une recomposition idéologique durable
Si les scores globaux d’image restent faibles pour tous les partis, les tendances observées traduisent une recomposition du paysage partisan :
– Le RN progresse en crédibilité sans dissiper totalement les doutes sur son rapport à la démocratie.
– Le PS regagne un capital de confiance et de respectabilité.
– Le parti présidentiel, Renaissance, voit au contraire son image s’éroder, victime d’une usure du pouvoir et d’une perte de repères dans l’électorat.
Ces résultats confirment la polarisation croissante de la société française, où les fractures ne sont plus seulement sociales, mais aussi culturelles et idéologiques.
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