Devenir minoritaire. La conversion des blancs à l'islam...

Devenir minoritaire. La conversion des blancs à l'islam...

Juliette Galonnier - Solène Brun
Revue Tracés 2016|1
  • Photo Roel Wijnants - Islam rijkt u de hand (CC BY-NC)Photo Roel Wijnants - Islam rijkt u de hand (CC BY-NC)

Revue Tracés - 2016/1 - n.30Devenir(s) minoritaire(s).
La conversion des Blanc-he-s à l'islam en France et aux États-Unis comme expérience de la minoration

Solène BrunSolène Brun et Juliette GalonnierJuliette Galonnier (OSC)

Tracés - Revue de Sciences humaine
2016 | 1, n° 30, p. 29-54

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Cette contribution propose une approche inédite de l’expérience minoritaire à travers l’exemple des converti‑e‑s blanc‑he‑s à l’islam en France et aux États-Unis. Elle aborde le processus de « minoration » de façon dynamique en mobilisant un corpus d’entretiens biographiques réalisés de part et d’autre de l’Atlantique. L’article démontre que, lorsqu’elles et ils décident de revêtir les signes visibles d’appartenance à la religion musulmane, les converti‑e‑s se trouvent soudainement exposé‑e‑s à des formes de rejet et de discrimination à caractère explicitement racial – autant d’expériences qui leur étaient jusqu’ici inconnues en vertu de leur appartenance à la population majoritaire. Dans des contextes nationaux marqués par la « racialisation » de l’islam, la minoration liée à la conversion religieuse est ainsi vécue comme une subalternisation. Face à ces assignations identitaires nouvelles et mal maîtrisées, les converti‑e‑s déploient toutefois des stratégies de négociation plurielles qui révèlent la multiplicité de leurs devenirs minoritaires.‪

citation dans l'article...la conversion est donc approchée en tant qu’elle constitue un cas empirique intéressant pour l’analyse des mécanismes de catégorisation, de dynamique des frontières (symboliques et matérielles), et d’appartenance aux groupes. Notre objet dans cet article n’est donc pas tant la conversion en tant que telle, mais ce qu’elle fait aux individus, et ce qu’elle dit de nos structures et groupes sociaux, et de leurs frontières.

citation dans l'articleIci, l’expérience de la conversion à l’islam se révèle dans sa dimension de subalternisation : en devenant musulman‑e‑s, mais surtout en étant identifié‑e‑s comme tel‑le‑s, les converti‑e‑s blanc‑he‑s font une expérience de la minorité en tant qu’expérience subalterne, dans la mesure où, comme nous l’avons expliqué en introduction, les deux pays qui font l’objet de notre étude se caractérisent par une islamophobie bien ancrée historiquement, qui essentialise les musulman‑e‑s comme groupe inférieur et indésirable.

Plan de l'article

La subalternisation de l’islam en France et aux États-Unis
La conversion comme cas d’étude
Deux enquêtes ethnographiques en dialogue
Devenir minoritaire : l’assignation à une identité subalterne
    La minoration comme racialisation : l’islamophobie de tous les jours
    La minoration comme trahison du groupe majoritaire
La double expérience minoritaire des converti-e-s
Devenirs minoritaires : stratégies de négociation de la nouvelle identité minoritaire
    Refuser sa blanchité et tenter de « passer »
    Revendiquer sa blanchité et endosser le rôle de « passeur »
    Moduler sa blanchité par l’endossement d’une identité ethnique alternative ou d’une appartenance de classe
Discussion
    L’importance du contexte : la visibilité de la race en question
    Limites et pistes de réflexion futures
Bibliographie

POUR EN SAVOIR PLUS

The racialization of Muslims in France and the United States: Some insights from white converts to Islam (Sage Journals)

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