'"Ouverture sociale", ségrégation et inégalités urbaines

'"Ouverture sociale", ségrégation et inégalités urbaines

Le cas de Sciences Po en IDF
Marco Oberti - Sociologie vol. 4, n° 3
  • Les admis à Sciences Po : type de lycée (public/privé) et localisationLes admis à Sciences Po : type de lycée (public/privé) et localisation

Marco Oberti, 2013,  « Politiques "d’ouverture sociale", ségrégation et inégalités urbaines : le cas de Sciences Po en Île-de-France », Sociologie, vol. 4, n° 3, p. 269-289.

En région parisienne, le dispositif « d’ouverture sociale » de Sciences Po – Convention Éducation Prioritaire – a contribué à élargir le vivier d’établissements d’origine des étudiants. Mais le recrutement hors CEP reste concentré dans un nombre limité de lycées eux-mêmes situés dans un nombre restreint d’arrondissements et de communes favorisées de la banlieue. On constate également, étant donné la forte concentration des lycées conventionnés en Seine-Saint-Denis, l’inégal recrutement des élèves d’origine populaire selon les départements. Enfin, les petites classes moyennes ne semblent pas avoir tiré avantage de ce dispositif, surtout dans les espaces urbains et scolaires les plus sélectifs. Tous ces éléments indiquent une sélectivité sociale différenciée de l’admission à Sciences Po selon les territoires à milieu social équivalent.

Il y a donc bien un trompe-l’oeil de la ségrégation urbaine qui conduit à se focaliser sur un nombre limité de quartiers. Les regards comme les dispositifs sont largement tournés vers les espaces et les catégories les plus populaires et les plus stigmatisés, au détriment des espaces mais aussi des établissements les plus nombreux et les plus banals (...). C’est un angle mort peu discuté de la démocratisation des filières sélectives de l’enseignement supérieur et qui renvoie aux espaces et aux catégories populaires et intermédiaires non ciblés par les dispositifs territorialisés.

...ce différentiel met en évidence l’intensité beaucoup plus forte de la ségrégation scolaire (lycée d’origine) comparativement à la ségrégation résidentielle. Il s’agit d’un résultat important déjà mis en évidence concernant la ségrégation sociale et ethnique plus forte des enfants de classes populaires au collège comparativement à celle des parents de même milieu social dans l’espace résidentiel. Ce tri scolaire amplifie les effets de la ségrégation urbaine, et valide la thèse d’une déconnexion croissante des lieux de résidence et des lieux de scolarisation pour une frange des classes supérieures.

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