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Édito
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« Aires culturelles », comparatisme et transversalité |
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Par Alain Dieckhoff, directeur du CERI
Quelle portée ont aujourd’hui, dans un monde où les dynamiques
transnationales s’accélèrent, les approches en terme d’« aires
culturelles », fondées sur la connaissance approfondie d’un pays ou d’une
macro-région ? La notion même
d’aires culturelles (ou, pour utiliser un terme plus neutre que je
privilégierai, d’aires régionales) doit-elle encore être défendue ? Si
oui, de quelle façon alors que se multiplient les espaces
d’interculturalité ? Comment doit s’opérer l’articulation entre les aires régionales
et les disciplines académiques ? Comment structurer la recherche dans le
domaine des aires ? Quelle offre d’enseignement élaborer pour continuer à
former des spécialistes tout en tenant compte des nécessités de la
professionnalisation ? Telles sont les grandes questions qui ont été
abordées lors d’un colloque international sur les aires culturelles dont le
CERI était partenaire (1).
La présence du CERI (2) allait,
en un certain sens, de soi. En effet, nous possédons un potentiel de recherche
important sur l’Asie, l’Amérique latine, l’Europe centrale et orientale (et la
Russie), le Maghreb et le Moyen-Orient, tandis que les études sur l’Afrique
connaissent des développements prometteurs. Notre niveau de publications est
élevé et nous sommes bien insérés dans les réseaux nationaux et internationaux
de recherche. Nous ne pouvons donc pas nous désintéresser des réflexions en
cours sur les aires régionales et leur insertion dans les champs du savoir.
Personnellement, je tire des riches débats qui ont accompagné ces
journées deux conclusions essentielles.
En premier lieu, si, par définition, l’étude des aires se situe dans une
perspective interdisciplinaire, les approches par aires doivent être fortement
ancrées dans les sciences sociales qui leur fournissent concepts et méthodes.
Cet ancrage disciplinaire - qui n’interdit bien sûr nullement le dialogue
constant avec d’autres disciplines - est impératif pour effectuer une montée en
généralité conceptuelle. Au CERI, cette
inscription s’opère de façon dominante en science politique et en sociologie
et, d’une manière moins centrale, en anthropologie, histoire, économie ou
droit. Si les aires ont besoin des disciplines, ces dernières ont besoin des
aires pour soumettre leurs fondements intellectuels « occidentaux » à
la critique et construire des approches alternatives de compréhension des
phénomènes socio-politiques. Les aires et les disciplines se trouvent donc dans
une position dialectique, parfois dans une certaine tension, qui tant qu’elle
est productive ne peut qu’être positive.
En second lieu, ce dialogue aires-disciplines est indispensable au
développement d’approches véritablement comparatives. Cet effort comparatif
repose sur un triple impératif, empirique, théorique et méthodologique. La comparaison requiert de la part du
chercheur non pas d’être un spécialiste de chacune des sociétés faisant l’objet
des dites comparaisons, mais au moins - pour ne pas s'égarer - d’avoir avec elles une certaine familiarité. Bien évidemment, une manière plus aisée, et
parfaitement légitime, de fonctionner consiste à engager un projet de nature
collective qui rassemble, autour d’une thématique partagée, des chercheurs
oeuvrant sur des terrains différents. Le comparatisme exige aussi de se
déployer dans des cadres théoriques structurés et de recourir à une méthodologie
claire, de nature qualitative ou quantitative.
La comparaison peut être effectuée au sein d’une zone géographique
déterminée, avec des pays ayant des trajectoires historiques, des
environnements culturels et linguistiques proches. On parlera alors de l’Europe
médiane, de l’Amérique latine, de l’Asie du Sud-Est, de l’Afrique de l’Ouest,
etc. Mais elle doit aussi se déployer dans une perspective inter-aires :
comparer des évolutions socio-politiques, par exemple autour de mobilisations
récentes (monde arabe, Turquie, Brésil, Hong Kong), exige certes de la rigueur
intellectuelle, mais peut se révéler particulièrement heuristique. Ces larges
comparaisons qu’évoquait il y a trente ans le sociologue américain Charles
Tilly restent plus que jamais nécessaires car seules à même d'interroger véritablement des concepts généraux (régime, parti, Etat). Nous
avons la chance d’avoir au CERI beaucoup de chercheurs qui possèdent une
connaissance « située », associée à des terrains différents, tout en
étant arrimés à des disciplines. Le CERI est donc un lieu privilégié pour un
comparatisme fructueux qui passera prochainement par la mise en place de
programmes transversaux qui permettront le croisement de thématiques
« multi-aires ».
(1) Colloque des 5-7 novembre 2014 organisé par l'Institut des Amériques,
soutenu par le CNRS, la FMSH, le CERI
(Sciences Po), l'INALCO, les Groupements d’intérêt scientifique « Etudes
africaines », « Asie »
et « Moyen-Orient » , l’Université Paris Grand Ouest, le Centre
d’histoire culturelle des sociétés contemporaines et le laboratoire Printemps.
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VIENT DE PARAÎTRE
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Nouvelle collection "Relations internationales" aux Presses de Sciences Po dirigée par Guillaume Devin
Publier des travaux originaux sur les relations internationales,
entendues comme toutes formes d'interactions entre les acteurs des
sociétés, qu'ils soient individuels ou collectifs, gouvernementaux ou
non gouvernementaux, telle est l'ambition de la nouvelle collection "Relations internationales" aux Presses de Sciences Po. En encourageant les approches pluridisciplinaires et les études
empiriques précises, elle contribue à une réflexion sur les
transformations et les défis des relations internationales et s'adresse à
tous, enseignants, praticiens des relations internationales et grand
public. Comité scientifique : Louis Belanger (Université de Laval), Barbara Delcourt (Université libre de Bruxelles), Guillaume Devin (Sciences Po Paris), Franck Petiteville (Sciences Po Grenoble), Thomas Lindemann (Université de Versailes Saint-Quentin-en-Yvelines), Carlos Milani (Institut d'études sociales et politiques de l'Université d'État de Rio de Janeiro).
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Mélanie Albaret, Puissances émergentes dans le jeu international. Le Brésil et le Mexique aux Nations unies
Paris, Presses de Sciences Po, coll. "Relations Internationales", 2014, 200 p.
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Soraya Sidani, Intégration et déviance au sein du système international
Paris, Presses de Sciences Po, coll. "Relations Internationales", 2014, 240 p.
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Alain Dieckhoff et Frédéric Charillon (dir.), Afrique du Nord-Moyen-Orient 2014-2015. L'échec du rêve démocratique
Paris, La Documentation Française, 2014.
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Jacques Rupnik (dir.), Géopolitique de la démocratisation. L'Europe et ses voisinages
Paris, Presses de Sciences Po, coll. "Références. Mondes et sociétés", 2014.
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Terence Gomez, François Bafoil, Kee-Cheok Cheong (dir.), Government-Linked Companies and Sustainable, Equitable Development
Routledge, coll. "Malaysian Studies Series", 2014, 182 p.
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Hugo Meijer, Transatlantic Perspectives on China’s Military Modernization: The Case of Europe’s Arms Embargo against the People’s Republic of China
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COUP D'ŒIL
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Le CERI et les médias |
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Les chercheurs du CERI sont aux prises avec des questions qui intéressent
directement les citoyens soucieux des affaires du monde. Ils disposent d’un
savoir scientifique qui permet de décrypter le réel et qu’ils partagent
avec le public au travers de leur présence dans l’espace médiatique.
Pour permettre de suivre au jour le jour ces
analyses qui éclairent l’actualité, une nouvelle rubrique "Médias" est désormais disponible sur le site web du CERI. Elle répertorie, au fur et à
mesure de leur publication, les articles, les interviews et les interventions
audiovisuelles des chercheurs, et renvoie les internautes vers les textes et
enregistrements accessibles en ligne. Une section de la page est consacrée tout
spécialement aux contributions régulières dans Le Huffington Post, la revue Carto, Ouest France et Alternatives
Internationales.
Pour rassembler et pérenniser ces informations
dans un esprit de document de référence, la Revue de Presse du CERI propose un panorama
mensuel des contributions des chercheurs, associés et doctorants du CERI dans
les médias français et internationaux. Elle valorise leurs articles et
interviews publiés dans la presse, les émissions et débats audiovisuels
auxquels ils participent, les recensions de leurs publications signalées dans
les médias – qui sont, pour la plupart, consultables en
ligne sur les sites concernés. Depuis janvier 2012, elle est en accès libre et archivée sur le site du CERI. Vous pouvez vous y
abonner pour la recevoir chaque
mois sur votre messagerie.
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BRÈVES
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Habilitations à diriger les recherches (HDR) |
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Gilles Favarel-Garrigues, chargé de recherche (CNRS) au CERI, "La gestion des illégalismes
économiques : des pratiques soviétiques aux dynamiques globales" (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1 décembre 2014).
Thierry Chopin, expert associé au CERI, "La politisation du système institutionnel de l'Union européenne" (Sciences Po, 5 novembre 2014).
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Soutenances de thèses |
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- Marieke Louis, La représentativité : une valeur
pratique pour les organisations internationales.
Le cas de l'Organisation internationale du Travail de 1919 à nos jours, sous la direction de Guillaume Devin (14 novembre 2014)
- Anaïs Laacher, Afficher sa souveraineté :
entente, malentendu, rupture. Le Tchad face à la mission de sécurisation de
l'ONU (MINURCAT), sous la direction de Bertrand Badie (27 novembre 2014)
- Charlotte Thomas, Domination et résistance de
la minorité musulmane après le pogrom de 2002
à Ahmedabad (Inde) : les paradoxes de la
ghettoïsation à Juhapura, sous la direction de Christophe Jaffrelot (1 décembre 2014)
- Farida Souiah, Les harraga en Algérie :
émigration et contestations, sous la direction de Catherine Wihtol de Wenden (6 décembre 2014)
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ÉVÉNEMENTS
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Birmanie : qui sont les députés birmans ? Portrait d’une élite politique en formation
Séminaire de recherche. 24 novembre 2014, 17h-19h
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Afrique du Nord/Moyen Orient : entre djihadisme et autoritarisme
Débat. 27 novembre 2014, 17h30-20h00
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+ d'infos
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Organisations Internationales- Varia
Séminaire de recherche. 27 novembre 2014, 17h-19h
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"Good governance" in the EU and the wider Europe
Séminaire de recherche. 28 novembre 2014, 14h-18h30
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+ d'infos
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Le phénomène Matteo Renzi: un premier bilan politique, économique et social
Débat. 28 novembre 2014, 17h-19h
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THE ENERGY DIMENSION OF THE RUSSIAN HYBRID WAR AGAINST UKRAINE
Débat. 1 décembre 2014, 17h-19h
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+ d'infos
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Les négociations climatiques : les enjeux de la COP 21
Séminaire de recherche. 1 décembre 2014, 17h-19h
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Séminaire Doctoral Chine
Séminaire de recherche. 2 décembre 2014, 14h-16h
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European Integration of the Balkans-What Now?
Débat. 2 décembre 2014, 17h-19h
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Genealogie e trasformazioni nelle sinistre antagoniste italiane dagli anni Settanta ad oggi: un'antropologia della militanza
Séminaire de recherche. 3 décembre 2014, 17h30-19h
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L'utilisation de l'homophobie comme enjeu géopolitique: représentations des minorités homosexuelles. Regards croisés entre la Lettonie et la Russie
Séminaire de recherche. 4 décembre 2014, 16h-18h
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Les justiciers hors la loi. Pour une analyse comparée du vigilantisme
Séminaire de recherche. 5 décembre 2014, 17h-19h
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Mesurer l'"influence": un casse-tête pour le chercheur
Séminaire de recherche. 8 décembre 2014, 12h30-14h30
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PUBLICATIONS
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