Les sciences sociales et le « moment colonial » : de la problématique de la domination coloniale à celle de l’hégémonie impériale

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06/2006

La place prise par l’hypothèse – souvent devenue postulat – de la « permanence » ou de la « rémanence » contemporaines des imaginaires et des pratiques de domination propres aux « situations coloniales » invite à essayer d’esquisser un premier état des lieux du renouveau de l’historiographie du fait colonial. Après avoir passé en revue les principales lignes de force de cette historiographie, l’on s’efforcera de montrer, au regard du cas sud-est asiatique, que la compréhension des dynamiques du moment colonial des sociétés politiques noneuropéennes gagne à être raccordée à une interrogation comparatiste sur la notion d’hégémonie impériale. Il s’agira plus précisément de rappeler que les sociétés politiques d’Asie du Sud-Est vivaient, à la veille de leur « rencontre coloniale » avec l’Europe, sous le régime de modes spécifiques d’entrée en modernité étatique – et, ce faisant, de pointer les phénomènes d’enchâssement des historicités impériales. Analyser le moment colonial de l’Insulinde ou de l’Indochine non plus comme l’unique point d’origine des entrées en modernité (étatique, capitaliste, individualiste), mais comme une séquence d’une histoire impériale ‘‘eurasiatique’’ de « longue durée », c’est en effet se donner les moyens de penser l’histoire des sociétés asiatiques dans son irréductible spécificité.

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