Quand l’histoire étudie les écosystèmes

Giacomo Parrinello, historien de l’environnement, étudie les écosystèmes des côtes de l’Europe méditerranéenne, leurs interactions avec les sociétés et les conflits qu’ils ont pu générer tout au long des 19e et 20e siècles.

Les milieux côtiers présentent des caractéristiques communes étant à la rencontre d’écosystèmes terrestres et marins similaires. Ces phénomènes et processus sont nombreux ; couverture végétale, hydrographie – fluviale et maritime –  et population aquatique, tectonique et climat. Autant de caractéristiques qui se combinent et interagissent avec  les milieux côtiers. Ces milieux présentent également des caractéristiques communes  sous le profil sociopolitique, en étant un lieu important du développement urbain et industriel contemporain entraînant des politiques publiques locales et nationales de régulation environnementale, des conflits autour de l’usage des ressources et de la construction d’infrastructures, dans un contexte de croissance démographique et de l’espace bâti, d’industrialisation et de pollution.

Financé par une Chaire d’Excellence Junior IDEX de l’USPC, ce projet vise à investiguer  le développement des milieux côtiers dans l’Europe méditerranéenne occidentale, en étudiant la région allant des côtes de l’Espagne nord-orientale, à l’Italie nord-occidentale, en passant par la France méridionale,  et ce sur une période s’étalant du 19e au 20e siècles.

En effet, cette bande côtière qui va de la Catalogne à la Toscane présente des caractéristiques topographiques, hydrographiques et climatiques très similaires : une forte dénivellation des terrains montagneux vers la mer avec d’occasionnelles plaines correspondant à des estuaires fluviaux ou d’anciens marécages ; une prédominance de rivières à caractère torrentiel ; des précipitations intenses et souvent concentrées qui s’alternent avec de longues périodes de sécheresse.

En dépit des deux frontières nationales qui la traversent, cette région présente aussi des caractéristiques socio-économiques homogènes et notamment un fort peuplement côtier qui s’accompagne d’une urbanisation marquée, un développement touristique important et la présence de sites industriels majeurs. Ces caractéristiques entraînent également des conditions de risque et de vulnérabilité communes : érosion, inondations, sécheresses, glissements de terrain, pollution, perte de biodiversité, autant de phénomènes renforcés par  le changement climatique.

Malgré l’importance de cette région et une littérature grandissante sur les aspects socio-écologiques contemporains, une approche historique de ces aspects est très peu développée. Et pourtant, la perspective historique, peut aider à mieux comprendre les risques et vulnérabilités du présent en montrant leur construction au fil du temps, tout en en faisant avancer la compréhension des interactions entre les forces et processus géo-biophysiques et la transition à la modernité urbaine-industrielle.

Ce chantier veut ainsi révéler la dimension historique de la transformation des littoraux méditerranéens , en dégager les phases, les acteurs et les causes du développement socio-écologique de cette région côtière en se penchant notamment  sur les liens historiques entre aménagements hydrauliques et catastrophes. Basé sur une approche multidisciplinaire, ce projet vise enfin  à établir des collaborations entre sciences sociales et humaines et sciences de la nature ainsi que des partenariats avec des institutions de recherche internationales étudiant le bassin méditerranéen.

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Crédits image de la page d’accueil : Marseille seaport, around 1825. Artist: Garneray/ Wikimédia Public Domain