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Pakistan: Imran Khan comparaît devant un tribunal après l'invalidation de son arrestation

Au Pakistan, l’ex-Premier ministre Imran Khan se présente ce vendredi matin 12 mai à un tribunal d’Islamabad. Son arrestation mardi a été invalidée par la Cour suprême jeudi 11 mai. De violentes manifestations de partisans d’Imran Khan avaient éclaté à travers le pays après son arrestation devant un tribunal où il devait comparaitre.

L'ex-Premier ministre pakistanais, Imran Khan, à Islamabad, le 3 octobre 2022.
L'ex-Premier ministre pakistanais, Imran Khan, à Islamabad, le 3 octobre 2022. AP - W.K. Yousafzai
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Avec notre correspondante à Islamabad, Sonia Ghezali

Imran Khan est arrivé à la haute cour d’Islamabad, là où il a été arrêté mardi par des paramilitaires. Il devait comparaitre dans une affaire de corruption ce jour-là, mais l’audience n’a pas pu avoir lieu en raison de son arrestation. C’est la raison pour laquelle la Cour suprême a invalidé son arrestation. Elle a jugé qu’aucune action de la sorte n’était permise au sein d’un tribunal et que cette arrestation avait constitué une obstruction à la justice. Imran Khan a passé la nuit sous la protection de Cour suprême.

► À lire aussi : Pakistan: la Cour suprême «invalide» l'arrestation d'Imran Khan

Des analystes expliquent que si Imran Khan avait été renvoyé chez lui, il aurait pu faire l’objet d’une nouvelle arrestation, étant donné que plusieurs responsables de son parti, le PTI, ont été arrêtés au cours des dernières 72 heures. Arrestations pour atteinte à l’ordre public après les violentes manifestations de militants du parti. La nuit dernière c’est Shireen Mazari qui a été arrêtée à son domicile. Une cinquantaine de policiers se sont présentés à sa porte, raconte sa fille dans les médias. Reste à savoir si la cour autorisera Imran Khan à rentrer chez lui sous garantie, dans l’affaire pour laquelle il a été arrêté ce mardi.

Une reprise des tensions dans les prochaines semaines ? 

Est-ce qu’un retour au calme est possible au Pakistan ?  Le PTI, Parti du Pakistan pour la justice, a appelé ses partisans à se rassembler aujourd’hui. Un rassemblement teinté de joie, de contentement après l’invalidation de l’arrestation d’Imran Khan par la Cour suprême. Mais tout est fragile. Imran Khan devrait s’exprimer à la sortie de son audience, s’il peut le faire. Il donnera le ton. Même si une accalmie est attendue et prévisible, puisqu’il a été déclaré libre par la Cour suprême, on peut s’attendre à une reprise des tensions dans les prochaines semaines, voire dans les prochains jours, car le ton du gouvernement est vindicatif.

Les déclarations du Premier ministre, de la porte-parole, du ministre de la Défense ce jeudi se veulent fermes et sans équivoque : ils accusent Imran Khan et son parti de semer le chaos dans le pays. La justice est indépendante et fait son travail, répètent-ils. Et Imran Khan est visé dans de nombreuses affaires judiciaires. Plus d’une centaine de procédures judiciaires l’éclaboussent depuis qu’il a été évincé du pouvoir par une motion de défiance il y a plus d’un an. Il n’en n’a pas fini avec la justice.

 

À l’étranger, peu de réactions à la crise politique au Pakistan

À l'étranger, il y a peu de réactions à la grave crise politique traversée par le Pakistan, deux jours après l'arrestation de l'ancien Premier ministre Imran Khan, et les violentes manifestations que cela a entrainées dans tout le pays.  L’une des seules réactions émane du Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, qui a appelé les forces de sécurité pakistanaises à « la retenue » et demandé aux manifestants de « s'abstenir de toute violence ». Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a déclaré mercredi surveiller la situation de près et d'ajouter que l'arrestation d'Imran Khan était une affaire interne du pays. Les Occidentaux en général ne soutiennent pas l'ancien Premier ministre, explique Christophe Jaffrelot, chercheur au CERI, au micro de Jelena Tomic, du service International de RFI.

« Les États-Unis sont en train de changer de répertoire en ne voulant pas intervenir, en considérant que c’est une affaire intérieure, et les Britanniques sont pareils. Mais c’est aussi parce qu’Imran Khan ne plait à personne. C’est un populiste, très autoritaire, qui se considère comme élu de Dieu, qui n’écoute personne, qui n’en fait qu’à sa tête, qui a d’ailleurs conduit l’économie pakistanaise au bord du gouffre où elle se trouve aujourd’hui. Donc à quel titre les Occidentaux viendraient-ils au secours d’Imran Khan, sinon au titre de la défense de la démocratie ? Par les temps qui courent, plus personne ne mouille la chemise pour défendre la démocratie, c’est hélas passé d’époque. On ne verra pas beaucoup de soutiens à Imran Khan parmi les Occidentaux. »

Empêtré dans une grave crise économique et politique, le Pakistan fait cependant partie des pays que la Chine souhaite intégrer dans sa sphère d'influence, d'où sa proximité avec la puissante armée pakistanaise. « Les Chinois, de toute façon, sont derrière l’armée pakistanaise. Leur partenaire, leur interlocuteur numéro un, ce sont les militaires, et c’est évidemment décisif. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, les Chinois sont quand même en train de faire la politique intérieure du Pakistan dans une large mesure. Ils sont un petit peu en train de prendre la place des Saoudiens qui ont fait ça pendant des décennies, et puis qui se sont retirés, qui se sont retournés vers l’Inde. Par contre, les Chinois s’impliquent maintenant sur la scène pakistanaise de façon croissante », poursuit le chercheur au CERI, Christophe Jaffrelot.

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