Un 5 août historique à Hong Kong après deux mois éreintants de combat

Avec notre envoyé spécial à Hong Kong, Zhifan Liu

La journée devait être exceptionnelle. Pour la première fois, les Hongkongais étaient appelés à participer à une grève générale pour tenter de faire plier leur gouvernement dans une société où la culture du travail est primordiale. Mais dès lundi matin, Carrie Lam a fauché les espoirs des manifestants en critiquant à nouveau les violences qui mettaient en danger l’archipel.

Plusieurs dizaines de milliers de citoyens se sont tout de même rassemblés aux quatre coins de la ville alors qu’une grande partie des transports en commun étaient paralysés par des perturbations. Des perturbations qui ont également entraîné l’annulation de plus de 200 vols à l’aéroport international de Hong Kong.

Mais comme d’habitude, les affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre ont marqué cette journée. Ces derniers ont lancé les premiers tirs de gaz lacrymogène dès midi, au nord de la ville tout en procédant à de nombreuses arrestations. Les opérations policières se sont ensuite déployées dans 5 des 18 districts de Hong Kong, laissant peu de répit aux manifestants comme aux citoyens. Plusieurs accrochages ont également eu lieu à l’est de l’île de Hong Kong dans la soirée. Des membres pro-Pékin apparentés aux Triades s’en sont pris aux protestataires à coups de bâtons en bois et autres barres métalliques.

Si le gouvernement local reste campé sur ses positions, les manifestants restent déterminés à faire valoir la liberté sur Hong Kong, et ce malgré deux mois de combats éreintants.

■ Reportage : les manifestants repliés à Causeway Bay

Sur les routes fermées à la circulation depuis plusieurs heures, des centaines, voire des milliers de jeunes manifestants déambulaient dans le calme, se ravitaillant et prenant quelques forces. Ils tenaient à être présents malgré une longue journée qui restera comme celle de la première grève générale qu’aura connue Hong Kong. Une manifestante, ne cache pas satisfaction malgré l’épuisement : « Je crois que nous avons réalisé quelque chose d’extraordinaire, car en Asie, et spécialement à Hong Kong, faire grève est très difficile, les gens souffrent beaucoup et ont peur de perdre leur emploi. Donc bravo à tous ceux qui en font partie. Nous avons besoin de faire de ce mouvement un mouvement plus régulier. »

Après deux longs mois de lutte, cette grève générale était porteuse d’espoir pour faire infléchir le gouvernement local, mais Carrie Lam est une nouvelle fois restée campée sur ses positions, au grand dam de cette jeune étudiante : « Je ne suis pas très optimiste quant au futur de Hong Kong. Les gens ont perdu confiance dans la police. Mais je suis prête à continuer à me battre, car j’habite ici et je vais certainement y vivre toute ma vie. J’ai vu que Carrie Lam continue de nous traiter de mauvaises personnes, je ne pense que ça puisse changer quoi que ce soit. »

Un gouvernement qui reste donc toujours sourd aux demandes manifestants. Depuis le 9 juin, début du mouvement la police a annoncé avoir procédé à l’arrestation de plus de 400 protestataires. Un chiffre publié avant les affrontements de lundi soir.