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16.10.2025
Fractures françaises : dix ans d’évolution des attitudes face à l’immigration
À l’approche de la publication de la treizième vague de l’enquête Fractures françaises, cinq chercheurs du CEVIPOF livrent les premières notes de recherche d’une collection entièrement consacrée à cette étude annuelle emblématique, menée par le CEVIPOF en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès, l’Institut Montaigne et Le Monde, et réalisée par IPSOS/BVA.
A partir des données de plus de dix ans d'enquête, le directeur du CEVIPOF, Kevin Arceneaux, s’intéresse lui à l’un des sujets les plus sensibles du débat public : l’immigration.
Une opinion française stablement critique
L’analyse des douze vagues de l’enquête montre qu’une majorité de Français exprime, depuis 2013, des attitudes négatives à l’égard de l’immigration.
Une amélioration temporaire est observée entre 2018 et 2019, sans doute portée par un espoir de « renouveau politique » après l’élection d’Emmanuel Macron. Mais cet effet s’est révélé éphémère : en 2024, le niveau des attitudes anti-immigration retrouve celui observé dix ans plus tôt.
Cette stabilité souligne combien le sujet demeure structurant dans l’opinion publique, indépendamment des alternances politiques.
Le poids décisif du niveau d’éducation
L’étude confirme le rôle déterminant du clivage éducatif dans la formation des attitudes.
Environ 60 % des personnes non diplômées de l’enseignement supérieur expriment des positions anti-immigration, contre 40 % des diplômés.
Ce contraste illustre une fracture culturelle et sociale profonde, liée à des trajectoires de vie, des niveaux de ressources et des représentations du monde différentes. Les plus diplômés valorisent davantage la diversité culturelle, tandis que les non-diplômés associent plus souvent l’immigration à des inquiétudes économiques ou identitaires.
Une polarisation politique renforcée
Ces dynamiques participent à la polarisation du champ politique :
– à droite et à l’extrême droite, le rejet de l’immigration s’affirme comme un marqueur identitaire ;
– à gauche, l’immigration est davantage perçue comme un facteur de vitalité sociale et culturelle.
Cette opposition contribue à la recomposition durable du paysage partisan, au profit du Rassemblement national et de La France insoumise, aujourd’hui positionnés aux deux pôles de la controverse migratoire.
Un révélateur des fractures françaises
Cette quatrième note met en évidence la constance et la profondeur du clivage migratoire en France.
Au-delà des opinions individuelles, elle révèle un découpage social et culturel du débat public, où le niveau d’éducation, la position sociale et les valeurs jouent un rôle majeur.
L’immigration reste ainsi un symbole des divisions françaises, à la fois reflet et moteur des recompositions politiques à l’œuvre.
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