Francesco Findeisen, « The Housing Crisis in Superstar Cities: Labour Markets, Price Inflation, and Financialization », European Journal of Sociology, 2022
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Journée d’Études Doctorales du CEE 2022 – Appel à communication
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Disparition de Michel Pinçon

Michel Pinçon nous a quittés et nos pensées vont, en ce moment douloureux, à sa famille et en particulier à notre collègue Monique Pinçon-Charlot, qui a perdu à la fois le compagnon et le complice intellectuel d’une vie.

Son oeuvre sociologique – en nom propre ou (le plus souvent) avec son épouse – portent sur des objets beaucoup plus variés que ce à quoi la presse et certains critiques la réduisent parfois : il a notamment écrit des livres remarquables sur le monde ouvrier rural face à la désindustialisation, les grands patrons de première génération, les gagnants du loto, les méthodes d’enquête ethnographique…

Les réflexions méthodologiques du duo de chercheurs ont notamment été des vadémécums pour les générations suivantes de sociologues souhaitant travailler sur les classes dominantes et en particulier sur les différentes élites économiques.

Très souvent cités, mais parfois de manière générique – c’est la rançon de la gloire lorsqu’on atteint un statut d’intellectuels publics et de popularisateurs de premier plan – les travaux les plus connus des « Pinçon-Charlot » portent sur la grande bourgeoisie : son inscription urbaine, ses espaces, ses institutions, ses stratégies collectives de reproduction, son rapport au bien commun.

Ils ont contribué à baliser le terrain de l’analyse sociologique du haut de la hiérarchie sociale, ouvrant une myriade de pistes qui furent ensuite suivies et approfondies par d’autres, lorsqu’ils n’avaient pas eux-mêmes eu le temps d’y consacrer l’un de leurs nombreux ouvrages.

Surtout, au-delà de leur déclinaison d’un cadre analytique bourdieusien (Michel avait été l’élève de Bourdieu dès ses années de licence à Lille) pour rendre compte des dynamiques urbaines, et d’une finesse compréhensive qui faisait souvent l’admiration de leurs enquêtés, Michel et Monique ont été parmi les premiers à se pencher empiriquement sur des phénomènes comme la griffe spatiale, la boulevardisation ou la supergentrification des beaux quartiers, les différents rapports à l’argent au sein de la bourgeoisie, et à s’interroger de façon systématique sur les modalités de conversion d’une forme de capital en une autre.

Il s’agit là d’apports scientifiques que les adversaires de leur engagement politique des quinze dernières années ne sauraient effacer ou occulter, et qui continuent à nourrir de façon particulièrement heuristique la recherche en sciences sociales.

– Bruno Cousin, Assistant Professor of Sociology, Sciences Po – CEE