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19.05.2025
Réformes néolibérales et montée de la xénophobie au Japon
À propos de cet événement
Le 19 mai 2025 de 18:00 à 20:00
Salle H405
28 rue des Saints-Pères, 75007, ParisÉvénement en hybride *
La montée de l’extrême droite à travers le monde donne souvent lieu à des explications relevant de la critique morale, présentant le « populisme » comme un danger pour la démocratie libérale. Ce phénomène électoral ne peut être dissocié des politiques néolibérales visant à faire du marché et de la concurrence l’arbitre ultime de l’évolution sociale. L’objet de cette intervention consiste à analyser leur corrélation dans un temps long, en se penchant sur le cas du Japon. Il s’agira de retracer les métamorphoses du capitalisme japonais afin d’expliciter la corrélation entre les réformes néolibérales et la montée des mouvements xénophobes dans la société japonaise d’aujourd’hui.
Contrairement à l’Europe où la construction de l’Etat-Providence s’est faite sous l’impulsion de la gauche, le Japon de l’après-guerre a développé un mode particulier de régulation du capitalisme qui reposait sur trois piliers : un système d’emploi à vie dans les grandes entreprises, des mesures protectionnistes en faveur des PME et du secteur agricole et un État développementaliste investissant massivement dans les travaux publics et les politiques industrielles. C’est ainsi par l’émergence de « l’Etat-Entreprise » que l’intégration des classes populaires s’est faite au Japon, se substituant partiellement à l’Etat-providence et marginalisant durablement la gauche sur le plan électoral.
Ce modèle, glorifié autrefois comme la clef du « miracle économique japonais », entre en crise à partir des années 1990. La délocalisation massive des chaines de production à la suite des accords de Plaza en 1985 et l’éclatement de la bulle immobilière du début des années 1990 conduiront les gouvernements successifs sur la voie des réformes néolibérales, plongeant le pays dans une spirale déflationniste. C’est dans un tel contexte que des mouvements xénophobes et nationalistes vont bruyamment faire apparition dans l’espace public, prenant pour cible les minorités ethniques issues de la colonisation.
Intervenant : Kéisuké KIKUCHI, Université Doshisha, Kyoto, chercheur invité au CERI
Keisuke Kikuchi est professeur à l’université de Doshisha à Kyoto et chercheur invité au Centre de recherches internationales (CERI) à Sciences Po Paris (2024-25). Ses recherches portent sur les questions socio-économiques en Europe et au Japon dans une approche comparative, en particulier sur les réformes néolibérales et ses conséquences politiques. Il mène actuellement ses recherches sur la crise de la dette publique et les mouvements xénophobes.
Discutants:
Romaric GODIN, journaliste à médiapart, macroéconomie
Jérôme SGARD, Professeur d'Economie Politique, Sciences Po-CERI/CNRS
Responsable scientifique : Hélène Le Bail, Sciences Po-CERI/CNRS