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Petites tragédies, grande histoire

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À me souvenir d’un événement qui a marqué ma trajectoire de recherche comme j’y suis invité aujourd’hui me revient non sans ironie quelque chose qui pourrait faire penser à l’expérience de Fabrice. On se souvient que, tout à son désir d’assister à une grande bataille, le héros s’endort dans un champ le jour de Waterloo et passe à côté de son rêve pour se réveiller tout penaud, la bataille s’étant jouée ailleurs. Sans prétendre à la gloire de Fabrice ou plutôt en l’occurrence à sa déveine, il m’est arrivé quelque chose de comparable le 9 novembre 1989. À Berlin.

J’étais arrivé dans la ville dix-huit mois auparavant, en juin 1988, boursier de la Fondation Alexander von Humboldt pour réaliser ce que l’on appelait à l’époque une thèse d’État. Je voulais comparer les relations professionnelles dans trois pays dits de « type soviétique » : la Pologne sur laquelle j’avais réalisé ma thèse de doctorat quelques années auparavant et où j’avais travaillé pendant un an, à l’université de Lodz en 1984/1985 ; l’Allemagne de l’Est (ou République démocratique allemande) où je pensais rester trois ans ; la Hongrie dont j’avais commencé à apprendre la langue pour demeurer à Budapest à compter de 1991 et ce, jusqu’en 1994. Tout était préparé. Le CNRS avait validé mon programme. L’institut du travail de l’académie hongroise avait accepté de me recevoir.

En fait, rien ne s’est passé comme prévu !

Revenons au 9 novembre, ce jour inoubliable marqué par la chute du mur de Berlin. Depuis des semaines la tension était inouïe à Berlin, tant dans la partie ouest de la ville où je vivais avec ma famille que dans la partie est où je pouvais me rendre, grâce aux invitations que j’obtenais à intervalles irréguliers de l’académie des sciences de RDA (die Akademie der Wissenschaft). Il me fallait demander le précieux sésame longtemps à l’avance, obtenir le document de l’administration du CNRS, puis le faire valider par les autorités scientifiques de RDA avec l’accord de l’institut hôte, toujours le même, celui qui dès le début m’avait été assigné : de toute façon, il n’y avait que lui sur la place de Berlin-Est, l’institut de sociologie situé à l’autre bout de cette partie de la ville, tout au bout de l’actuelle Frankfurter Allee, à l’époque Stalin Allee.

Moi qui avais connu à Lodz mais aussi à Varsovie et à Wroclaw des ambiances de travail chaleureuses, je ne trouvais à Berlin-Est que morosité et manque d’intérêt. J’étais le seul sociologue étranger à fréquenter ces lieux étranges et froids. En outre, mon sujet de recherche laissait mes collègues de marbre et à travailler sur les syndicats et la direction économique des entreprises de type soviétique, je passais sans doute pour un bien surprenant chercheur. Loin, très loin des rires attendris ou des moqueries sympathiques, sinon condescendantes de mes collègues polonais face à mes interrogations sur le nouveau mouvement syndical officiel qui avait émergé en 1984 des ruines de Solidarnosc. Quelle idée d’aller travailler sur ces organisations qui n’avaient jamais été que la courroie de transmission d’un parti honni et pour cette raison, dénuées de tout intérêt ! Quelle satisfaction pouvait-on trouver à analyser des fonctionnements d’entreprise dont chacun pouvait juger par soi-même l’incurie profonde ? A l’inverse, le respect poli que l’on opposait en RDA à mes questionnements ou l’empressement mis à me délivrer des documents à la gloire du régime témoignaient sinon d’un soutien déterminé aux organisations sociales, du moins d’une grande tolérance.

Un remarquable politiste polonais disparu depuis, Edmund Wnuk-Lipinski, avait approfondi la théorie de la dissonance cognitive pour rendre compte en Pologne du divorce entre les comportements publics faits de conformité aux injonctions du régime, et les comportements privés construits en référence à la tradition de la famille, de la religion et du voisinage. En Allemagne de l’Est, dussé-je céder à des poncifs, je n’ai jamais vu que discipline et ordre.

En octobre 1989, j’avais enfin obtenu mon laissez-passer pour un séjour de deux mois et j’en profitais pour passer plusieurs semaines dans l’École nationale de formation des syndicalistes située à Bernau. Là, je me plongeais dans une littérature fastidieuse dont j’ai tout oublié sinon que chaque mémoire commençait immanquablement par Als Erich Honecker gesagt hat (« comme Erich Honecker l’a dit »).

Un grand gaillard très sympathique, formateur à Bernau et ancien membre de l’institut de sociologie, m’accompagnait sans cesse. Il m’invitait chez lui, et m’entretenait sur le Parti communiste dont il était évidemment membre et sur les ratées de l’équipe dirigeante. Nous allions passer le weekend dans sa datcha et là, je pouvais poursuivre l’autre sujet de recherche que je m’étais fixé en cherchant à comparer le fonctionnement et l’organisation des jardins ouvriers en Pologne et en Allemagne de l’Est. Leur attribution dépendait des syndicats mais bien plus important était le fait qu’ils représentaient sous le communisme une rare enclave où se développait une authentique vie sociale sur laquelle le parti n’exerçait qu’un faible contrôle. J’étais parvenu par l’entremise d’amis polonais à recueillir une centaine de réponses écrites à mes questionnaires portant sur l’économie et les loisirs dans ces petits jardins. J’étais en train d’accumuler un volume comparable de réponses de leurs homologues est-allemands quand le mur s’est écroulé. Les bouleversements qui s’en sont suivis ont totalement redéfini mes sujets de recherche, me forçant à laisser de côté celui des petits jardins et à mon grand regret, je n’y suis jamais revenu.

Après la chute du mur, nous avons continué de nous voir, mon partenaire de Bernau et moi. Très tôt après novembre 1989, il avait créé une association de chômeurs de RDA et l’animait avec une vraie foi de new born. Son engagement était sincère et nous avons écrit ensemble un article sur les premières liquidations d’entreprises et de l’emploi qui dans les mois qui ont suivi le 9 novembre ont été proprement ahurissantes. Puis il a disparu. Son passé d’IM, en d’autres termes de collaborateur informel (Informelle Mitarbeiter) de la Stasi l’avait rattrapé. Plus tard, je me suis souvent demandé si mon refus de consulter mon dossier à la Stasi, sur lequel je ne suis jamais revenu depuis lors, ne tenait pas à cette relation que nous avions nouée, considérant que ce qu’il avait pu rapporter sur moi à ses chefs anonymes n’avait à coup sûr aucune importance à côté de ce qu’il avait pu me laisser voir de son attachement mais aussi de sa distance à l’égard du régime de la RDA. Résolument réformateur mais dans une opposition forcenée à l’Allemagne de l’Ouest, il croyait en une RDA des soi-disant fondateurs, celle des bâtisseurs stakhanovistes comme Adolf Hennecke et des jeunesses anti-fascistes, marionnettes d’un régime totalitaire en faillite.

Après ce fameux 9 novembre, et surtout plus tard lorsque les scientifiques ouest-allemands ont pris possession des locaux de la désormais ancienne Akademie, combien de fois n’a-t-on pas entendu : Die Schubladen sind leer (les tiroirs sont vides) par ceux-là mêmes venus prendre possession des lieux, les Wessis qui n’avaient d’ailleurs aucune connaissance de leurs collègues, les Ossis. Mais c’était un fait : « les tiroirs étaient vides » ; pas un dossier, pas un rapport, pas une étude susceptible d’être conservée, pas un mémoire de recherche digne de ce nom qui nous auraient informé des dynamiques de résistance et d’opposition au régime. C’était là une différence essentielle avec ce que j’avais pu connaître en Pologne six ans plus tôt où les instituts de sociologie, et pas seulement celui de Varsovie, regorgeaient de textes d’une haute valeur scientifique et dont il ne serait jamais venu à l’esprit de leurs auteurs de commencer leur analyse par le rappel des conclusions du dernier plenum ou par une courbette devant le Premier Secrétaire du parti. Cette littérature existait aussi en Pologne bien sûr, mais confinée dans les services du parti et personne ne la lisait. En Allemagne de l’Est, on ne la lisait pas davantage, mais chaque chercheur se croyait sinon se trouvait obligé d’en faire mention. Dans ce pays, Max Weber était méconnu, classé au rang des auteurs bourgeois ; là-bas en Pologne, il était déjà mis à l’épreuve d’analyses de la structure sociale polonaise ou des différentes formes d’autorité dans l’entreprise et à la tête de l’État.

A croire qu’à évoquer ce fameux jour ou plutôt cette fameuse soirée, je suis encore à ce jour incapable de tenir mon fil et d’aller droit au but. « Effet Fabrice » ou plus simplement retours de souvenirs liés à cette période disparue totalement, je l’ignore.

Toujours est-il que dans les jours qui ont précédé le 9 novembre, la tension était insupportable. Sans que personne ne puisse jamais imaginer que le mur allait s’écrouler sous la pression combinée de la population et de la déclaration malencontreuse d’un officiel à la télévision, l’inquiétude et l’attente étaient incroyablement palpables.

Dans ces jours si troublants, je continuais, doté de mon sésame, à franchir le checkpoint dans ma vieille VW Passat de couleur rouge criard, et le matin, une fois mon sauf-conduit officiel contrôlé, j’avais droit au salut du préposé à la garde de la frontière. Le soir, au retour, je devais sortir de mon véhicule et pendant de longues minutes, j’assistais au spectacle du même préposé passant précautionneusement un gros sous la voiture miroir, des fois qu’il m’aurait pris l’idée d’y cacher un citoyen est-allemand. Un dernier regard à mes papiers et je pouvais partir.


Affiche du mouvement Hennecke.
Source: Par Bundesarchiv, Bild 175-00118 / CC-BY-SA 3.0, CC BY-SA 3.0 de, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5337526

Quelques semaines auparavant, à l’occasion du 40e anniversaire de la RDA, accompagné de ma famille, j’étais allé regarder les lugubres manifestations officielles sous un ciel pluvieux, et nous avions déjeuné à Berlin-Est dans ces rares restaurants qui bordaient l’Alexander Platz. Là dans une librairie, j’avais pu voir présentées aux rares visiteurs des dizaines de brochures vantant le geste héroïque, le record faramineux et totalement manipulé du mineur Adolf Hennecke, qui avait le 13 octobre 1948, fait exploser sa norme de travail et préfiguré la naissance de la RDA. Un an plus tard en effet, en octobre 1949, l’ancienne zone d’occupation soviétique, la SBZ, laissait place à la République démocratique allemande. Hennecke, le mineur de Karl-Marx Stadt (redevenu Chemnitz), symbolisait l’héroïsme de la classe ouvrière, qui se faisait porteuse de la foi antifasciste dans l’avenir. Digression supplémentaire pour dire que quarante ans plus tard, en 1989, alors que le régime de RDA était moribond et que sa jeunesse manifestait ouvertement chaque lundi ou bien migrait vers l’Ouest, les sinistres gérontes du Politburo n’avaient pas trouvé meilleure solution pour revigorer la foi dans le régime communiste que de battre le rappel des fondements mensongers de la RDA. L’année précédente, en 1988, Gorbatchev avait dénoncé le record de Stakhanov, modèle de Hennecke, comme un grossier mensonge et la cause directe de nombreux accidents du travail et de conflits au sein des entreprises. Avec la chute du mineur du Dombass, tout un pan du soviétisme s’effondrait, préfigurant celui qui aurait lieu trois ans plus tard, en 1991. Cependant, à ce moment-là, pour les tenants du pouvoir à Berlin-Est, il ne s’agissait que d’une preuve supplémentaire de l’impuissance du père désormais haï, à maintenir l’ordre dans la maison. En dénonçant ce qu’ils considéraient, à raison, comme une faute fatale, celle de lever le voile sur les affabulations fondatrices, ces gérontes reprenaient involontairement à leur compte les considérations de Freud lorsqu’il écrit au tout début de L’Homme Moïse, « Déposséder la communauté d’un peuple de l’homme qu’elle célèbre comme le plus grand d’entre ses fils n’est pas quelque chose qu’on entreprendra volontiers ou à la légère, surtout quand on appartient à ce peuple ». Mais de Freud sous ce régime, il n’était surtout pas question !

Le week-end précédent le 9 novembre, le 4 novembre si je me souviens bien, une énorme manifestation avait été organisée sur l’Alexander Platz où on avait pu entendre les voix désormais connues de l’opposition :  Bärbel Bohlei, fondatrice du Neues Forum, Christa Wolf l’écrivain renommé, ou encore des pasteurs courageux qui protégeaient les manifestants dans leurs églises mais aussi, une triste figure : le mentor de la Stasi, le trop célèbre Markus Wolf. Celui avait servi de modèle à John Le Carré pour son roman L’espion qui venait du froid, cet intellectuel élevé à Moscou, qui se glorifiait de l’antifascisme et que l’on ne connaissait que par de rares photos. Fidèle à son attitude provocatrice légendaire, il était monté à la tribune ce jour-là pour humer le vent et s’engouffrer dans la glorification de la perestroïka ne recueillant que les sifflets de la foule. Je n’avais pas pu me rendre à cette manifestation qui se promettait d’être un tournant dans la révolution en marche depuis l’été précédent mais je me réjouissais de la suivre plus tard sur les cassettes vidéo que j’enregistrais depuis le début de l’été quand tout avait commencé à bouger dans le bloc de l’Est, d’abord en Pologne avec les élections du 4 juin, puis en Hongrie et enfin en RDA. J’accumulais ainsi débats et reportages sur des bobines dont je me disais qu’elles seraient autant de témoignages.

Le hic, le premier de la série, tient dans le fait que – prémonition de Fabrice ou fatigue consécutive à ces jours épuisants ?– , je me suis trompé de bouton pour l’enregistrement et au lieu des discours des opposants, j’ai enregistré un reportage sur des fourmis, des milliers de fourmis qui n’en finissaient pas de défiler sur l’écran, des fourmilières géantes. Je ne comprenais pas comment j’avais pu ainsi me tromper…

Dans l’ordre du ratage, la suite allait confirmer la probabilité que je n’étais peut-être pas très doué pour coller à l’actualité et cela même si six ans auparavant, j’avais décidé de passer un an dans un coin perdu de Pologne pour essayer de comprendre comment un régime que l’on savait agonisant n’en finissait pas de survivre et comment un jour de 1987 je m’étais décidé à choisir Berlin plutôt que Munich siège de la fameuse revue aujourd’hui disparue Ost-Europa, ou encore Heidelberg. Ces deux instituts de sociologie avaient accepté de m’accueillir comme post-doctorant de la fondation Alexander von Humboldt dont je venais d’obtenir le soutien mais Berlin avait eu ma préférence en raison… du mur et de son statut politique, et cela en dépit de l’ombre puissante de Max Weber dominant les deux autres milieux universitaires. De Weber à l’époque, peu de gens parlaient sauf, justement, certains chercheurs de l’institut que j’allais rejoindre, le DDR Forschung und Archiv de l’université libre de Berlin, placé sous l’autorité du regretté Hartmut Zimmermann. Un de ses chercheurs, Gert Joachim Glaessner, qui sera nommé professeur à la toute nouvelle université Humboldt dès 1990, avait écrit dans les années 1980 une remarquable étude sur le régime communiste, s’adossant largement à la pensée wébérienne. Sigrid Meuschel, également, qui s’apprêtait à soutenir sa thèse d’habilitation qui portait sur la domination du Parti communiste est-allemand. J’ai traduit leurs articles dans un numéro spécial de la Revue d’études comparatives Est-Ouest consacré à la RDA paru dès 1990.

Je reviens au soir du 9 novembre. Ce soir-là, j’étais resté dans l’appartement que j’occupais à Wilmersdorf pour m’occuper de mes enfants, ayant éteint la radio et la télévision, tandis que ma femme qui enseignait au Centre culturel français de Berlin-Est était rentrée tard à la maison. Elle m’avait alors raconté combien les étudiants parlaient maintenant sans fin de politique, et combien dans la rue, les gens se réunissaient et échangeaient ne craignant plus, apparemment, ni la police ni la Stasi. Ensuite, comme en passant, au détour d’une phrase, elle avait dit : « ah et puis à un moment, un étudiant est entré dans la salle et il a crié « le mur est ouvert ; on peut passer par Bornholmer Straße ». Elle, elle était revenue comme à l’accoutumée par l’U-Bahn de Friedrich Straße et n’avait rien observé d’anormal. Puis, elle avait continué de me raconter sa journée

J’étais tellement fatigué de tout ce que l’on pouvait entendre, des fourmis qui trottaient sur l’écran et des autres bruits tous plus insolites les uns que les autres, je n’avais trouvé qu’une seule réponse : « bah, laisse tomber, on dit n’importe quoi maintenant, c’est pas demain la veille qu’il tombera celui-là. Allons-nous coucher ». Et nous sommes allés nous coucher.

Je ne sais pas à quoi Fabrice a bien pu rêver dans son champ tandis que la défaite sonnait pour les Français, mais j’ai plaisir à penser que moi, j’ai peut-être rêvé de lui car comment expliquer sinon que le matin du 10 novembre, très tôt, il devait être 6 heures, j’ai allumé la radio et là, l’incroyable nouvelle ne cessait de tourner en boucle : les Berlinois de l’Est pouvaient traverser librement la frontière et passer à l’Ouest. Alors comme en furie nous nous sommes levés, réveillant les enfants et nous nous sommes rués vers le mur, là où nous allions si souvent nous promener le dimanche, près du Reichstag d’où l’on pouvait voir la porte de Brandebourg mais aussi les croix de celles et ceux qui étaient tombés en essayant de franchir la Spree. Mur de la honte et de la haine, mur qui, comme le nazisme, se voulait durer mille ans, mur soi-disant infranchissable, ce qu’il fut si longtemps.

Là, le spectacle était stupéfiant. Ce que l’on s’était accoutumé à penser comme intangible se tenait certes encore debout, mais par endroits déjà attaqué au pic et surtout parcouru par des dizaines et des dizaines d’individus qui dansaient et qui riaient, comme cette jeune fille qui pleurait abondamment et qui m’avait demandé de la hisser sur le mur, devenu le mur de la joie avant d’être plus tard réduit en un amas de pierres et de fer, et puis d’être nettoyé et dont il ne reste que de rares vestiges.

Dans les jours et les semaines qui suivirent, la RDA n’ayant pas encore disparue comme État– il faudra attendre encore presqu’un an pour voir renaître les Länder est-allemands – , j’ai de nouveau franchi checkpoint Charlie pour continuer mes recherches. L’ambiance était devenue encore plus irréelle, car faute d’instruction claire et en dépit du changement radical lié à l’ouverture du mur, les mêmes règles s’appliquaient encore et l’ont été pendant longtemps. Un soir, je suis sorti de mon véhicule avant que le préposé ne me l’ordonne et je lui ai demandé avec intérêt la raison de cette absurdité consistant à me contrôler le soir quand le matin, il m’avait laissé passer en me saluant. Pensait-il vraiment que je puisse dissimuler un individu ou quelque chose de précieux ? que j’avais volé les documents dans lesquels Erich Honecker croyait lire son éternelle domination. Je n’ai obtenu aucune réponse mais il m’a souri. Mais à quoi souriait-il ? A l’absurdité du système qui lui donnait des ordres incompréhensibles ? À lui-même, pour une raison que j’ignore encore ? Ou à l’occidental qui posait une question à laquelle on ne pouvait répondre ?

Bibliographie/Référence

Publications de François Bafoil référencées sur SPIRE (portail de Sciences Po sur l’archive ouverte HAL)

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