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crise politique

Italie : "Cette dissolution est un échec pour Draghi mais aussi pour Mattarella"

Après la démission de Mario Draghi, le président italien, Sergio Mattarella, a dissous le Parlement, jeudi, et convoqué des élections anticipées. Prévues le 25 septembre, elles devraient profiter à l'extrême droite. Une perspective qui inquiète les marchés et l'Union européenne, confrontée à l'inflation et à la guerre en Ukraine. 

Le président italien Sergio Mattarella a dissous le Parlement après la démission du président du Conseil, Mario Draghi, le 21 juillet 2022. Les deux hommes sont photographiés au palais présidentiel, le Quirinal, le 26 novembre 2021.
Le président italien Sergio Mattarella a dissous le Parlement après la démission du président du Conseil, Mario Draghi, le 21 juillet 2022. Les deux hommes sont photographiés au palais présidentiel, le Quirinal, le 26 novembre 2021. © Alberto Pizzoli, AP
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Démission, dissolution, élections anticipées… En une semaine, l’Italie a replongé dans l’instabilité politique alors qu’elle traverse une crise économique, sociale et énergétique.  

Le président italien avait pourtant "tout fait" pour l'éviter, rapporte l’historien et spécialiste de la vie politique italienne à Sciences-Po, Marc Lazar. "Cette dissolution est un échec pour Draghi mais aussi pour Mattarella, rappelle-t-il. Ils formaient un tandem !". 

Un camouflet donc, initié par le parti populiste M5S. L’Italie est une république parlementaire : le choix du chef du gouvernement dépend de la majorité au Parlement et non du président. En refusant de participer au vote de confiance demandé par Mario Draghi, mercredi, Forza Italia, le M5S et la Ligue ont fait éclater la fragile coalition gouvernementale qui dirigeait l’Italie depuis février 2021.

L’extrême droite en position de force 

Mario Draghi restera au pouvoir pour gérer les affaires courantes jusqu’à la tenue d’élections le 25 septembre. Mais la campagne, historiquement courte et en pleines vacances d’été, devrait profiter à l’extrême droite. 

La grande favorite du scrutin à venir est en effet la coalition dite de "centre-droit", qui réunit Forza Italia, la droite de Berlusconi, la Ligue d’extrême droite de l’anti-migrant Matteo Salvini et le parti Fratelli d’Italia. Ce parti post-fasciste est même donné premier dans les intentions de vote, à près de 24 %, devant le Parti démocrate (22 %) et la Ligue (14 %), selon le dernier sondage en date de l'institut SWG, réalisé le 18 juillet.  

Le départ de Draghi permet de renforcer la Ligue, qui semblait s’essouffler. "La crise politique a permis à Matteo Salvini de ‘satelliser’ Forza Italia, qui dominait la droite jusque-là, analyse Marc Lazar. Dans cette affaire, Silvio Berlusconi, vieillissant et très affaibli, s’est aligné sur les positions de la Ligue. En tuant politiquement Mario Draghi, Matteo Salvini a repris la main."  

La coalition, donnée majoritaire dans les deux Chambres, pourrait donc prendre un virage bien plus à droite. Et la présidente de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, 45 ans, pourrait devenir la prochaine cheffe du gouvernement italien. 

Inquiétude de l’UE et des marchés 

Un bouleversement politique qui inquiète les pays européens et les marchés. Le commissaire européen à l'Économie, Paolo Gentiloni, est ainsi sorti de sa réserve dès le 20 juillet, fustigeant les partis "irresponsables" qui ont lâché l'ancien patron de la BCE, au risque de plonger le pays dans une "tempête parfaite".  

Première bénéficiaire du plan de relance européen, l'Italie comptait, en effet, sur une manne de près de 200 milliards d'euros pour stimuler sa croissance et éviter la récession qui la menace en raison de l’inflation et de sa dépendance énergétique envers la Russie. 

Mais le déboursement des fonds est lié à une série de réformes, qui semblent compromises avec le départ de Mario Draghi. "L'Italie risque de perdre des dizaines de milliards d'euros du plan de relance si 70 % des réformes prévues dans le plan ne sont pas réalisées fin 2022", a ainsi prévenu un diplomate européen.  

L’aide militaire apportée par l’Italie à l’Ukraine risque également d’être remise en question, pointe Marc Lazar. "Si Fratelli d’Italia s’est complètement aligné sur l’Europe et le monde occidental, et a condamné très fermement la Russie, explique-t-il, la Ligue et Silvio Berlusconi ont des relations très fortes avec Poutine et ont été plus qu’ambigus, voire ambivalents, sur l’agression russe de l’Ukraine. Mario Draghi avait décidé d’envoyer des armes à l’Ukraine. Quelle sera la position de la coalition de "centre-droit" sur cette question décisive ?".  

Partenaires européens et marchés scrutent donc la situation avec attention. Le coût de la dette de l'Italie est reparti à la hausse et la Bourse de Milan a chuté jeudi matin, signe de la nervosité des marchés face à l'incertitude régnant dans la troisième économie de la zone euro. 

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