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Paroles de thèse, avec Thomas Fraise

Thomas Fraise est doctorant au CERI depuis 2019.

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Thèse

Governing nuclear secrecy: A comparative study of nuclear secrecy regimes in western democratic states, sous la direction de Didier Bigo et Benoît Pélopidas.

Localisation(s) précise(s) de vos terrain(s) ou de vos lieux de recherche

Stockholm, Paris, Londres.

Pourquoi le terrain est-il important dans votre travail de thèse ?

J'ai un terrain paradoxal, puisqu'il est fait de papiers : je me rends essentiellement en archives. Il est évidemment central pour mes recherches, même s'il n'a que peu de réalité géographique : la plupart du temps, je traite les archives récoltées à l'étranger à mon retour en France, et il m'arrive aussi de travailler sur des archives numérisées disponibles en ligne. Le terrain, sur le plan géographique, est néanmoins important parce qu'il permet de s'imprégner de l'histoire et des cadres culturels des pays étudiés. Je n'aurais jamais compris le programme nucléaire suédois en ne restant qu'aux archives, sans parler avec des universitaires, ou même mes professeurs de langue.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur votre terrain ou dans vos recherches ? Quelles techniques avez vous développées pour les surmonter ?

Le problème lorsque l'on travaille sur le secret, c'est bien souvent le secret. Dans le cadre du secret nucléaire, on se confronte à ce qui est parfois décrit comme le "saint des saints" de l'État, avec ses régimes de secret exceptionnel, où ne filtrent que des bribes de récits et règne une mystique qui donne à la moindre information une importance démesurée. Tanya Luhrmann évoque une "magie du secret" par laquelle les acteurs détenteurs du secret paraissent investis d’un immense pouvoir. L'enjeu est double : ne pas croire en cette illusion, et ne pas désespérer devant les cartons d'archives qui nous resteront inaccessibles. Pour surmonter ces problèmes, la solution est d'abord de multiplier les sources. Si, en France, les archives nucléaires sont largement inaccessibles, c'est l'inverse en Suède, où un grand nombre d'informations sont disponibles au public, qui permettent de se faire une idée de ce qui pourrait être caché ailleurs. De plus, le secret laisse toujours une trace, dont il est possible de décerner le "négatif" en cherchant "autour" du secret, dans différentes institutions qui s'y retrouvent confrontées et qui révèlent, par leur archives, les contours de l'objet.

Qu'est-ce qui vous a amené à choisir ce terrain ou ce sujet de thèse ? Qu'est-ce qui vous lie à ce terrain ou/et ce sujet ?

J'ai choisi ce sujet de thèse par intérêt à la fois pour les armes nucléaires, et pour la démocratie. Je n'étais que peu lié à mes terrains, et je n'avais jamais travaillé en archives. Mais celles-ci ont indéniablement un côté envoutant. On se prend d'affection pour les fonctionnaires croisés au gré des dossiers, et en parlent comme si on avait pu les connaître. On comprend, aussi, l'importance des archives pour la démocratie. Ce qui me lie profondément à ce sujet, désormais, c'est le goût de l'archive, mais aussi le goût de la démocratie qui exige que l'action de l'État soit toujours rendue publique et disponible pour que les citoyens jugent - après tout, c'est eux que l'État sert.

Bibliographie/Référence

Publications de Thomas Fraise référencées sur SPIRE (portail de Sciences Po sur l’archive ouverte HAL)

Mots clés
©Image : ©Nuclear Knowledges