Engagement et mobilité sociale par la culture :

Engagement et mobilité sociale par la culture :

Etude de trois configurations politiques et artistiques en banlieue rouge (1960‑2014)
Pauline Clech, soutenance de thèse, 20 novembre 2015
  • Photo Gilles François - Festival In SItu, Fort d'Aubervilliers, 2014 (CC BY)Photo Gilles François - Festival In SItu, Fort d'Aubervilliers, 2014 (CC BY)

Pauline Clech soutient sa thèse « Engagement et mobilité sociale par la culture : étude de trois configurations politiques et artistiques en banlieue rouge (1960‑2014) » le vendredi 20 novembre 2015 à Sciences Po, 98 rue de l'Université, salle Annick Percheron à 14h.

Composition du jury : Muriel Darmon, Vincent Dubois, Marco Oberti (Directeur de recherche), Edmond Préteceille, Bernard Pudal, Olivier Schwartz.

Ce travail de thèse articule l’étude des politiques culturelles menées en banlieue communiste depuis les années 1960 à celle des reconfigurations sociales et politiques à l’œuvre dans ces espaces.

L’enjeu est de comprendre la genèse – puis l’évolution au cours du temps – de l’implantation et de la légitimation de certains arts dans ces espaces. Il s’agit d’étudier précisément les conditions de possibilité de la mise en place des politiques culturelles à travers l’analyse de ceux qui les font, qu’ils soient élus politiques, artistes ou fonctionnaires en charge de culture. On étudie à la fois les configurations dans lesquelles ces individus sont insérés – localement et au sein des champs artistiques et politiques – et leurs caractéristiques sociologiques.

L'approche ethnographique étudie les trajectoires d’une importante partie de ces élus, fonctionnaires et artistes en analysant l’articulation des différents « lieux » de socialisation par lesquels ils sont passés.
L’étude fine de la stratification sociale permet de distinguer de nombreuses fractions  qui, à partir d’une vision du monde politisée, ont fait le choix de « prendre parti », au sein du champ politique ou au sein des mondes de l’art, au nom des classes populaires. Dans l’invention de la politique culturelle, le PCF occupe une place centrale. Néanmoins différentes fractions entretiennent un rapport à l’art très différent, qui, après le tournant ouvriériste de la fin des années 1970, a pu  se transformer en luttes politiques internes intenses. Il y a une lutte pour le monopole légitime à représenter et à légitimer les classes populaires : au sein du monde communiste avec la présence de plusieurs fractions, mais également avec des élites « post-coloniales » socialisées au sein d’une contre-culture juvénile qui s’est emparée de la culture hip hop à partir de la fin des années 1980. Ces élites post-coloniales ont pris parti au nom de ces « nouvelles » classes populaires pensées non pas à l’aune du paradigme classiste mais du paradigme territorial et ethniciste. Elles ont acquis un « capital culturel illégitime » et une vision du monde politisée initialement très anti-institutionnelle.

L’étude ethnographique de ces élites locales ainsi que l’analyse de leur reproduction et renouvellement contribuent à analyser le « devenir des banlieues rouges ».

Une analyse statistique portant sur l’évolution de la morphologie sociale permet de resituer ces fractions au sein de la population et d’objectiver leurs discours quant à leur volonté de représentativité.

Étude ethnographique et étude statistique permettent d’analyser les conséquences territoriales en termes de peuplement. Ces analyses permettent de discuter le phénomène de gentrification et plus généralement les catégories pertinentes pour penser la stratification sociale dans la société contemporaine.

La recherche se fonde sur un travail ethnographique (140 entretiens approfondis d’une durée moyenne de 3 heures auprès de 100 enquêtés et 25 journaux de terrain consignant quasiment quotidiennement les observations faites au cours des deux ans et demi de terrain) au sein des communes de Saint-Denis et de Nanterre, avec également quelques incursions du côté de la politique culturelle du Conseil général de Seine-Saint-Denis et de la commune d’Aubervilliers. Les données recueillies en entretien, quand elles portent directement sur les politiques culturelles, ont été en grande partie recoupées avec la consultation d’archives municipales (à Saint-Denis), de journaux locaux et d’archives personnelles. Enfin un travail statistique (analyse factorielle et classification) à partir des données localisées du Recensement général de la population 1999 et 2008 a permis de mener à bien l’objectivation des discours (tant « indigène » que scientifique).

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