Les réseaux islamiques entre l’Asie du Sud et le Golfe

Les réseaux islamiques entre l’Asie du Sud et le Golfe

  • Mosque Jamek, by Mohd Hafiz Noor ShamsMosque Jamek, by Mohd Hafiz Noor Shams

A l'occasion de la parution d'un ouvrage dirigé Christophe Jaffrelot and Laurence Louër (CERI) "Pan-Islamic Connections Transnational Networks Between South Asia and the Gulf" (Hurst Publishers) , les deux auteurs exposent les dynamiques transnationales à l’œuvre entre les pays du Golfe et l’Asie du Sud. Interview par Miriam Périer.

Contrairement au découpage géographique traditionnel qui tend à établir une coupure nette entre les pays du golfe Persique (associés au Moyen-Orient) et le sous-continent indien (perçu comme asiatique), ces deux régions du monde cultivent depuis des siècles des liens commerciaux et culturels qui se sont notamment traduits par des migrations importantes. Dans l’ordre religieux qui nous intéresse ici, ces relations ont pris la forme de routes de pèlerinages qui n’ont pas seulement conduits les musulmans de l’Asie du Sud à La Mecque, mais aussi à Kerbala, Qom et Nadjaf quand ils étaient chiites. En parallèle, des réseaux d’éducation religieuse se sont développés pour former les clercs, ou, plus généralement, les esprits religieux. Depuis les années 1980, la période sur laquelle se concentre cet ouvrage, ces interactions se sont doublées d’une intensification des connexions islamistes dans le cadre des guerres d’Afghanistan et de l’essor de réseaux transnationaux comme Al-Qaïda.

Quelles ont été les principales dynamiques de l’établissement d’un lien religieux entre les monarchies du Golfe, l’Iran, l’Inde et le Pakistan ?

La dynamique transnationale à l’œuvre entre les pays du Golfe et l’Asie du Sud, du point de vue religieux est d’abord surdéterminée par la rivalité qui oppose l’Iran et l’Arabie Saoudite. Celle-ci recoupe naturellement le conflit entre sunnites et chiites qu’on appelle « sectarisme » dans la région. Les grands pays de l’Asie du Sud – et le Pakistan en particulier – sont en majorité sunnites, mais ils comportent une forte minorité chiite que l’Iran a essayée d’utiliser pour exporter sa révolution en 1979 puis dans les années 1980. En réaction, les Saoudiens ont aussitôt cherché à contrer l’influence iranienne en soutenant des mouvements sunnites militants et en finançant des madrasas (écoles coraniques). Certains Etats, le Pakistan notamment, tout en évitant d’exacerber le conflit sectaire, ont accueilli très favorablement cette présence saoudienne.

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