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16.05.2025
Des crises (in)comparables ? Organisations et expertise face aux accidents nucléaires « majeurs »
À propos de cet événement
Le 16 mai 2025 de 16:00 à 18:00
Salle G009
28 rue des Saints-Pères, 75007, ParisCette séance de séminaire est organisé dans le cadre du groupe de recherche "Catastrophes, gestion du danger et réparations".
Intervenante :
Valérie Arnhold, OCE Research Center, EMLYON Business School
Qu’apprend-t-on des accidents nucléaires « majeurs », à l’instar de Fukushima Dai-ichi en mars 2011 ? Cette communication porte sur le rôle des savoirs experts dans la gestion post-catastrophe, en étudiant les dispositifs de « leçons » des accidents. Une enquête ethnographique multi-située des organismes de régulation et d’expertise de la sécurité nucléaire en France et au niveau international (2014-2018), ainsi qu’un corpus documentaire, ont permis d’observer le travail sur Fukushima au concret et d’en étudier les résultats.
A la différence d'accidents nucléaires du passé, qui ont fait l’objet d’une « singularisation » (Schmid, 2015), le travail sur Fukushima rend cet accident comparable dans une certaine mesure : Il produit une commensurabilité limitée de certaines caractéristiques de la sécurité nucléaire, en développant des « leçons » à partir d'une diversité d’échelles d’évaluation et de métriques existantes, tout en empêchant différentes hypothèses, méthodes et données sur les accidents de dialoguer. Les leçons n’apportent ainsi que peu de connaissances réellement nouvelles, malgré la catastrophe au départ considérée comme inédite, et restent valables uniquement dans leur contexte de production, empêchant d’en tirer des conclusions générales ou cumulatives.
Replaçant le travail post-Fukushima dans les pratiques ordinaires des acteurs de régulation et d’expertise, la communication montre également que ces organisations bénéficient d'une autonomie relative dans la gestion des accidents nucléaires, qui conduit à promouvoir l’idée que les accidents majeurs peuvent être surmontés, tout en empêchant la critique des pratiques du passé. Ce cas ouvre des questions plus larges sur les limites des savoirs sur les crises en tant que situations dans lesquels les experts (re)définissent les états acceptables du monde.
Responsables scientifiques de l'événement : Sandrine Revet, Sciences Po-CERI et Cassandre Rey-Thibault, Sciences Po-CEE