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La clinique : Accès au droit

Le programme Accès au droit vise à favoriser l'autonomisation juridique d'individus et de communautés fragiles (Legal Empowerment), souvent placés dans des situations d’exclusions provisoires ou permanentes, afin de les accompagner face aux difficultés juridiques qu’ils rencontrent, à faire valoir leurs droits ou comprendre simplement que le droit est un pouvoir quotidien du citoyen et de la personne tout court et une alternative possible à la violence et au non recours au droit.

Ce programme vise également à développer chez les étudiants un regard critique sur les différentes facettes du discours sur les droits fondamentaux, et l'effet limité de la justification des normes juridiques par la situation géographique et le statut des individus.

Ce programme est ouvert à la fois aux étudiants du Master Droit économique et à ceux du Master Carrières Judiciaires et Juridiques de l’École de droit de Sciences Po. Il comporte deux volets : un cours Clinique et un travail de terrain. Le cours permet aux étudiants d’acquérir toutes les compétences juridiques et humaines indispensables à leur travail de terrain tout en prolongeant et en enrichissant leurs expériences contextuelles dans ce travail.

Le cours clinique, dispensé par Marie Mercat-Bruns au premier semestre et Marthe Jacquemin au second semestre, bénéficie de l’intervention de nombreux praticiens (psychologues, médecins, syndicalistes, militants d’ONG, greffières), chercheurs, avocats et juristes intervenant dans les différentes structures d’accès au droit ou d’écoute.

Équipe pédagogique

Le développement du curriculum, l'encadrement pédagogique et la responsabilité scientifique du programme "Accès au droit" est placé sous la supervision de Marie Mercat-Bruns, Professeure des Universités à l’École de droit de Sciences Po.

La clinique Accès au Droit est enseignée en français par :  

  • Marie Mercat-Bruns, enseignante du cours au premier semestre, du cours co-requis et tutrice
  • Marthe Jacquemin, enseignante du cours au second semestre
  • Anaïs Gauthier, tutrice 
  • Deirdre Jones, tutrice
  • Mathilde Paturel, tutrice 

Le travail de terrain peut s’effectuer dans cinq cadres différents :

  • Au sein de l’une des trois Maisons de Justice et du droit parisiennes ou des six points d’accès au droit : chaque semaine, durant une demi-journée, les étudiants participent à l’ensemble des activités des MJD de Paris (10ème, 15ème et 17ème arrondissements), en particulier les permanences des juristes faisant de l’accueil juridique renforcé. Depuis 2017, cette faculté s’étend aux six points d’accès au droit à Paris y compris celui ouvert au tribunal de Paris. Ils relèvent des questions récurrentes d’entraves au droit (tirés de leur observation de l’application des règles relatives notamment à l’aide juridictionnelle, au droit du travail, au droit de la protection sociale, au droit des étrangers ou au droit pénal (violences domestiques).
  • Auprès de la Défenseure des droits : les étudiants découvrent l’ensemble des missions de l’institution et contribuent à ses différents modes d'intervention juridique et effectue une mission spéciale pour la Défenseure des droits au premier semestre notamment sur les raisons de l’abandon des réclamations des justiciables dans le cadre des différents pôles. Le travail des étudiants couvre toutes les étapes de la procédure : de la sélection des cas à leur traitement dans les différentes branches du droit et de l'éthique, sous la supervision des juristes du Défenseur. Au deuxième semestre, dispatchés dans les pôles, ils participent à la résolution d’un à plusieurs dossiers individuels de réclamations ou de propositions de réformes législatives en cours avec les juristes de l’institution.
  • Dans le cadre d’un troisième projet, intitulé "Street law" (Droit dans la rue) : son but est de sensibiliser des personnes de toutes générations (jeunes, femmes migrantes etc;) dans un foyer de mineures isolées dans le 12ème arrondissement à Paris ou notamment dans un café solidaire (à Blanc Mesnil) aux défis juridiques en droit civil et droit social qu’ils peuvent rencontrer dans leur quotidien, en dehors du droit pénal, et à leur transmettre des outils juridiques éducatifs grâce à une pédagogie ludique qui part de leurs préoccupations.
  • Un quatrième projet "En prison…" : son objectif est d’organiser des ateliers dans la Maison d’arrêt sur la santé à partir des préoccupations principales des détenus en termes d’accès au droit.
  • Réseau d’action judiciaire (RAJ) :  ce projet permet d’accompagner et d’appréhender la construction d’une  stratégie contentieuse de lutte contre les discriminations menée par une association créée à cet effet réunissant universitaires, avocats, sociologues, syndicats (quelle portée, quels défis en termes d’accès au droit ?) en élaborant cette année une cartographie jurisprudentielle sur la discrimination indirecte grâce  à des entretiens avec des magistrats et des experts sur la question (recherche-action).

Ces projets combinent travail de terrain et recherche empirique sur des problématiques fondamentales de droit et de société.

Projets 2025-2026

 

  • Partenaire : Défenseur des droits
  • Tuteur : Paul-Bernard Laroche

Le projet En Prison vise, d’une part, à sensibiliser les étudiants aux problématiques juridiques rencontrées par les personnes détenues et leurs proches et, d’autre part, à leur permettre d’appréhender la réalité concrète du milieu carcéral. 

Il se fonde sur le constat que le milieu carcéral est un lieu où rupture des droits se trouve exacerbée : rupture de l’unité familiale, du contrat de travail, du titre de séjour, des soins. 

Ainsi, les étudiants participent à la permanence téléphonique du numéro vert ARAPEJ, numéro d’écoute sociale et juridique à destination des personnes détenues et de leurs proches. Ils se familiarisent avec la diversité des problématiques d’accès au droit rencontrées en détention en répondant directement aux interrogations des personnes concernées. 

Les étudiants s’organisent également des ateliers de débat avec les personnes détenues au centre pénitentiaire de Paris - La Santé, sur des thèmes d’actualité, de citoyenneté ou de vulgarisation du droit. 

  • Partenaire : Administration pénitentiaire (Maison d'arrêt de la Santé - SPIP 75) / CASP-ARAPEJ
  • Tutrice : Mathilde Paturel 

Le travail de terrain peut s’effectuer dans deux cadres différents : Au sein de l’une des trois Maisons de Justice et du droit parisiennes : chaque semaine, durant une demi-journée, les étudiants participent à l’ensemble des activités des MJD de Paris (10ème, 15ème et 17ème arrondissement), en particulier les permanences des juristes faisant de l’accueil juridique renforcé et depuis 2017 cette faculté s’étend aux cinq points d’accès au droit à Paris géré par des associations. Depuis 2018 il existe aussi un terrain possible au Tribunal judiciaire de Paris. 

Les étudiants sont confrontés aux obstacles locaux à la mise en œuvre des droits. Ils traitent de la technique du droit des étrangers, de la mise en œuvre difficile du droit au logement, des exigences procédurales en droit du travail, en particulier des problématiques de licenciement, de la complexité de l'aide juridictionnelle, ainsi que des obstacles systémiques à l’exercice des droits pour des groupes plus vulnérables et pour les étrangers, plus souvent confrontés aux difficultés de la rédaction et du raisonnement juridiques que des citoyens plus favorisés.

Ils apprennent à accueillir les personnes en grande difficulté. Ils écoutent, éclaircissent, guident ces personnes dans leurs demandes et trouvent l'expert juridique approprié qu'ils assistent ensuite. Hormis le développement de compétences nécessaires à de futurs avocats ou juges, les étudiants font une analyse empirique des problématiques particulières d’accès non effectif au droit rencontrée dans leur MJD. Les étudiants effectuent alors une recherche critique sur les solutions proposées ou sur les tensions liées à la mise en œuvre ou au contenu de la règle, éclairée par le contexte de son application « de terrain ». Les recherches effectuées dans le cadre du programme Accès au Droit ont ainsi ciblé les défis pratiques de l'aide juridictionnelle, de la numérisation du droit, du langage du droit, du droit au logement, de la violence domestique, du droit du travail, du droit de la consommation, des procédures d'exécution ou encore de l'écrivain public, à la lumière des théories contemporaines de sociologie juridique ou de science politique, des théories de critique du droit ou des courants actuels en Droit et société.

Rôle et méthodologie clinique

Le projet amène les étudiants à accompagner des communautés défavorisées et à comprendre, en pratique et d'un point de vue juridique, les causes structurelles et les effets des obstacles à l'égalité en droit pour tous. L'esprit du programme consiste également à sensibiliser les étudiants au fait que l'accès au droit peut concerner tous les citoyens fragilisés, de manière temporaire ou permanente. Ce projet est le résultat d'un accord avec le Conseil Départemental d'Accès au Droit, une organisation parapluie soutenue par le Ministère de la Justice et à la tête de laquelle se trouve le Président du TGI de Paris. Parmi ses membres, on compte le Barreau de Paris, l'organisation Aide Juridique, d'autres organisations impliquées dans la fourniture de conseils juridiques gratuits et la Ville de Paris.
Le projet permet aux étudiants de découvrir progressivement le travail de terrain de trois maisons de justice et du droit (MJD) et des points d’accès au droit, et de participer directement aux activités des équipes en matière d’accès au droit. 

Méthodologie 

Les étudiants découvrent d'abord, soit pendant un stage estival d'observation de deux ou trois semaines, soit, si non disponible l'été, seulement en septembre, les rouages des MJD et PAD. Ils passent ensuite une demi-journée par semaine dans la même MJD/PAD, durant l’année universitaire, assistant des communautés locales et agissant en soutien du personnel juridique et administratif local.

Les MJD/PAD mettent à disposition des usagers de l’information ainsi qu’une offre de raisonnement et de rédaction juridique. Ils agissent en tant que facilitateurs d’une relative appropriation du droit par l’usager avant toute représentation juridique, ou en tant que médiateurs pour éviter le contentieux tout en élaborant pour la fin de l'année une recherche pluridisciplinaire critique sur un point de droit particulier non résolu qu'il découvre en matière d'accès au droit (civil, pénal, social).

  • Partenaire : École de droit de Sciences Po 
  • Tutrice : Marie Mercat-Bruns

 

  • Partenaire : UNESCO
  • Tutrice : Linda Tinio

 

  • Partenaire : École de droit de Sciences Po
  • Tuteurs : Deirdre Jones et Mohamed Razin Chekroud

Les étudiants participent au fonctionnement de la permanence d’alerte et d’accès aux droits assuré par l'Observatoire international des prisons (OIP). Cette permanence téléphonique et courriers, organisée plusieurs fois par semaine, s’adresse principalement aux personnes détenues (et à leurs proches) qui souhaitent solliciter l’OIP concernant leurs conditions de détention et/ou les atteintes aux droits dont elles font l’objet durant leur incarcération. Les objectifs poursuivis via cette permanence sont de deux ordres : contribuer à l’accès aux droits des personnes détenues et collecter des informations à des fins d’enquête, d’alerte, de contentieux et de témoignage pour la défense des droits de l’ensemble des personnes détenues. 

De cette expérience de terrain, les étudiants tirent une problématique critique sur les entraves à l'accès aux droits des personnes détenues (et/ou de leurs proches).

  • Partenaire : Observatoire international des prisons - section française (OIP) 
  • Tuteurs : Jean-Claude Mas

Contexte et objectifs : 

Ce projet s’inscrit dans la continuité d’une réflexion entamée par l'association Droit à un Toit visant à trouver des solutions d’accompagnement concrètes aux personnes sans-abris en France. Plusieurs rencontres, avec de nombreux acteurs engagés auprès des publics les plus précaires, issus ou non du milieu associatif, ont déjà eu lieu. Dans la continuité de ces rencontres, un projet de consultation des structures par le biais de questionnaires en ligne et d’entretiens téléphoniques a été conduit afin de mieux cerner leurs difficultés et leurs besoins. Des questionnements ont été notés quant au suivi sur le long terme du public concerné, notamment du fait d'un manque d’ancrage et parfois de coordination entre structures. En raison de leur situation, les démarches administratives et juridiques des personnes sans-abri sont souvent longues, et parfois déconnectées de leurs préoccupations premières. Ces démarches sont pourtant essentielles dans l’optique d’obtenir une solution de logement pérenne et adaptée. Face à ces défis, la politique de housing first apparaît comme une solution pouvant enrayer les problématiques décrites, en privilégiant la mise à disposition d’un logement de façon inconditionnelle et préalable à la mise en place de toute démarche de réinsertion ou de régularisation.

Approche et méthodologie : 

Les étudiants sont invités à mener une recherche approfondie et comparative sur la politique de housing first devant aboutir à une ébauche de proposition de loi. Cette recherche, tant sur les aspects théoriques que pratiques, doit donner lieu à une réflexion globale permettant d’évaluer la faisabilité de ces mesures privilégiant un relogement rapide et sans condition. La recherche explorera trois dimensions:

  • le volet juridique visant à analyser l’état du droit au logement actuel, notamment en ce qui concerne la stratégie "Logement d'abord", et à en évaluer les perspectives d'évolution ;
  • le volet socio-politique en lien avec les questions d’acceptabilité et de mise en œuvre d’une telle politique ;
  • le volet relatif aux modalités de financement et à l'impact sur les finances publiques d’un tel projet.

La méthodologie du projet consiste en un état des lieux multidimensionnel explorant les projets similaires déjà menés en France et à l’étranger, incluant une étude des meilleures pratiques ainsi que des freins et des leviers à leur mise en place. Les étudiants pourront également rencontrer et bénéficier de l’expérience des partenaires de l'association (A&O Shearman, Samu Social, Barreau de Paris Solidarité, ...) mais aussi des événements annuels, notamment le premier Forum des Droits des Personnes Sans-Abri organisé en novembre 2025 sur le thème "Vulnérabilités et résiliences dans les parcours de rue". Forts de ces échanges, ils seront à même de prendre contact avec des acteurs du milieu ayant participé à la mise en place de projets housing first pour obtenir un retour constructif de leur expérience, et l'intégrer dans les réflexions autour de la faisabilité et des modalités de mise en œuvre d'une politique housing first résolument volontariste.

  • Partenaire : Droit à un Toit
  • Tuteurs : Anaïs Gauthier

Retour d'expérience sur le projet clinique "Street Law & Law in School"

Beeta Davoudi, Alix De Mauduit, Manon Perrey et Marianne Purru, étudiantes du Master Droit économique et Julie Dugast, étudiante du Master joint Droit et finance partagent leur retour d’expérience sur leur projet clinique dans le cadre du programme clinique Accès au droit de l’École de droit. 

Découvrir leur expérience.

Noémie Nicolas, lauréate du Prix Anthony Mainguené 2023

Noémie Nicolas
Noémie Nicolas

Mon projet avait pour objectif de contribuer à la construction d’une stratégie contentieuse au service du réseau RAJD, composé de praticiens du droit spécialisés en droit de la non-discrimination.

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Sophie Latraverse et Marie Mercat-Bruns, tutrices du projet "Réseau pour Agir en Justice contre les Discriminations"

Sophie Latraverse et Marie Mercat-Bruns
Sophie Latraverse et Marie Mercat-Bruns

Le Réseau pour agir en justice contre les discriminations (RAJD) a été créé pour apporter une réponse aux professionnels et aux victimes. Il allie travail en commun sur le soutien juridique et les argumentaires, et la création d’un fonds de dotation permettant de sélectionner des dossiers à fort enjeu stratégique pour les soutenir par tous les moyens, intellectuels et financiers.

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