Street Art
Collection digitale de STREET art Latino-Américain de l’OPALC

São Paulo

Comme Bogotá, São Paulo est considérée depuis les années 1990 comme une des capitales mondiales du graffiti et du street art, avec des artistes mondialement connus comme les Jumeaux (Os Gémeos). À la différence de la capitale colombienne toutefois, le dialogue entre artistes et autorités publiques est quasi inexistant. Autre différence, São Paulo est caractérisée par une forme d’invasion de tags (pixos) dont la nature artistique est moins évidente à première vue. Ces jeunes artistes (pixadores) viennent de leurs banlieues lointaines et pauvres pour hurler leur colère et montrer aux classes moyennes qu’ils existent. Photos prises en 2018.

Artistes rencontrés

Kobra
Kobra est connu pour ses immenses fresques représentant des personnalités sous un jour « coloré » : Gandhi, Dali, Amy Winehouse, Keith Haring & Bastiat, etc. (www.eduardokobra.com). Il lui arrive aussi de peindre des anonymes.
Paulo Ito
Paulo Ito a acquis une renommée mondiale grâce au portrait d’un enfant pauvre, en pleurs, n’ayant dans son assiette qu’un ballon de football pour manger. Cette prise de position contre l’organisation de la coupe du monde de football a choqué au pays du football ! En parallèle, ses nombreuses interventions sur les murs de São Paulo sont toujours inspirées du réalisme social.
Pixadores
Les pixadores forment une communauté relativement fermée, régie par des règles de comportement valorisant l’audace et la loyauté. Apposer un tag signature en haut d’un immeuble escaladé à mains nues confère notoriété et respect. Ces interventions sont autant d’agressions à l’encontre des classes moyennes qui les ignorent et d’un « système » qui les invisibilise. Ces tags visent également la communauté, car leur calligraphie est cryptée et fait l’objet d’une appréciation esthétique par les pairs.
Les messages comprennent en général l’alias de l’artiste, le groupe auquel il appartient et la date d’intervention. Ce ne sont donc pas des œuvres qui visent à rester anonymes.

Autres artistes

Engagement politique
Le graffiti politique est né au Brésil comme forme de résistance à la dictature militaire (1964-1985). Il a ensuite proliféré en démocratie pour dénoncer la violence urbaine, les inégalités et la corruption. De nombreux artistes livrent par ailleurs des messages plus profonds concernant le politique dans leur pays.
Mobilisations sociales
La ville de São Paulo a été marquée par deux types de mouvements sociaux, que les artistes ont accompagné dans l’espace public. La ville a pris part aux grandes campagnes nationales, comme la défense des minorités sexuelles ou de la culture. Elle se mobilise également sur des enjeux plus locaux qui ont à voir avec l’aménagement urbain notamment (freiner la gentrification, ouvrir des parcs…).
Portrait
De nombreux hommages sont rendus aux victimes de la violence (LGBT, politique), mais les murs accueillent aussi des portraits d’anonymes, dont beaucoup de femmes, dans toute leur diversité.