Pour vivre heureux, vivons cachés

Pour vivre heureux, vivons cachés

Pratiques résidentielles, styles de vie et rapports de genre chez les classes supérieures du pôle privé
Soutenance de thèse, Lorraine Bozouls, 11 décembre 2019
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« Pour vivre heureux, vivons cachés »
Pratiques résidentielles, styles de vie et rapports de genre chez les classes supérieures du pôle privé

Lorraine Bozouls (OSC, Università degli Studi di Milano-Bicocca - URBEUR-Quasi)

Soutenance de thèse, le mercredi 11 décembre 2019, 14h à Sciences Po, 98 rue de l'Université, salle Annick Percheron Paris 7e.

Composition du jury : 

  • Mme. Alberta Andreotti, Professeure associée, Università degli Studi di Milano-Bicocca
  • Mme Céline Bessière, Professeure des universités, Université Paris Dauphine, IRISSO
  • Mme Marie Cartier, Professeure des universités, Université de Nantes, Centre Nantais de Sociologie
  • M. Marco Oberti, Professeur des universités, Sciences Po - OSC (Directeur de recherche)
  • M. Fabio Quassoli, Professeur associé, Università degli Studi di Milano-Bicocca (Directeur de recherche)
  • Mme Sylvie Tissot, Professeure des universités, Université Paris 8, Cresppa

Au croisement de la sociologie urbaine et de la sociologie de la stratification sociale, cette thèse porte sur le pôle privé des classes supérieures résidant dans les espaces homogènes de la banlieue résidentielle parisienne. Elle analyse le rôle du quartier et celui du logement dans la formation et la reproduction de cette fraction de classe et apporte ainsi une contribution à la compréhension des mécanismes de ségrégation du point de vue des classes supérieures davantage dotées en capital économique que culturel. Cette thèse s’appuie sur une enquête localisée dans les quartiers les plus aisés de deux communes de la banlieue parisienne (Rueil-Malmaison et Saint-Maur-des-Fossés), où ont été conduits soixante entretiens avec des propriétaires de maisons. Les hommes des ménages enquêtés sont dans une large majorité des hauts cadres du secteur privé, des professions libérales ou encore des chefs d’entreprise et leurs épouses sont très souvent femmes au foyer ou en emploi réduit. Plus de deux tiers des ménages enquêtés ont un patrimoine immobilier estimé supérieur à un million d’euros et appartiennent donc aux 3 % des ménages les plus dotés de France. La thèse défend l’idée selon laquelle ce groupe social, situé « en haut à droite » de l’espace social bourdieusien, et numériquement plus important que la grande bourgeoisie traditionnellement étudiée, est un point d’observation privilégié des inégalités en France.

Les ménages enquêtés choisissent un quartier marqué par son entre-soi, qui assure des conditions favorables de reproduction sociale. Ils s’investissent à l’échelle locale dans les relations de sociabilité et dans des entreprises de patrimonialisation, dont ils tirent des ressources, à la fois en termes de capital social, symbolique et économique. De plus, les ménages enquêtés sont investis dans un mouvement de privatisation, qui est visible dans leur goût pour la propriété immobilière et leur repli sur l’espace domestique. Par la prise en charge du travail du style de vie, les femmes participent à l’accumulation de capital économique – notamment grâce au travail immobilier – mais également à sa conversion en capital symbolique et culturel, et contribuent ainsi à l’appartenance de classe du ménage. Enfin, cette privatisation est également synonyme d’un éloignement vis-à-vis des services publics, visible notamment à travers la prise en charge de leur sécurité, qui s’accompagne parfois d’un mouvement de fermeture résidentielle.

Pour des raisons de sécurité, les soutenances de thèse sont strictement réservées aux personnes invitées et aux publics internes de Sciences Po (étudiants, enseignants, chercheurs, salariés).

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