Christine Erhel, Mathilde Guergoat Larivière , Malo Mofakhami - La qualité de l’emploi et du travail en comparaison européenne : une contre-performance française ?

Christine Erhel est professeure au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM, Paris), titulaire de la chaire Economie du travail et de l’emploi, et directrice du Centre d’Études de l’Emploi et du Travail (CEET). Elle mène des recherches en économie du travail, particulièrement sur les questions de réformes du marché du travail et de qualité de l’emploi, notamment dans le cadre de projets européens. En 2020-2021, elle a rédigé le rapport de la mission pour la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne, avec Sophie Moreau-Follenfant.

Mathilde Guergoat-Larivière est professeure des Universités en Sciences Economiques à l’Université de Lille et chercheuse au Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé). Elle est également chercheuse au Cnam-CEET. Elle travaille sur les thématiques de la qualité de l’emploi, de l’impact des innovations et de la transition écologique sur l’emploi, ainsi que sur les questions liées à l’égalité femmes-hommes. Elle a notamment participé au projet Quality of Jobs and Innovation Generated Employment Outcomes (QuInnE) et au projet Beyond 4.0.

Malo Mofakhami est chercheur en sciences économiques, maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord au CEPN et affilié au Centre d’étude de l’emploi et du travail (CEET) du CNAM. Il a soutenu sa thèse de doctorat en 2019 (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) sur les relations entre emploi et innovation. Ses travaux portent sur les interactions entre technologie et emploi et en particulier le rôle des nouvelles technologies dans les mutations du travail et de l’emploi. Il étudie notamment les effets des technologies et des transitions sur les évolutions des métiers et des emplois (variations), mais également les effets en matière de qualité et conditions effectives du travail.

LA QUALITE DE L'EMPLOI ET DU TRAVAIL EN COMPARAISON EUROPEENNE : UNE CONTRE-PERFORMANCE FRANCAISE ?

Christine Erhel (CNAM- LIRSA CEET), Mathilde Guergoat Larivière (Université de Lille-Clersé, CEET), Malo Mofakhami (Université Paris Sorbonne Paris Nord - CEPN, CEET)
La crise sanitaire a contribué à remettre sur le devant de la scène l’importance du travail en même temps que les conditions difficiles dans lesquels il s’exerce en France pour certains travailleurs et travailleuses. La récente contestation de la réforme des retraites a également montré que les Français ne souhaitent pas prolonger leur durée de travail au-delà d’un certain âge. Ces événements ne sont pas tout à fait surprenants pour qui s’intéresse à la question de la qualité de l’emploi et du travail sur les dernières décennies, en particulier lorsque l’on compare la situation française à celle de ses voisins européens. 
Si les questions du sens du travail et de la soutenabilité du travail ont été beaucoup évoquées dans ces deux crises, le concept de qualité de l’emploi et du travail recouvre un ensemble d’éléments plus large et peut être appréhendé comme un concept multidimensionnel. Dans ce texte, nous revenons sur la définition internationale de la qualité de l’emploi et du travail, puis nous situons la France au regard des comparaisons internationales, avant de souligner les défis que posent les transformations technologiques à la qualité de l’emploi et du travail.
Comment définir la qualité de l’emploi et du travail ?
Les institutions internationales et européennes qui se sont emparées depuis la fin des années 1990 de la question de la qualité de l’emploi et du travail ont chacune développé leur propre approche, mais toutes ont retenu une définition multidimensionnelle. Le Bureau international du travail a tout d’abord mis en avant le concept de « travail décent » susceptible d’éclairer et de comparer des situations de pays très différents, en développement, émergents ou développés. L’Union européenne a ensuite défini sa propre approche de la qualité de l’emploi au début des années 2000, mobilisant des indicateurs validés par l’ensemble des pays membres au sommet de Laeken. Au niveau européen, la Fondation Européenne pour l’Amélioration des Conditions de Vie et de Travail (Eurofound) ainsi que l’Institut Syndical Européen (ETUI) ont également développé des approches multidimensionnelles de la qualité de l’emploi et du travail, avant que l’OCDE n’en fasse de même en 2013.
Un ensemble de travaux académiques sont venus discuter la pertinence de ces approches institutionnelles. Même s’ils retiennent des critères légèrement différents, les travaux socio-économiques existants sur la qualité de l’emploi et du travail envisagent l’ensemble des dimensions de l’emploi ayant des conséquences sur la situation objective et les trajectoires observables des travailleurs. La figure 1 résume les six principales dimensions que l’on retrouve dans les travaux comparatifs récents sur cette question : salaires, conditions d’emploi (type de contrat, sécurité de l’emploi), conditions de travail, formation et carrière, temps de travail et équilibre entre vie familiale et professionnelle, participation et représentation collective (Erhel et Guergoat-Larivière, 2016a, 2016b ; Mofakhami, 2019). Dans cette perspective, la qualité de l’emploi et du travail peut être directement influencée par les institutions et les politiques nationales (normes et droit du travail et de la protection de l’emploi, droit syndical et règles du dialogue social, politiques de formation, etc.). Elle est donc susceptible de varier fortement entre les pays. Au-delà des facteurs institutionnels, l’organisation du travail dans les entreprises joue également, notamment dans un contexte de fortes transformations technologiques.  
La France en position défavorable en termes de conditions de travail et de perspectives de carrière

Les résultats des travaux empiriques adoptant une approche multidimensionnelle de la qualité de l’emploi (Erhel et Guergoat-Lariviere, 2016a, 2016b ; Mofakhami, 2019) sont globalement convergents quant à la position relative des pays européens et aux différents « régimes » de qualité de l’emploi qu’il est possible d’identifier.

Ils opposent un ensemble assez large de pays présentant un niveau globalement élevé de qualité de l’emploi, avec de de bons niveaux de salaires, des taux élevés d’accès à la formation continue, une assez bonne représentation des salariés, un bon équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, mais des taux de temps partiel élevés, y compris une forte proportion de temps partiel court. Ce groupe inclut les pays du Nord, où les conditions de travail apparaissent particulièrement favorables, mais aussi des pays continentaux (Allemagne, Autriche, Belgique, Luxembourg) et anglo-saxons (Irlande, Royaume-Uni). À l’opposé, les pays d’Europe centrale et de l’Est constituent un groupe caractérisé par de faibles salaires et des niveaux d’accidents du travail élevés, où l’emploi temporaire et le temps partiel sont moins développés, de même que l’accès à la formation continue. La France se situe dans un groupe intermédiaire, avec les pays du Sud (Italie, Espagne, Grèce et Portugal) et la Pologne, où la qualité de l’emploi est moins bonne que dans le premier groupe même si la situation en termes de salaires est plus favorable que dans le groupe d’Europe centrale et orientale. Dans ce groupe, le taux d’emploi temporaire est élevé et la représentation des salariés limitée. Les conditions de travail présentent un certain nombre de caractéristiques défavorables (positions fatigantes, délais serrés) et l’accès à la formation et les opportunités d’apprentissage sont réduites.

En matière de qualité de l’emploi et surtout du travail, la position de la France apparaît donc en décalage avec son niveau de richesse et avec ses institutions du marché du travail plutôt protectrices, qui la rapprochent de ses voisins continentaux comme l’Allemagne ou la Belgique. Si elle présente une situation plutôt favorable sur la dimension salariale, elle fait figure de mauvais élève du point de vue de l’environnement et des conditions de travail, mais également de vécu au travail.

Cette situation peut être analysée de manière plus détaillée à partir des enquêtes européennes sur les conditions de travail de l’Eurofound (conduites en 2005, 2010, 2015 et 2021), qui permettent d’appréhender de nombreuses dimensions des conditions de travail et d’emploi :  expositions aux risques physiques et biochimiques, intensité du travail, qualité de l’environnement de travail, qualité du temps de travail, stabilité de l’emploi et accès à la formation et évolutions de carrières…

Le tableau 1 permet de visualiser cette contre-performance française en matière de conditions effectives de travail sur les données les plus récentes de 2021 (voir aussi la contribution de Dominique Méda et Maelezig Bigi). Il présente les écarts à la moyenne européenne des indicateurs de conditions de travail et d’emploi de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Pologne et du Royaume-Uni. Les conditions d’emploi sont légèrement meilleures en France, reflet, dans une certaine mesure, de normes du travail protectrices. Sur les autres dimensions (à l’exception de la part de temps de travail standard), la France présente une situation moins bonne que les autres pays. C’est particulièrement le cas sur les facteurs d’exposition aux risques physiques (ergonomie et risques biochimiques), environ 15% supérieurs à la moyenne européenne en 2021 alors que la France se démarque par une structure de l’emploi relativement peu industrielle.

Les autres aspects liés à l’organisation et l’environnement de travail (autonomie, intensité et environnement social) sont également peu favorables en moyenne. Si le travail atypique (longues heures de travail, travail de nuit, irrégularité des horaires) est moins fréquent en France, les possibilités de conciliation et la qualité de l’articulation du temps de travail avec le temps personnel sont plus mauvaises que pour l’ensemble des autres pays. Enfin, lesperspectives de carrières et la formation en emploi sont structurellement faibles en France, à l’image de l’Italie.

On ne relève pas d’amélioration en 2021 par rapport aux années précédentes de l’enquête (2005, 2010, 2015), confirmant le décalage entre les caractéristiques structurelles de l’économie française et la qualité du travail déclarée par les salariés.   

Sur le volet de la santé au travail et du bien-être, la France se situe également en dessous des partenaires européens. En 2021, soit un an après le pic de la pandémie de Covid-19, 39% des travailleurs français déclarent que leur santé est à risque du fait de leur activité professionnelle, 6 points de plus que la moyenne des travailleurs européens (33%). Si l’on met ce chiffre au regard du nombre de travailleurs français qui déclarent avoir un conseil ou un délégué chargé de la santé et la sécurité au travail (70% contre une moyenne européenne de 76% - 84% en Allemagne), la situation semble particulièrement alarmante en France.

Cette situation est une source de préoccupation d’autant plus importante dans un contexte marqué par le développement de nouvelles technologies et les impératifs de transition environnementale qui font évoluer les besoins en compétences et la demande de travail et sont également susceptibles d’impacter la qualité de l’emploi et du travail à l’avenir.


Encadré méthodologique

À partir des enquêtes européennes sur les conditions de vie réalisée par l’Eurofound, nous établissons un ensemble d’indicateurs permettant de mesurer quatre des six dimensions de la qualité de l’emploi et du travail présentées plus haut (conditions d’emploi, conditions et qualité du travail, temps de travail et équilibre entre vie familiale-vie professionnelle, et accès à la formation et perspectives de carrières). Ces indicateurs sont construits au niveau des individus répondant à l’enquête, selon des méthodologies éprouvées (Erhel et Guergoat-Lariviere, 2016 ; Eurofound, 2020 ; Mofakhami, 2019), puis agrégés par pays pour permettre d’obtenir une situation moyenne au niveau national. L’absence d’indicateurs sur les salaires et la représentation collective nous conduit à ne retenir que 4 des 6 dimensions initiales.


Le tableau 1 présente les écarts à la moyenne européenne des indicateurs de conditions de travail et d’emploi issus de cette méthodologie pour un ensemble de pays sélectionnés. Ces écarts sont construits sur l’ensemble des pays de l’Union européenne plus le Royaume-Uni et la Norvège. Par souci de lisibilité, on présente ici simplement les valeurs correspondant aux grands pays de chaque ensemble (pays continentaux, méditerranéens, scandinaves, anglo-saxons et d’Europe centrale et orientale).

La qualité de l’emploi et du travail face aux défis des transformations technologiques 

Si la qualité de l’emploi est influencée par les politiques publiques et les institutions du marché du travail, elle est également liée aux changements technologiques et organisationnels à l’œuvre dans les entreprises (Guergoat-Larivière et Mofakhami, 2021 ; Duhautois et al., 2020 ; Mofakhami, 2021).

L’adoption d’innovations sur le lieu de travail a des effets ambigus sur la qualité du travail (Mofakhami, 2019, Eurofound, 2020) : si elle semble améliorer la stabilité des contrats et la rémunération, elle conduit à accroître l’intensité du travail (horaires plus importants et variables, difficulté de concilier vie personnelle – professionnelle) et la pression au travail (charge de travail élevée, plus de stress, etc.). À cela s’ajoutent aussi plus de risques physiques en emploi pour les travailleurs moyennement et peu qualifiés.

Certaines analyses soulignent que les effets des innovations sur la qualité des emplois sont contrastés selon les groupes sociaux. Ainsi, selon une analyse sur données françaises (Duhautois et al., 2020), les innovations technologiques bénéficient majoritairement aux emplois qualifiés, cadres et professions intellectuelles, tandis qu’elles tendent à réduire l’emploi et les salaires des employés et ouvriers.

Les études sur les usages des technologies numériques soulignent également certains risques en matière d’intensité et de pression au travail. Des travaux qualitatifs menés dans plusieurs pays européens (Gautié et al., 2020) au sein des secteurs de la logistique, de l’aéronautique et de la banque montrent que, si ces technologies améliorent les conditions d’emploi pour certains travailleurs (dans l’aéronautique ou la banque), les efforts dus à la réadaptation organisationnelle induite par les innovations conduisent à plus de stress et plus d’intensité au travail.

Ces problèmes se posent de manière particulièrement forte dans les secteurs de la logistique et des transports (Benvegnù et Tranchant, 2020 ; Eurofound, 2018), où les technologies numériques ont également tendance à intensifier le rythme de travail tout en réduisant l’autonomie et la partie « intelligente » du travail, allant jusqu’à interroger l’avènement d’une forme de néo-taylorisme numérique. 

Malgré ces tendances, il est intéressant de soulever que certaines pratiques d’organisation du travail plus répandues dans les pays scandinaves notamment peuvent représenter un levier positif pour le développement des technologies et la qualité du travail. Plusieurs travaux (Felstead et al., 2020 ; Lorenz, 2015) montrent que des pratiques de gestion de l’emploi dites « apprenantes » (learning capacity ou high-performance work system) améliorent la productivité et la capacité d’adoption technologique en améliorant la formation, la qualité des contrats, mais aussi en favorisant la participation active et l’autonomie des travailleurs. Ces modèles sont surreprésentés dans certains secteurs (intensifs en connaissance et technologie), mais leur surreprésentation dans certains pays comme les pays scandinaves et certains pays dits continentaux (Allemagne, Belgique et Pays-Bas), semble montrer qu’il est possible d’améliorer les conditions de travail et les performances par le biais de nouvelles pratiques de dialogue social et de qualité de l’emploi.

Conclusion

Dans un contexte français, déjà caractérisé par des performances moyennes en matière de qualité de l’emploi et surtout du travail, les changements technologiques ainsi que les crises économiques, sanitaires et sociales successives sont susceptibles d’accroître les risques portant sur certains travailleurs, notamment les moins qualifiés et les plus précaires. Les défis que posent les nouvelles technologies (plateformes numériques, IA générative, réindustrialisation), mais aussi les nécessaires transitions environnementales, sont fortement liés aux enjeux de la qualité de l’emploi et du travail. Quelles que soient les dimensions retenues, une amélioration est indispensable pour gérer ces transitions. La formation et le développement de nouvelles compétences sont cruciaux pour adapter l’offre de travail aux nouvelles demandes, mais ne suffisent pas en soi. L’amélioration des conditions de travail notamment dans les métiers en tension et indispensables à l’économie (notamment ceux de la première et la seconde ligne durant la pandémie) est essentielle pour assurer une offre suffisamment nombreuse et de qualité (cf la contribution de Christine Erhel). Les gains de productivité potentiels visés par des investissements en compétences et en technologie semblent peu dissociables d’une amélioration conjointe des conditions de travail, de la stabilité des emplois et de la qualité de l’environnement social.

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Consultez les autres textes de la série "Que sait-on du travail ?"

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Références

BENVEGNU Carlotta, TRANCHANT Lucas (2020), « Warehousing consent? », Travail et emploi, 162, 3, p. 47‑69.

DUHAUTOISs Richard, ERHEL Christine, GUERGOAT-LARIVIÈRE Mathilde, MOFAKHAMI Malo, (2020), « More and Better Jobs, But Not for Everyone: Effects of Innovation in French Firms », ILR Review, p. 27.

ERHEL Christine, GUERGOAT-LARIVIÈRE Mathilde (2016a), « Innovation and Job Quality Regimes: A Joint Typology for the EU », QuInnE Working Paper, WP5-2-2016.

ERHEL Christine, GUERGOAT-LARIVIÈRE Mathilde (2016b), « La qualité de l’emploi », Idées économiques et sociales, 185, 3, p. 19‑27.

EUROFOUND (2018), Automation, Digitalisation and Platforms Implications for Work and Employment, Publications Office of the European Union, Luxembourg.

EUROFOUND (2020), Working conditions in sectors, Publications Office of the European Union, Luxemburg, Publications Office of the European Union.

FELSTEAD Alan, GALLIE Duncan, GREEN Francis, HENSEKE Golo (2020), « Getting the Measure of Employee‐Driven Innovation and Its Workplace Correlates », British Journal of Industrial Relations, 58, 4, p. 904‑935.

LORENZ Edward, 2015, « Work Organisation, Forms of Employee Learning and Labour Market Structure: Accounting for International Differences in Workplace Innovation », Journal of the Knowledge Economy, 6, 2, p. 437‑466.

GAUTIÉ Jérôme, JAEHRLING Karen, PEREZ Coralie (2020), « Neo-Taylorism in the Digital Age: Workplace Transformations in French and German Retail Warehouses », Relations Industrielles / Industrial Relations, 75, 4, p. 774‑795.

GUERGOAT-LARIVIÈRE Mathilde, MOFAKHAMI Malo (2021), « Innovations, emplois, inégalités », La Vie des idées.

MOFAKHAMI Malo (2019), Étude des interactions entre dynamiques d’innovation et qualité de l’emploi : une relation déterminante au cœur des mutations du travail à l’œuvre au sein de l’Union européenne, phdthesis, Université Panthéon-Sorbonne - Paris I.

MOFAKHAMI Malo (2021), « Is Innovation Good for European Workers? Beyond the Employment Destruction/Creation Effects, Technology Adoption Affects the Working Conditions of European Workers », Journal of the Knowledge Economy.

                

François-Xavier Devetter, Julie Valentin - Les " travailleurs et travailleuses du nettoyage " : deux millions de personnes au cœur des désordres du travail

François-Xavier Devetter est chercheur au Clersé (Université de Lille) et à l'IRES. Ses travaux de recherche portent sur le temps de travail et les emplois à bas salaire, tout particulièrement les agentes et agents d'entretien, les aides à domiciles et les assistantes maternelles agréées. Il a publié en 2023 Aides à domiciles, un métier en souffrance : sortir de l'impasse avec Annie Dussuet et Emmanuelle Puissant aux éditions de l'Atelier.

 

Julie Valentin est maître de conférences au CES (Université Paris 1). Ses travaux de recherche portent sur les formes de mobilisations de la main d'œuvre alternatives au CDI et l'analyse économique du droit du travail.
Ils sont les auteurs du livre 2 millions de travailleurs et des poussières : l'avenir des emplois du nettoyage dans une société juste, publié en 2021 aux éditions Petits Matins.
LES "TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU NETTOYAGE" : DEUX MILLIONS DE PERSONNES AU COEUR DES DESORDRES DU TRAVAIL
François-Xavier Devetter (Clersé, Université de Lille et IRES) et Julie Valentin (CES, université Paris 1)

Nettoyer (ou plus largement entretenir un espace de vie) est une activité à la fois commune et très spécifique. Commune car elle occupe une partie du temps de tout individu ou presque (en moyenne 5% du temps éveillé quotidien avec toujours d’énormes inégalités entre femmes et hommes). Commune également sur le plan professionnel car ce sont près de 8% des salariés dont l’une des fonctions importantes consiste à nettoyer des espaces privés ou publics. Mais cette activité apparaît également très spécifique en raison du sens qu’elle revêt fréquemment (« corvée domestique », métier ingrat ou invisible), et du fait des conditions dans lesquelles elle s’exerce.
Dans un premier temps nous chercherons à définir quels sont ces métiers du nettoyage et en quoi ils sont au cœur d’enjeux sociaux actuels majeurs. Pourtant, et c’est ce sur quoi nous insisterons dans un second temps, ces métiers, qui concourent à une même activité, peuvent s’exercer sous des formes et dans des cadres dont les différences ont une influence significative sur le type et le cumul des pénibilités associées. Comprendre cette hétérogénéité et ses effets peut alors aider à identifier certaines difficultés qui traversent plus largement le monde du travail.  
1. Deux millions de personnes ont le nettoyage comme fonction principale de leur métier
Pour définir les emplois du nettoyage nous croisons des critères liés à la fonction principale exercée (où l’on peut identifier le nettoyage à côté de la production, de l’enseignement, le soin à la personne, la comptabilité, la vente, …) et la description des professions que fournit l’Insee. Par ce biais nous identifions huit professions : les agents de service (des écoles, des administrations et collectivités territoriales ou encore des établissements hospitaliers), les salariés intervenant au domicile des particuliers (aides à domicile et employées de maison) et les agents d’entretien du secteur privé (femmes de chambres dans l’hôtellerie, nettoyeurs de la branche de la propreté ou directement employés par d’autres entreprises). Cet ensemble regroupe environ 2 millions de travailleurs et travailleuses ce qui représente, parmi les salariés, 1 homme sur 50 mais plus d’une femme sur 10. Ces métiers sont ainsi au cœur de plusieurs enjeux socioéconomiques majeurs du monde du travail actuel : les inégalités entre femmes et hommes, le développement des (très) bas salaires qui alimente la pauvreté laborieuse et la question de la soutenabilité des emplois sur toute une vie professionnelle.  
Des emplois au cœur des inégalités de genre (et d’origine nationale)
À l’image de l’inégalité de la répartition des tâches domestiques, la répartition genrée de ces professions est forte : ces emplois sont occupés à plus de 80% par des femmes (EE, 2021) soulevant ainsi la question de l’avenir de l'emploi peu qualifié des femmes et des inégalités de genre. Pour n’en donner qu’une illustration : si l’on exclue ces emplois du champ des salariés alors les hommes ne gagnent plus 26% de plus que les femmes mais 20% (EE, 2021). 

Les logiques de ségrégations professionnelles associées à ces métiers sont également perceptibles au regard de la surreprésentation des personnes issues de l'immigration dans les métiers du nettoyage, en particulier en région parisienne et dans les grandes villes. Alors que cette part est de 12% parmi les autres emplois relevant des professions ouvrières et employées, elle est de 24 % pour l’ensemble des agentes et agents d’entretien et de 28% pour celles et ceux, appartenant au secteur privé où ne s’applique pas le critère de nationalité pour l’accès à la fonction publique. Ce taux atteint même 73 % en Île-de-France, contre 37 % pour les autres professions ouvrières et employées (EE 2021). 
Des emplois à bas salaire qui alimentent la pauvreté laborieuse (et la polarisation)
Ces emplois participent également à la polarisation du marché du travail. En effet, 45% des personnels du nettoyage relèvent des emplois à bas salaire, c'est-à-dire rémunérés à moins de 60 % du salaire mensuel médian contre 13,5 % dans l'ensemble des emplois en France. Cette faiblesse des salaires mensuels tient à la prévalence du temps partiel (55% contre 18% sur l’ensemble des emplois et 66% si on se restreint au champ du secteur privé de ces professions) avec une fréquence forte des durées hebdomadaires sous le seuil des 24 heures minimum issue de la loi de 2014 – de fait, la convention collective des entreprises de la propreté y déroge avec une durée minimale à 16 heures. Environ 40% des nettoyeurs et nettoyeuses du secteur de la propreté et des aides à domicile travaillent ainsi moins de 24 heures par semaine. Or, ces horaires réduits sont mal localisés sur la journée, avec une concentration des heures de travail entre 6 et 9 heures du matin et entre 18 et 21 heures, notamment pour les salariés du secteur privé. Ces localisations qui compliquent la vie sociale mettent à mal l’hypothèse d’un temps partiel choisi par les femmes pour mieux concilier leur vie professionnelle à leurs contraintes de famille. 
La (non) régulation des temps de travail se répercute également sur la fragmentation des horaires : les journées sont hachées et impliquent de nombreuses coupures (et souvent des déplacements) qui n’entrent que très partiellement dans le temps de travail décompté. C’est ainsi que ces salariés sont payés à temps partiel alors que l’emprise du travail sur leur vie est celle d’un temps plein (graphique 1). 
Graphique 1 : fragmentation du temps de travail selon les professions (pour 100 personnes tirées aléatoirement)
Lecture : Périodes travaillées en foncé, non travaillées en gris clair. Les barres verticales correspondent à 8h et 17h. 
Source : CDT 2019
Ainsi, dans bien des cas, le décompte du temps de travail se limite aux périodes d’activités intenses et met de côté les activités plus « creuses » comme les temps de préparation, de récupération ou de déplacement. Les périodes d’inactivités (relatives) sont ainsi sorties de ce que l’employeur rémunère quitte à intensifier les heures réellement payées (Poilpot-Rocaboy et al., 2017) et rendre le travail de moins en moins soutenable.
Des emplois non soutenables 
La troisième caractéristique des emplois du nettoyage est en effet d’être exposé à de nombreuses pénibilités physiques : 60% déclarent des postures pénibles, 67% des mouvements douloureux, 57% le port de charges lourdes (contre respectivement 34%, 36% et 40% pour l’ensemble des actifs occupés). Ils et elles sont ainsi 75% à déclarer des douleurs régulières contre 61% des autres personnes en emploi (CDT, 2019). 
Ces contraintes sont d’autant plus préjudiciables que les ressources dont bénéficient ces personnes pour y faire face sont au contraire souvent limitées. Le taux d’encadrement est faible et même parfois dérisoire comme dans l’aide à domicile (moins de 7%) ou dans la branche de la propreté (moins de 5%), l’isolement est très fréquent, les matériels parfois insuffisants ou inadaptés, la formation, rare dans l’ensemble de ces métiers et quasiment inexistante dans certains segments comme au sein des entreprises prestataires ou dans le champ du particulier employeur (Burie et al., 2021). Enfin, ce cumul ‘fortes contraintes / faibles ressources’ est d’autant plus complexe à gérer pour ces personnes que celles-ci ne bénéficient pas d’opportunités de mobilités professionnelles.  Les différents secteurs sont marqués par des organisations avec très peu d’échelons hiérarchiques et qui ne permettent pas de mobilité ascendante au sein de l’organisation. Les compétences accumulées dans ces métiers sont par ailleurs peu reconnues et valorisables en dehors : loin d’être des emplois « tremplins », les postes du nettoyage constituent souvent des impasses dans lesquelles les salariées doivent terminer leur vie professionnelle. Tous ces éléments se cumulent pour rendre les emplois insoutenables sur le long terme et rendre la situation des salariées concernées particulièrement dramatiques en termes de santé : ainsi près de 30% agents d’entretiens de plus de 55 ans subissent des difficultés à effectuer des gestes de la vie quotidienne contre moins de 20% pour l’ensemble de la population (EE 2019 ; Devetter, 2020). 
Ces trois difficultés ont été particulièrement mises en exergue à l’occasion des différentes crises ou tensions récentes. La crise sanitaire a montré l’énorme décalage entre la nécessité de ces emplois et la faible reconnaissance dont ils bénéficient. Ils constituent ainsi des pans importants des métiers décrits comme « essentiels » sans pour autant avoir bénéficié d’un quelconque plan de revalorisation (à l’exception, partiellement et dans la douleur, d’une partie des aides à domicile et des agents de service hospitalier). Les crises sociales liées aux difficultés de pouvoir d’achat les ont également placés bien souvent en première ligne, notamment sur les ronds-points occupés par les Gilets Jaunes (Blavier, 2021). Enfin la réforme des retraites apparaît, pour eux et surtout elles, comme un durcissement particulièrement préjudiciable des conditions d’obtention d’une pension décente. Ainsi, près de 32% des agentes et agents d’entretien de 50 à 64 ans ne sont ni en emploi ni en retraite (Amossé et Erhel, 2023). Dans le champ dit de « la seconde ligne », c’est le taux le plus élevé après les emplois non qualifiés du bâtiment (48%). Le taux de licenciement pour inaptitude des salariés du nettoyage du secteur privé est également très élevé, plus de 3 fois supérieur à celui observé sur l’ensemble des salariées (Signoretto et Valentin, 2023). En ce qui concerne le niveau des pensions, les débuts de carrière étant souvent difficiles pour les nettoyeuses, dont les trajectoires sont fréquemment heurtées et entrecoupées de périodes sans activité pour la garde de leurs enfants, leur situation est plus dégradée. Nombre d’entre elles arrivent en effet à la retraite avec des droits inférieurs aux minima sociaux, de sorte qu’elles bénéficient plus fréquemment du minimum vieillesse que du minimum contributif. Ces personnes sont surreprésentées dans le cumul activité/retraite après 65 ans (Flamand et al., 2018), et les aides à domicile et les agentes et agents d’entretien font partie des personnes qui connaissent les plus fortes fréquences de sortie précoce de l’emploi, c’est-à-dire sans liquidation de la retraite, pour raisons de santé. 
Il serait facile de conclure à une malédiction liée à l’activité elle-même, à une forme de fatalité face à l’existence d’emplois non qualifiés inévitablement marqués par une dimension ancillaire pour ne pas dire servile… Pourtant, une analyse plus détaillée de ces métiers et de leurs conditions d’exercice souligne au contraire une réelle diversité de la qualité des emplois. Pour le dire autrement, dans cet espace globalement dégradé du système d’emploi, certaines situations se distinguent et dessinent ainsi les pistes d’une revalorisation plus globale des emplois du nettoyage. 
2. Des fractures internes qui soulignent le rôle de la régulation (politique et sociale)
Trois grandes lignes de partage nous semblent particulièrement importantes. La première correspond au statut de l’emploi et à la nature de l’employeur. La seconde renvoie à la finalité de l’activité et à la division du travail qui en découle. La troisième est conditionnée par l’existence d’un « consentement à payer » peu compatible avec des logiques de profits immédiats.  
De la nécessité de disposer d’un employeur qui assume son rôle
On peut mettre en évidence une gradation de la qualité des emplois selon les catégories d’employeurs que l’on peut illustrer à partir du niveau des salaires dont l’élévation va de pair non pas seulement avec la durée du travail mais également avec l’ensemble des variables caractérisant la situation au travail (voir Devetter et Valentin, 2020 pour la mise en évidence détaillée de l’ensemble de ces dimensions). Du côté des aides à domicile, l’échelonnement va du particulier employeur qui offre des salaires mensuels inférieurs à 700€ aux CCAS (plus de 1150 €), en passant par le secteur privé lucratif (880€ en moyenne) et le secteur associatif (950€). Pour les agents d’entretien, on peut distinguer trois catégories d’employeurs (EE, 2019). Les entreprises du secteur de la propreté, dans le cadre de l’externalisation du nettoyage, offrent des salaires mensuels nets moyens de 930€ (médiane à 900€) alors que les fonctionnaires et contractuels employés par l’État ou les collectivités locales, souvent à temps complet, bénéficient d’un salaire mensuel net moyen de 1360€ (médiane à 1400€). Les agentes et agents d’entretien employés par les autres secteurs dans le cas du nettoyage interne du secteur privé touchent quant à eux 1083€ (médiane à 1128€). 
Ces différences de conditions d’emplois et de travail dépendent de la capacité de l’employeur à assurer les missions qui lui incombent, au-delà du seul recrutement : accompagnement à la prise de poste, prévention des risques liés à l’exercice du métier, accès à la formation, suivi médical, entretien individuel, accès à une représentation collective... Ainsi, du côté des personnes qui travaillent dans les domiciles, le ménage dit « particulier-employeur » se voit attribuer la fonction d’employeur alors qu’il se perçoit comme consommateur, achetant un service marqué par une forte dimension inégalitaire (Carbonnier et Morel, 2018). Du côté du secteur de la propreté, ces différentes missions ne peuvent être réellement assurées dans la mesure où les contrats que signent les prestataires avec les bénéficiaires de leurs services durent en moyenne entre 2 et 3 ans. La concurrence dont jouent leurs donneurs d’ordres pour faire baisser le coût de la prestation a pour effet une rotation de leur main d’œuvre qui se voit ainsi transférée de prestataire en prestataire à chaque renouvellement de contrat. Dans ces conditions, les « prestataires employeurs » ont peu de motivation à investir pour le maintien en emploi durable de leurs très temporaires salariés, et leur fonction centrale paraît être de fournir de la main d’œuvre à des organisations qui ne souhaitent plus assumer la gestion de ces « ressources humaines ». En outre, dans ces deux configurations, particulier-employeur et secteur de la propreté, la part des personnes cumulant plusieurs emplois est très élevée. Cette surreprésentation des situations de multi-employeurs parmi les personnes en charge de l’activité de nettoyage vient encore ajouter à la difficile identification d’une responsabilité pour leurs conditions d’emplois difficiles. Non seulement, les temps de déplacement sont démultipliés et allongent la journée de travail mais c’est aux salariés de trouver les créneaux de repos, de repas et d’arbitrer entre accepter une mission supplémentaire ou non et, finalement, de construire un cadre d’emploi combinant les contraintes de plusieurs employeurs et/ou plusieurs sites. 
Nettoyer est toujours lié à une finalité plus large
Si l’existence d’un « employeur véritable » (et donc le statut de l’employeur) est une condition nécessaire pour envisager des conditions d’emplois acceptables, la finalité du service réalisé et l’organisation du travail semblent également des éléments déterminants. En effet, les activités de nettoyage restent marquées par des préjugés négatifs et perçues comme fondamentalement non qualifiées. Pourtant, nettoyer dans le cadre professionnel est bien différent du « travail domestique » réalisé pour soi-même. Cela demande des capacités d’ajustements des compétences relationnelles et techniques plus larges (Silvera et al., 2023). 
L’organisation du travail et le degré de division du travail engagé dépendent du modèle organisationnel choisi. Ainsi, les processus d’externalisation conduisent à réduire la diversité des tâches en limitant, tout particulièrement lorsque le travail n’est pas en « journée », la dimension relationnelle du travail (Abasabanye et al., 2018).
Cette dimension s’observe, à la fois dans les données et dans les entretiens : les personnes qui s’inscrivent dans un travail de « care » (en déclarant une fonction liée au soin ou à l’éducation par exemple) se trouvent dans des configurations bien meilleures que celles qui déclarent une fonction principale cantonnée au « nettoyage ». La situation des emplois à domicile et celle des emplois liés à l’entretien des autres locaux sont à nouveaux différentes mais largement parallèle. Dans le premier cas, l’élément déterminant correspond au public bénéficiaire du service : plus le travail consiste à répondre aux besoins de personnes vulnérables qui ne peuvent les satisfaire eux-mêmes (par rapport à des clients qui souhaitent déléguer leurs travaux domestiques), plus les travailleurs peuvent faire valoir le sens de leur travail et en souligner la complexité. Dans le second cas, c’est à nouveau l’insertion ou non des salariées dans une communauté de travail plus large qui permet de donner du sens au travail et d’ouvrir des perspectives de valorisation. C’est typiquement le cas de l’inscription dans la communauté éducative dans les établissements scolaires (Holley, 2014 ; Imbert, 2022), ou dans la communauté des soignants dans les établissements hospitaliers ou les Ehpad (Devetter et al., 2023). 
Ainsi, si nettoyer est toujours lié à une finalité plus large, certains modes d’organisation (externalisation, relation domestique auprès d’un particulier employeur) tendent à couper les travailleurs et travailleuses de la communauté au sein desquelles cette finalité se construit. Ce processus tend alors également à invisibiliser la valeur produite.
Une reconnaissance toujours limitée de la valeur produite
La question de la « valeur » ou du « sens » du travail est à nouveau reconnue comme une dimension importante de la qualité de l’emploi. Que vaut le travail effectué par les travailleurs et travailleuses du nettoyage ? Une part des emplois concernés relève de missions de service public, ils participent alors à la production d’un service dont la valeur n’est pas marchande et ne rentre pas dans la détermination d’un prix. Entretenir un bâtiment scolaire et concourir à la fonction éducative ne produit pas un bien marchand, tout comme participer au maintien de l’autonomie d’une personne âgée. Le coût du travail mobilisé dépend alors de conventions sociales… rarement en faveur des personnes concernées. Les politiques de la vieillesse comme la gestion des services publics portent une vision très restrictive du service rendu qui induit une évaluation minimale du coût : l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) contraint le salaire des aides à domicile à stagner à la proximité du SMIC horaire tandis que la recherche des économies budgétaires débouche sur des volumes de travail insuffisants et des salaires relativement bas pour les agents et agentes d’entretien.  
Mais l’isolement et la transformation des tâches de nettoyage en services marchands ont des effets encore plus préjudiciables. La nature du service le rend peu objectivable (le propre ne se voit que par son absence), et il apparaît alors facile de chercher des économies budgétaires sur les montants des prestations de nettoyage. Dans le cas des activités à domicile, le service acheté est mis en comparaison avec l’autoproduction tandis que le nettoyage externalisé des locaux entre dans une logique de recherche du moins-disant qui enclenche des spirales : baisse des prix → réduction des volumes → diminution des salaires → dégradation de la qualité → baisse des prix… Bien souvent, les marchés publics ajustent le volume de travail de manière à maintenir le coût global constant lorsque le coût horaire augmente : « l’hypothèse » est alors que les gains de productivité doivent toujours être au moins égaux à l’inflation afin que le prix du « service propreté » soit toujours constant.
La non-reconnaissance de la valeur du service se répercute non seulement sur les salaires mais également sur l’image sociale des professions concernées. Si les enquêtes sociologiques sur le « prestige social des professions » sont peu nombreuses en France, la dernière en date (Chambaz et al., 1998) confirme ce que l’on observe au niveau international : les métiers associés au nettoyage occupent les toutes dernières places et s’inscrivent dans des logiques de « dirty work » qui les enferment dans de véritables trappes à précarité.  
Ces trois fractures ne traversent pas la seule activité de nettoyage. Bien au contraire, elles se retrouvent au cœur des évolutions du marché du travail. L’éclatement de l’entreprise et le développement de formes d’emplois comme le micro-entreprenariat, les stratégies de spécialisation et de déqualification des travailleurs sont des tendances assez générales (Thèvenot et al., 2023). Mais, sur chacune de ces dimensions, les travailleurs du nettoyage apparaissent particulièrement fragilisés. 
Références : 
ABASABANYE Placide, BAILLY Franck, DEVETTER François-Xavier (2018), Does contact between employees and service recipients lead to socially more responsible behaviours? The case of cleaning, Journal of Business Ethics, 153, 813-824.
AMOSSÉ Thomas, ERHEL Christine (2023), Les fins de carrières des seniors de la deuxième ligne


CARBONNIER Clément, MOREL Nathalie (2018), Le retour des domestiques, Média Diffusion.
CHAMBAZ Christine, MAURIN Éric, TORELLI Constance (1998), L'évaluation sociale des professions en France: Construction et analyse d'une échelle des professions. Revue française de sociologie, 177-226.
DEVETTER François-Xavier, DUSSUET Annie, NIRELLO Laura, PUISSANT Emmanuelle (2023), Les collectifs de travail dans les métiers auprès des personnes âgées : fragiles, fragilisés mais indispensables, Journal de gestion et d'économie de la santé, 9, 250-274.
Revue française de socio-Economie, (en lutte), 321-326.
FLAMAND Léa, GILLES Christel, TRANNOY Alain (2018), Qui travaille après 65 ans?, Insee Références.
HOLLEY Sasha (2014), The monitoring and enforcement of labour standards when services are contracted out, Journal of Industrial Relations, 56(5), 672-690.
POILPOT-ROCABOY Guénaëlle, DUMAS Marc, DEDESSUS-LE-MOUSTIER Nathalie, CHEVANCE Alain (2017), Dimensions du temps de travail et pénibilité: repérage des risques et des actions proposées, Revue de gestion des ressources humaines, (1), 3-19.
SIGNORETTO Camille, VALENTIN Julie (2023), Quels changements de comportements des employeurs après l’ordonnance travail instituant le barème et modifiant les règles du licenciement, Droit social, à paraître. 
SILVERA Rachel (coord), CHASSOULIER Louisa, DEVETTER François-Xavier, LEMIÈRE Séverine, PUCCI Muriel, VALENTIN Julie (2023), Investir dans le secteur du soin et du lien aux autres : un enjeu d’égalité entre les femmes et les hommes, Rapport IRES. 
THEVENOT, N., DEVETTER, F. X., GEYMOND, M., PEREZ, C., PERRAUDIN, C., & VALENTIN, J. (2023). Face à l’éclatement des entreprises, une représentation collective mise en défaut: une analyse à partir de l’enquête REPONSE 2017 1. La Revue de l'Ires, (2), 13-40.
             

Coralie Perez, Thomas Coutrot - Le sens du travail, enjeu majeur de santé publique

 Coralie Perez est économiste, ingénieure de recherche à l’Université de Paris 1, membre  du   Centre d'économie de la Sorbonne (CES). Ses recherches portent sur la formation continue des   salariés, les effets des changements technologiques et organisationnels sur les conditions de   travail et d’emploi, les modes de gestion  de la main d’œuvre et les relations professionnelles. En   2022, elle a publié l’ouvrage co-écrit avec Thomas Coutrot Redonner du sens au travail. Une   aspiration révolutionnaire, paru au Seuil (collection « La république des idées »).

Thomas Coutrot est statisticien, chercheur associé à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires). Entre 2003 et 2022, il a dirigé le département Conditions de Travail et Santé à la Dares. Ses recherches se sont principalement concentrées sur le travail. Il a notamment publié Libérer le travail, Pourquoi la gauche s’en moque et pourquoi ça doit changer ? au Seuil en 2018, et Critique de l’organisation du travail à La Découverte, coll. « Repères » en 2002. Il a publié avec Coralie Perez son dernier ouvrage Redonner du sens au travail. Une aspiration révolutionnaire paru au Seuil (collection « La république des idées »)..
LE SENS DU TRAVAIL, ENJEU MAJEUR DE SANTE PUBLIQUE

Thomas Coutrot (chercheur associé, Ires), Coralie Perez (Centre d’Économie de la Sorbonne, Université Paris 1)

« Grande démission », « métiers essentiels », « emplois à impact positif », « bifurqueurs écologiques » … Depuis une dizaine d'années, et plus encore depuis la crise Covid, les interrogations sur le sens du travail montent dans la société, et pas seulement chez les jeunes. Longtemps, dans le débat public comme dans la recherche en économie, le travail en tant qu’activité a été négligé au profit de l’emploi – son volume, sa rémunération, sa durée, etc... La thématique de la souffrance au travail (Dejours, 1998), puis celle des risques psychosociaux (Gollac, 2011), se sont imposées dans le débat social comme un problème sanitaire majeur. Plus récemment, c’est la « perte de sens du travail » qui a focalisé la discussion. Pour comprendre ce qui se joue là, nous commencerons par proposer une définition et une mesure du sens du travail ; nous examinerons ensuite les conséquences d’une perte de sens sur la santé des travailleuses et des travailleurs ; après avoir analysé les causes de cette perte de sens, nous conclurons sur quelques pistes d’action.

Sens du travail : de quoi parle-t-on ?

Prendre au sérieux la question du sens du travail, c’est récuser la conception doloriste du travail – du latin « tripalium », instrument de torture, étymologie d’ailleurs erronée (Dujarier, 2021) –qui est sous-jacente dans l’apologie de la « valeur travail » par nombre d’acteurs politiques. Le travail n’est pas qu’une peine qui mérite salaire, c’est aussi une activité où les êtres humains engagent intelligence et subjectivité, et par laquelle ils peuvent construire leur santé. Dans l’approche qui est celle de Marx mais aussi des sciences du travail (ergonomie, psychologie du travail…), le travail est une activité par laquelle les humains transforment le monde naturel et social et se transforment eux-mêmes. Il tire son sens de ces enjeux de transformation, qui comportent selon Christophe Dejours, théoricien de la psychodynamique du travail, trois grandes dimensions : « le sens par rapport à une finalité à atteindre dans le monde objectif ; le sens de ces activités par rapport à des valeurs dans le monde social ; le sens, enfin, par rapport à l’accomplissement de soi dans le monde subjectif » (Dejours, 1993). Ainsi, un travail a du sens s'il nous permet de nous sentir utile, de nous reconnaître dans ce que nous faisons en respectant les règles du métier et l’éthique commune, et de développer nos habiletés et notre expérience. Utilité sociale, cohérence éthique, capacité de développement : la déception de ces attentes émergeait clairement du discours des salarié·es interrogé·es en 2008-2009 et qui nous expliquaient comment la perte de sens de leur travail avait débouché sur une démission ou un licenciement (Perez, 2014).

Pour objectiver la notion de sens du travail, nous avons mobilisé les outils de la statistique et de l’économétrie à partir des enquêtes nationales sur les Conditions de travail (2013-2016) de la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère en charge du travail), conduites donc avant la crise sanitaire. Ces enquêtes posent de nombreuses questions aux personnes sur leurs conditions de travail : nous en avons sélectionné 10 pour construire 3 indicateurs partiels et un indicateur synthétique. Parmi ces indicateurs, on peut par exemple citer : « mon travail est utile aux autres » (pour l’indicateur d’utilité sociale), « je ressens la fierté du travail bien fait » (pour l’indicateur de cohérence éthique), « dans mon travail je peux développer mes compétences » (pour l’indicateur de capacité de développement).

L’analyse statistique révèle que le sens du travail dépend peu du niveau de diplôme et pas du tout du salaire. Le lien entre sens du travail et niveau de diplôme est d’ailleurs contre-intuitif : le sens du travail est corrélé négativement avec le niveau de diplôme ; en revanche il l’est positivement avec le statut social (les cadres trouvant plus de sens que les ouvriers). Les déterminants du sens sont ailleurs : travailler en contact avec le public, dans une PME indépendante, ou bien dans le secteur public ou associatif, a plus de sens que dans un grand groupe ou chez un sous-traitant. Les métiers les plus riches en sens ne sont pas forcément les plus prestigieux ou les mieux rémunérés : assistantes maternelles, aides à domicile, ouvriers qualifiés du BTP, employés administratifs et commerciaux du tourisme... Les métiers les plus démunis de sens, eux, sont souvent peu diplômés (ouvriers non qualifiés, caissières, agents de sécurité...), mais pas toujours (conseillers et cadres de la banque et des assurances).

Dans les métiers du care, les salarié·es trouvent globalement beaucoup de sens à leur travail car leur sentiment d'utilité sociale est très fort. Mais, ce sens est menacé par l’organisation du travail : les procédures de mesure et de contrôle des temps alloués à chaque acte entraînent une intensification du travail et l’impression de mal travailler, voire de maltraiter les patient·es. Sous couvert d’une pseudo rationalisation, le travail est réduit à des gestes purement techniques, ce qui ne convient évidemment pas à ces métiers relationnels.

Chez les ouvriers de l'industrie, c’est l’automatisation et l’algorithmisation du travail qui menace son sens. Ainsi, dans les entrepôts, les ouvriers de la logistique sont guidés par la commande vocale et n’ont plus aucune marge de manœuvre. C’est la capacité de développement qui est remise en cause. Du côté des cadres, c’est souvent le sentiment d’utilité sociale qui est fragilisé : dans l’enquête de David Graeber sur les « bullshit jobs » (2018), les cadres qui ont répondu se plaignent d’effectuer un travail inutile, consacré à vérifier le respect de procédures ou à alimenter des bases de données dénuées de pertinence.

Une nouvelle dimension de conflit éthique apparaît depuis quelques années : le remords écologique. En 2019, date à laquelle cette dimension est mesurée pour la première fois dans l’enquête Conditions de travail, 7% des salarié·es déclarent que leur travail a toujours ou souvent des conséquences négatives pour l’environnement. Ce ne sont pas seulement des ingénieurs, tels ceux, fort médiatisés, qui bifurquent à la sortie des grandes écoles, mais aussi des agriculteurs ou des ouvriers qui travaillent directement en contact avec des produits chimiques ou toxiques, susceptibles de polluer.

La pandémie, qui a mis au premier plan du débat public la question de l'utilité sociale des métiers (les activités « essentielles »), a certainement renforcé le questionnement, en germe depuis quelques années, sur le sens du travail. Le nombre inédit de départs volontaires (2,5 millions de démissions ou ruptures conventionnelles) en 2022 peut s'interpréter de cette manière.

Perte de sens : un fort impact sur la santé

Notre étude apporte un résultat inédit : le facteur le plus explicatif de la démission entre 2013 et 2016 est le fait que la personne trouvait peu de sens à son travail en 2013. À métier, âge, sexe et niveau de diplôme équivalents, le risque d’un départ volontaire est accru de 30% pour les salarié·es dont le travail a peu de sens en 2013 (la personne se situe dans le 1er quintile de la distribution de l’indicateur de sens) . Une forte intensité du travail ou des conflits avec le supérieur poussent également à partir, mais pas le niveau de salaire ni même le sentiment d'être mal payé : contrairement à un préjugé courant, le salaire n’est pas le déterminant principal des mobilités, et même pas un déterminant du tout.

Mais, si on ne peut pas quitter un emploi où le travail perd son sens, le prix à payer pour la santé est élevé : la perte de sens du travail entre 2013 et 2016 est associée à une forte hausse de l'absentéisme pour maladie. Celui-ci passe, pour les salarié·es affecté·es par une perte de sens – soit les 20% de salarié·es dont l’indicateur de sens du travail a le plus diminué entre 2013 et 2016 – de 8 à 11 jours par an, soit une hausse de 40%, tandis qu’il baisse de 18% pour celles et ceux dont le sens du travail a augmenté.

Cette dégradation touche en particulier la santé mentale : le risque d’entrer en dépression entre 2013 et 2016 est multiplié par 2 pour les personnes dont le travail perd son sens, même lorsqu’on neutralise l’effet des autres facteurs, notamment l’évolution de la satisfaction quant à la vie personnelle. Ce risque est mesuré grâce à l’indicateur de bien-être psychologique de l’OMS (Who 5) : on considère qu'une personne entre en dépression quand ce score  passe sous le seuil de 32 sur 100 entre 2013 et 2016. Cela concerne 7% des salarié·es, mais 13% en cas de forte perte de sens du travail. . Et, ce n'est pas un « problème de riche » : les ouvriers trouvent dans leur travail moins de sens, mais celui-ci est aussi important pour eux que pour les cadres. S'ils le perdent, les uns comme les autres voient leur risque dépressif multiplié par deux (figure 1). Les jeunes ne sont, eux non plus, pas moins concernés que leur aîné·es.

Figure 1 : le risque dépressif est multiplié par deux en cas de perte de sens du travail

Le management par les chiffres

Les causes, elles, sont à chercher dans les grandes évolutions managériales des quarante dernières années, en particulier le management par les chiffres (le rapport des Assises du Travail (dans le cadre du Conseil National de la Refondation) s’appuie entre autres sur notre définition et certains de nos résultats statistiques sur le sens du travail… en omettant malencontreusement tout le pan de résultats démontrant la responsabilité du management par les chiffres. Cf. Sophie Thiéry, Jean-Dominique Sénard, « Re-considérer le travail », Rapport des garants des Assises du travail, 18 avril 2023) . Celui-ci a commencé à se généraliser dans les années 1990, moment où les investisseurs financiers imposent l’exigence d’une rentabilité élevée et constante dans le temps (ou d’une baisse des coûts dans le secteur public) et réclament la transparence sur les sources de performance. Les réorganisations permanentes (reengineering, Révision Générale des Politiques Publiques, Modernisation de l’Action Publique…) sont des signaux envoyés par les dirigeants d’entreprise ou les hauts fonctionnaires aux marchés financiers pour les assurer de cette recherche inlassable d'optimisation. Inspirée du modèle Toyota, la production allégée (lean management) visait initialement la réduction des coûts et des stocks par une plus grande responsabilisation des salarié·es. Mais les exigences de standardisation et de contrôle portées par l’industrie financière ont marginalisé le rôle de la participation des salarié·es (Sailly, 2017 ; Canivenc, 2022). À la place, se sont multipliées les procédures rigides appuyées sur les outils numériques (process) et les obligations de rendre en permanence des comptes sur l’activité (reporting), donnant naissance à un « néo-taylorisme digital ».

Le lien entre ce type de management et la perte de sens du travail peut être vérifié statistiquement grâce aux enquêtes Conditions de travail de la Dares, qui fournissent plusieurs indicateurs pertinents. À la question « au cours des douze derniers mois, votre environnement de travail a-t-il été fortement modifié ? », 42% des salarié·es signalent au moins une source de changement important, que ce soit dans l’organisation du travail, dans les techniques utilisées, ou bien dans l’organisation de l’entreprise (fusion, acquisition, déménagement, plan de licenciements…) : le nombre de changements vécus est un bon indicateur de la pression du management par les chiffres. D’autre part, les personnes indiquent dans l’enquête si elles « doivent atteindre des objectifs chiffrés précis », et si elles ont « la possibilité de modifier ces objectifs ». Enfin, les employeurs des salarié·es interrogé·es sont également enquêtés avec un questionnaire spécifique, qui indique notamment s’ils dépendent d’un donneur d’ordres : la sous-traitance est l’une des stratégies privilégiées par le management par les chiffres pour réduire les coûts.

Les données montrent que les salarié·es des entreprises de sous-traitance trouvent peu de sens à leur travail, tout particulièrement en ce qui concerne le sentiment d’utilité sociale : les destinataires finaux de leur travail (clients, usagers…) sont éloignés (Coutrot, Perez, 2022). Concernant les changements organisationnels permanents et les objectifs chiffrés, ils contribuent bien à dégrader le sens du travail et donc la santé des travailleurs (figure 2). Ainsi, plus un·e salarié·e a connu des changements importants dans son travail au cours des 12 derniers mois, plus son travail perd de son sens.

Figure 2 : Les changements permanents et les objectifs chiffrés réduisent le sens du travail

L’amputation du travail vivant

Mais, changements ou objectifs ne sont pas délétères par nature : tout dépend de la manière dont ils ont été conçus. Pour le comprendre, il faut faire appel à l’ergonomie et plus généralement aux sciences du travail, qui nous expliquent ce que veut dire « travailler ». Ce que nous faisons concrètement au travail, c’est ce que les ergonomes ont appelé « le travail réel » par différenciation du « travail prescrit », et que d’autres courants de recherche nomment « l’activité » (ergologie, clinique du travail) ou « le travail vivant » (psychodynamique du travail) (Clot, 2010 ; Schwartz, Durrive, 2009 ; Dejours, 2013). Travailler, c’est toujours se confronter à des questions inédites que le management ne peut jamais pleinement anticiper. C’est inventer, individuellement et collectivement, des solutions aux imprévus qui surgissent sans cesse en situation (un·e patient·e qui réclame plus d'attention, un outil qui manque, des défauts dans les pièces à monter, le retard pris par le collègue, l’ajustement du geste parce qu’on a une douleur à l’épaule…). Le travail fait sens quand il est « vivant », quand il permet le déploiement de l’intelligence individuelle et collective, de la sensibilité et de l’attention humaine.

Pour que les changements organisationnels ou les objectifs soient pertinents aux yeux des salarié·es, il faut qu’ils et elles aient pu faire valoir leur connaissance du travail réel. Faute de quoi la prescription se fondera sur une vision purement abstraite et viendra entraver le déploiement de leur travail vivant. C’est ce qui explique que l’impact des changements organisationnels ou des objectifs chiffrés dépende si fortement de la manière dont les salarié·es ont été ou non associé·es aux décisions (figure 3).

Figure 3 : Le sens du travail est réduit quand les décisions d’organisation sont imposées d’en haut

Parmi les personnes qui ont connu un changement important dans leur travail, celles qui disent ne pas avoir « reçu une information suffisante et adaptée au moment des changements » sont beaucoup plus nombreuses à trouver peu de sens à leur travail. Pour les personnes qui ont été informées, les choses vont mieux. Il apparaît néanmoins préférable de ne pas avoir été consulté plutôt que d’avoir l’impression qu’après consultation, on n’a pas tenu compte de votre avis…

La situation de loin la plus favorable est celle où l’on a été consulté et écouté. Mais elle est rare : seulement 16% des salarié·es qui ont connu au moins un changement dans leur travail disent avoir eu « l’impression d’avoir une influence sur ces changements ». Dans ce cas, le changement contribue même à réduire le risque de ne pas trouver de sens au travail.

Il en va de même pour les objectifs chiffrés : quand ils sont imposés, c’est-à-dire que la personne n’a pas pu contribuer à leur définition, le travail a beaucoup moins de sens (figure 3). Tout se passe alors comme si le « travail mort » – les objectifs, les procédures, les équipements et logiciels, etc… – prenait le dessus sur le « travail vivant », l’ingéniosité, l’engagement subjectif, la sensibilité des travailleuses et des travailleurs.

C’est l'irréductible liberté nichée au cœur du travail qui fait de ce dernier un enjeu politique majeur. Alors que le partage de la richesse créée a longtemps polarisé les conflits sociaux, une lutte politique émerge autour de la question du sens du travail, portant une remise en cause des rapports de domination.

Comment redonner du sens au travail ?

Les données statistiques ne font que confirmer ce qu’ont établi depuis longtemps les sciences du travail : pour redonner du sens au travail et préserver la santé psychique des salarié·es, il faut accroître leur pouvoir d'agir sur les conditions, l'organisation et la finalité de leur travail. Dans les entreprises et les administrations, la priorité devrait être de leur reconnaître un pouvoir ou un contre-pouvoir, de sorte qu’ils et elles puissent contribuer aux décisions importantes concernant l’organisation de leur travail au quotidien.

Dans l’économie sociale et solidaire, les entreprises et associations ont en principe une gouvernance démocratique qui permet aux salarié·es de participer à ces décisions. Il existe par ailleurs des propositions, comme la codétermination, pour démocratiser la gouvernance des entreprises. Cette démocratisation est indispensable mais la présence d’élu·es du personnel dans les instances de direction ne se traduit pas toujours par leur influence effective sur les décisions. Et ce d’autant moins que l’organisation du travail au quotidien demeure hiérarchique et autoritaire, entravant la capacité et l’inclination des salarié·es à faire valoir leur point de vue à tous les niveaux.

Les lois Auroux de 1982 ont tenté de prendre ces questions à bras le corps. Elles ont créé des instances spécialisées pour la santé au travail, les Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), et accordé aux salarié·es un droit d’expression directe sur leur travail. Mais ce droit s’est étiolé, les groupes d’expression se transformant souvent en cercles de qualité sous l’égide de l’encadrement. En 2017, les ordonnances sur le travail ont supprimé les CHSCT et fusionné les instances de représentation du personnel dans un Comité Social et Economique (CSE).

Le rapport d'évaluation de ces ordonnances (France Stratégie, 2021) montre que les questions de santé-sécurité sont peu et mal traitées par des CSE souvent éloignés du terrain et aux ordres du jour pléthoriques. Selon l’enquête Acemo de la Dares, alors que 75% des salarié·es étaient couvert·es en 2017 par un CHSCT, 41% seulement bénéficient en 2020 de CSST (Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail) aux prérogatives réduites. Il faut s’engager résolument dans la direction opposée : il est essentiel d’offrir la possibilité aux collectifs de travail, au plus près du terrain, d’élaborer leur point de vue et de formuler leurs aspirations concernant leur travail. Mais comment faire ? Le fâcheux bilan des ordonnances vient s'ajouter à l'échec de l'Accord interprofessionnel de 2013 sur la Qualité de Vie au Travail, qui a recommandé en vain la création « d'espaces de discussion sur le travail » (Anact, 2019), pour démontrer qu'il ne faut pas trop attendre à cet égard des initiatives spontanées des employeurs ou de la négociation collective. Une politique publique du travail apparaît nécessaire.

Le défi est d’importance et appelle de l’audace. Beaucoup d’acteurs s’accordent sur la nécessité de développer un « dialogue professionnel » sur le travail. Mais ce dialogue ne fera sens pour les salarié·es que s’ils et elles ont les moyens d’élaborer leur propre conception de la qualité de leur travail pour la confronter ensuite à celle du management. Pour des motifs d'ordre public, c'est la loi qui devrait instituer ce contre-pouvoir : il s'agirait d'accorder à tous les salarié·es une demi-journée par mois (via une « réduction du temps de travail subordonné ») pour se réunir en équipe et délibérer sur l'organisation, les impacts (y compris écologiques) et les finalités de leur travail.
Les animateurs de ces débats devront être légitimes aux yeux des salarié·es et autonomes par rapport au management. Encadrées par la hiérarchie, ces réunions ne permettraient pas la libre parole, du fait du rapport de subordination : le droit d'expression des lois Auroux s'est rapidement étiolé en grande partie à cause de cela (Linhart, 1996). L’existence de représentant·es de proximité est une condition nécessaire pour faire émerger la parole individuelle et collective des salarié·es sur leur travail réel ; une autre condition est la formation de ces élu·es à cette démarche (voir par exemple : « Comment faire ? Guide de la démarche revendicative CGT à partir du travail »). Plutôt que de les supprimer, il eût été préférable d’élargir les missions et de renforcer les moyens des délégué·es du personnel.
On pourrait par exemple instaurer une nouvelle instance élue de proximité, les délégués à la délibération sur le travail. Il leur reviendrait d’animer les réunions de délibération des équipes, de formaliser les propositions qui en découlent et de les porter à l’employeur. Celui-ci aurait le devoir de répondre formellement aux propositions issues de ces espaces délibératifs. Les salarié·es disposeraient ainsi d'un droit politique nouveau, celui d'élaborer et de proposer des transformations du travail pour lui redonner du sens. Leurs représentant·es pourraient disposer d’un droit de veto suspensif sur les décisions pouvant affecter la santé des personnes ou de l’environnement. Dans le travail comme ailleurs, il est urgent de ralentir pour délibérer.
Références :
CANIVENC Suzy (2022), Les nouveaux modes de management et d'organisation – Innovation ou effet de mode ? Paris, La Fabrique de l'Industrie
CLOT Yves (2010), Le travail à cœur. Paris, La Découverte
COUTROT Thomas, PEREZ Coralie (2022), Redonner du sens au travail, La République des idées/ Seuil.
DEJOURS Christophe (2013), Travail vivant, 2. Travail et émancipation, Paris, Payot Rivages.
DEJOURS Christophe (1993), « Coopération et construction de l’identité en situation de travail », Futur antérieur, 16 (2), p. 42.
DUJARIER Marie-Anne (2021), Troubles dans le travail, Paris, PUF.
LINHART Danièle (1996), « Le droit d’expression quinze ans après », in H.Y. Meynaud (dir.), Les sciences sociales et l'entreprise : cinquante ans de recherches à EDF, La Découverte.
PEREZ Coralie (2014), « La déstabilisation des stables : restructurations financières et travail insoutenable », Travail et Emploi, n°138, avril-juin, pp.37-52.
GRAEBER David (2018), Bullshit Jobs, Les liens qui libèrent.
SAILLY Michel (2017), Démocratiser le travail. Un nouveau regard sur le lean management, Éditions de l'Atelier.
       

Laurent Cappelletti - Le management de proximité du potentiel humain, facteur actif de satisfaction sociale au travail et de productivité durable

Laurent Cappelletti est diplômé de l'EDHEC Business School et docteur HDR en sciences de gestion. Il est professeur titulaire de la chaire comptabilité et contrôle de gestion du Conservatoire national des arts et métiers dont il est secrétaire général de l’Assemblée des chaires. Il est également chercheur au laboratoire de recherche LIRSA, directeur à l’institut de socio-économie ISEOR et maire adjoint de Mauguio-Carnon au commerce et développement numérique, conseiller communautaire. Il a réalisé 270 publications sur le management du potentiel humain et le contrôle de gestion socio-économique, dont quatre articles primés par l'Academy of Management (USA) et cinq ouvrages labellisés par la FNEGE. Son dernier ouvrage co-dirigé « Crise de la connaissance et connaissance de la crise. Les points de vue du CNAM » est paru chez EMS en 2022. Son dernier rapport « Dynamique économique et réindustrialisation durables des territoires » a été réalisé pour le Haut-Commissariat au Plan en 2022.

LE MANAGEMENT DE PROXIMITE DU POTENTIEL HUMAIN, FACTEUR ACTIF DE SATISFACTION SOCIALE AU TRAVAIL ET DE PRODUCTIVITE DURABLE - Résultats de recherches-interventions sur 1 600 entreprises et organisations françaises

Laurent Cappelletti 

Introduction

L’attractivité du travail, la satisfaction sociale qu’il procure et la productivité qu’il secrète sont intimement liées. Il est possible d’améliorer de façon significative les trois au travers d’un mode de management de proximité en rupture avec celui anachronique de type taylorien ou plus exactement fayolo-taylorien, du nom des théoriciens du début du siècle dernier – le français Henri Fayol et l’américain Frederick Taylor – dont les idées promouvant un management dépersonnalisé fondé sur la procédure, la verticalité sans horizontalité et la séparation des tâches, ont durablement influencé, volontairement ou pas l’organisation du travail dans les entreprises et les organisations. Ce mode de management affecte les six leviers de la satisfaction au travail ou qualité de la vie au travail (QVT) :

1. les conditions de travail tant physiques que psychologiques,

2. l’organisation du travail,

3. la communication-coordination-concertation et le sens au travail,

4. la gestion du temps,

5. la formation et l’évolution professionnelles,

6. la mise en œuvre stratégique (en particulier stratégie de rémunérations et de répartition de la valeur économique créée).

Ces six leviers de la satisfaction au travail se révèlent être également ceux de la productivité durable et de l’attractivité du travail. Ces domaines doivent faire l'objet de négociations régulières en proximité entre le dirigeant et ses salariés dans les petites entreprises, le manager et les membres de son équipe dans les plus grandes, pour les adapter périodiquement au niveau recherché de satisfaction sociale. L’amélioration de ces leviers permet la réduction des coûts cachés – « cachés » dans le sens non pris en compte ou très imparfaitement par les systèmes d’information comptable (budgets, comptes de résultats, bilans). Cette réduction permet d’autofinancer les investissements faits en la matière. Nos recherches montrent qu’un euro investi en qualité du management en rapporte quatre, en moyenne, en surcroit de productivité. Ce texte revient sur les résultats de ces modes de management visant l’amélioration de la satisfaction au travail. Y voir plus clair sur ces résultats est une condition préalable pour mettre en place et diffuser ce mode de management mais pour ce faire, il faut disposer d’une méthode adaptée d’observation extra comptable.

1. Pour progresser en qualité du management, une méthode d’observation  rigoureuse de ses effets sur le potentiel humain s’avère nécessaire

Le premier résultat de cinquante années de recherches-interventions socio-économiques est d’avoir élaboré une méthode adaptée d’observation des effets du management sur les managés. Or, les effets du management sur les managés restent pour la plupart cachés des systèmes d’information comptable. Pour l’illustrer, revenons à quelques définitions de base. « Management » vient du vieux mot français « ménager » qui signifie prendre soin d’un être vivant pour qu’il survive et se développe au mieux. Appliquée à l’être humain dans l’action collective organisée, cette définition d’origine est juste. Le management n’est donc pas une boite à outils de solutions universelles mais un phénomène dynamique visant à s’occuper au mieux des membres d’une organisation pour qu’ils et elles survivent et se développent. « S’occuper au mieux » signifiant la recherche négociée d’équilibration (dans le sens de dynamique de recherche d’équilibre que donne à ce terme François Perroux en 1973) entre la satisfaction sociale des managés et leurs performances économiques. La performance socio- économique ou performance durable devient ainsi le critère central du management. Elle désigne une performance sociale compatible avec la performance économique et réciproquement.

Nombre de managers et d’experts en management évoluent dans l’obscurité quant aux effets de leurs décisions

Or, les systèmes d’information comptable ne permettent pas d’éclairer, ou très imparfaitement les performances socio-économiques du management parce qu’ils n’ont pas été conçus pour cela. Par exemple les coûts de conditions de travail défaillantes qui engendrent de l’absentéisme (d’où de la non production), et/ou des défauts de qualité des produits et des services (d’où des surtemps et des surconsommations de régulation) sont cachés par ces systèmes d’information au moment où ils surviennent. Symétriquement, des performances permises par des actions d’amélioration des conditions de travail qui réduiraient l’absentéisme au travail et les défauts de qualité des produits et des services seraient également cachées. Dans une étude sur « Les coûts cachés de l’absentéisme » réalisée pour l’Institut Sapiens, nous avions estimé à plus de 100 milliards le coût de l’absentéisme lié au mauvais management en France.

Cette obscurité dans laquelle évoluent nombre de managers et d’experts en management est une des raisons majeures expliquant « les foutaises en management » théorisées par Jeffrey Pfeffer et Bob Sutton (2007). Comme on n’y voit rien, on ose tout. Est-ce que la semaine des 4 jours est une bonne solution au plan managérial ? Est-ce que le télétravail est une meilleure façon d’organiser le travail que le présentiel ? Est-ce que les entretiens d’évaluation à 360 degrés motivent les salariés, les managers et les managés ? Autant de questions que nous posent actuellement nombre de managers au grès des modes qui rythment la vie du domaine. Et de leur répondre invariablement que pour décider il convient d’estimer les coûts-performances cachés de la solution envisagée au regard de la réalité du potentiel humain qu’elle concerne et des dysfonctionnements qui le perturbent. Une balance coûts versus avantages montrera alors que dans certains contextes, il s’agit de solutions pouvant être expérimentées et évaluées, alors que dans d’autres elles s’annoncent désastreuses (cf notre critique des systèmes d’information comptable comme outils de décision en gestion « … La méthode des coûts cachés »).

Les principes de la méthode des coûts-performances cachés

La méthode des coûts-performances cachés ne consiste pas en une statique mais en une dynamique de mesures. Les coûts cachés des défauts de management sont évalués au travers d’un diagnostic socio-économique composé de trois modules qualitatif, quantitatif-financier et d’effet-miroir. Les dysfonctionnements au travail provoqués par les défauts de management sont tout d’abord identifiés lors d’entretiens qualitatifs avec la direction, l’encadrement et les salariés de l’organisation étudiée. Puis de nouveaux entretiens, cette fois quantitatifs et financiers, sont menés pour repérer la conséquence des dysfonctionnements au moyen de cinq indicateurs : l’absentéisme, les accidents du travail et les maladies professionnelles, la rotation du personnel, les défauts de qualité et les écarts de productivité. Les coûts cachés sont alors évalués financièrement au travers le calcul du coût des « actes de régulation » qui s’expriment en termes d’activités humaines et/ou consommations de ressources, cela au moyen de six composants : les surconsommations, les sursalaires, les surtemps, les non productions, les non créations de potentiel et les risques. Sur les dispositifs de la méthode des coûts- performances cachés et des exemples de calculs : partie II de l’article d’Audit, Comptabilité, Contrôle et Recherches Appliquées « …La méthode des coûts cachés ».

2. La qualité dégradée du management provoque une insatisfaction sociale chronique source de pertes de valeur ajoutée colossales

Fondée sur cette méthode d’observation, les résultats majeurs des 1 600 recherches-interventions socio-économiques réalisées en France depuis 1974 sont synthétisés dans le tableau 1. Certains d’entre eux rejoignent d’autres auteurs (notamment : Crozier, 2003 ; Stiegler, 2015 ; Graeber, 2018) que nous ne pouvons pas tous citer ici.

Le niveau très élevé et l’élasticité des coûts cachés en France

Les 1 600 recherches-interventions ont impliqué plus de 110 000 acteurs de terrain, dirigeants, managers et personnels. Elles ont permis de repérer plus de 5 000 dysfonctionnements génériques qui perturbent la qualité de la vie au travail. Un point remarquable étant que ces dysfonctionnements relèvent systématiquement de six grands domaines énoncés plus haut : les conditions de travail tant physiques que psychologiques, l’organisation du travail, la communication-coordination-concertation et le sens au travail, la gestion du temps, la formation et l’évolution professionnelles, la mise en œuvre stratégique (en particulier stratégie de rémunérations et de répartition de la valeur économique créée). Sur la base de nos observations, ces six domaines modélisent ainsi la qualité du management d’une organisation et fondent sa qualité de vie au travail, sa performance sociale et son niveau de satisfaction sociale intimement intriquées.

La mesure systématique des coûts cachés des dysfonctionnements révèle qu’ils se situent dans une fourchette allant de 20 000 euros jusqu’à 70 000 euros par personne et par an. Cela montre qu’une organisation, quelle que soient sa taille, son statut, sa mission, sa performance financière, dispose d’une réserve endogène d’efficience, comprise entre 20 000 et 70 000 euros de coûts cachés par personne et par an, constituée, pour une part, d’excédent de charges et, pour une autre part significative, d’insuffisance de produits et de marges (coûts d’opportunité). Les recherches-interventions montrent par ailleurs qu’une proportion de 35 à 55% des gisements de coûts cachés est convertible en valeur ajoutée dans un délai de quelques mois (6 à 15), cela au travers d’une amélioration de la qualité du management du potentiel activant les six domaines qui la fondent. Le problème des coûts cachés n’est pas tant celui de leur existence, puisque les activités humaines en produisent spontanément, que celui de leur accumulation au fil du temps. Or, le fait-même de mesurer les coûts cachés et de présenter ces mesures relève d’une pédagogie renouvelée des coûts, qui suscite au sein de l’entreprise une prise de conscience et une énergie humaine pour les maîtriser. 

Notre approche holistique et longitudinale de l’entreprise nous a permis de constater qu’une organisation réalise un parcours d’apprentissage du recyclage de ses coûts cachés au fil du temps. En effet, nous accompagnons certaines entreprises depuis des années, voire des décennies, par exemple le groupe Brioche Pasquier ou bien des études de notaire de la région Auvergne-Rhône Alpes, dans leur parcours de développement et nous avons mesuré que le niveau de recyclage des coûts cachés s’élève progressivement au fil du temps. Un véritable phénomène d’apprentissage est conduit par l’entreprise, dont les acteurs découvrent par l’expérience qu’ils ont le pouvoir, la compétence et l’énergie de réduire des dysfonctionnements et des coûts cachés, jusque-là considérés inéluctables. Le management du potentiel humain relève donc d’un phénomène d’apprentissage et d’équilibration qui n’a rien d’une statique. Il s’apprend pour fabriquer en proximité des négociations périodiques entre le manager et les managés sur les performances socio-économiques attendues.

 Le potentiel humain : seul facteur actif de création de valeur

Les stratégies durables de développement socio-économique consistent donc à investir dans le potentiel humain souvent insuffisamment valorisé dans les entreprises et les organisations : en développant les compétences professionnelles des acteurs, en améliorant l’intérêt et le sens donné au travail, en activant la communication, coordination et concertation autrement que par les technologies d’information et de communication, en améliorant les conditions matérielles de vie au travail encore souvent déficientes, en impliquant les acteurs, managers et personnels dans le déploiement de la stratégie d’entreprise. Et cela dans toutes sortes d’entreprises et organisations, privées ou publiques, de grande, moyenne ou toute petite tailles. Les 1 600 recherches-interventions prouvent que les entreprises et les organisations ne souffrent pas de l’excès de managers en France, mais au contraire d’un manque de management bienveillant et courageux, qui s’occupe et prend soin des personnes pour développer leur potentiel et favoriser leur développement personnel et celui de l’entreprise.

Le paradigme fayolo-taylorien de la subordination questionné

Les théories classiques des organisations, et singulièrement le taylorisme, sont fondées, selon notre analyse, sur un paradigme sous-jacent, celui de la subordination. La relation de travail hiérarchique consisterait à ce qu’un supérieur donne des ordres à un subordonné qui les appliquerait spontanément et correctement. Or, l’observation des dysfonctionnements dans les organisations, la façon de les réduire durablement et l’écoute de plus de 110 000 acteurs ont montré un phénomène extrêmement fréquent de « désobéissance organisationnelle », s’exprimant le plus souvent par de l’inertie devant les ordres reçus jusqu’à une rotation excessive du personnel ce que traduisent les concepts contemporains de « grande démission » ou de « quiet quitting ». Bien que ce phénomène ait été observé de longue date par les chercheurs en psychosociologie et sociologie des organisations (Savall, 1974, 1975 ; Graeber, 2018), les pratiques organisationnelles et managériales sont restées, peu ou prou, fondées sur la croyance, inconsciente ou non, dans le principe d’obéissance aux consignes ou aux normes de plus en plus envahissantes. L’excès de normes, de règles et de procédures étant symptomatique d’une pratique taylorienne de la gestion et du management. Nous revenons sur les dysfonctionnements et les coûts cachés provoqués par l’inflation normative dans cet entretien pour Xerfi Canal « Apprendre à gérer les normes dans l’entreprise ».

Or, la « désobéissance organisationnelle » est à l’origine de nombreux coûts cachés notamment en termes de coût d’opportunité, car la non-action ou le retard d’action est source de coûts cachés, tels que des défauts de qualité de service ou un manque d’innovation produit ou marché. Concernant l’origine de ce dysfonctionnement et de bien d’autres dans le champ du management, nous sommes arrivés à la conclusion que les entreprises et les organisations singulièrement en France sont « infectées » par un virus qui a envahi les organisations depuis plus d’un siècle. Ce virus TFW – taylorisme, fayolisme, weberisme – organise les organisations contemporaines et leur fonctionnement en se basant sur les principes de forte spécialisation du travail, de séparation des organes de conception et d’exécution, de formalisation de normes de règles et de processus dans l’ensemble des activités des organisations. La métaphore du virus TFW se réfère ainsi à l’application anachronique, par les acteurs contemporains, des principes de l'École Classique de l'Organisation, proposés par Taylor (1911), Fayol (1916) et Weber (1924). Nous revenons sur l’analyse du virus TFW dans la partie III de l’article de la Revue Française de Gestion « … Le modèle de management socio-économique ».

La valeur ajoutée discriminante des investissements immatériels en qualité du management

Nos observations montrent enfin que les managers sont souvent démunis pour évaluer la rentabilité des investissements immatériels en potentiel humain tels que la formation, le recrutement, ou des actions d’amélioration de la qualité de vie au travail, c’est-à-dire pour en mesurer le rapport coût/performance. Or la méthode des coûts-performances cachés permet d’évaluer les gains engendrés par un projet incorporel grâce à la réduction des dysfonctionnements et des coûts cachés qu’il engendre. Cette évaluation peut se faire en amont du projet, de façon prévisionnelle comme outil d’aide à la prise de décision opérationnelle ou stratégique, puis en aval pour en mesurer la rentabilité effective. Ces évaluations montrent que la rentabilité effective d’un investissement incorporel se situe entre 210% et 4040% (moyenne de 400%) soit beaucoup plus en règle générale que des investissements purement matériels, en technologie de l’information par exemple (cf « … La méthode des coûts cachés », p.29-35 et partie V (pp. 60-65) du rapport « ... Réindustrialisation durable des territoires » réalisé pour le Haut-Commissariat au Plan).

Conclusion

Nos données de gestion collectées en France sur 1 600 terrains d’observation scientifique depuis 1974 servent en premier lieu les décideurs économiques et gestionnaires, les dirigeants, les managers et leurs équipes. Leur extrapolation sert aussi à éclairer les décisions politiques et syndicales en proposant des ordres de grandeur des coûts-valeurs des activités humaines à l’échelle du pays, fondés sur des observations de la réalité. Si l’on veut stimuler un choc d’attractivité du travail, c’est-à-dire un choc de la qualité du management du potentiel humain, il faudra à la fois de l’horizontalité au travers de la propre contribution de chaque organisation, mais également de la verticalité au travers d’impulsions des pouvoirs publics négociées avec les organisations syndicales, de salariés et de dirigeants. Dans nos travaux ce principe fécond de changement qui allie HORIzontalité et VERTicalité, et qui s’applique au plan macro comme micro, a été dénommé « HORIVERT ». Ce choc peut se propager dans les organisations par la formation en management et par l’exemplarité des entreprises au bon niveau sur le sujet. Mais compte tenu de l’immense chemin à accomplir en France, en utilisant la seule voie horizontale, le temps risque de manquer, comme nous le signalions dans cette tribune du Monde : « Le manque d’attractivité du travail… ».

Dès lors, afin de déclencher un choc d’attractivité du travail à un niveau national, l’encouragement des pouvoirs publics est indispensable. Non pas, bien entendu, pour faire le management des personnes à la place des dirigeants mais pour mettre autour de la table les organisations patronales et celles de salariés dans toutes les branches (publiques et privées) afin de négocier des cahiers des charges d'amélioration de la qualité de vie au travail (QVT) et du management du potentiel humain autour des six domaines qui les fondent. Les pouvoirs publics ont su le faire sur l’un de ces six domaines pour impulser des augmentations de salaires dans le secteur de l'hôtellerie-restauration. Ils doivent le faire plus largement sur la question de l’attractivité du travail dont on voit bien qu’il s’agit d’une question d’intérêt général. Ils doivent également montrer eux-mêmes l’exemple dans les trois fonctions publiques (hôpital, secteur régalien, collectivités) qui souffrent d’un manque cruel d’attractivité de leurs métiers.

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Consultez les autres textes de la série "Que sait-on du travail ?"

 

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Références

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Laurent CAPPELLETTI (2007), Designing and processing a socio-economic management control, In K. Mark Weaver (Ed.), Academy Of Management Best Paper Proceedings (A1-A6). Pace, NY:Academy of Management.

Laurent CAPPELLETTI (2012), Le contrôle de gestion de l’immatériel. Une nouvelle approche du capital humain, Dunod.

Laurent CAPPELLETTI, Nicolas DUFOUR (2020), Gestion innovante des normes, préface de Jean-Nöel Barrot, postface de Pascal Perri. Géréso Editions.

Laurent CAPPELLETTI, Henri SAVALL (2022), Augmenter les salaires, c’est possible, Le Monde, 8-9 mai.

Laurent CAPPELLETTI., Henri SAVALL (2023), Travail : il faut un choc d’attractivité en France, Les Echos, 10 mars.

Laurent CAPPELLETTI, Henri SAVALL, Olivier VOYANT (2018), 40 ans après son invention : la méthode des coûts cachés, Audit Comptabilité Contrôle : Recherches Appliquées (ACCRA), 2(2) : 71-91.

Henri SAVALL (1974, 1975), Enrichir le travail humain dans les entreprises et les organisationspréface de Jacques Delors. Dunod. Traduit en anglais : Work and People. An Evaluation of Job Enrichment, Oxford University Press, I.A.P. Traduit en espagnol : Por un rabajo más humano,Editions Tecniban.

Henri SAVALL, Véronique ZARDET (2020), Maîtriser les coûts et les performances cachés. Le contrat d’activité périodiquement négociable, Economica. 1ère édition 1987. Traduit en anglais : Mastering Hidden Costs and Socio-economic Performance, IAP.

Henri SAVALL, Véronique ZARDET (Dir.) (2022), Traité du management socio-économique. Théorie et pratiques, préface de René Ricol, EMS.

Henri SAVALL, Véronique ZARDET, Marc BONNET, Laurent CAPPELLETTI (2019), Valorisation de la recherche par l’expérimentation en entreprise. Cas du modèle de management socio-économiqueRevue Française de Gestion, 7(284) : 149-169.

Erwann TISON (2022), Pour la création d’un crédit formation, Rapport pour l’Institut Sapiens, mars.

 

Maëlezig Bigi, Dominique Méda - Prendre la mesure de la crise du travail en France

Maëlezig Bigi est sociologue, maîtresse de conférences au Cnam, chercheuse au Lise et affiliée au Centre d'études de l'emploi et du travail. Elle travaille sur la reconnaissance et l’organisation du travail. Elle a notamment publié en 2015, Travailler au XXIè siècle. Des salariés en quête de reconnaissance, Robert Laffont, Paris, 232 p. Avec Olivier Cousin, Dominique Méda, Laëtitia Sibaud et Michel Wieviorka (co-auteurs).

Dominique Méda est professeure de sociologie à l’Université Paris Dauphine. Elle dirige l’Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (IRISSO) de l’université Paris Dauphine-PSL. Elle a notamment publié Le Travail aux PUF, collection Que sais-je? en 2022, avec Isabelle Ferreras et Julie Battilana, Manifeste Travail : Démocratiser, Démarchandiser, Dépolluer, Le Seuil, 2020, et avec Sarah Abdelnour, Les nouveaux travailleurs des applis, PUF/ La Vie des idées en 2019.

PRENDRE LA MESURE DE LA CRISE DU TRAVAIL EN FRANCE

Maëlezig Bigi, Dominique Méda

C’est sans doute l’une des expressions les plus médiatiques de ces derniers mois : le rapport au travail aurait changé. Les Français ne voudraient plus travailler. La Grande démission serait la preuve qu’un gigantesque mouvement de flemme s’est emparé de nos concitoyens. Dans cet article, nous tentons de prendre une perspective un peu longue pour comprendre ce qui a vraiment changé dans notre rapport au travail, nous revenons sur l’importance accordée au travail par les Français et nous mettons en évidence que la question centrale aujourd’hui est celle des conditions de travail. Nous invitons ainsi nos lecteurs à prendre la mesure de la grave crise du travail française, qui explique en partie l’intensité des réactions à l’annonce du recul de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. 

1. Les Français sont-ils paresseux ?

Une note de 2019 (Goujard, 2019) commentant les résultats de l’OCDE sur le temps de travail (et revenant sur l’idée que les Français seraient ceux qui consacrent au travail le moins grand nombre d’heures par habitant) a été utilisée par certains journalistes comme une nouvelle preuve du fait que les Français seraient paresseux et n’aimeraient pas le travail, confortant ainsi une théorie partagée et diffusée de longue date par certains économistes : celle de la préférence des Français pour le loisir. 

C’est pour mettre à l’épreuve cette théorie, et en particulier l’idée selon laquelle les jeunes seraient les plus atteints par cette épidémie de flemme – un autre poncif du discours voudrait en effet que les jeunes soient particulièrement rétifs au travail, matérialistes, incapables d’engagement…  – qu’avait été lancé en 2006 un programme de recherche européen, rassemblant sous la direction de Patricia Vendramin six équipes de chercheurs de France, d’Italie, de Belgique, de Hongrie, d’Allemagne et d’Espagne (Dominique Méda, à l’époque directrice de recherches au Centre d’Etudes de l’Emploi était la responsable de la partie française, avec Lucie Davoine et Béatrice Delay). Nous avions exploité l’ensemble des enquêtes européennes et nationales disponibles sur le sujet et réalisé des campagnes d’entretiens dans nos pays. Nous avions notamment mobilisé l’enquête sur les valeurs des européens (European Values Survey) ainsi que l’International Social Survey Program qui offrent de nombreuses données sur le travail. 

Pour les Français le travail est très important

Les résultats étaient clairs et significatifs. Les Français étaient parmi les Européens les plus attachés au travail, près de 70% d’entre eux affirmant que le travail était très important. Leurs attentes prioritaires à l’endroit du travail pouvaient se décliner autour de trois grands items : bien gagner sa vie ; avoir un travail intéressant ; avoir des relations sociales et une bonne ambiance de travail. Les jeunes étaient encore plus nombreux que les plus âgés à considérer que le travail était très important et leurs attentes – identiques à celles des plus âgés – étaient plus intenses que celles-ci. L’ensemble de ces résultats ont été présentés dans de nombreuses publications (par exemple Davoine, Méda, 2008 ; Méda, Vendramin, 2010 ; Méda, Vendramin, 2013 ; Méda, 2022).

Si la part des Français déclarant le travail très important baisse (un peu) avec le temps, les Français restent néanmoins parmi les Européens les plus nombreux à déclarer que le travail est très important. En 2017, ils étaient encore 62% à déclarer que le travail était très important, contre moins de 50% pour les Danois, les Hollandais, les Allemands ou les Britanniques. 

Différentes explications de cette spécificité ont été avancées. Parmi celles-ci le fait que le travail continue à indiquer la place d’un individu dans la société – son statut social –, est apparu assez déterminant. Il est aussi remarquable que cette importance accordée au travail soit le fait de l’ensemble des personnes quel que soit leur statut d’emploi comme le montre le graphique ci-dessous qui concerne la vague 2008 de l’enquête dans laquelle 68% des Français déclaraient le travail très important. 

 

Il n’y a pas d’épidémie de flemme mais un paradoxe français ancien

Une enquête a récemment été conduite par la Fondation Jean-Jaurès et l’institut IFOP (Fourquet, Pelletier, 2022), qui a fait grand bruit car elle soutenait que la crise sanitaire avait provoqué une véritable rupture dans le rapport entretenu par les Français avec le travail. En effet, selon cette enquête, les Français ne seraient plus que 24% à indiquer que « le travail est très important ». D’autres auteurs (que nous) ont souligné combien il était essentiel de ne tirer aucune conclusion hâtive d’un tel chiffre. Dans son article «La valeur du travail bat-elle vraiment de l’aile?», Michel Lallement (2023) rappelle par exemple, comme nous, que l’enquête IFOP n’a pas été menée dans le même cadre ni avec les mêmes méthodes que l’enquête sur les Valeurs des européens et qu’il est beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions fermes. Dans tous les cas, le fait que le taux d’emploi n’ait jamais été aussi élevé dans notre pays (du moins depuis que les séries existent) tend à prouver que les Français ne se sont pas détournés du travail et qu’ils ne sont pas « démotivés » ou touchés par « une épidémie de flemme ». La Dares a d’ailleurs mis un point final à ce type d’interprétation en rappelant que ce qui était qualifié de «Grande démission» ne s’apparentait en rien à un refus du travail mais bien plutôt à un refus de conditions de travail trop difficiles puisque les personnes ayant quitté leur emploi en 2022 en ont retrouvé un dans de très brefs délais (Lagouge, Ramajo, Barry, 2022). 

Loin de nous l’idée de soutenir que le rapport au travail n’a pas changé et que la crise sanitaire n’a entraîné aucune réévaluation de sa place dans nos vies. La crise sanitaire a permis à de nombreuses personnes d’opérer un recul sur leur vie, de comprendre l’importance du travail dans celle-ci, de prendre conscience du caractère plus ou moins supportable des conditions d’exercice du travail – ce qui explique l’ampleur des mouvements de main d’œuvre intervenus lorsque la dynamique de l’emploi a repris après des mois de rétention. Mais ce que nous observons aujourd’hui constitue bien plutôt une accentuation des tendances antérieures qu’une rupture radicale et fondamentale. 

En effet, on observait déjà ces tendances dès les premières vagues de l’enquête sur les valeurs des Européens. Comme cela était développé dans « Place et sens du travail en Europe : une spécificité française », ce qui pouvait de prime abord apparaître comme un véritable paradoxe français était à l’œuvre. Dans la vague 1999 de l’enquête, les Français étaient en effet 68% à indiquer que le travail était « très important » mais ils étaient aussi les plus nombreux parmi les européens (65%) à souhaiter que le travail prenne moins de place dans leur vie. Il n’est pas impossible que ce jugement ait été fortement influencé par le contexte de l’époque : le débat sur la réduction de travail battait en effet son plein. Malheureusement, cette question a été supprimée du questionnaire de la vague suivante. Une autre enquête permet néanmoins de mettre en évidence qu’il ne s’agit en réalité pas d’un paradoxe et que la coexistence de fortes attentes placées sur le travail et du souhait que celui-ci prenne moins de place peut tout à fait s’expliquer. 


En 2003, une enquête intitulée « Histoire de vie / Construction des identités », conçue et portée par l’INSEE et l’INED, destinée à analyser les différents types de liens sociaux avait été passée auprès d’un échantillon représentatif de 8400 personnes. Plusieurs questions permettaient de comprendre la place occupée par le travail. L’une d’elles était ainsi formulée : « actuellement diriez-vous que dans votre vie en général, votre travail : 1. Est plus important que tout le reste 2. Est très important, mais autant que d’autres choses (vie familiale, vie personnelle, vie sociale, etc.) 3. Est assez important, mais moins que d’autres choses (vie familiale, vie personnelle, vie sociale, etc.) 4. N’a que peu d’importance. Si 3,6% des personnes interrogées choisissent le premier item, et 5,4% le dernier, 25% choisissent le deuxième et 66% le troisième. Les deux tiers des personnes interrogées indiquaient donc que le travail est important mais moins que d’autres choses, rejoignant ainsi les résultats de l’enquête sur les valeurs des européens : le travail est important mais il ne doit pas occuper toute la place. Ces résultats ont été commentés dans le numéro spécial d’Economie et statistique consacré à la présentation des résultats de cette enquête (Garner, Méda, Senik, 2006). On voit bien ici que le souci de circonscrire la place du travail n’est pas nouveau et qu’il y a donc moins une rupture radicale avec le passé qu’une accentuation des tendances antérieures. 

Il n’en reste pas moins que ces résultats peuvent apparaître comme un paradoxe : comment expliquer la coexistence d’un véritable plébiscite du travail et d’une aspiration à ce que sa place soit réduite ?
L’aspiration à une meilleure conciliation entre vie professionnelle, personnelle et familiale

À l’époque où ce paradoxe avait été mis au jour, deux explications avaient été proposées, toujours valables. La première concerne l’aspiration à mieux concilier vie professionnelle, familiale et personnelle dont nous venons de voir l’expression dans l’enquête « Histoire de vie / Construction des identités  ». Les Français sont attachés au travail, placent sur lui d’énormes attentes, souhaiteraient pouvoir s’exprimer et s’épanouir grâce au travail. Mais cela ne fait pas obstacle au fait qu’il existe d’autres manières de se réaliser, de s’exprimer, de faire société. La famille fait partie des domaines particulièrement appréciés : dans les enquêtes sur les valeurs des européens la famille vient toujours en premier, et de loin. Elle apparaît comme « le pilier des identités » (Houseaux, 2003).
Depuis une trentaine d’années on voit régulièrement monter dans les enquêtes, chez les femmes mais également de plus en plus chez les hommes, cette aspiration à une meilleure conciliation notamment entre vie professionnelle et vie familiale. On sait que lorsqu’il y est fait obstacle, l’accès à l’emploi des femmes est plus difficile. Nombreuses sont les enquêtes qui mettent en évidence que, notamment dans les couples biactifs, le manque de temps pour la famille est fortement ressenti (Garner, Méda, Senik, 2005 ; Bentoudia, Razafindranovona, 2020), et que le travail empiète trop souvent sur le temps familial (Méda, Orain, 2002). 
Mais la principale explication du paradoxe français concerne les conditions de travail. La France est un des pays où le fossé entre les très fortes attentes placées sur le travail et la réalité des conditions d’exercice du travail est le plus grand. Des attentes peut-être trop élevées viennent en quelque sorte se fracasser sur la réalité du travail. 

2. Prendre la mesure de la crise du travail en France

Dans les travaux cités ci-dessus, les mauvaises conditions de travail en France apparaissaient déjà comme une des principales explications du paradoxe français : « La France apparaît mal placée, en Europe, du point de vue de la perception par les salariés de leurs conditions de travail, de la sécurité de l’emploi et des aspects matériels de leur travail. Il en résulte une forte insatisfaction qui pourrait être à l’origine, pour une partie de la population, d’un certain retrait vis-à-vis de la sphère du travail » (Davoine, Méda, 2008). L’ISSP mettait déjà en évidence la manière dont le travail était source de stress en France plus que dans d’autres pays, mais aussi dont il était considéré comme épuisant, mal payé, et ne débouchant que sur de faibles chances de promotions. Les graphiques suivants sont extraits de Davoine, Méda, 2008.


Depuis, les nombreuses vagues des enquêtes « Conditions de travail » française et européenne sont venues confirmer ces résultats. 
En effet, à côté de l’enquête française, qui existe depuis 1978 et concerne aujourd’hui 25 000 actifs occupés, l’enquête européenne sur les conditions de travail propose depuis 1990 une vue d’ensemble des conditions de travail en Europe. L’enquête française met en évidence une dégradation du travail depuis plusieurs décennies : après une pause entre 1998 et 2005, le processus d’intensification du travail a repris rendant le travail de plus en plus difficile à supporter pour de nombreuses personnes. La vague 2019 a mis en évidence que pour 37% des actifs occupés français leur travail était « insoutenable » (Béatrix, 2023). 
Les vagues précédentes de l’enquête européenne avaient déjà mis en évidence cette forte dégradation des conditions de travail françaises (Greenan, Seghir, 2018). La dernière, passée en 2021 auprès de plus de 71 000 actifs occupés résidant dans 36 pays confirme ces résultats et permet de faire de précieuses comparaisons. Elle donne la possibilité de prendre la mesure de la grave crise du travail française. Dans l’impossibilité de présenter les résultats des 36 pays, nous avons choisi de présenter la situation française en regard de trois autres pays, l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas ainsi que de la moyenne de l’UE 27 (ces résultats ont été présentés pour la première fois dans Méda, Bigi, Parent-Thirion, 2023).
 
Des contraintes physiques et psychiques plus fortes qu’ailleurs

Alors que quatre critères de pénibilité ont été supprimés en 2017 par les ordonnances Travail (port de charges lourdes, postures douloureuses, produits chimiques et vibrations), la France apparaît particulièrement à la traîne en matière de contraintes physiques supportées au travail en particulier sur ces fameux critères. Sur les quatre items particulièrement représentatifs d’une forte pénibilité physique, elle fait systématiquement pire non seulement que ses voisins allemands, danois et néerlandais, mais aussi que l’UE 27. Aux contraintes physiques qui ont peu diminué depuis une vingtaine d’années s’ajoutent désormais des contraintes émotionnelles particulièrement fortes et des discriminations plus marquées, notamment pour les femmes. 

Des organisations du travail caractérisées par de fortes exigences, un faible soutien et une faible participation aux décisions

La pénibilité du travail est renforcée par les caractéristiques de l’emploi : les Français travaillent plus que les autres et plus que la moyenne européenne dans des délais très stricts et très courts. 

 

Alors que l’appartenance à un collectif de travail et le soutien apporté par l’équipe sont capitaux dans la capacité à supporter son travail, le soutien accordé aux travailleur.es français par leurs collègues de travail apparaît particulièrement faible : 

 

L’enquête française sur les conditions de travail mais aussi des enquêtes sur de plus faibles échantillons et procédant par entretiens (par exemple celle que nous avons menée en 2015 auprès d’une douzaine d’entreprises et dont nous avons publié les résultats dans Travailler au XXIème siècle. Des salariés en quête de reconnaissance), l’avaient déjà mis en  évidence : les travailleur.es français accèdent peu à la parole dans leur travail. Ils sont très peu consultés avant que des objectifs de travail leur soient fixés et ne peuvent que rarement influencer les décisions qui sont importantes pour leur travail. 

Contrairement aux clichés sur la flemme, il n’est pas rare que les Français.es viennent travailler sur leur temps libre pour répondre aux exigences de leur travail. Plus d’un tiers d’entre eux ont travaillé alors qu’ils étaient malades. 

Exploitant la vague 2015 de cette enquête européenne sur les conditions de travail, Agnès Parent-Thirion et ses collègues avaient déjà mis en évidence la plus forte présence dans les pays nordiques d’organisations du travail dites « apprenantes », caractérisées par une plus grande autonomie au travail, une plus forte participation des travailleur.es aux décisions concernant leur travail et…, un plus fort bien-être au travail (Eurofound, 2020). À la recherche des variables-clés expliquant cette situation, ils en avaient trouvé une seule : la forte présence syndicale. 

Un travail qui menace la santé et n’est pas reconnu à la mesure des efforts consentis

Les Français.es apparaissent minés, psychologiquement et physiquement et, plus que leurs voisins européens, perçoivent le travail comme une menace pour leur santé.

Ils sont d’ailleurs très nombreux à déclarer avoir souffert de problèmes de santé physiques ou psychiques au cours des 12 derniers mois. Près d’un.e actif.ve occupé.e sur deux en France déclare souffrir d’anxiété tandis qu’ils et elles ne sont que 7,6% dans ce cas au Danemark. 

 

Enfin, et c’est également un résultat qui ne fait que confirmer des enquêtes précédentes, les Français sont parmi les moins nombreux à considérer que leurs efforts et leur travail sont reconnus à leur juste valeur. Mais l’écart avec nos voisins apparaît très important. 

Dans l’index de qualité de l’emploi qui synthétise ces résultats, et qui met en regard les exigences imposées aux travailleur.e.s et les ressources et soutiens dont ils disposent pour y faire face, la France apparaît finalement en queue de peloton avec une proportion de 39% de Français se trouvant dans un emploi « tendu » contre 22% au Danemark, 22.66% aux Pays-Bas, 23.86% en Allemagne et 30,27% dans l’Union européenne à 27.

Conclusion 

L’ensemble de ces résultats met en évidence la très médiocre situation dans laquelle les Français vivent leur travail. Il importe désormais de trouver les remèdes à celle-ci. Comme l’indique Agnès Parent-Thirion au nom de l’équipe d’Eurofound présentant les résultats de la vague 2021 de l’enquête européenne, "l’une des principales leçons tirées de l’analyse des enquêtes européennes est que le fondement d’une bonne vie professionnelle reste le même qu’avant la pandémie : la qualité du travail et de l'emploi ". Il importe aussi de mettre au centre des réflexions la question de l’organisation du travail comme l’ont fait récemment Thomas Coutrot et Coralie Perez dans Redonner du sens au travail. Le déni de reconnaissance dont semblent particulièrement victimes les travailleur.e.s français.e.s et que nous avons analysé dans Travailler au XXIème siècle doit être mis en lien avec des modèles socio-productifs dont la recherche d'efficacité est trop fondée sur l'intensification du travail (multiplication des contraintes pesant sur l'activité), et le management sur le diplôme. L’analyse de ce qui se passe dans les pays voisins suggère que le fait que les travailleur.e.s disposent de plus d’autonomie, de marges de manœuvre, de possibilités de s’exprimer et de participer aux décisions qui concernent leur travail mais aussi les organisations dans lesquelles ils travaillent est essentiel. Dans les pays dans lesquels la participation est plus forte, qu’il s’agisse d’une participation directe ou par le biais de leurs représentants, la situation des travailleurs est meilleure. Il est sans doute grand temps non seulement d’emprunter à nos voisins ce qui semble une clef de leur réussite – la codétermination – mais sans doute d’aller encore plus loin par exemple, en redonnant aux représentants des travailleur.e.s un poids équivalent aux représentants des apporteurs de capital comme le suggèrent Isabelle Ferreras, Julie Battilana et Dominique Méda dans le Manifeste Travail. Démocratiser. Démarchandiser. Dépolluer.

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Consultez les autres textes de la série "Que sait-on du travail ?"

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 Bibliographie

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BIGI Maëlezig, COUSIN OlivierMÉDA Dominique, SIBAUD Laetitia, WIEVIORKAMichel (2015), Travailler au XXIe siècle. Des salariés en quête de reconnaissance, Robert Laffont

COUTROT Thomas, PEREZ Coralie (2022), Redonner du sens au travail, La République des idées/ Seuil.

DAVOINE Lucie, MEDA Dominique (2008), « Place et sens du travail en Europe : une spécificité française ? », Document du Centre d’Etudes de l’Emploi.

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FERRERAS IsabelleBATTILANA Julie, MEDA Dominique (2020), Manifeste travail. Démocratiser. Démarchandiser. Dépolluer, Seuil.

FOURQUET Jérôme, PELTIER Jéremy  (2022), « Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces », Fondation Jean Jaurès.

GARNER Hélène, MEDA Dominique, SENIK Claudia (2006), « La place du travail dans les identités », Economie et Statistique, n°393-394, p. 1-20.

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GOUJARD  Antoine  (2019), « Le temps de travail en France : comment expliquer sa faiblesse relative ? ».

GREENAN NathalieSEGHIR Majda (2018), « Quelle vulnérabilité des travailleurs européens face aux conditions de travail dégradées ? » Connaissance de l’emploi, n° 138. 

HOUSSEAUX Frédérique (2003), « La famille : pilier des identités », INSEE première, n° 937.

LAGOUGE Adrien, RAMAJO Ismaël, BARRY Victor (2022), La France vit-elle une « Grande démission » ?. 

LALLEMENT Michel (2022), « La valeur travail bat-elle vraiment de l’aile ? », AOC.

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MEDA Dominique, VENDRAMIN Patricia (2010), « Les générations entretiennent-elles un rapport différent au travail ? », SociologieS

MEDA Dominique, VENDRAMIN Patricia (2013), Réinventer le travail, "Le lien social", PUF.

MEDA Dominique, BIGI Maëlezig, PARENT-THIRION Agnès (2023), « Dix graphiques pour comprendre l’ampleur de la crise du travail en France », Alternatives économiques.

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Thomas Amossé et Christine Erhel - Des métiers essentiels, mais une faible qualité du travail et de l’emploi

Christine Erhel est professeure au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM,Paris), titulaire de la chaire Economie du travail et de l’emploi, et directrice du Centre d’Études de l’Emploi et du Travail (CEET). Elle mène des recherches en économie du travail, particulièrement sur les questions de réformes du marché du travail et de qualité de l’emploi, notamment dans le cadre de projets européens. En 2020-2021, elle a rédigé le rapport de la mission pour la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne, avec Sophie Moreau-Follenfant.

Thomas Amossé est sociologue et statisticien, administrateur de l’Insee au Cnam, membre du Lise et affilié au CEET. Ses thèmes et objets de recherche s’articulent autour de trois domaines : la socio-économie du travail et de l’emploi, la sociologie des classes sociales et la socio-histoire de la statistique. Il a récemment présidé le groupe de travail du Cnis en charge de la rénovation de la nomenclature socioprofessionnelle.

DES METIERS ESSENTIELS, MAIS UNE FAIBLE QUALITE DU TRAVAIL ET DE L'EMPLOI 

Christine Erhel (CNAM, LIRSA, CEET), Thomas Amossé (Cnam, LISE, CEET)

La crise sanitaire suscitée par l’épidémie de Covid-19 en 2020-2021 a mis en exergue la contribution particulière de certains métiers au fonctionnement de la société et de l’économie. Souvent qualifiés de métiers-clés ou de métiers essentiels, ils impliquent des déplacements et ne permettent pas le télétravail car ils s’exercent nécessairement sur site quel que soit le contexte, y compris lorsque cela accroît le risque de contamination. La plupart des travailleurs exerçant ces métiers se sont ainsi portés sur le front de la pandémie, en première ou en deuxième ligne pour reprendre la distinction opérée par le président de la République dans son discours du 13 avril 2020. En dépit de leur forte utilité sociale, la plupart de ces professions sont peu valorisées et pâtissent de conditions de travail et d’emploi difficiles.

Au-delà des effets d’affichage politique tels que l’intégration de la revalorisation des rémunérations des métiers médicaux et non médicaux des établissements de santé et des Ehpad dans le Ségur de la santé (juillet 2020), le plan de revalorisation des rémunérations et des carrières policières (Beauvau de la sécurité, février-mai 2021) ou encore la création par le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion d’une mission d’accompagnement des partenaires sociaux dans la reconnaissance des métiers de la deuxième ligne (2020-2021, rapport remis en décembre 2021), la crise sanitaire a encouragé des recherches, tant à l’échelon international (BIT, 2023) que national (Amossé et al., 2021), sur les métiers qui y ont poursuivi leur activité au risque de leur santé. Les analyses retiennent des périmètres différents, incluant l’ensemble des métiers « essentiels », ou se concentrant sur les seules « secondes lignes », qui apparaissent également comme des « invisibles » (Maillard, 2021). Elles portent sur le contexte de la crise sanitaire, mais également sur les conditions de travail et d’emploi dans ces métiers essentiels (hors pandémie). Elles montrent que ces professions, importantes qualitativement et quantitativement et, pour la plupart, peu valorisées, connaissent des conditions de travail et d’emploi difficiles, qui jouent notamment sur les fins de carrière.

Un tiers de l’emploi en France 

Selon le BIT, les métiers « essentiels » ou métiers-clés se situent au croisement de deux critères : ils s’exercent dans des secteurs dont l’activité ne peut être interrompue même en cas de crise grave, et ils ne sont pas télétravaillables (BIT, 2023). Les secteurs retenus comme essentiels (60 % des emplois) sont les suivants : l’agriculture, les matières premières, l’industrie, l’énergie, l’eau, le traitement des déchets, les transports, la réparation de véhicules, l’information et la communication, la finance, les activités scientifiques et techniques, l’administration, la santé et le social. Les métiers non télétravaillables (50 % de l’emploi) incluent les travailleurs du système alimentaire, de la santé, du commerce, de la sécurité, du nettoyage, des transports, des travailleurs manuels et employés des services.

En France, pendant la crise sanitaire, deux autres catégories ont été proposées, qui sont proches sans tout à fait recouper la définition retenue au niveau international : les métiers « de première ligne » et de « deuxième ligne ». Dans les deux cas, il s’agit également de métiers non télétravaillables, dont l’activité s’est poursuivie sur site pendant les périodes de confinement. Le second critère implicite est un critère d’exposition à un risque de contamination, direct du fait de contacts avec les malades, ou indirect du fait du maintien de contacts sociaux au travail dans une phase de « distanciation sociale ». La distinction entre les deux « lignes » ne repose pas sur un critère objectif, mais sur le discours du Président de la République (voir introduction). 

En suivant la définition du BIT (qui croise les deux critères d’une profession non télétravaillable, qui est exercée dans un secteur essentiel), les travailleurs et travailleuses essentielles représentent 7,7 millions de salariés en 2021 en France, soit 32 % de l’emploi. Si l’on reprend les catégories utilisées pendant la crise sanitaire, ces travailleurs essentiels sont composés pour un tiers de « premières lignes » (métiers de la santé et de la sécurité, 10 % de l’ensemble des emplois) et pour deux tiers de « deuxièmes lignes » (22 % de l’ensemble). Parmi les travailleurs essentiels, les soignants représentent la catégorie de loin la plus importante (2 millions de salariés), suivis par les travailleurs manuels (1,7 million), les employés du nettoyage (870 000), du commerce (840 000), les techniciens, employés de bureau, services personnels (780 000), les personnels des transports (760 000). Les emplois de la sécurité et de l’agriculture/alimentation représentent des effectifs plus faibles, inférieurs à 2 % de l’emploi total. Au total, 22 % des emplois essentiels se trouvent dans la fonction publique : cette proportion est proche de celle observée dans l’ensemble de la population en emploi, mais elle est nettement plus élevée pour les premières lignes (44 %) que pour les deuxièmes lignes (11 %), ce qui renvoie à l’importance du secteur public dans la santé et la sécurité.

Tableau 1 : Les emplois des salariés essentiels


Champ : personnes en emploi salariés (au sens du BIT). Source : enquête Emploi 2021, Insee. 

En termes de genre, les travailleurs essentiels se situent globalement dans la moyenne, avec 51 % de femmes, mais les situations sont extrêmement diverses entre première et deuxième lignes, et d’une profession à l’autre : en première ligne, où elles occupent les trois quarts des emplois, les femmes sont très nettement surreprésentées dans les métiers de la santé (85 %) alors qu’elles sont symétriquement très minoritaires dans ceux de la sécurité (17 %) ; en seconde ligne, où elles ne représentent que quatre emplois sur dix, elles ne sont majoritaires que dans le nettoyage (74 %). Les travailleurs essentiels sont un peu plus jeunes que la moyenne des salariés (23 % de moins de 30 ans, contre 20 %), avec toutefois là encore une diversité de situations selon les professions : ils sont notamment plus jeunes dans l’alimentation, le commerce et le travail manuel et plus âgés dans le nettoyage et la sécurité.

En moyenne, qu’ils soient de la première ou de la deuxième ligne, leurs origines géographiques et trajectoires migratoires ne diffèrent pas significativement de celles de l’ensemble des salariés : 11 % sont immigrés et 9 % ont un parent immigré. Si la proportion d’enfants d’immigrés est particulièrement homogène selon la profession, la présence d’immigrés varie davantage : le nettoyage (24 %) et la sécurité (16 %) se distinguent une nouvelle fois, à l’opposé de la santé (7 %).
Dans les métiers du nettoyage, la proportion d’immigrés tend à s’accroitre depuis le début des années 2000, avec une modification de la structure par origine marquée par un recul de l’Union Européenne à 15 et du Maghreb et un accroissement de l’Afrique subsaharienne (Desjoncqères, 2019). .Point commun largement partagé, les travailleurs essentiels sont nettement moins diplômés (25 % ont un diplôme du supérieur, contre 45 % pour la moyenne des salariés). Ce faible niveau d’éducation est principalement lié aux métiers de seconde ligne, pour lesquels la part de diplômés du supérieur n’est que de 17 % (5 % pour le nettoyage et 7 % pour les employés des transports), contre 42 % pour les premières lignes.

Graphique : Des salariés essentiels moins diplômés

Champ : personnes en emploi salariés (au sens du BIT). Source : enquête Emploi 2021, Insee.

En termes de qualité de l’emploi, l’enquête Emploi de l’Insee permet d’appréhender certaines caractéristiques des emplois essentiels en matière de salaires, de conditions d’emploi (type de contrat, ancienneté), de temps de travail (temps partiel, sous-emploi) et d’organisation des horaires. L’analyse met en évidence un déficit global de qualité des emplois essentiels, et en particulier des emplois de deuxième ligne. Les principales caractéristiques de ces conditions d’emploi des salariés des professions essentielles en 2021 sont résumées dans le tableau 2.

Tableau 2 : Contrats, horaires et salaires des salariés essentiels


* avoir télétravaillé au cours des 4 dernières semaines ; ** avoir des horaires alternants (brigades, équipes) / variables d’une semaine à l’autre ; *** avoir travaillé le soir, la nuit, le samedi ou le dimanche au moins la moitié des jours au cours des 4 dernières semaines ; **** salaire moyen pour les salariés à temps complet. Champ : personnes en emploi salariés (au sens du BIT).

Source : enquête Emploi 2021, Insee.

Les emplois essentiels apparaissent plus précaires, avec une part de contrats courts légèrement supérieure à la moyenne des salariés (17,6 % contre 16,2 %), l’écart étant plus net pour les deuxièmes lignes (19,6 %). Cette proportion dépasse un tiers pour les salariés de l’agriculture et de l’alimentation. De plus, l’ancienneté dans l’entreprise, ou la fonction publique, est en moyenne plus faible pour ces emplois : 19,6 % de salariés essentiels travaillent pour le même employeur depuis moins d’un an, contre 17,3 % pour l’ensemble des salariés. Une faible ancienneté est particulièrement fréquente pour les emplois du commerce (27,1 %) ou du nettoyage (20,8 %).

Le temps partiel est plus répandu dans les emplois essentiels (22 % contre 17,9 %), en particulier dans les métiers de la santé (28,8 %), du commerce (30,8 %) et surtout du nettoyage (52,8 %). Il s’accompagne souvent de sous-emploi (c’est-à-dire du souhait de travailler davantage), comme dans le commerce (12,2 % des salariés) ou dans le nettoyage (23,8 %). On note que le sous-emploi est peu fréquent dans les métiers de la santé, alors que la proportion de temps partiel y est élevée, indiquant un temps partiel plus souvent « choisi » (même si ce terme doit être relativisé, le temps partiel pouvant également être lié à des contraintes personnelles et/ou à des difficultés de conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle, particulièrement importantes pour les soignants).

Les métiers « essentiels » apparaissent clairement défavorisés en matière de salaires, avec un salaire mensuel net à temps plein de 1 799 euros en moyenne en 2021 (contre 2 188 pour l’ensemble des salariés, soit un différentiel de 18 %). Cette faiblesse des salaires est particulièrement marquée pour les deuxièmes lignes (1 689 euros en moyenne), et en particulier pour les emplois de l’agriculture, du commerce et du nettoyage, où les salaires moyens sont inférieurs à 1 500 euros mensuels.

Enfin, ces métiers essentiels subissent des contraintes particulières en matière d’horaires de travail. Les horaires alternants, variables et surtout atypiques (soirée, nuit, week-end) sont plus fréquents que pour la moyenne des salariés (respectivement 12,7 %, 28,3 %, 41,7 % des salariés contre 6,6 %, 21 % et 27,4 %), même si l’hétérogénéité entre les métiers apparaît forte. Ainsi, les horaires atypiques concernent 59 % des salariés de la sécurité et 79,2 % de ceux du commerce, contre 19,9 % des salariés de l’agriculture et de l’alimentation. Comme attendu compte tenu de la définition de ces emplois, a priori non télétravaillables, le télétravail est très peu répandu, ne concernant que 3,4 % des salariés, contre 22,9 % pour l’ensemble.

À l’échelon international, les travaux du BIT confirment des conditions de travail et d’emploi difficiles, reflétant une sous-évaluation de ces métiers (BIT, 2023). Ils soulignent des salaires faibles (26 % plus faibles que les autres salariés, avec 29 % de bas salaires), des horaires de travail irréguliers et souvent longs (notamment dans les transports), des contrats temporaires très répandus (notamment dans les métiers de l’alimentaire). Le BIT souligne également les difficultés d’accès aux droits sociaux, qu’il s’agisse du droit à la formation, à la représentation et au dialogue social, ou bien de la protection sociale et de l’assurance-maladie dans les pays à faibles et moyens revenus.

Les métiers essentiels pendant la crise sanitaire : entre risques de contamination et sens du travail accrus

Pendant la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19, les travailleurs de la deuxième ligne ont été plus exposés que d’autres aux contaminations et à la mortalité du fait de leur plus forte présence sur site et de la nature de leur activité, qui engendre des contacts fréquents avec du public, des clients ou entre collègues. En France, selon l’enquête TraCov menée par la DARES en 2021 sur le vécu du travail depuis le début de la crise sanitaire, les familles professionnelles les plus touchées par la pandémie et déclarant que leur contamination est liée au travail incluent les métiers de la santé, mais aussi les agents d’exploitation des transports, les agents de gardiennage et de sécurité, les caissiers et employés de libre-service, les agents de nettoyage (Coutrot et al., 2021). On peut noter que d’autres métiers à fort contacts, souvent passés en télétravail pendant le premier confinement, apparaissent également très touchés, comme les enseignants ou les professionnels de l’action sociale.

Quel que soit le métier, l’enquête TravCov montre que des facteurs tels que l’intensité du travail et les risques psychosociaux (tensions avec le public, manque de soutien du supérieur, etc.) sont également susceptibles d’entraver le respect des consignes de prévention et de distanciation et donc d’accroître les risques de contamination pour ces travailleurs (Coutrot et al., 2021).

Cependant, selon le BIT, le lien entre exposition au risque de contamination et mortalité n’est pas direct, et des facteurs liés au contexte des entreprises et aux politiques de prévention jouent. Ainsi, la mortalité a été plus importante au niveau mondial pour les travailleurs des transports que pour les métiers de la santé, ces derniers ayant davantage eu recours aux équipements de protection, dans des contextes organisationnels marqués par une plus forte présence du dialogue social (BIT, 2023).

Par ailleurs, selon l’enquête TraCov, pendant la période de la crise sanitaire, l’ensemble des métiers essentiels se sont distingués par un renforcement du sens donné à leur travail (alors même qu’il est déjà élevé dans la plupart de ces métiers) et, pour certains d’entre eux comme les métiers de la sécurité et de la santé, par une intensité accrue (Do et al., 2022).

Des fins de carrière difficiles : l’exemple des deuxièmes lignes

Comme le montrent les résultats présentés ci-dessus, le déficit de reconnaissance du travail semble particulièrement marqué pour les « deuxièmes lignes ». Ce constat confirme celui obtenu par les travaux menés dans le cadre de la mission pour la reconnaissance des travailleurs de la seconde ligne, qui mettaient en avant quatre types de difficultés principales (Amossé et al., 2021) : des conditions d’emploi précaires, marquées par une forte part de contrats à durée déterminée ou d’intérim, et des salaires faibles ; des conditions de travail plus difficiles que les autres salariés du privé, avec des accidents du travail et des maladies professionnelles plus fréquents, en lien avec des pénibilités physiques ; de fortes contraintes horaires ; des trajectoires professionnelles globalement moins favorables que celles des autres salariés, marquées par des phases de chômage et par des probabilités plus faibles de promotion s’articulant avec une faiblesse de l’accès à la formation.

Compte tenu des conditions de travail et d’emploi observées, des difficultés en fin de carrière sont prévisibles, et elles sont largement anticipées par les salariés de la deuxième ligne : selon l’enquête Conditions de travail de 2019, seulement 50 % d’entre eux se sentent capables de poursuivre le même travail jusqu’à la retraite (contre 56 % de l’ensemble des salariés), et cette proportion est inférieure à 40 % pour certains métiers (ouvriers, caissières, etc.) (Amossé et al., 2021).

Une analyse centrée sur les fins de carrière dans les métiers de la deuxième ligne complète cette perception et fait ressortir deux faits marquants (Amossé et Erhel, 2023). Tout d’abord, par rapport à l’ensemble des salariés du privé, les salariés de la deuxième ligne sont plus nombreux à n’être ni en emploi ni à la retraite (26 % des 50-64 ans contre 15 % dans les autres métiers), avec le risque élevé de pauvreté qu’une telle situation comporte : selon la DREES, un tiers des 53 à 69 ans ni en emploi ni en retraite vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2015 (D’Isanto et al., 2018). Les seniors des métiers de la deuxième ligne sont un peu plus fréquemment au chômage que les autres salariés (5,7 % contre 3,7 %). Surtout, ils comptent une plus grande proportion d’invalidité (8,6 % contre 4 %) et, plus largement, d’inactivité (20 % contre 11,2 %,) du fait de diverses difficultés. Certains métiers sont particulièrement touchés par ce phénomène, y compris après 60 ans (ouvriers non qualifiés du bâtiment, des IAA, caissières et vendeurs de produits alimentaires, agents de propreté). La difficulté du maintien en emploi pour de nombreux travailleurs de la deuxième ligne est confirmée par plusieurs analyses : parmi les vingt métiers ayant la part la plus élevée de sortie précoce du marché du travail, figurent les ouvriers du bâtiment et des travaux publics, les aides à domicile, les caissières, les agents d'entretien, les maraîchers, jardiniers, viticulteurs (Flamand, 2023).

Ensuite, il se confirme que l’écart de salaire médian entre les deuxièmes lignes et les autres salariés augmente avec l’âge et ce, même dans le cas d’un emploi à temps complet : il est de 578 euros pour les 50-54 ans et de 900 euros pour les 60-64 ans (Amossé, Erhel, 2023). Les séniors de la deuxième ligne qui restent en emploi ont des niveaux de salaires faibles, particulièrement les aides à domicile et aides ménagères, les agents d’entretien, les caissiers et vendeurs en produits alimentaires, ce qui pose de manière très nette la question de leur reconnaissance salariale au fil des carrières.

La crise sanitaire a révélé l’importance d’appréhender les conditions de travail et d’emploi par métier. Elle a mis en évidence le décalage entre ces conditions et l’utilité sociale de certains d’entre eux. Les recherches menées sur ce sujet le confirment en France comme dans d’autres pays, particulièrement pour les métiers de la deuxième ligne. Ces professions subissent de faibles niveaux de rémunération, des carrières peu favorables, de fortes contraintes, physiques ou horaires. Les mesures prises depuis pour améliorer la situation demeurent très limitées, l’appel au dialogue social dans les branches professionnelles n’ayant abouti qu’à des améliorations ponctuelles et faibles des grilles salariales et à des réflexions sur les horaires. Pourtant, les leviers ne manquent pas, qu’ils ressortent du dialogue social (grilles salariales, organisation des horaires, prévention en matière de santé au travail, etc.) ou des politiques publiques (salaire minimum, formation continue et soutien à la mobilité professionnelle, fixation de standards de qualité de l’emploi pour les marchés publics et pour l’accès à certaines subventions ou exonérations, etc.). Si la réorientation des politiques du travail et de l’emploi vers une plus forte régulation semble peu probable à court terme, l’accroissement des difficultés de recrutement et l’amélioration de la situation du marché du travail peuvent conduire à mettre en avant ces enjeux de qualité de l’emploi pour des métiers souvent en déficit d’attractivité.

Bibliographie : 

AMOSSE Thomas, BEATRIZ Mikael, ERHEL Christine, KOUBI Malik et MAUROUX Amélie (2021), « Les métiers “de deuxième ligne” de la crise du Covid-19 : quelles conditions de travail et d’emploi dans le secteur privé ? », rapport d’études DARES, 246.

AMOSSE Thomas et ERHEL Christine (2023), « Les fins de carrières des seniors de la deuxième ligne », Working Paper, février.

BIT (2023), The Value of Essential Work. World Employment and Social Outlook 2023, Genève, BIT.

COUTROT Thomas, BEATRIZ Mikael, BEQUE Maryline, DUVAL Marion, ERB Louis, INAN Ceren, MAUROUX Amélie et ROSANKIS Élodie (2021), « Quels sont l’ampleur et les facteurs de la contamination des travailleurs au Covid-19 ? », DARES analyses, 29.

DESJONQUERES A. (2019), « Les métiers du nettoyage : quels types d’emploi, quelles conditions de travail ? », Dares Analyses n° 43.

D’ISANTO Aurélien, HANANEL Jérôme, MUSIEDLAK Yoann (2018), « Un tiers des seniors sans emploi ni retraite vivent en dessous du seuil de pauvreté », Études et résultats DREES, n° 1079.

DO Tiphaine, BEATRIZ Mikael, BEQUE Marilyne, COUTROT Thomas, DUVAL Marion, ERB Louis, INAN Ceren et ROSANKIS Élodie (2022), « Les conséquences de la crise sanitaire sur les conditions de travail selon les métiers », INSEE références. Emploi, chômage, revenus du travail, p. 52-60.

ERHEL Christine et MOREAU-FOLLENFANT Sophie (2021), « Rapport de la mission d’accompagnement des partenaires sociaux dans la démarche de la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne », Ministère du Travail et des Affaires sociales, décembre.

FLAMAND Jean (2023), « Fin de carrière des seniors : quelles spécificités selon les métiers ? », note d’analyse France Stratégie, 121.

MAILLARD Denis (2021), Indispensables mais invisibles ? Reconnaître les travailleurs en première ligne, La Tour-d’Aigues, Éditions de l’Aube.


The politics of “deservedness”: the case of on-demand food delivery couriers

Séminaire de l'axe Discriminations et politiques catégorielles. 01/06. 12h30-14h.
  • Gianluca Cinnante / ShutterstockGianluca Cinnante / Shutterstock

L'axe Discriminations et politiques catégorielles du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

The politics of “deservedness”: the case of on-demand food delivery couriers

01/06. 12h30-14h.

Salle du LIEPP, Sciences Po, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007 Paris.

Inscription obligatoire pour participer en présentiel 

Inscription obligatoire pour participer à distance

Intervenant : 

Meng-Hsuan Chou (Associate Professor, Provost’s Chair in Public Policy and Global Affairs, School of Social Sciences, Nanyang Technological University (NTU), Singapore)

Présentation : 

Existing studies have consistently pointed to the exploitative working conditions under which food delivery couriers toiled as symbolic of the dark side of algorithmic governance. The on-demand food delivery sector is known for precarity where most couriers are considered “part-time” even though their working conditions have “full-time” features without the corresponding compensation and benefits. Terms such as “algorithmic management,” “algorithmic control,” “despotism,” and “new sweatshops” have been used to describe the relationship between delivery apps and couriers who tend to be from an immigrant or minority background, and have historically experienced systemic discrimination. By determining where (destination) and when (expected arrival time), algorithms push couriers to be creative with how, often at great physical risks, economic costs, and emotional toll. The COVID-19 pandemic has only accentuated these conditions as lockdowns increased the demands for safe distance food deliveries. Scholars and activists have documented organised resistance movements and individual techniques against the exploitative working conditions food couriers face, but attempts to address what appears to be policy failures have been less systematic. In this seminar, I will demonstrate how the theory of social construction and policy design is a promising starting point for considering reforms to improve the working conditions of food delivery couriers. Specifically, this theory provides the analytical tools for us to unpack how policy target groups are socially constructed as “deserving” or “undeserving” of policy benefits, and how these social constructions “feed forward” to determine policy evaluation, and shape politics.

Newsletter du LIEPP - avril 2023

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Pour accéder aux dernières actualités du LIEPP, lire la Newsletter. 

LIEPP DANS LES MEDIAS - AVRIL 2023

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Axe évaluation des politiques socio-fiscales

La tyrannie de la majorité et celle de la minorité, chronique d'Etienne Wasmer publiée par Les Echos le 19/04/2023

Le gouvernement appuie sur des boutons qui alimentent le vote en faveur de l’extrême droite, article citant les propos de Bruno Palier publié par Télérama le 14/03/2023

Le passage en force ne serait qu’une victoire à la Pyrrhus qui engluerait le quinquennat définitivement, tribune de Bruno Palier publiée par l'Huffington Post le 05/04/2023

Un politique sera toujours plus impressionné par une interview que par une publication, entretien avec Bruno Palier publié par The Meta News le 29/03/2023

Fallait-il faire disparaître les grands corps de l’État ?, chronique d'Henri Bergeron et Jeanne Lazarus publiée par AOC le 29/03/2023

Réforme des retraites : le péril jeune, émission de France Culture avec Tom Chevalier du 29/03/2023

Veut-on vraiment rester dans ce schéma de vie active intense, puis de retraite brutale ?, entretien avec Bruno Palier publié par Usbek et Rica le 28/03/2023

Après le 49.3, la Nupes peut-elle convertir la colère en adhésion ?, article citant les propos de Bruno Palier publié par Politis le 21/03/2023

Les Français travaillent trop dur, article citant les propos de Bruno Palier publié par Courrier International le 18/03/2023

De la rue au 49-3, quelles conséquences ?, émission de France Culture avec Michaël Zemmour du 18/03/2023

Réforme des retraites : on vous explique pourquoi des travailleurs aux carrières longues devront cotiser plus de 43 ans, article citant les travaux de Michaël Zemmour publié par France Info le 17/03/2023

Pour l'économiste Michaël Zemmour, Emmanuel Macron tient "un discours de dramatisation qui n'a rien à voir avec les enjeux" de la réforme des retraites, émission de BFMTV avec Michaël Zemmour du 17/03/2023

La baisse du coût du travail est devenue la pierre angulaire des politiques économiques et sociales françaises, tribune de Bruno Palier publiée par Le Monde le 17/03/2023

Cette réforme des retraites et la façon dont elle est menée apparaissent comme un carburant du RN, tribune de Bruno Palier publiée par Libération le 17/03/2023

"Les lendemains politiques d'une réforme contestée", émission de France Inter avec Bruno Palier du 15/03/2023

Marine Le Pen a un réservoir de voix parmi les plus touchés par la réforme des retraites, article citant les travaux de Bruno Palier et Paulus Wagner publié par Mediapart le 15/03/2023

Lentement mais sûrement, la société française s'appauvrit, chronique d'Etienne Wasmer publiée par Les Echos le 15/03/2023

Grand entretien - Jeanne Lazarus Peut-on encore épargner en toute sécurité ?, émission d'Arte avec Jeanne Lazarus du 13/03/2023

Ils sont où les patrons qui défendent la réforme des retraites ?, émission d'Arrêt sur Images avec Michaël Zemmour du 10/03/2023

Axe évaluation de la démocratie 

Réforme des retraites : « L’effet négatif du 49.3 est loin d’être anecdotique », tribune de Sylvain Brouard publiée dans Le Monde le 18/03/2023

La suppression de l’ISF a fait exploser… les dons politiques, article citant les propos de Julia Cagé publié par Economie Matin le 15/03/2023

Les dons philanthropiques, un outil politique pour les plus riches, article citant les propos de Julia Cagé publié par Le Monde le 14/03/2023

Comment la réforme de l'ISF a modifié le comportement des riches donateurs, article citant les propos de Julia Cagé publié par Les Echos le 14/03/2023

Télé Bolloré : des clashs et du trash jusqu’à quand ?, article citant les propos de Julia Cagé publié par La Dépêche le 12/03/2023

Axe politiques éducatives 

Choix de l'école : le prix de la liberté, émission de France Culture avec Agnes Van Zanten du 17/04/2023

Parcoursup a 5 ans : “Les méthodes de classement des candidatures ne sont pas transparentes”, article citant les propos d'Agnes Van Zanten publié par Télérama le 11/04/2023

Exposition aux écrans : est-ce vraiment dangereux pour les enfants ?, article citant les propos de Grégoire Borst publié par RTL le 09/03/2023

Axe politiques de santé

Maladies professionnelles, retraites : le déni répété des maux du travail, tribune de Catherine Cavalin et Jérôme Pelisse publiée par Libération le 30/03/2023

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Décarboner le système de santé : enjeux pour les politiques publiques ?

Journée d'étude des axes Politiques environnementales et Politiques de santé. 03/05.
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Les axes Politiques environnementales et Politiques de santé du LIEPP organisent la journée d'étude : 

Décarboner le système de santé : quels enjeux pour les politiques publiques ?  

Consulter le compte rendu de l'évenement 

Mercredi 3 mai 2023, 9h30-18h

Organisateurs :

Matthias Brunn (LIEPP), Anneliese Depoux (UPCité, CVV et CPT), Charlotte Halpern (Sciences Po, CEE and LIEPP) et Laurie Marrauld (EHESP)

Présentation : 

La décarbonation du secteur de la santé constitue un enjeu majeur de la décennie à venir. Le Royaume-Uni, qui fait figure de pionnier avec l’adoption, en 2020, de la stratégie "Delivering a Net Zero National Health Service", estime que ce secteur d’activités est responsable d’environ 4 % des émissions de CO2 au niveau national, 40 % de celles attribuables au secteur public (Van de Hove, & Leng, 2019). Par ses émissions directes et indirectes, il contribue ainsi de manière non négligeable au changement climatique. L’OMS a, depuis, lancé son propre appel pour inscrire les programmes de santé mondiaux dans les objectifs de l’Accord de Paris et plus de 50 pays participant à la COP 26 à Glasgow se sont engagés à œuvrer à un système de santé mondial net zéro (OMS), ainsi qu’à l’adoption de feuilles de route nationales. A ces initiatives s’ajoutent une myriade de propositions émanant d’organismes experts et de think tanks, comme les Académies suisses des sciences ou le Shift project, et d’établissements hospitaliers. Différents acteurs ont également rappelé l’importance d’inclure les systèmes de soins primaires dans la réflexion, et un petit groupe de villes se mobilise pour intégrer cette politique sectorielle au sein d’une approche territorialisée de réduction des émissions carbone et tenant compte d'impacts sociaux et économiques plus larges.
Cette journée d’étude est ouverte à un public restreint. Elle constitue une première étape dans la structuration d’un dialogue entre praticiens et chercheurs en France avec des éclairages en provenance d’autres pays européens. Elle est organisée en partenariat avec l’EHESP et le Centre Virchow Villermé d’Université Paris Cité et avec le soutien de la Chaire santé de Sciences Po et de la Chaire RESPECT. 

External validity in program evaluation

Seminar co-organised with the University of Maryland. 06/06. 9:30-5:45pm
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LIEPP and the University of Maryland School of Public Policy are pleased to convene the seminar:

External validity in program evaluation

Tuesday June 6th 2023

Location: Sciences Po, Amphi Erignac, 13 rue de l’Université, 75007 Paris
(and possibility to follow the 
event online)

Seminar organised by Doug Besharov (University of Maryland) and Anne Revillard (LIEPP, Sciences Po)

While program evaluation has been characterized by increased methodological sophistication to ensure the robustness of conclusions developed on the specific cases or sites under study, less attention has been paid to external validity, i.e., the extent to which these conclusions may apply to other contexts. This seminar brings together scholars and practitioners conducting evaluative research in a diversity of disciplines, to open a discussion on external validity from different methodological perspectives. 

Access videos of the seminar : 

External validity in program evaluation Session 1 [Video]

External validity in program evaluation Session 2 [Video]

External validity in program evaluation Session 3 [Video]

Programme: 

9:30-10:45: Session 1

Discussant : Valérie Pattyn (Leiden University)  

10:45-11:00: Coffee break

11:00-12:30: Session 2

 Discussant: Priscilla Alamos Concha (Radboud University)

Discussant : Ana Manzano (University of Leeds)

12:30-14:00: Lunch break

14:00-16:30: Session 3

 Discussant :  Thomas Delahais (Quadrant Conseil)

  • “How Mixed-Methods Research Can Improve the Policy Relevance of Impact Evaluations”  (Burt Barnow and Sanjay Pandey, George Washington University)

 Discussants : Quan-Nha Hong (University of Montreal) and Sergi Fàbregues (Catalunya Open University)

  • "Does Evidence-Based Policymaking Work for Local Policymakers When Rigorous Impact Evidence Comes from Other Localities?" (Larry Orr, Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health)

Discussant: David Seidenfeld (American Institutes for Research, International Development Division)

  • Concluding remarks, by Tom Ling (European Evaluation Society)

16:30-16:45: Coffee break

16:45-17:45: Internal work session with authors

Chairs: Doug Besharov (University of Maryland) and Anne Revillard (Sciences Po)

Invited participants: Irene Akua Agyepong (Ghana Health Service), Priscilla Alamos Concha (Radboud University), Burt Barnow (George Washington University), Douglas M. Call (University of Maryland), Bart Cambré (Antwerp Management School), Thomas Delahais (Quadrant Conseil), Sergi Fàbregues (Catalunya Open University), Bui Thi Thu Ha (Hanoi University of Public health), Danielle Handel (Stanford University), Eric Hanushek (Stanford University), Quan-Nha Hong (University of Montreal), Sumit Kane (University of Melbourne), Julia Littell (Bryn Mawr College), Ana Manzano (University of Leeds), Rebecca Maynard (University of Pennsylvania), Tolib Mirzoev (London School of Hygiene and Tropical Medicine), Sanjay Pandey (George Washington University), Valérie Pattyn (Leiden University), Valéry Ridde (Université Paris Cité, IRD), Benoît Rihoux (Université catholique de Louvain), Jeff Smith (University of Wisconsin), Geoff Wong (Oxford University)

How Congressional Committee System Reform Affects Issue Attention

Séminaire de l'axe Evaluation de la démocratie, 17/05, 17h-18h30
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L'axe Evaluation de la Démocratie du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

How Congressional Committee System Reform Affects Issue Attention

Mercredi 17 mai 2023. 17h - 18h30

Lieu : Salle du LIEPP. Sciences Po. 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007 Paris. 

Inscription obligatoire 

Intervenant : 

Sean Theriault ( Université du Texas à Austin )

Présentation : 

This research project examines how the basic structure of the committee system affects the problems Congress addresses. Using data from the Comparative Agendas Project (https://www.comparativeagendas.net/), I examine how major structural changes to the committee system disrupted how members of Congress respond to the information flows into the U.S. Capitol. Using the congressional hearings database (1870s to present), this project examines how reforms effect how Congress processes information – if at all. In major committee system reforms in both 1946 (at the full committee level) and 1974 (at the subcommittee level), some committees were virtually unchanged while others were created, merged, or deleted. The degree of structural change in the policy area creates the necessary experimental and control groups in which to evaluate the dispersion of congressional hearings across major subtopics. The changes either in frequency or flow of proposals after the reforms indicates the extent to which the reforms changed the work of Congress. If the policy flows of unreformed and reformed committees look similar before and after the reform, we will have evidence that reforms do not change how Congress processes information; but if the difference between unreformed and reformed committees is pronounced, we will have evidence that reforms matter. The results from this analysis will speak to the efficacy of reform and the efficiency of the legislative committee system in processing and responding to the information that flows into Congress.

Mixité sociale au collège : résultats des expérimentations menées en France

Séminaire de l'axe Politiques Educatives. 16/05. 17h-18h
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

L'axe Politiques éducatives du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

Mixité sociale au collège : résultats des expérimentations menées en France

Mardi 16/05/2023.17h-18h 

Lieu : Salle J208,13 rue de l'Université, 75007 Paris.

Revoir la présentation

Intervenante : 

Elise Huillery (Université Paris-Dauphine, LIEPP)

Présentation :

La ségrégation sociale entre établissements scolaires est importante et pourrait avoir des conséquences sur les performances scolaires et le bien-être des élèves, ainsi qu’à plus long terme sur la cohésion sociale. Une initiative a été lancée en 2015 par le ministère de l’Education nationale pour favoriser une plus grande mixité sociale au collège. En comparant les élèves des collèges engagés dans cette initiative (« collèges pilotes ») avec les élèves de collèges similaires non engagés (« collèges témoins »), nous analysons les effets des actions engagées sur la composition des collèges impliqués ainsi que sur les résultats scolaires, le bien-être personnel, et le bien-être social des élèves. Les résultats montrent que les actions engagées en faveur de la mixité sociale n’ont pas provoqué un surcroît d’évitement vers le secteur d’enseignement privé. Les élèves scolarisés dans un collège où la mixité sociale a substantiellement progressé n’ont pas vu leurs résultats scolaires évoluer de manière significative par rapport aux élèves des collèges témoins, quel que soit le milieu social des élèves, indiquant une absence d’effet positif comme négatif de cette politique sur les apprentissages. Une plus grande mixité sociale entraîne en revanche des effets positifs sur le plan du bien-être personnel et du bien-être social, pour les élèves de milieu défavorisé comme pour ceux de milieu favorisé.  

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Séminaire annuel du LIEPP 2023

11 et 12 mai 2023
  • © Detchemendy-Maufroid / Sciences Po© Detchemendy-Maufroid / Sciences Po

 

Jeudi 11 mai - Salle K011 – Place Saint Thomas d'Aquin

9h00 – 9h30 : Accueil – café

9h30 - 10h15 : Introduction Le LIEPP en 2023 - Anne Revillard (LIEPP / CRIS, sociologie)

10h15 - 11h15: Axe Evaluation de la démocratie 

Présentation générale des activités de l’axe - Julia Cagé (Département d’économie de Sciences Po, économie)

Projets de l’axe:

  • Déterminants Sociaux des Décisions de Justice Pénale (SoDeJuPe) - Roberto Galbiati
  • Anti-science and science-skeptical attitudes in historical perspective - Emiliano Grossman (CEE, science politique)
  • Grand Standing and Deliberation in Congressional Committee- Sean Theriault, professeur invité de l’axe (University of Texas at Austin, science politique)

11h15 – 11h30 :  Pause-café 

11h30 – 12h45 : Axe Politiques éducatives 

Présentation générale des activités de l’axe - Carlo Barone (CRIS, sociologie)

Projets de l’axe:

12h45- 14h30 : Déjeuner buffet, échanges par axes et session posters devant la cafétéria 

14h30 – 15h45 : Axe Discriminations et politiques catégorielles 

Présentation générale des activités de l’axe - Morgane Laouenan (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, économie) et Laura Morales (CEE, science politique)

Projets de l’axe:

  • Side Effects of Role Model interventioN (SERMON) - Catherine Verniers (LPS-UPC, psychologie sociale) et Emma Molina (LIEPP)
  • Evaluer la pénalisation du proxénétisme en France - Hélène Le Bail (CERI, science politique) et Mathilde Geoffroy (LIEPP)
  • Stereotypes, self-image concerns, and job search behavior - Dylan Glover (INSEAD, économie) et Anne Boring (Erasmus University Rotterdam, économie)
  • On vous a à l'œil! Les effets de messages ciblés aux entreprises sur la discrimination à l’embauche - Morgane Laouenan (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, économie)
  • Un état des lieux des recherches sur les discriminations: les faits, les explications et les implications pour les politiques publiques - Mirna Safi (CRIS, sociologie)

15h45 – 16h30 : Pause-café et échanges par axe 

16h30 – 17h30 : Axe Politiques de santé 

Présentation générale des activités de l’axe - Thomas Rapp (UPC, économie) et Henri Bergeron (CSO, sociologie)

Projets de l’axe:

  • Organiser des dispositifs d’Activité Physique sur Prescription (OrgAPP) - Flavien Bouttet (Université de Lorraine, sociologie) 
  • Abortion in the European Union: Institutional sources of divergences and solidarities - Hazal Atay (CEVIPOF, science politique)

19h00 : Dîner au restaurant 

Vendredi 12 mai - J208 – 13, rue de l'Université

12h00-13h30 : Déjeuner buffet d’accueil et sessions posters dans le cloître (Saint Thomas)

13h30-13h45: La déontologie parlementaire : usages et effets d’un nouveau régime de probité (PolEthics) - Eric Phelippeau (ISP, science politique) - Axe Evaluation de la démocratie

13h45 - 14h45 : Axe Politiques sociofiscales 

Présentation générale des activités de l’axe – Nathalie Morel (CEE, science politique), Michaël Zemmour (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, économie), Clément Carbonnier (Université Paris 8, économie)

Projets de l’axe:

14h45 - 15h45 : Axe Politiques environnementales 

Présentation générale des activités de l’axe - Martin Hendel (LIED-UPC)

Projets de l’axe:

15h45 - 16h00 : Pause-café dans le cloître (Saint Thomas)

16h00 - 17h30 : Fresque du climat - Salle du LIEPP (2ème étage Saint Thomas) Atelier collaboratif permettant de comprendre l’essentiel des enjeux climatiques pour passer à l’action, animé par Latifa Lousao (LIEPP)

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Que sait-on du travail ? Un projet de médiation scientifique

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Descriptif du projet : 

A l’occasion du projet de réforme des retraites de 2023, la question du travail est devenue centrale dans le débat public. Même s’il a le plus souvent été négligé auparavant par les médias et les autorités (y compris lors de la préparation de cette réforme des retraites), le travail en France a fait l’objet de nombreuses recherches en sciences sociales, qui permettent de documenter de façon précise ce que nous savons en matière de qualité de vie au travail, de conditions de travail, de pénibilité, d’organisation du travail, de management, de démocratie au travail, de normes de genre, de discriminations, des frontières entre travail et hors travail, de formation professionnelle, des évolutions de carrières, de la transition vers la retraite et le cumul emploi-retraite, des différences de situation des travailleuses et travailleurs, jeunes ou âgées, qualifiés ou non qualifiés, dans différents secteurs de l’économie ou selon différents statuts.

Cette série de textes ne prétend pas couvrir tous les aspects de la question du travail mais rendre disponible dans un format accessible les résultats de plusieurs travaux de sciences sociales (économie, gestion, sociologie, science politique…) concernant la situation du travail en France.

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Conditions de travail : état des lieux et perspectives

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Santé au travail et sens du travail 

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Management et organisation du travail en France

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Les effets de la digitalisation sur le travail

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Au cœur des métiers essentiels 

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Les défis des inégalités et des discriminations 


Le projet "Que sait-on du travail ?" dans les médias : 


Evenements : 

Consulter la vidéo de l'événement.

Consulter la vidéo de l'événement


Pour en savoir plus sur le travail en France :

- Les Rencontres du CESE : « Le Travail dans tous ses états », conférence organisée le 10 mai 2023

Vidéo des auteurs de notre série "Que sait-on du travail" auditionnés au CESE : Bruno PalierMalo Mofakhami 

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), troisième assemblée constitutionnelle de la République réunit les représentants des organisations de la société civile au titre de la représentation des salariés, des employeurs, de la cohésion sociale et territoriale, de la vie associative, de la protection de la nature et de l’environnement. La commission Travail et emploi du CESE s’est donnée 4 priorités pour le mandat 2021-2026 : l’accélération des nouvelles organisations de travail et le rapport au travail, l’urgence d’une transition juste pour répondre aux enjeux environnementaux et démographiques, la redynamisation de la démocratie au travail, et la lutte contre les inégalités et à la précarité au travail. Ses 3 premiers avis traitent des Métiers en tensionLes métiers de la cohésion sociale basé sur l’analyse des conditions d’exercice de ces métiers, et la relation travail et environnement, Travail et santé-environnement : quels défis à relever face aux dérèglements climatiques ?

- La Dares, Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques est une direction du ministère du Travail. Elle réalise des analyses, des études et des statistiques sur les thèmes du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Les grandes enquêtes nationales réalisées par la Dares auprès des travailleurs (enquêtes Conditions de travail, enquêtes Sumer, etc.) permettent de documenter l’évolution du travail depuis les années 1980, de décrire de façon générale les conditions de travail, l’exposition aux risques professionnels et la santé au travail, ou encore d’étudier des thèmes plus précis, comme récemment la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite.

France Stratégie, organisme d’expertise et d’analyse prospective placé auprès du Premier ministre, formule des recommandations au pouvoir exécutif, organise des débats, pilote des exercices de concertation et contribue à l’évaluation ex-post des politiques publiques. Le département « Travail emploi compétences » de France stratégie fournit des éclairages sur le fonctionnement du marché du travail et contribue à la réflexion sur les politiques de l’emploi, du travail et de la formation. Il s’intéresse notamment aux évolutions de l’emploi et des métiers à 10 ans, en lien avec les grandes mutations du marché du travail (environnementale, technologiquesocialesdémographiqueterritoriale), aux évolutions des compétences par métieraux fins de carrière des seniors, aux mobilités et transitions professionnelles, aux conditions et organisations de travail, aux rémunérations, ou encore au dialogue social.

L’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) est une association au service des organisations syndicales, qui contribue à éclairer le débat social par ses recherches sur les thèmes du travail, des revenus, de la protection sociale, de l’emploi et des relations professionnelles. L’institut mène deux types de travaux : des analyses réalisées par son équipe de recherche pluridisciplinaire et des études commandées par chaque organisation syndicale. Les analyses menées par son équipe de recherche sur le thème du travail portent sur les travailleurs des plateformes, sur la valeur travail, sur les aidants, etc. Les questions sur le travail alimentent aussi de nombreux travaux de recherche propres à chaque organisation syndicale : CFDT ; CFE-CGC ; CFTC ; CGT ;FO ;UNSA Éducation

Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq), établissement public sous la tutelle des ministères chargés de l'éducation et de l'emploi, a pour mission de produire des données, études et recherches sur les liens entre travail, emploi et formation dans le but d'éclairer les politiques publiques. Le département Travail, Emploi et Professionnalisation du Céreq réalise des travaux sur les évolutions des métiers, des organisations et du travail, au prisme des transformations numérique et environnementale, et sous l'effet du déploiement des politiques de formation et d'emploi. Il participe au débat public sur les questions de travail et de transition écologique et organise un séminaire sur l'analyse du travail.

Le Groupe d’études sur le travail et la santé au travail (Gestes) est un réseau scientifique interdisciplinaire porté par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et composé de plus de 60 équipes de recherche dont les travaux s’inscrivent dans le champ du travail et de la santé au travail. Il constitue une communauté d’environ 400 chercheurs et chercheures de neuf disciplines différentes : droit, économie, ergonomie, histoire, philosophie, psychologie, sciences de l’éducation, sciences de gestion et sociologie. Le dernier colloque du Gestes, les 1er et 2 juin 2023, s’intitulait « Changer de travail ou changer le travail ? Santé, inégalités, environnement ». Publications collectives : Bernard, J, Edey Gamassou, C., Mias, A. Renault, E. (2020), L’interdisciplinarité au travail, Nanterre, Presses Universitaires de Nanterre ; Edey Gamassou, C., Mias, A. (2021), Dé-libérer le travail, Paris/Buenos Aires, Teseo. Les archives du Gestes sont recensées sur la plateforme Nakalona, qui constituent la mémoire du réseau et des ressources pérennes ouvertes à toutes et tous.

Le Centre de recherche sur l’expérience, l’âge et les populations au travail (Creapt) a pour but  d’établir un partenariat durable entre ministères, entreprises, universités et institutions de recherche autour d’un programme de recherche sur les relations entre l’âge, la santé, l’expérience et le travail. Il s’agit d’analyser conjointement les évolutions démographiques des populations au travail, les transformations dans les entreprises, et celles qui affectent les parcours professionnels, pour favoriser des actions anticipatrices. Les travaux sont menés en pluridisciplinarité et alimentent sept axes thématiques (cf. orientations de recherche 2019-2024). On notera des travaux récents sur l’exposition des salariés aux facteurs de pénibilité ; les dispositifs de prise en charge des pénibilités à l’international ; l’activité de médiation des encadrants de proximité pour des parcours en santé et compétences ; les fins de carrière des femmes ; les mécanismes de pression sur les temps du travail et les voies pour s’en extraire.


                                                                                     

          

The Value of Informal Care in Europe

Séminaire de l'axe Politiques de Santé. 21/04. 12h30 -14h
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L'axe Politiques de Santé du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

The Value of Informal Care in Europe

Vendredi 21/04. 12h30- 14h

Lieu : Salle du LIEPP. Sciences Po, 1 place Saint-Thomas d'Aquin, 75007 Paris.

Inscription obligatoire 

Intervenant : 

Joan Costa-Font (London School of Economics and Political Science)

Présentation : 

The provision of informal care has been the traditional mechanisms to address the care needs of European populations in need. However, its value goes unaccounted in long term care spending, as it refers to unpaid care and includes unmonetized costs, which if substituted by the market or community care would result in higher costs to both families and social protection systems. This paper draws on causal estimates and the wellbeing methods to estimate the causal of informal care  in different European countries.

LIEPP DANS LES MEDIAS - MARS 2023

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Axe évaluation des politiques socio-fiscales

Retraites : la grand-mère des batailles, article citant les propos de Michaël Zemmour publié par Mediapart le 08/03/2023

Même si on a un vieillissement de la population, sans réforme, les dépenses de retraites ne vont pas augmenter, émission de BFMTV avec Michaël Zemmour du 08/03/2023

On n'avait jamais vu d'unité syndicale sur une réforme des retraites depuis qu'elles existent, émission de France Inter avec Bruno Palier du 06/03/2023

Il est important de comprendre pourquoi les Français disent non, émission de France Info avec Bruno Palier du 06/03/2023

Le 5/7, émission de France Inter avec Bruno Palier du 06/03/2023

Face-à-Face, émission de BFMTV avec Michaël Zemmour du 06/03/2023

Retraites : 5 réformes alternatives (que l’État aurait pu proposer), article citant les propos de Bruno Palier publié par Philosophie Magazine le 01/03/2023

Sens public, émission de Public Sénat avec Bruno Palier du 22/02/2023

La longue histoire des retraites (et de leurs réformes) en Europe, entretien avec Bruno Palier publié par Le Journal CNRS le 20/02/2023

Michaël Zemmour, économiste en pointe et épine dans la réforme des retraites, profil sur Michaël Zemmour publié par Libération le 18/02/2023

Est-ce qu’on travaille trop ?, article citant les propos de Bruno Palier publié par Philosophie Magazine le 16/02/2023

Manifestations contre la réforme des retraites : "L'enjeu est de maintenir la pression", émission de France 24 avec Bruno Palier du 16/02/2023

Axe discriminations et politiques catégorielles 

Retraites, pouvoir d’achat, inflation… Les femmes grandes perdantes ?, émission de France Culture avec Hélène Périvier du 09/03/2023

 Pourquoi les impôts sont sexistes, émission Le Monde citant les travaux d'Hélène Périvier du 08/03/2023

Axe politiques éducatives 

Parcoursup, la loi du plus fort ?, émission de France Culture avec Anne-Claudine Oller du 20/02/2023

Parcoursup : entre pression des parents et liberté totale, article citant les propos d'Anne-Claudine Oller publié par Le Parisien le 20/02/2023

Axe politiques de santé

Nous sommes encore loin de ce qu’il faudrait faire pour que notre système de santé fonctionne, entretien avec Henri Bergeron publié par Syndicalisme Hebdo le 03/03/2023

Système de santé : la lente agonie, article citant les propos d'Henri Bergeron publié par Syndicalisme Hebdo le 03/03/2023

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Newsletter du LIEPP - mars 2023

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Newsletter du LIEPP - mars 2023

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Mesurer et analyser les discriminations dans l'enseignement supérieur et la recherche

Séminaire de l'axe Discriminations et politiques catégorielles. 12/04. 12h30-13h30
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L'axe Discriminations et politiques catégorielles du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire :

Mesurer et analyser les discriminations dans l'enseignement supérieur et la recherche - présentation des enquêtes ACADISCRI et ESTRADES

Mercredi 12 avril. 12h30-13h30.

Lieu : Salle du LIEPP. Sciences Po, 1 place Saint-Thomas d'Aquin, 75007 Paris.

Inscription obligatoire pour assister au séminaire en présentiel / à distance

Intervenante:

Christelle Hamel, membre de l'équipe de recherche ACADISCRI (URMIS)

Christelle Hamel est sociologue, chargée de recherche à l’Institut national d’études démographiques. Elle est spécialisée dans la conduite d’enquête quantitatives en population générale. Elle a coordonné l’enquête Trajectoires et Origines, sur les conditions de vie et l’expérience des discriminations des immigrés et enfants d’immigrés résidant en France (2009). Elle a également piloté l’enquête Violence et rapports de genre sur les violences faites aux femmes en France. Actuellement, elle participe à la coordination de l’enquête ACADISCRI, sur les discriminations dans l’enseignement supérieur.

Présentation:

L'enquête ACADISCRI a été menée entre 2020 et 2022 afin de mieux connaître les conditions de travail et d’études des étudiant·es et des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, de mesurer et de comprendre les inégalités de traitement auxquels ces dernier·es peuvent se trouver confronté·es. Première enquête d’ampleur nationale portant sur les principales catégories de discrimination dans le monde académique (sexe, origines ethno-raciales, classe sociale, identité de genre, orientation sexuelle, santé, handicap, opinions politiques et syndicales…), cette étude cherchait à analyser finement l’expérience des discriminations et ses variations selon les disciplines académiques, les statuts et degrés de précarité des personnes concernées (étudiant·es et personnel), le niveau d’études, les rapports hiérarchiques, ou encore la dynamique des établissements (climats  de  travail,  politiques, organisations). En fournissant aux établissement un diagnostic sur l’ampleur et la configuration des discriminations en leur sein, l'enquête a cherché à la fois à produire des connaissances scientifiques nouvelles sur ces questions et à fournir les données empiriques nécessaires aux établissements de l’ESR pour concevoir et améliorer leurs plans d’action en matière de lutte contre les inégalités et discriminations.

Depuis, l’équipe de recherche de l’enquête ACADISCRI de l’URMIS s’est associée avec l’équipe du programme GEODE de la Fédération de Recherche CNRS « Théorie et Évaluation des Politiques Publiques » (TEPP) pour élaborer le projet ESTRADES. Ce projet, conçu en 2022, vise à mesurer et analyser les discriminations selon les deux critères les plus étudiés dans d’autres domaines, le genre et l’ethnicité, en combinant deux types d’observations quantitatives, issues l’une de testings auprès des responsables de formation participant à la sélection à l’entrée en master, l’autre d’enquêtes de victimation auprès des étudiant·es, à la fois dans l’accès au supérieur et dans les conditions d’études. Ces observations seront croisées et prolongées par des analyses quantitatives et qualitatives, intégrant une approche interdisciplinaire (économie et sociologie) pour analyser de façon approfondie les processus de discrimination dans l’enseignement supérieur en France et évaluer la pertinence d’une combinaison de méthodes pour saisir ces processus. 

Programme Jeune Recherche du LIEPP (2023) - Appel à candidatures

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Appel à candidatures -

Programme de soutien à la jeune recherche en évaluation des politiques publiques du LIEPP 

Le LIEPP réédite son programme de soutien à la jeune recherche en évaluation des politiques publiques. Ce programme s’inscrit dans la dynamique de redéploiement du LIEPP en partenariat avec Université de Paris. Il est ouvert aux doctorant.e.s (qui doivent être inscrit.e.s en thèse au moment du dépôt de leur candidature) et jeunes docteur.e.s (ayant soutenu depuis moins de 2 ans, la thèse devant avoir été soutenue après le 31 août 2021) dont l’affiliation principale est un laboratoire de Sciences Po ou d’Université Paris Cité, toutes disciplines confondues.

Il poursuit quatre objectifs :

  • Valoriser et apporter un appui aux travaux de jeunes chercheur.e.s 
  • Faciliter la traduction des recherches académiques en résultats utiles pour l’évaluation des politiques publiques 
  • Favoriser la mise en dialogue interdisciplinaire des recherches, en vue notamment de favoriser l’émergence de projets interdisciplinaires 
  • Donner une meilleure visibilité, auprès d’acteurs publics et de la société civile, aux travaux de jeunes chercheur.e.s ayant un apport pour l’évaluation des politiques publiques

Voir le descriptif complet du programme en 2023 et les modalités de candidature.

Subvention d’appui à la recherché : 2 000 €

Durée : 12 mois (année universitaire 2023-2024)

Les thématiques des projets de recherche peuvent être très diverses, toutes disciplines confondues ; sujet directement en lien avec l'évaluation des politiques publiques ou simple intérêt pour creuser la portée de sa recherche à cet égard.

Date butoir de la soumission : 15 juin 2023 (inclus) au plus tard, par le biais du formulaire de candidature en ligne. Les lauréats seront informés des résultats de la sélection au plus tard le 12 juillet 2023.

Entretien avec Laurence Warin, lauréate du programme jeune recherche du LIEPP en 2021/2022.

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LIEPP DANS LES MEDIAS - FEVRIER 2023

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Axe évaluation des politiques socio-fiscales

Axe discriminations et politiques catégorielles

Axe évaluation de la démocratie

Axe politiques éducatives

Axe politiques de santé

Newsletter du LIEPP - février 2023

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European solidarity in the green transition

Séminaire des axes Evaluation des politiques socio-fiscales et Politiques environnementales. 14/03. 14h30-16h
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Les axes Evaluation des politiques socio-fiscales et Politiques environnementales du LIEPP ont le plaisir de vous inviter au séminaire :

European solidarity in the green transition:
Evidence from a conjoint experiment on EU climate change mitigation policy  

Mardi 14 mars 2023. 14h30-16h. 

Lieu : Salle du LIEPP. Sciences Po, 1 place Saint-Thomas d'Aquin, 75007 Paris.

Inscription obligatoire pour assister au séminaire en présentiel / à distance

Intervenante : 

Sharon Baute (University of Konstanz)

Présentation : 

To fight climate change, the European Union has developed a roadmap for a new growth strategy – the European Green Deal – which states the EU’s ambition to become the first climate- neutral continent in the world by 2050. However, reductions of emissions might come at the expense of exacerbating social inequalities. Against this background, the currentstudy examines the public attitudes towards EU climate change mitigation policy. Drawing on an original conjoint survey experiment among the German population, the study examines citizens’ preferences towards alternative policy designs. Results show that support for EU climate change mitigation policies depend on the program’s sectoral scope, social spending, financing, and allocation principles. More specifically, policy packages receive stronger support if these are targeted at the renewable energy sector, include social programs, are financed by increasing taxes on the rich, and allocate resources between EU member states based on population size. However, heterogeneous effects are observed by income position, in particular when it comes to the social spending dimension. European climate change mitigation policies which provide support for unemployment benefits, (re)training of workers or subsidies to low-income households are namely more effective in mobilizing support among lower income groups. These findings suggest that social policies can help finding broader support coalitions for the green transition in Europe.

LIEPP DANS LES MEDIAS - JANVIER 2023

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Axe évaluation des politiques socio-fiscales

Axe évaluation de la démocratie

Axe politiques éducatives

Axe politiques de santé

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Newsletter du LIEPP - janvier 2023

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Accès aux soins des étrangers en situation irrégulière

Séminaire de l'axe Politiques de santé. 09/02. 14h-16h
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L'axe Politiques de santé du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire :

Accès aux soins des étrangers en situation irrégulière: dispositifs d'exception entre politiques de santé et politiques migratoires       

Jeudi 9 février 2023 14h - 16h. Format hybride

Lieu : Salle 31, Batiment A, Sciences Po, 27 rue Saint Guillaume, 75007 Paris

Inscription au séminaire

Présentation : 

L'accès aux soins des étrangers en situation irrégulière fait annuellement l'objet de vifs débats dans l'espace public et politique français. Cette population particulièrement précaire présente un taux de mortalité plus élevé et une prévalence plus importante de maladies notamment cardiovasculaires, respiratoires ou infectieuses que la population française. Confrontés à de nombreuses barrières financières, institutionnelles ou structurelles à l'accès aux soins, les étrangers en situation irrégulière ont une trajectoire de santé particulièrement complexe entraînant un fort taux de renoncement aux soins. Ainsi, leur entrée dans le système de soins se fait le plus souvent par le biais des services d'urgence, plus facilement accessibles et identifiables. De nombreux travaux mettent en évidence le bénéfice qu'apporte l'accès à une prise en charge sociale sur l'état de santé des individus précaires. En donnant accès à des soins de prévention et en permettant une prise en charge médicale précoce ainsi qu'un suivi régulier, les complications sont moins fréquentes et certaines hospitalisations peuvent être évitées.

En France, même si les étrangers en situation irrégulière sont exclus de la sécurité sociale et ne peuvent bénéficier de l'assurance maladie, ils peuvent sous certaines conditions notamment de résidence souscrire à l'Aide Médicale d'Etat (AME) ou être accueillis dans les Permanences d'Accès aux Soins de Santé. En dehors de ces dispositifs, seuls les soins urgents et vitaux peuvent être pris en charge par un fond spécifique dédié. Ces dispositifs d'exception font cependant l'objet d'une forte politisation qui laissent voir l'immixtion des politiques migratoires au sein des questions de santé. Les débats portant sur le budget alloué à l'AME, sur la restriction ou non des conditions d'accès au dispositif ou sur le détail du panier de soins dont ils peuvent bénéficier laissent entrevoir la fabrique des politiques de protection sociale comme outil de gestion des flux migratoires bien au delà des seules questions de santé publique.

Ainsi, ce séminaire se propose de croiser les regards sur l'articulation entre politiques de santé, gestion de l'accès aux soins des étrangers et politiques migratoires.

On y présentera notamment les premiers résultats de l'étude POPUP portant sur la consommation de soins depuis 2011 des étrangers en situation irrégulière par le biais du fond Soins Urgents et Vitaux ainsi que sur les effets des  modifications des conditions d'accès à l'Aide Médicale d'Etat et à la Protection Universelle Maladie sur le recours à ce dispositif.

Intervenant.e.s : 

  • Caroline Izambert, historienne
    Docteure en histoire, EHESS, Paris
    Cheffe de service "Promotion de la santé et réduction des risques" à la Ville de Paris.
  • Jeremy Geeraert, sociologue
    Post-doctorant au CESDIP (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales, CNRS).
  • Anne-Laure Féral-Pierssens, médecin
    Université Sorbonne Paris Nord, LEPS
    Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint-Denis, Urgences, SAMU 93
    Sciences Po, LIEPP

Célia Bouchet, jeune docteure en sociologie

reçoit le Prix Annie Semal Lebleu de l'Association Laïque pour l'Education, la Formation, la Prévention et l'Autonomie (ALEFPA)
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Pour sa thèse en sociologie « Handicap et destinées sociales, une enquête par méthodes mixtes » soutenue en avril 2022 et menée sous la direction Anne Revillard (LIEPP/CRIS) et Philippe Coulangeon (CNRS/CRIS). 

Nous lui adressons toutes nos félicitations.

Ce prix récompense les meilleures thèses dont le sujet porte sur les personnes qui rencontrent des difficultés à caractère social ou présentent un handicap physique ou psychique

Célia Bouchet occupe actuellement un CDD d'ingénieure de recherche à la Mission pour la place des femmes au CNRS (MPDF). Dans ce cadre, Célia mène une recherche par méthodes mixtes sur les inégalités de rémunérations entre les femmes et les hommes en emploi au CNRS (dont les premiers résultats ont été communiqués dans un Working Paper du LIEPP). Toujours associée au CRIS et affiliée au LIEPP, elle continue aussi à diffuser les résultats issus de sa thèse à travers des articles, des jeux de données et des vulgarisations scientifiques.

Résumé de la thèse :

Alors que, au reflet de préoccupations contemporaines, des travaux sociologiques se développent sur les inégalités « entre » groupes sociaux, les différences de parcours liées au handicap sont encore peu documentées. Cette thèse examine les différenciations verticales (inégalités) et horizontales (divisions sans hiérarchies) entre personnes valides et personnes ayant grandi avec des limitations durables vivant en ménage en France métropolitaine. Nous combinons une exploitation de l’Enquête Emploi en Continu 2011 et de son module ad-hoc avec une analyse d’entretiens semi-directifs menés avec 37 personnes, dont 20 ayant grandi avec une déficience visuelle et 17 ayant grandi avec des troubles dys. Le handicap façonne les parcours des personnes interrogées à travers trois dynamiques : des assignations (perceptions et traitements par autrui), des auto-identifications (représentations et pratiques des personnes elles-mêmes) et des contraintes liées aux limitations durables (impératifs temporels, restriction des possibles…). Ces dynamiques agissent aussi sur les représentations par les personnes de leurs positions, entre repérages de certaines dévalorisations quotidiennes et biais favorables dans l’auto-évaluation de leur réussite. Des approfondissements relatifs à la scolarité, à l’emploi et à la vie familiale nous apprennent que le handicap coconstruit avec l’origine sociale, le genre, la migration et la race des inégalités au détriment de plusieurs sous-populations handicapées : moindres niveaux d’études, freins à l’emploi et en emploi, obstacles à la conjugalité et à la parentalité… Des divisions horizontales singulières existent également entre personnes valides et personnes perçues par autrui ou s’auto-identifiant comme handicapées, comme des spécialisations scolaires et professionnelles et des appariements conjugaux atypiques. 

=> Consultez la thèse en ligne sur HAL

Prix de thèse de l’Alefpa : l’Association laïque pour l'éducation, la formation, la prévention et l'autonomie décerne chaque année deux prix récompensant une thèse de doctorat. Les travaux doivent concerner les personnes connaissant des difficultés à caractère social ou présentant un handicap physique ou psychique. Ils peuvent traiter de l’éducation ou de la formation, des modalités d’accompagnement, des soins à leur apporter. Ils envisagent notamment les moyens susceptibles de favoriser la prévention, l’accession de ces publics à l’autonomie ou leur statut de citoyen dans la société. Les disciplines concernées sont notamment (mais non exclusivement) les suivantes : architecture, médiation culturelle, sciences de l’éducation, psychologie, sociologie, sciences politiques, les disciplines médicales, etc.

=> En savoir plus sur l’Alefpa

Ten Principles For Policymaking In The Energy Transition

Table ronde de l'axe Politiques environnementales. 03/02. 12h30 - 14h
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LIEPP's Environmental Policies Research Group is pleased to convene the Round table:  

Ten Principles for Policymaking in the Energy Transition. EEIST’s 2022 Report launch event in France. 

Paris, February 3rd, 2023, 12.30-2 pm CET 

Venue: Sciences Po, 9 rue de la chaise, Room 910

Registration link

Presentation : 

The most outstanding successes so far in low carbon transitions in China, India, Brazil and Europe were achieved by policies implemented despite, not because of, dominant economic analysis and advice. That was the striking finding of the EEIST (Economics of Energy Innovation and System Transition) project’s report released at COP26. Now, a new report  from the same group has been launched in Fall 2022, outlining ten principles for successful policymaking on low-carbon transitions. Based on detailed empirical evidence, these overturn conventional wisdom and suggest a new way forward to help countries accelerate innovation, job creation, and cost reduction in the shift from fossil fuels to clean technologies. The report highlights the need for governments to proactively use the three levers of policy: investment, tax and regulation, to accelerate innovation and cost reduction in clean technologies and to target ‘tipping points’, where clean technologies gain an advantage over fossil fuels, to achieve our climate goals. 

LIEPP’s environmental research group is pleased to welcome Pr. Cristina Peñasco, one of the leading authors of the report. She will present the report and its main findings, followed by a round table discussion of the report by leading experts in the field.

The report is available here: EEIST website  

The EEIST is a University of Exeter led project, funded by the Department of Business, Energy and Industrial Strategy of the UK Government and by the CIFF foundation.

Keynote : 

Pr. Cristina Peñasco (Cambridge University & Bennett Institute) 

Panel discussion :

Nicolas Berghmans, IDDRI, Lead European Affairs, Energy and Climate expert

Aurore Colin, I4CE, Cheffe de projet Territoires et climat

Romain Svartzman, Banque de France, Climate Change Centre (CCC)

The round table will be chaired by Charlotte Halpern (Sciences Po, CEE and LIEPP), co-director of LIEPP's environmental policies research group.

Contact : environnement.liepp@sciencespo.fr

Genre et politiques sociales. Comprendre, catégoriser et traiter les (in)égalités de genre

Colloque de l'axe Evaluation des politiques socio-fiscales. 30 et 31mars 2023.
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L'axe Evaluation des politiques socio-fiscales du LIEPP, RT6 et Espanet France ont le plaisir de vous inviter au colloque : 

Genre et politiques sociales. Comprendre, catégoriser et traiter les (in)égalités de genre

30 & 31 mars 2023.

En distanciel. 

Inscription auprès de Claire Vivès (claire.vives@lecnam.net).
Un lien Zoom sera envoyé suite à l'inscription. 

Consulter le programme

Ce colloque est co-organisé avec le laboratoire Lise CNRS-Cnam et le Service recherche du Conservatoire National des arts et métiers. 

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Les allocataires du RSA en Ile de France, quelles leçons tirer des évaluations récentes ?

Table ronde de l'axe Evaluation des politiques socio-fiscales. 18/01. 10h-12h.
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L'axe Evaluation des politiques socio-fiscales du LIEPP a le plaisir de vous inviter à la table ronde : 

Les allocataires du RSA en Ile de France, quelles leçons tirer des évaluations récentes ?   

Mercredi 18 janvier 2023 10h - 12h en présentiel 

Lieu : Salle Goguel, Sciences Po, 27 rue Saint Guillaume, 75007 Paris

Inscription obligatoire pour assister à la table ronde 

Programme prévisionnel : 

  • Cohorte ELA-RSA : trajectoires des bénéficiaires parisiens entrés au RSA à la fin de la crise sanitaire
    Hayet Iguertsira (Ville de Paris), Alexandra Taubin (CAF de Paris) 
  • La dynamique des allocataires du RSA à Paris en 2020
    Mélika Ben Salem (Université Gustave Eiffel), Aurélien Boyer (Université Paris I / LIEPP), Muriel Roger (Université Paris I / CNRS / LIEPP), Michaël Zemmour (Université Paris I / LIEPP) 
  • Présentation de l'évaluation de l'expérimentation "Dispositif diagnostic RSA jeunes de 25 à 30 ans" en Seine-Saint-Denis.
    Charlène Belma (Sciences Po), Tom Chevalier (CNRS), Julie Oudot (Sciences Po)
  • Léa Filoche, Adjointe à la maire de Paris en charge des solidarités, de la lutte contre les inégalités et contre l’exclusion
  • Mélissa Youssouf, 6e vice-présidente du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis chargée de l’insertion, de l’économie sociale et solidaire et des fonds européens 

LIEPP DANS LES MEDIAS - DECEMBRE 2022

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Axe discriminations et politiques catégorielles

L'exécutif toujours déterminé à repousser l'âge légal de départ à la retraite, émission de France Culture avec Virginie Guiraudon du 08/12/2022

L’Europe face aux flux migratoires, émission de France Culture avec Virginie Guiraudon du 19/11/2022

Les violences sexistes après #MeToo, recension de l'ouvrage de Catherine Cavalin publié par Actualitté le 17/11/2022

Il faut trouver une nouvelle articulation entre le marché, la famille et l'État social, entretien avec Helene Perivier publié par Eigensinn le 17/11/2022

Axe évaluation de la démocratie

Citizen assemblies and the challenges of democratic equality, article d'Annabelle Lever publié par The Conversation le 05/12/2022

Hanouna ou les dangers du télé-populisme, article citant les propos de Julia Cagé publié par L'OBS le 23/11/2022

Les empires médiatiques comme celui de Bolloré dévorent notre démocratie, article citant les propos de Julia Cagé publié par Le Monde le 16/11/2022

Axe évaluation des politiques socio-fiscales

Carte bancaire : l’argent n’a pas de matière, émission de France Culture avec Jeanne Lazarus du 12/12/2022

Précarité étudiante : entre étudier ou manger il faut parfois choisir, émission de France Inter avec Tom Chevalier du 12/12/2022

Il n’y a pas besoin de faire une réforme purement budgétaire des retraites, article de Bruno Palier publié par Alternatives Economiques le 10/12/2022

Retraites, vers un âge légal de départ à 65 ans ?, émission de BFMTV avec Michael Zemmour du 05/12/2022

Cinq pistes pour combler le déficit des retraites sans se fatiguer, tribune de Michael Zemmour publiée par Alternatives Economiques le 05/12/2022

Les femmes se sentent moins légitimes à disposer de leur argent, entretien avec Jeanne Lazarus publié par Causette le 18/11/2022

La hausse inéluctable des taxes foncières, chronique d'Etienne Wasmer publiée par Les Echos le 17/11/2022

La valeur du foncier, recension de l'ouvrage d'Etienne Wasmer et Alain Trannoy publiée par Idées le 16/11/2022

Pourquoi augmenter la taxe foncière ?, émission de France Culture avec Etienne Wasmer du 15/11/2022

Axe politiques éducatives

Qui peut encore acheter près d’un « bon » collège ?, article sur les recherches de Marco Oberti et Quentin Ramond publié par Le Café Pédagogique le 15/12/2022

Ecole : qui a peur de la mixité sociale ?, émission de France Culture avec Marco Oberti du 12/12/2022

«Travailler les compétences de lecture à la maison favorise l’apprentissage à l’école », entretien avec Anne-Claudine Oller publié par LaCroix le 01/12/2022

Les politiques jeunesse sources d’une « citoyenneté économique refusée » ?, article citant les propos de Tom Chevalier publié par Le Courrier des Maires le 01/12/2022

L’État paternaliste, recension de l'ouvrage de Coralie Chevallier publiée par Idées le 28/11/2022

Les méthodes en psychologie, recension de l'ouvrage de Grégoire Borst et Arnaud Cachia publiée par Actualitté le 16/11/2022

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Newsletter du LIEPP - décembre 2022

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5th Workshop Economics & Politics

Evaluation of democracy workshop, organized with Lille University. December 12 & 13
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LIEPP's Evaluation of democracy research group, Lille University and the department of applied economics of the Université libre de Bruxelles are pleased to convene this workshop : 

5th Workshop Economics & Politics 

Lille University, December 12th and 13th. 

PROGRAMME : 

Monday 12

9.30 – 10.00 Welcome coffee

10.00 – 12.00 Session 1: Election

Chairman: Q. David (Lille University)
L.Coufalová (Masaryk University), The Grass Is Not Greener on the Other Side: The Role of Attention in Voting Behaviour. Disc: C.Le Pennec and J.Navarro

M.Fonseca (Nova SBE), The Electoral Impact of a Large Return Migration Shock in a Nascent Democracy. Disc: L.Coufalová and Q.David

G.Sandri (Université catholique de Lille), Did Perceptions of Governmental Action Against Covid-19 Affect Voting Choices in the 2022 French Presidential Election ? Disc: M.Fonseca and A.François

C.Le Pennec (HEC Montréal), Keep your Enemies Closer: Strategic Candidate Adjustments in U.S. and French Elections. Disc: G.Sandri and P-G.Méon

12:00 – 14:00: Lunch

14.00 – 16.00 Session 2: Conflict

Chairman: E. Grossman (Sciences PO)

N.Zakharov (University of Freiburg), Who Goes to (Proxy) War? The Long Shadow of the USSR Collapse and Volunteer Russian Fighters in Donbas. Disc: S.Varaine and S.Panel

L.Chauvet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), D-Day in the long-run: Economic recovery after the Battle of Normandy? Disc: N.Zakharov and N.Lagios

A.Pietri (University of Montpellier (CEE-M)), Testing evolutionary game theory in the lab: The case of a Tullock contest. Disc: L.Chauvet and A.Chatelain

S.Varaine (Pacte - Sciences Po Grenoble), Dying to die. New micro and macro evidence that suicide terrorists are suicidal. Disc: A.Pietri and Q.David

16.00 – 16.30 Coffee Break

16.30 – 18.00 Session 3: Norms and gender

Chairman: A. François (Lille University)

E.Borisova (Université de Lille), Agricultural ancestry and gender roles. Disc: P.Schafer and J.Lacroix

J.Haddad (Université libre de Bruxelles), Settlers and Norms. Disc: E.Borisova and J.Beuve

P.Schafer (University of Fribourg), Yes, we can! Political context and female political participation after their enfranchisement. Disc: J.Haddad and V.Westergren

19.30 – ... : Social Dinner 

Tuesday 13

8.00 – 8.30 Welcome coffee

8.30 – 10.00 Session 4: Protest and political crisis

Chairman: S. Panel (Sciences PO Grenoble)

B.Monnery (EconomiX), Participatory democracy in step with social protest? Evidence from the Yellow Vests movement. Disc: C.Varriale and F.Briatte

M.Dorsch (Central European University), From the street to the ballot box: BLM protests and voting in federal elections. Disc: B.Monnery and I.Tojerow

C.Varriale (Bocconi University), The effectiveness of leaders’ public communication during crises. Disc: M.Dorsch and E.Grossman

10.00 – 10.30 Coffee Break

10.30 – 12.30 Session 5: Public opinion and action

Chairman: I. Tojerow (ULB)

Y.Elkhateeb (Paris 1 Panthéon-Sorbonne University), (Mis-)information technology: Internet use and perception of democracy in Africa. Disc: M.Guillot and E.Grossman

J.Fidrmuc (Université de Lille), Who Believes in Conspiracy Theories, and Why? Disc: T.Bastin and I.Tojerow

T.Schnatterer (Sciences Po Bordeaux), What governments want to know about citizens’ preferences: the agenda of government polls in Germany (2013-2020). Disc: J.Fidrmuc and V.Westergren

M.Guillot (Université de Liège), Is Charitable Giving Political? Evidence from Wealth and Income Tax Returns. Disc: T.Schnatterer and A.François

12.30 – 14.00 Lunch

14.00 – 15.30 Session 6: Politics of identity and culture
Chairman: P-G. Méon (ULB)

M.Laméris (University of Groningen), National identification and voting behaviour. Disc: V.Pons and N.Lagios

O.Hammar (Research Institute of Industrial Economics (IFN)), The Cultural Assimilation of Individualism and Preferences for Redistribution. Disc: M.Laméris and S.Panel

V.Pons (Harvard University), How Neighborhoods Shape Political Identity and Behavior: Evidence from Young Movers. Disc: O.Hammar and J.de Wit

This workshop was convened with the support of La Région Hauts-de-France. 

Les séminaires de l'axe Politiques environnementales

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L’axe Politiques environnementales du LIEPP organise au moins des séminaires ouvert à tous-tes, présentant des travaux de recherche sur divers sujets en lien avec ses thématiques.

Séances à venir : 

Séances passées : 

2023

  • 11 décembre 2023 : The Comparative Politics of Just Transition Policies: How and why the new social risks of decarbonisation were addressed in Spain and Ireland. Voir le programme
  • 5 décembre 2023 : Side event COP28: Low carbon and climate-resilient health care: global perspectives on solutions and practices. Voir le programme
  • 1er décembre 2023 : Side Event COP28 : Pertes et préjudices: un mécanisme de justice climatique ?. Voir le programme
  • 29 novembre 2023 : LIED-LIEPP joint seminar : Une économie qui tourne en rond ? (Linear vs. circular views of the human-nature relationship in the history of economic thought; Life Cycle and Systems Thinking Methods to Support Policy Design and Evaluation when Transitioning to a Decarbonised, Circular Economy; European sustainability targets and policy assumptions in 2030 and beyond: a foresight assessment for circular economy) Voir le programme
  • 21 novembre 2023 : Changement climatique : quelle communication scientifique ?. Voir le programme
  • 20 novembre 2023 : Roles of Big Data Analytics in Governing Urban Energy Transitions: An Experience Sharing of a Transdisciplinary Project on Smart Energy communities in Hong Kong. Voir le programme
  • 6 juillet 2023 : Four Faced How Sustainability Governance is Failing our Planet and What to Do About it. Voir le programme
  • 22 mars 2023 : Preparing for the next winter - energy supply security in the Eu. Voir le programme
  • 14 mars 2023 : European solidarity in the green transition: Evidence from a conjoint experiment on EU climate change mitigation policy. Avec Sharon Baute (University of Konstanz, LIEPP). Voir le programme
  • 30 mai 2023 : LIED – LIEPP joint seminar: Agriculture et cycle de l’azote. Voir le programme
  • 20 juin 2023 : Décarboner la route, une grande cause nationale. Voir le programme
  • 3 février 2023 : Ten Principles For Policymaking In The Energy Transition. Voir le programme

2022

  • 5 décembre 2022 : Policy Instruments for the energy efficiency sector: enabling mechanisms for a “FIT for 55”. Voir le programme
  • 5 décembre 2022 : Journée (In)Justices environnementales et climatiques : Les justices au coeur de la transition sociale et écologique des territoires. Voir le programme
  • 23 septembre 2022 : Planetary health, protecting nature to protect ourselves : a discussion with Samuel Myers. Voir programme
  • 15 septembre 2022 : Politiques climatiques et énergétiques du "Plan Vert" européen. Voir programme 
  • 8 septembre 2022 : Governing Nutrient Pollution Beyond Farmers. Voir programme 
  • 3 mai et 4 mai 2022 :  Journées Limites Planétaires. Voir programme
  • 11 avril 2022 : Limites planétaires : débats académiques et impact sur les politiques publiques
  • 6 avril 2022 : The politics and policy of the allocation of development finance for renewable energy projects. Voir programme 
  • 4 avril 2022 : Planifier la transition vers une économie neutre en émission : le rôle des modèles énergie-environnement-économie (en partenariat avec AIRE)
  • 15 mars 2022 : 3ème workshop climat urbain. Voir programme 
  • 7 mars 2022 : Évaluation économique de la Stratégie Nationale Bas Carbone en Tunisie (AIRE). Voir programme
  • 8 février 2022 : Revue de littérature « Gouvernance et politiques publiques de transition écologique »

2020

  • 14 décembre 2020 : Séminaire sur les îlots de chaleur. Voir programme
  • 9 décembre 2020 : The impact of climate change on urban health: The Lancet Countdowns 2020 Report Launch Event in France. Voir programme

2015

  • 13 février 2015 : Vulnérabilité socio-environnementale face aux changements climatiques. Voir programme

Evaluation de l'impact thermique des cours d'école OASIS

Entretien avec Martin Hendel, chercheur affilié au LIEPP
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Droits réservés.Le projet européen OASIS (Ouverture, Adaptation, Sensibilisation, Innovation, Solidarité), porté par la Ville de Paris, vise à transformer des espaces urbains pour les adapter au changement climatique avec deux objectifs stratégiques majeurs : réduire les risques sanitaires liés aux vagues de chaleur et favoriser la cohésion sociale à l’échelle du voisinage.

Martin Hendel, co-directeur de l’axe politiques environnementales du LIEPP, a pris part au projet OASIS en tant que membre du Laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain (LIED, Université Paris Cité) afin d’évaluer l’impact climatique et thermique des cours d’école OASIS. Pour en savoir plus sur l’impact social du projet, lire l’entretien de Carlo Barone (CRIS et co-directeur de l’axe politiques éducatives du LIEPP).

  • Pouvez-vous nous expliquer brièvement en quoi a consisté l’évaluation des impacts climatiques des cours d’école OASIS et comment vous y avez procédé ?

Mon équipe au LIED a été chargée d’évaluer l’impact microclimatique des transformations opérées dans les 10 cours d’écoles pilotes du projet FEDER UIA OASIS. L’objectif est de quantifier l’impact de ces travaux sur le niveau de stress ou de confort thermique ressenti par un piéton grâce à des mesures fixes et mobiles réalisées dans les cours avant et après transformations. Ce stress thermique quantifie les paramètres environnementaux qui impactent le bilan thermique d’un piéton en prenant compte, en plus de la température de l’air, l’humidité de l’air, la vitesse du vent et des échanges radiatifs comme l’ensoleillement direct ou le rayonnement thermique des surfaces chaudes. Il s’agit d’un paramètre pertinent du point de vue du vécu des personnes et en termes d’impact sanitaire de la chaleur.

Les mesures sont effectuées par des stations météos fixes fonctionnant en continu par paires: une station d’étude placée dans la cour, une autre servant de témoin située dans l’espace public à proximité. Ces dernières ont fonctionné en continu avant et après travaux afin de capter la variabilité statistique des conditions microclimatiques en vue d’obtenir une évaluation la plus robuste possible du rafraîchissement créé par les transformations. Ces stations météos fixes sont complétées par des mesures mobiles mobilisées pour relever les conditions microclimatiques et leur variabilité spatiale en plusieurs points de la cour lors de campagnes ponctuelles.

En complément de ces mesures, nous avons réalisé des analyses cartographiques du potentiel de rafraîchissement visant à hiérarchiser les cours d’écoles parisiennes dans leur globalité puis à identifier les “points chauds” de chaque cour pilote.Ces cartographies sont confrontées aux mesures pour valider l’approche géomatique mise au point et l’améliorer le cas échéant. Enfin, des études expérimentales en laboratoire sur les anciens et nouveaux revêtements ont complété ces analyses pour caractériser leur comportement thermique lors de vague de chaleur.

  • Quelles ont été les principaux défis/ les principales surprises rencontrées sur le terrain lors de l’évaluation ?

Le projet relève d’une recherche-action, il combine ainsi les avantages et les inconvénients des deux mondes. Du côté des avantages, il permet par exemple de créer des impacts bénéfiques pour les usagers tout en faisant avancer la connaissance scientifique du domaine. Du côté des inconvénients, du point du vue du physicien, les conditions expérimentales ont été fortement contraintes par les conditions opérationnelles. Par exemple, les stations météos ne sont souvent pas situées à l’emplacement idéal du point de vue du rafraîchissement attendu par les travaux, mais plutôt à des endroits où elles ne gênent pas trop l’utilisation de la cour. Ce type d’arbitrage, bien que parfaitement justifié, génère des défis méthodologiques suites aux adaptations rendues nécessaires. La richesse des approches déployées facilite ce type d’improvisations et approches non anticipées en amont du projet.

Au-delà de ce type de défi, nos travaux avaient dès le départ une visée méthodologique, notamment pour identifier jusqu’où il est possible de caractériser de façon fiablement les effets rafraîchissants de travaux de ce type à partir de mesures mobiles réalisées lors de campagnes de mesure occasionnelles. Jusqu’à présent, nous déployions des mesures fixes, continues dans le temps et à même de capter la variabilité statistique des conditions météorologiques rencontrées lors de vagues de chaleur. Cela nécessite des moyens et un temps d’évaluation long et qui anticipe le phasage du projet suffisamment tôt pour permettre la réalisation de mesures avant travaux. Ces contraintes méthodologiques sont difficiles à concilier avec la temporalité des projets.

  • Suite à votre observation sur le terrain, quels résultats attendez-vous dans les cours d’école transformées ?

Le stress thermique est un indicateur très variable dans l’espace : il vous suffit de traverser la rue du côté ensoleillé vers le côté ombragé pour que le stress thermique chute d’une dizaine de degrés en température équivalente ou ressentie. On sait également que c’est l’ombrage qui est le plus efficace pour améliorer le stress thermique, les matériaux au sol ayant un impact plus limité.

Dans les cours étudiées, on s’attend à observer des variations de stress thermique qui dépendront de la conception précise des nouvelles cours, fonction par exemple de la position des nouveaux arbres, de la disposition des matériaux au sol, de l’ensoleillement de la cour… L’évaluation au cours de l’été 2021 est réalisée alors que les végétaux ont à peine été plantés (cf. photos).
On s’attend également à des surprises : c’est tout l’intérêt de la recherche !

Cours des écoles élémentaire (gauche) et maternelle (droite) Emeriau (Paris 15e), février 2021. Photo: Martin Hendel.Cours des écoles élémentaire (gauche) et maternelle (droite) Emeriau (Paris 15e), février 2021.
Photo: Martin Hendel.

Droits réservés.

Cours des écoles élémentaire (gauche) et maternelle (droite) Emeriau (Paris 15e), septembre 2022.
Photo: Martin Hendel.

Les violences sexistes après #MeToo

Entretien avec Catherine Cavalin, chercheuse affiliée au LIEPP
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Droits réservés.Catherine Cavalin est chercheuse affiliée au LIEPP et sociologue chargée de recherche à l'Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (IRISSO) du CNRS. Elle est coauteure de l'ouvrage "Les violences sexistes après #MeToo" publié par les Presses des Mines en novembre 2022, 5 ans après l'émergence du hashtag #MeToo. 

  • Le débat public fait régulièrement référence au hashtag « #MeToo ». En quoi peut-on dire que son apparition a constitué un moment-charnière ?

Savoir si le mouvement #MeToo a constitué une charnière, c’est une question en soi sur #MeToo. Et c’est une question historique. #MeToo est-il nouveau ? Si oui, qu’apporte-t-il de nouveau ? Et par rapport à quelle(s) histoire(s), précisément ? Globalement, disons que #MeToo se discute à la fois comme une rupture et comme un mouvement qui prolonge une dénonciation plus ancienne des violences sexistes et sexuelles. Si bien que la qualification de #MeToo comme « charnière » n’est pas immédiate…

Pour répondre plus en détail, on peut commencer par rappeler quelques éléments de chronologie. Les médias viennent de célébrer ce dernier mois d’octobre comme marquant les cinq ans de #MeToo. En octobre 2017, le producteur de cinéma hollywoodien Harvey Weinstein a commencé de faire l’objet d’accusations pour agressions sexuelles par plusieurs dizaines de femmes, en même temps que le New Yorker et le New York Times enquêtaient sur les faits dénoncés par celles-ci. Alors, l’actrice Alyssa Milano relayait ces dénonciations en publiant le 15 octobre 2017 un tweet invitant les femmes victimes de harcèlement sexuel ou d’agression sexuelle à répondre « me too » à son message, pour révéler ou publiciser les violences dont elles avaient fait l’objet.

Le rappel – ou la véritable commémoration – des cinq ans de #MeToo que les médias viennent de produire célèbre ce moment-là : octobre 2022, à cinq ans de distance d’octobre 2017. Le hashtag #MeToo se double pourtant d’une chronologie plus longue, dans laquelle octobre 2017 apparaît au moins autant comme prolongeant un mouvement précédemment engagé que comme constituant un retournement ou une charnière.

Dix ans auparavant, en effet, l’activiste afro-américaine Tarana Burke avait utilisé cette expression (« me too », sans hashtag à l’époque). Alors, l’intention qu’elle avait placée dans son « me too » était largement analogue à celle qu’ont ensuite exprimée les milliers de tweets et autres messages publiés à partir de l’automne 2017. Dire    « #MeToo », c’est exprimer que l’on a vécu l’expérience des violences sexuelles et sexistes, l’énoncer comme une expérience personnelle, et l’énoncer aussi en sachant et en disant que c’est une expérience partagée par une foule innombrable d’autres personnes. D’une certaine façon, le #MeToo de 2017 dont les développements – notamment sur les réseaux sociaux – ne sont aujourd’hui pas encore clos, n’a donc pas publicisé un message totalement neuf. Et par ailleurs entre 2007 et 2017, de nombreux autres mouvements, même sans l’expression « me too » ou le hashtag « #MeToo », avaient aussi très largement publicisé une dénonciation de la prévalence très grande et trop tue des violences sexistes et sexuelles perpétrées par des hommes, de l’impunité dont bénéficiaient ces actes, et de la nécessité d’en porter témoignage pour rendre visible le poids énorme de cette victimation. Cela a par exemple été le cas des « slutwalks » au Canada, des mobilisations féministes latino-américaines Ni Una [muerta] más puis Ni Una Menos dans les années 2010, des mouvements Ni Una menos et Non Una di Meno, en Espagne et en Italie respectivement ou encore, dans l’univers francophone, du blog Vie de meuf lancé en 2010 par Osez le féminisme !, suivi par les innombrables « Paye ta… » (Paye ta schneck, Paye ta blouse, etc.) et autre Chair collaboratrice, sites internet dédiés ou blogs dénonçant la perpétration de violences sexistes et sexuelles dans le cadre du travail. 2017 marque donc à la fois une rupture par l’immensité du déferlement des témoignages, et un mouvement venant prolonger des dénonciations dont l’expression « me too » énoncée par Tarana Burke en 2007 était une manifestation parmi d’autres.

Plus en amont, bien évidemment, #MeToo s’inscrit dans l’histoire longue des féminismes et de ses « vagues » historiques, particulièrement dans la continuité des deuxième et troisième vagues (Pavard 2017) qui ont toutes deux promu une dénonciation des violences fondées sur le genre et comme instrument d’inégalité entre les sexes. Même sans se référer explicitement à l’histoire des féminismes, c’est aussi cette profondeur temporelle en amont de #MeToo qu’évoque Vanessa Springora, l’une des figures marquantes de #MeToo lorsqu’elle écrit : « On le sait désormais, cette vague n’est pas née en octobre 2017 à Hollywood, et ne se limite pas à une déclinaison de hashtags. C’est un raz-de-marée qui vient de loin, une onde sous-marine porteuse de toutes les voix qui, à chaque décennie, ont le courage de raconter le vécu traumatique de l’abus sexuel, malgré les risques encourus : le mépris, l’humiliation, l’inversion du rapport bourreau-victime. La douche froide est arrivée lorsqu’il a bien fallu se confronter à une réalité que personne ne voulait voir : le caractère systémique des violences sexuelles, l’impunité et la loi du silence qui autorisaient la perpétuation de ce système » (Springora 2022) .

La continuité historique de la cause défendue se discute toujours, cependant, en regard de sa discontinuité. Les vagues féministes peuvent être considérées à la fois comme le prolongement historique toujours recommencé des féminismes, en même temps qu’un renouvellement si sensible de leurs formes, de leurs contenus, et pour partie de leurs actrices que l’on peut aussi considérer qu’elles sont en rupture les unes par rapport aux autres. Spécifiquement dans le cas de #MeToo, la nouveauté de l’expression numérique des témoignages individuels (par les blogs, les sites et l’ensemble des canaux qu’autorise l’usage des réseaux sociaux) incite fortement à traiter #MeToo comme un moment-charnière. Comme le montrent Josiane Jouët, Katarina Niemeyer et Bibia Pavard, en changeant les modalités de la lutte sociale, l’usage du numérique modifie aussi potentiellement le contenu et les actrices de cette lutte. La lutte sociale, au moins pour partie, devient une « campagne de communication ». Et l’usage de moyens de communication qui précisément peuvent donner la parole à des millions de personnes prend un sens tout particulier, au sein de luttes féministes qui depuis des décennies cherchent à promouvoir la prise de parole par les femmes (Jouët, Niemeyer, et Pavard 2017, 25) .

  • Alors précisément, en quoi le numérique a-t-il changé la façon dont le débat public aborde les violences sexistes et sexuelles ?

Les toutes premières lignes de l’ouvrage que j’ai codirigé avec Jaércio da Silva, Pauline Delage, Irène Despontin Lefèvre, Delphine Lacombe et Bibia Pavard présentent le hashtag #MeToo comme un hashtag « total ». L’idée contenue dans ce caractère de « totalité » du hashtag est une façon de répondre à votre question. #MeToo a cumulé et continue de cumuler, dans ses résurgences toujours actives (#MeTooInceste, #MeTooGay, etc.), de nombreuses caractéristiques des ressorts et des effets que produisent les réseaux sociaux. #MeToo a été immédiatement viral et immédiatement transnational, d’abord amplifié par l’usage de l’anglais puis relayé par de nombreuses déclinaisons nationales et non anglophones (#YoTambién en Espagne et dans l’hispanophonie, #IamNotAfraidToSpeak en Russie, #WoYeShi en Chine, #BalanceTonSaïSaï au Sénégal dans le prolongement de #balancetonporc en France, etc.). #MeToo a également été immédiatement transformateur, en exprimant une volonté impérieuse de changement radical de la société et des rapports de pouvoir qui la gouvernent. Cette idée d’une radicalité et d’une urgence des revendications portées par #MeToo se trouve dans la tribune de Vanessa Springora récemment publiée par Le Monde, déjà citée précédemment : « […] au-delà de ces révélations, #metoo, dans un bouillonnement ininterrompu, a ouvert la brèche à bien d’autres sujets. Rarement on aura vécu une période d’effervescence intellectuelle aussi féconde, et vu les questions intimes s’imposer avec autant de force dans le champ politique » (Springora 2022) . Dénonciation des agressions subies, revendication de la légitimité de la parole des victimes ; mais aussi critique radicale de l’inaction des pouvoirs publics et de l’impunité des agresseurs ; mais encore, en allant plus loin, politisation à l’extrême de ce que Vanessa Springora désigne comme « les questions intimes ».
On retrouve ici le débat sur la continuité et la solution de continuité entre #MeToo et ce qui l’a précédé. Par cette publicisation et cette politisation de l’intime, #MeToo se place dans la ligne du slogan féministe des années 1970 : « The personal is political ». Il prolonge également le mouvement d’ampleur qui, depuis la fin des années 1970 et surtout depuis les années 1990, a conduit à de profondes réformes législatives dans des domaines précédemment cantonnés à l’intime, hors d’atteinte du politique (réformes des lois définissant le viol, statut de conjoint ou ex-conjoint comme circonstance aggravante des violences commises, etc.). Mais avec #MeToo, ce sont des millions de voix de victimes qui l’énoncent, qui interagissent, et qui ne sont pas seulement des voix de femmes victimes, et cela en change la portée.
Droits réservés.D’un autre côté, si le débat public sur les violences sexistes et sexuelles est transformé par l’usage du numérique, c’est aussi parce qu’en réaction à #MeToo, on assiste à des réactions hostiles et des résistances. C’est ce que l’on désigne souvent comme un « backlash », en reprenant l’expression proposée par Susan Faludi (Faludi 1993) pour décrire un retour de bâton connu à d’autres moments de l’histoire des féminismes. Cela consiste dans des réactions auto-déclarées antiféministes et qui remettent en cause non seulement la légitimité de la parole des victimes, mais aussi celle du mouvement tout entier (#Me Too va-t-il « trop loin » ?), dans un contexte de « brutalisation des débats » (Badouard 2017) . Le chapitre écrit par Kaitlynn Mendes (Mendes 2022) dans l’ouvrage que nous avons tout juste publié montre en particulier comment les personnes qui témoignent sur les plateformes numériques des agressions sexistes et sexuelles qu’elles ont subies peuvent faire l’objet de dénigrements et de cyberharcèlement. Ces analyses rejoignent de nombreuses situations que les médias nous donnent souvent à connaître, soit à propos d’interactions entre personnes inconnues du public soit à propos de personnes de grande notoriété qui contribuent à entretenir le backlash. Donald Trump, avant, pendant ou depuis la fin de son mandat comme président des États- Unis d’Amérique, multiplie ainsi les propos obscènes sur sa supposée légitimité à disposer du corps des femmes en tant qu’homme puissant, tout en tournant en dérision les dizaines de plaintes ou révélations de femmes qui, depuis les années 1970, rapportent avoir subi des agressions à caractère sexuel de sa part (Levine et El-Faizy 2019) . Ces « plaisanteries » vulgaires et insultantes sur la douleur des victimes ou l’inégalité du rapport de forces dans lequel elles se trouvent par rapport à leur agresseur reçoivent régulièrement le soutien des supporters du camp trumpien. À ce titre, le backlash dépasse des cas individuels qu’on pourrait décrire comme singuliers (même si très symboliques, comme dans le cas de Trump), et peut s’analyser dans une réflexion plus large sur la polarisation des luttes au sein des régimes démocratiques (sans se limiter aux États-Unis). Autour de #MeToo et au- delà des cas individuels d’auteurs, le backlash s’exprime comme un rejet global de comportements décriés comme injustement délateurs, et en conséquence comme un rejet de la légitimité de la parole des victimes présumées « diffamantes ». Tous ces phénomènes connaissent aussi une diffusion virale par les plateformes numériques.

  • Comment les analyses des violences sexistes et sexuelles par les sciences sociales ont-elles été impactées par le hashtag #MeToo ? En quoi le # a-t-il fait évoluer l’analyse des violences sexistes et sexuelles en sciences sociales ?

Pour apporter des éléments de réponse à cette question, on peut tout d’abord prolonger la réponse précédente. Pour les sciences sociales (ici l’histoire, l’anthropologie et la sociologie), la question de la nouveauté introduite par l’usage des moyens d’expression numérique fait interagir nouvellement l’étude des médias, l’analyse des mouvements sociaux et celle des féminismes. Par exemple, on peut se demander dans quelle mesure les outils numériques renouvellent les mouvements sociaux mais aussi, tout autant, dans quelle mesure c’est la dynamique propre des mouvements sociaux qui produit des usages spécifiques de ces outils. En particulier, alors que l’expression de « féminisme numérique » connaît aujourd’hui un usage croissant, elle constitue un objet à part entière d’interrogation pour les sciences sociales (dans le prolongement des questions mentionnées plus haut sur les « vagues » féministes, leurs continuités et leurs ruptures). On peut se demander dans quelle mesure, également, les plateformes elles-mêmes façonnent les causes défendues à travers l’imposition d’un format, d’un langage et de la diffusion d’une forme de mise en récit, autrement dit d’un « jargon » pour reprendre l’expression utilisée dans les travaux sur les réseaux sociaux. 
Pour ces trois mêmes sciences sociales, une autre question importante émerge avec #MeToo : celle de la catégorisation « femmes ». Dans le prolongement de la troisième vague féministe (qui a vu converger les causes homosexuelles et féministes, et s’ouvrir le périmètre des militant.e.s aux groupes lesbiens, gays, bi et trans) et de la quatrième vague (un intérêt public croissant pour les féminismes en même temps que le développement d’un activisme numérique chez celles et ceux qui se déclarent relié.e.s aux féminismes, d’une manière ou d’une autre), #MeToo questionne encore davantage la centralité de la catégorie « femmes » comme objet de luttes. La diversité revendiquée des identités de genre parmi les populations contribuant au développement du mouvement dissout – et conteste en partie – la spécificité de la cause des femmes, en étendant considérablement la dénonciation de rapports de pouvoir liés aux rapports de genre et à la sexualité. Globalement, toutefois, il ne faut pas oublier que les dénonciations portent quasi-exclusivement sur des auteurs de violences qui sont des hommes.

Entre autres nombreuses questions auxquelles #MeToo confronte les sciences sociales, on peut également mentionner la place et le rôle très structurant que joue le monde du travail dans la dénonciation des violences sexistes et sexuelles. Il s’agit de politiser des questions relatives à l’intimité. Certes, des relations que l’on peut définir de prime abord comme intimes sont mises à jour par #MeToo : relations violentes dans le couple, agressions sur les plus jeunes – filles et garçons – au sein de la famille dénoncées comme incestes, etc.Mais la survenue des violences dans les relations de travail, souvent énoncées par #MeToo de manière sectorielle (#MeToo dans le cinéma, #MeToo dans le sport, #MeToo à l’hôpital, etc.), tient une place cruciale qui questionne en particulier la possibilité de survenue de ces violences dans un cadre qu’en principe le droit encadre très strictement. Ainsi, cela pousse à questionner la potentielle insuffisance des changements législatifs qui, depuis les années 1990, ont cherché à mieux définir et sanctionner les comportements de harcèlement sur les lieux de travail et dans les relations de travail. En outre, se pose la question méthodologique toujours renouvelée pour les sciences sociales devant le caractère fuyant de la notion de violence(s) : comment apposer une étiquette homogène « violences » sur des agressions qui sont dénoncées comme autant de situations spécifiques à des relations de travail contextuelles (relations hiérarchiques et poids professionnel et symbolique du genre dans l’Église catholique, travail avec et sur le corps dans l’activité professionnelle du théâtre, du cinéma ou du sport, etc.) ?

Enfin, et sans épuiser les questions, un autre champ de travail important – lui aussi méthodologiquement difficile – s’ouvre aux sciences sociales avec #MeToo. Comme le montre le chapitre de Kaitlynn Mendes précédemment mentionné, la prise de parole sur les réseaux sociaux pour dénoncer des violences sexistes et sexuelles subies n’est pas également partagée. À l’évidente inégalité générationnelle qui donne à l’agilité numérique des plus jeunes un accès plus aisé aux outils numériques, s’ajoutent des inégalités de race et de classe. Celles-ci paraissent patentes, au bénéfice de la parole prise par des femmes blanches et bien dotées du point de vue économique ou culturel. Ces inégalités demeurent toutefois difficiles à mesurer, du fait même de la nature des expressions en ligne, souvent anonymes ou difficilement caractérisables d’un point de vue social.

En matière d’inégalités raciales, on rappellera que celles-ci ont d’ailleurs, depuis les années 1960, déjà divisé les luttes féministes (en particulier aux États-Unis comme l’a dénoncé le black feminism (Davis 1983) ). Dans le mouvement #MeToo, ces inégalités se manifestent à nouveau, comme le rapporte le témoignage de Tarana Burke (Burke 2021) , lorsqu’elle explique la stupeur dans laquelle l’a plongée l’émergence des témoignages portés par les réseaux sociaux sous le hashtag #MeToo en octobre 2017. Loin de considérer immédiatement que le message qu’elle-même portait en tant qu’activiste afro-américaine depuis des années était en train de connaître une reconnaissance inouïe, elle déclare avoir été profondément perturbée par la manifestation en masse de ces témoignages. Outre le fait que Tarana Burke affirme avoir ressenti de la crainte pour toutes ces personnes qui, en prenant la parole publiquement, s’exposaient sans protection et sans accompagnement pour le faire, elle relate avoir été choquée par le fait que les victimes faisant usage du hashtag #MeToo étaient pour beaucoup d’entre elles des stars du cinéma hollywoodien. Leur reconnaissant le statut de victimes de violences sexuelles, Tarana Burke rappelle pourtant à quel point les situations vécues par ces innombrables personnes lui ont paru éloignées des réalités (raciales et donc aussi sociales) des violences sexuelles subies au sein des communautés afro-américaines dans lesquelles elle travaille comme promotrice de programmes artistiques destinés aux plus jeunes et comme éducatrice (“Other than these women being survivors of sexual violence, none of what was happening in Hollywood felt related to the work I had been entrenched in in my own community for so many years. Seeing "me too", the phrase I had built my work and purpose around, used by people outside of that community, was jarring.” (Prologue de (Burke 2021))

  • Comment le #MeToo a-t-il transformé ou fait évoluer l’action publique sur les violences sexistes et sexuelles ? 

Droits réservés.Dans l’ouvrage que nous venons de publier, il est question de l’action publique à de nombreuses reprises, souvent au titre du contexte des événements violents survenus. Et dans deux chapitres, l’action publique fournit directement la matière à réflexion. Chloé Mour et Linda Sehili s’intéressent (Mour et Sehili 2022) à l’effectivité de l’action de l’État employeur contre les violences sexistes et sexuelles dans les relations professionnelles du milieu de l’enseignement et de la recherche d’une part, et au Ministère de l’Économie et des Finances d’autre part. Alors que les protocoles d’accord et autres outils législatifs se sont multipliés dans l’administration dès avant #MeToo, ces deux autrices montrent que l’activation de ces instruments passe souvent « par le bas », du fait de l’action de personnes qui se mobilisent spécifiquement sur cette cause, mais sans que l’administration en tant que telle s’engage véritablement. Dans ce contexte, également compliqué par une relative disette budgétaire, les sanctions à l’encontre des auteurs restent difficiles à mettre en œuvre.

Le chapitre signé par Catherine Le Magueresse (Le Magueresse 2022) concerne pour sa part la sphère juridique, domaine qui a été le plus vivement interpellé à l’occasion des cinq ans de #MeToo dans la presse, à la fois comme univers professionnel et secteur des politiques publiques : univers professionnel questionné comme lieu de survenue de violences en son sein même (Défenseur des droits et al. 2018) , et comme lieu de représentations et de normes potentiellement en retrait des revendications portées par #MeToo, en particulier sur le problème de l’impunité des auteurs. On se souvient de la radicalité avec laquelle Adèle Haenel, témoignant auprès de Mediapart des agressions subies au cours de son adolescence, concluait : « La justice nous ignore, on ignore la justice » (Turchi 2019) . Pour établir un bilan de ce que #MeToo a pu (ou non) changer dans ce qu’elle nomme « le monde du droit », Catherine Le Magueresse prend en compte de nombreuses dimensions. Elle interroge des professionnels du droit (avocates, magistrates mais aussi universitaires), s’intéresse à la jurisprudence et aux textes doctrinaux, inclut dans son analyse des comptes rendus de procès publiés dans la presse, et examine les travaux parlementaires qui depuis 2018 ont porté sur les violences sexuelles. Son bilan est contrasté : entre une sensibilité croissante mais encore limitée des avocat.e.s et des magistrat.e.s à cette cause, de réels effets de #MeToo sur l’activité législative entre 2019 et 2021, et la difficulté à évaluer avec un recul suffisant la mesure dans laquelle des condamnations s’appliqueraient aujourd’hui avec une plus grande fermeté. Les forces contraires aux effets de #MeToo sur la justice sont nombreux, explique l’autrice, à la fois parce que la politique pénale reste sous-dotée, que la jurisprudence de la Cour de cassation est pour partie invisible et pour partie contradictoire et parce que plus largement le backlash est bien réel, qui peut se manifester par la multiplication des embûches – déjà nombreuses – dans le parcours des victimes de violences sexistes et sexuelles auprès de la Justice.

Ce type de conclusion rejoint sur le fond les contradictions ou les sources de blocages mises en évidence par Solenne Jouanneau (Jouanneau 2022) à propos de la conception et de la mise en œuvre de l’ordonnance de protection en cas de relations violentes au sein du couple. Une juridicisation et une judiciarisation originellement appuyées sur des bases féministes se trouvent finalement confiées aux juges aux affaires familiales qui éprouvent des réticences certaines à prendre des décisions sévères à l’encontre des conjoints et pères violents. La charge de la preuve continue de reposer lourdement sur les femmes victimes et, malgré des politiques publiques plus largement nourries d’intentions et d’outils d’inspiration féministe, la gestion familialiste de la protection des femmes victimes débouche aujourd’hui sur un bilan très en demi-teinte.

Les années qui ont précédé #MeToo puis celles qui suivent ce mouvement, marquées par un renouveau du droit et une judiciarisation des violences perpétrées en particulier dans l’intimité, laissent les politiques publiques encore au milieu du gué.

Références : 

Badouard, Romain. 2017. Le désenchantement de l’internet. Désinformation, rumeur et propagande. Présence/Questions de société. Limoges: FYP Editions.

Burke, Tarana. 2021. Unbound. My Stry of Liberation and the Birth of the Me Too Movement. Flatiron Books: An Oprah Book.

Davis, Angela Y. 1983. Women, Race & Class. New York: VIntage Books. A Division of Random House.

Défenseur des droits, Nathalie Bajos, Catherine Cavalin, Martin Clément, et Manon Brocvielle. 2018. « Conditions de travail et expériences des discriminations dans la profession d’avocat·e en France ». Paris: Défenseur des droits.

Jouanneau, Solenne. 2022. « Une protection sous conditions. Les magistrat·es de la famille face à la lutte contre les violences masculines dans le couple ». Mémoire original présenté pour l’Habilitation à Diriger des Recherches, Paris: Université de Paris.

Jouët, Josiane, Katarina Niemeyer, et Bibia Pavard. 2017. « Faire des vagues. Les mobilisations féministes en ligne ». Réseaux, n o 201: 21‑57.

Le Magueresse, Catherine. 2022. « À la recherche d’un effet #MeToo sur le monde du droit in Catherine Cavalin, Jaércio da Silva, Pauline Delage, Irène Despontin

Lefèvre, Delphine Lacombe, Bibia Pavard (dir.) ». In Les violences sexistes après #MeToo, 97‑112. Paris: Presses des Mines.

Levine, Barry, et Monique El-Faizy. 2019. All the President’s Women: Donald Trump and the Making of a Predator. Hachette UK.

Mendes, Kaitlynn. 2022. « #MeToo, selfies et mèmes : une exploration des récits numérisés des violences sexuelles in Catherine Cavalin, Jaércio da Silva, Pauline Delage, Irène Despontin Lefèvre, Delphine Lacombe, Bibia Pavard (dir.) ». In Les violences sexistes après #MeToo, 23‑36. Paris: Presses des Mines.

Mour, Chloé, et LIinda Sehili. 2022. « Après #MeToo,l’État est-il devenu un employeur exemplaire ? in Catherine Cavalin, Jaércio da Silva, Pauline Delage, Irène Despontin Lefèvre, Delphine Lacombe, Bibia Pavard (dir.) ». In Les violences sexistes après #MeToo, 113‑27. Paris: Presses des Mines.

Pavard, Bibia. 2017. « Faire naître et mourir les vagues : comment s’écrit l’histoire des féminismes ». Itinéraires [En ligne], 1‑17.

Springora, Vanessa. 2022. « Le soutien du mouvement #metoo, cette solidarité invisible, anonyme, m’a littéralement portée ». Le Monde, 14 octobre 2022.

Turchi, Marine. 2019. « #MeToo dans le cinéma : l’actrice Adèle Haenel brise un nouveau tabou ». Mediapart, 3 novembre 2019. https://www.mediapart.fr/journal/france/031119/metoo-dans-le-cinema-l-actrice-adele-haenel-brise-un-nouveau-tabou.

Evaluer les politiques pénales en France et aux Etats-Unis

Entretien avec Aurélie Ouss, professeure invitée au LIEPP en 2022
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Droits réservés.Aurélie Ouss est professeure au département de criminologie de l'Université de Pennsylvanie. Ses recherches portent sur la manière dont une bonne conception des institutions et des politiques de justice pénale peut rendre l'application de la loi plus équitable et plus efficace. Elle est aujourd'hui chercheuse affiliée au LIEPP, après avoir été professeure invitée du laboratoire en 2022. 

  • La réforme de notre système judiciaire est au cœur du débat public depuis plusieurs années. Pourquoi est-il important aujourd’hui d’évaluer le fonctionnement de nos institutions judiciaires et la pertinence de nos politiques de justice pénale?

Je suis économiste de formation et j’ai commencé à m’intéresser à la justice en me posant des questions d’évaluation des politiques publiques. La plupart des discussions sur les réformes de la justice sont assez normatives; elles affirment qu’il faut agir d’une certaine façon parce que c’est ce que méritent les personnes qui ont commis des crimes, ou parce qu'une politique particulière (ex: des peine plus longues, plus de déploiement de la police) pourrait réduire la criminalité. Dans ma recherche j’essaye de savoir si ces politiques fonctionnent vraiment. Je cherche à répondre à des questions causales sur l’effet de différentes politiques pénales.
Apporter une approche plus quantitative d’évaluation des politiques publiques dans le domaine de la justice peut nous aider à voir les effets escomptés des politiques qu’on développe et donc à mieux atteindre les objectifs de politique publique qu’on se fixe.

Pouvez-vous nous donner des exemples de recherches que vous avez menées sur l’évaluation des politiques pénales ?

En tant qu’économiste je peux réfléchir aux coûts et aux bénéfices escomptés des différentes politiques qui sont développées. Dans ma recherche j’ai étudié aux Etats-Unis les politiques pénales mises en place lorsqu’une personne est accusée pour l’encourager à venir à son procès. Il existe différents outils dans l’arsenal législatif américain pour qu’une personne vienne à son procès. J’ai pris comme fixe l’objectif qu’une personne vienne à son procès et j’ai observé les outils qui existent et qui pourraient exister pour atteindre cet objectif. J’évalue ainsi l'efficacité de différents outils.

L’outil le plus souvent utilisé aux Etats Unis est la caution financière. Une personne peut sortir de détention provisoire en échange d’une caution mais elle perd cet argent si elle ne se présente pas aux dates de son procès. J’ai interrogé l’efficacité de ces cautions financières, qui se basent sur l’idée que les personnes pourraient être motivées à se rendre à leur procès pour ne pas perdre d’argent. J’ai pu étudier une politique qui a consisté à réduire l’utilisation des cautions financières pour certains délits. En comparant si les personnes qui ont bénéficié de cette réduction d’utilisation des cautions financières viennent à leur procès à des taux différents des personnes qui ne sont pas concernées par cette politique; on trouve que cela n’a aucun effet sur le fait que les personnes assistent ou non à leur procès.

Ce résultat peut paraître contre-intuitif : dans un modèle économique, si un prix financier est mis à ce qu’une personne vienne, on se dit que la personne viendra pour ne pas perdre d’argent. Cette recherche est utile parce qu’elle montre que quelque chose qu’on prend pour acquis, l’effet de l’argent comme contrainte, ne fonctionne pas forcément.

La seconde question posée dans le cadre de ma recherche a été de comprendre pourquoi les gens ne viennent pas à leur procès. J’ai testé une autre intervention qui consiste à envoyer des SMS de rappel aux personnes à mesure que leur date de procès se rapproche. Là on trouve que si on rappelle la date du procès aux personnes, elles sont plus à même de venir.

Dans cet exemple, ce qui doit être fait n’est pas forcément le but de la recherche. Le but est d'évaluer le fonctionnement de la politique publique mise en place. Je vois mon rôle de chercheuse en sciences sociales comme celui d’interroger si un objectif est atteint ou non et d’élargir le champ de recherche par rapport à ce que les politiques pénales prendraient en compte spontanément.

  • D’après vos recherches sur le système pénal États-Uniens, en quoi les politiques de justice pénale peuvent-elles être discriminantes ?

Si l’on observe l’expérience pénale aux Etats-Unis d’un point de vue macro, elle touche tout particulièrement les hommes, les personnes noires et surtout les hommes noirs. On ne peut pas se poser la question des politiques pénales aux Etats-Unis sans prendre en compte la concentration socio-démographique (raciale, économique, genrée) touchée par ces politiques pénales.

Les économistes n’ont pas forcément les outils les plus développés pour traiter finement des questions de l’ampleur, des causes et des conséquences des discriminations ethno-raciales. Dans mes projets, j’essaye de comprendre comment différentes réformes judiciaires peuvent impacter ces écarts de traitement en les augmentant, en les réduisant ou en les maintenant.

Il y a cependant des questions importantes pour lesquelles les économistes ne sont pas assez bien équipés, comme comprendre pourquoi il existe à cette échelle une telle prévalence de personnes d’un certain groupe impactées par les politiques pénales. Est-ce qu’à cause des inégalités on voit une implication dans la criminalité d’une partie de la population et/ou est-ce que les comportements discriminants des policiers, des procureurs, des juges, des avocats, etc.. impactent la criminalisation d’une partie de la population ?

Pour l’instant j’ai beaucoup parlé de mes recherches aux Etats-Unis mais ce qui m’intéresse évidemment serait de pouvoir prolonger ce genre de projet en France. J’aimerai aborder à la fois l’évaluation des politiques pénales (ce que j’ai fait en France en étudiant par exemple l’effet des journaux télévisés sur les décisions des jurés et des juges professionnels) mais aussi m’intéresser à la question des discriminations en France. Mon expérience en tant que professeure invitée au LIEPP a été l’occasion d’échanger avec d’autres chercheurs, à la fois en économie, des personnes avec qui j’avais déjà pu travailler (Roberto Galbiati, Arnaud Philippe), mais aussi d’autres chercheurs comme par exemple Thomas Léonard que j’ai pu rencontrer au cours de la Journée d’étude Criminalité & Justice : nouvelles perspectives en termes d'inégalités.

Cette journée d’étude interdisciplinaire a été très utile parce qu’il y avait des sociologues, des économistes, des politologues […] qui partageaient leurs perspectives et leurs travaux dans le domaine.

Je suis en train de lancer un projet interdisciplinaire pour comprendre les discriminations dans les décisions de justice (projet SoDeJuPe), à la fois au niveau des juges professionnels et des jurés d'assises. Mon expérience au LIEPP a été une excellente opportunité de lancer cette recherche interdisciplinaire et d’en apprendre plus sur les politiques pénales en France. Ce projet vient d'obtenir un financement dans le cadre de l'appel à projets du LIEPP en évaluation des politiques publiques: la collaboration avec le LIEPP va donc se poursuivre !

LIEPP DANS LES MEDIAS - NOVEMBRE 2022

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Axe discriminations et politiques catégorielles

Axe évaluation de la démocratie

Axe évaluation des politiques socio-fiscales

Axe politiques éducatives 

Axe politiques de santé 

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Qui peut encore acheter un logement proche d’un bon collège ?

Séminaire de l'axe Politiques éducatives. 13 décembre. 17h - 18h30.
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L'axe Politiques éducatives du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

Qui peut encore acheter un logement proche d’un bon collège ? Accès à la propriété et sectorisation scolaire dans la métropole parisienne

13 décembre. 17h - 18h30

Lieu : Sciences Po, 1 place St Thomas d'Aquin, 75007 Paris

Salle : Salle d'innovation du LIEPP

Inscription obligatoire 

Intervenants : 

  • Marco Oberti (Sciences Po - CRIS et LIEPP)
  • Quentin Ramond (Institut d’études urbaines et territoriales, Université catholique du Chili)

Résumé : 

Nous analysons la relation entre l’accession à la propriété et deux dimensions des inégalités scolaires : la distribution des ménages entre les secteurs scolaires et l’offre de collège public et privé de proximité permettant d’activer les stratégies d’évitement. L’analyse empirique s’appuie sur le traitement de la Base d’informations économiques notariales (BIEN, 2006-2015) que nous apparions avec la carte scolaire de Paris et des départements de la petite couronne et les caractéristiques des collèges. Les résultats montrent que les écarts de prix immobilier en fonction de la qualité du collège public local ont augmenté de manière significative. Par conséquent, les ménages à bas revenus sont de plus en plus exclus du marché de l’accession, et tout particulièrement dans les meilleurs secteurs scolaires, tout comme une frange des classes moyennes qui s’est progressivement reportée sur le marché immobilier dans les secteurs scolaires peu attractifs. Les catégories supérieures ont consolidé leur accès à la propriété dans toute la métropole parisienne, y compris dans les secteurs scolaires les plus valorisés. Finalement, cette étude montre que la sectorisation scolaire joue un rôle clef dans la reproduction des inégalités sociales, puisqu’elle affecte la qualité de l’établissement de scolarisation des enfants et les possibilités d’accumulation patrimoniale, ce qui pose des défis complexes pour les politiques publiques.

“La recherche expérimentale au service de l’éducation”, conférence de lancement du programme IDEE

Conférence de l'axe politiques éducatives, 28/11, 9h - 18h30
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L'axe Politiques éducatives du LIEPP est ravi de vous inviter à la conférence : 

La recherche expérimentale au service de l'éducation 

Le Lundi 28 novembre, 9h - 18h30, en présentiel 

Lieu : Lycée Pierre-Gilles de Gennes 13 rue Pirandello, 75013 Paris.

Inscription obligatoire

Résumé : 

Le 28 novembre 2022 se tiendra la conférence de lancement du programme “Innovations, Données et Expérimentations en Éducation" (IDEE) intitulée “La recherche expérimentale au service de l’éducation”. La conférence est organisée par le J-PAL Europe, la Direction générale de l’enseignement scolaire et le Conseil scientifique de l’éducation nationale, du Ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse.

En présence de Monsieur Pap Ndiaye, Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, et de Madame Esther Duflo, prix Nobel d’économie et co-directrice de J-PAL, la journée aura pour objectif de créer des temps de partage de connaissances, et de retour d’expérience, autour de la recherche expérimentale en éducation.

Qu’il s’agisse de la réduction des inégalités scolaires, de l’amélioration des compétences en sciences ou encore du renforcement des compétences socio-émotionnelles des élèves, l’expérimentation scientifique peut en effet aider à identifier des solutions efficaces s’appuyant sur l’expertise des chercheurs et chercheuses, mais aussi sur celle des cadres, personnels et partenaires de l’Education nationale.

Le programme IDEE, financé par le Programme d’investissements d’avenir via l’Agence nationale de la recherche, est porté par l’université PSL et mis en œuvre par le J-PAL Europe, avec de nombreux laboratoires partenaires. Il vise à soutenir le développement de  la recherche expérimentale au service de l’éducation et à promouvoir l’utilisation des résultats produits pour nourrir les politiques publiques et les pratiques professionnelles. 

Le LIEPP prend part dans le volet consacré aux outils méthodologiques et aux instruments de mesure pour la recherche expérimentale par le développement de protocoles de recherche et de mesure partagés. Il se focalise plus particulièrement sur la mesure des dimensions parentales en éducation.

La conférence aura notamment pour objectif : de présenter les enjeux, méthodes et résultats de la recherche expérimentale en éducation ; d’échanger avec l’ensemble des participants sur l’intérêt et les modalités pratiques pour mener à bien des expérimentations scientifiques ; et de débattre des agendas de recherches et d’actions à la croisée des enjeux de politiques publiques, de terrain et de recherche.

Programme détaillé 

Parliamentary Stayers in Western Democracies: Mind the Gender-Gap in Political Endurance

Discriminations and Category-Based Policies, co-organized with the CEE, 22 Novembre, 12:30 - 14:00
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LIEPP's Discriminations and category-based policies research group and the CEE are pleased to convene this seminar : 

Parliamentary Stayers in Western Democracies: Mind the Gender-Gap in Political Endurance 

Tuesday 22 Novembre, 12:30 - 14:00, hybrid event (Zoom or in person)

Location : Sciences Po, 1 place Saint-Thomas d'Aquin 75007 

Room : Salle K.011

Mandatory registration 

Speaker : 

Ragnhild Louise Muriaas is a Professor of Political Science at the Department of Government, University of Bergen

Earlier this year Ragnhild Louise Muriaas started a project funded by The European Research Council (ERC-Consolidator) with the title “Gender-Gap in Political Endurance: a novel political inclusion theory” (SUCCESS). The paper discuss the novelty of the concept of political endurance and aims to establish how the size of a gender gap in political endurance varies over time and countries in western democracies.Ragnhild Louise Muriaas obtained her PhD in comparative politics at the University of Bergen in 2008. Her research concerns questions of politics and gender with a focus on representation, political careers, and political financing. She was the PI of a large FRIPRO project financed by the Research Council of Norway called “Money Talks: Gendered Electoral Financing in Democratic and Democratizing States” (2016-2021) and she is currently also a research partner in a project on gender aspects of political violence.

She has published four books—one monography, two edited volumes and a text book, and she has published articles in such journals as the American Political Science Review, Comparative Political Studies, African Affairs, Political Studies and International Political Science Review. From 2017 to 2021 she served as the Vice Dean of Research at the Faculty of Social Sciences and the leader of the board at the Centre for Women's and Gender Research (SKOK) at the University of Bergen. She is a visiting scholar at LIEPP this semester and will join the Center for European Studies and Comparative Politics in the Spring.

Discussant : 

Abstract : 

Based on research conducted by Ragnhild Louise Muriaas and Torill Stavenes

Read the paper : Parliamentary Stayers in Western Democracies: Mind the Gender-Gap in Political Endurance 

Read the presentation 

The scholars study how gender shapes political endurance in parliaments, building on the research documenting how newcomers are disadvantaged their first term in office, while senior members enjoy certain privileges. Thus, if there are gender gaps in political endurance women could face more barriers than men in getting their job done as representatives. They put forward three different measures to study gender gaps in political endurance to find out if, how and when men are more likely than women to be a parliamentary stayer. Studying the endurance of all parliamentarians in 10 western democracies from 1965 to 2021 they show that there are gender gaps in political endurance across the different measurements, but that gender gaps are particularly apparent if they concentrate on those that have served as parliamentarians for three or more terms.

For more information, read LIEPP's interview with Ragnhild Muriaas "Why endurance matters to assess the gender gap in political representation"

Ouvrage "Portraits de travailleuses handicapées"

Disponible en open access
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L'axe Discriminations et politiques catégorielles du LIEPP a le plaisir de vous annoncer la sortie de l'ouvrage : 

Portraits de travailleuses handicapées

réalisé sous la direction de Mathéa Boudinet et Anne Revillard.

L'ouvrage Portraits de travailleuses handicapées est disponible en open access aux Editions science et bien commun. 

Pour télécharger le PDF, cliquez ici.

Résumé : 

Marginalisées sur le marché du travail, les femmes handicapées font face à de multiples difficultés : limitations liées à l’état de santé, discriminations, inadaptation des environnements de travail, mais aussi contraintes liées à la division sexuée du travail. Préparé dans le cadre d’une recherche sociologique participative, cet ouvrage vise à rendre compte de ces réalités et de ces difficultés, mais aussi de la résilience, de la ténacité et de la créativité des femmes en prise avec ces obstacles. Les 24 portraits ici réunis mettent en lumière leurs initiatives, bricolages, négociations, en bref leur agentivité pour se faire une place sur le marché du travail et dans la société.

LIEPP DANS LES MEDIAS : OCTOBRE 2022

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Axe évaluation de la démocratie 

Axe évaluation des politiques socio-fiscales

Axe politiques éducatives 

Axe politiques de santé 

Axe politiques environnementales 

 

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Journée de restitution Projet REF-SANTE

Journée de restitution de l'axe Politiques de Santé
11 novembre, 10h-18h

L'axe Politiques de santé du LIEPP a organisé une journée de restitution :

Journée d'étude autour du projet REF-SANTE.

Vendredi 11 novembre à Londres. 

Résumé du projet : 

La réforme des études de santé, inscrite dans la loi du 24 juillet 2019 et en vigueur depuis la rentrée 2020, met fin à la Première Année Commune aux Études de Santé (PACES) et au numerus clausus. Le projet REF-SANTE vise une analyse scientifique de la réforme depuis sa conception jusqu’à sa mise en œuvre. L’évaluation porte à la fois sur le contexte de la décision politique et sur son impact sur les universités et ses usagers, notamment les inégalités de réussite et d’expérience étudiante.

Programme : 

10h-10h45 : Acceuil et introduction 

10h45-11h : Alice Oliver (Université de Lille / CRIS) et al. "The enactment and reception of the French reform of  medical studies"

11h05-11h30 : Q&A

11h55-12h10 : Kath Woolf "Social background and medical school choice in the UK"

12h15-12h30 : Claudia Finger "Stratified diversity? Application strategies and admission chances for medical schools in Germany"

12h35-13h00 : Q&A 

14h00-14h15 : Sally Curtis, Heather Mozley "Bursting bubbles: Exploring discourses, perceptions and experiences of widening participation in two UK medical schools"

14h20-14h35 : Anouk Wouters "How moving from lottery-based admissions to selection-based admissions impacted student diversity in the Netherlands"

14h35-14h50 : Q&A 

15h15-15h30 : Léon Marbach & Agnès van Zanten "Applications and admissions in French medical studies"

15h35-15h50 : Paul Tiffin "Equality implications of selection to medicine on non-cognitive factors"

15h55-16h20 : Q&A 

16h40-18h00 : Collaboration and Special Edition planning

Journée (In)Justices environnementales et climatiques

Journée d'étude de l'axe Politiques environnementales. 5 décembre. 9h00 - 18h
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L'axe Politiques environnementales du LIEPP et le Centre des Politiques de la Terre sont ravis de vous inviter à la journée d'étude : 

Journée (In)Justices environnementales et climatiques : 

Les justices au coeur de la transition sociale et écologique des territoires

Lundi 5 décembre, 9h00 - 18h, en présentiel 

Lieu : Amphithéâtre Albert Sorel, 27 rue Saint Guillaume, 75007 Paris

Compte rendu de la journée d'étude "Les justices au cœur de la transition sociale et écologiques des territoires : Journée (in)justices environnementales et climatiques"

Résumé : 

Les inégalités socio-écologiques sont au cœur des enjeux de transition sur les territoires. Or en se centrant sur les objectifs d’atténuation et en négligeant relativement les questions d’adaptation au changement climatique, les politiques de transition exacerbent les inégalités. Cependant, des mobilisations variées en configurations, en modes d’interpellation, ou encore en publics, innovent en lien avec les acteurs publics dans un esprit de justice sociale et de solidarité. Cette journée, organisée à la suite du projet de recherche CIVIC ACT 2, explore les manières selon lesquelles action collective et publique se ressaisissent des réponses à apporter aux crises sociale et environnementale à l’échelle des territoires habités dans un esprit de justice sociale et de solidarité collective. Cette journée de recherche porte sur les justices environnementale et climatique, au cœur de la transition des territoires. 

Programme :

9h00 : Accueil

9h30 – 11h : Richesse de l'action collective dans la transition

Intervenant·es : Camille Arnodin (directrice d’études qualitatives), Charles Aurouet (Chargé de mission Habitat et renouvellement urbain. Service politique de la ville - DDCT), Léa Billen (Université de Nanterre), Elisabeth Lehec (Chargée de mission, Ville de Paris), Hugo Rochard (Ladyss, Université Paris Cité)

Discutante : Laurence Grandchamp (MCF Université de Strasbourg)

11h20 – 13h : La démocratie locale aux prises avec la crise climatique

Intervenant·es :

Laurent Monnet (Maire adjoint à la transformation écologique Saint-Denis,Plaine Commune,Président de l’ALEC), Thomas Lamarche (Université Paris Cité), Sylvain Raifaud (Conseiller municipal et métropolitain de Paris), Stéphane Vincent (Délégué général de la 27ème région), et sous réserve Bernard Prieur (élu Ivry-sur-Seine)

Discutante : Léa Billen (Université de Nanterre)

13h – 14h30 : Déjeuner

14h30 – 16h : Enjeux de justices et inégalités sociales, environnementales et climatiques

Intervenant·es : Nathalie Blanc (CNRS, Université Paris Cité), Jean Chiche (Sciences Po), Laurence Grandchamp (Université de Strasbourg), Eloi Laurent (OFCE), Samuel Rufat (CY Cergy-Pontoise)

Discutante : Caroline Gallez (Université Gustave Eiffel)

16h20 – 17h30 : Regards croisés sur quatre territoires engagés dans la transition 

Intervenant·es : Diego Antolinos-Basso (CEVIPOF-médialab, Sciences Po), Nathalie Blanc (CNRS, Université Paris Cité), Jean Chiche (CEVIPOF, Sciences Po), Caroline Gallez (Université Gustave Eiffel), Eléonore Genest (LIEPP)

18h00 : Cocktail et buffet

Newsletter du LIEPP - octobre 2022

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L’économie du savoir-être

Séminaire de l'axe Politiques éducatives. 1er décembre, 17h - 18h30
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L'axe Politiques éducatives du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

L'économie du savoir-être 

Reporté au jeudi 1er décembre (initialement le 24 novembre), 17h - 18h30, en présentiel 

Lieu : Sciences Po, 27, rue Saint Guillaume, 75007 Paris

Salle : Amphi Jeannie de Clarens

Inscription obligatoire

Intervenants : 

Résumé : 

Toutes les études internationales le montrent, les Français se démarquent par un faible niveau de confiance en soi, de sentiment d’efficacité personnelle, de persévérance et de coopération. Aux racines du phénomène, un système éducatif qui se focalise uniquement sur les facultés intellectuelles et néglige la relation à soi et aux autres. Résultat, nos élèves sont plus anxieux qu’ailleurs, craignent d’être considérés comme incompétents en cas d’échec, considèrent la réussite scolaire comme innée, et reculent devant l’obstacle et l’inconnu.

Dans ce séminaire, nous présentons une synthèse des recherches montrant qu’ un tel déficit de compétences sociales et comportementales a un impact élevé sur la réussite et les inégalités scolaires, l’insertion et la vie professionnelles et, plus généralement sur l’innovation et la réussite économique. Ces recherches sont présentées dans notre livre « L’économie du savoir-être », co-écrit par Elise Huillery et Yann Algan (Presses de Sciences Po 2022).

“Saturé de genre” : Affirmer ou minimiser le genre dans les papiers d'identité

Séminaire de l'axe Discriminations et politiques catégorielles.
10 novembre, 12h30 - 13h30
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L'axe Discriminations et politiques catégorielles du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

“Saturé de genre” : Affirmer ou minimiser le genre dans les papiers d'identité

Jeudi 10 novembre, 12h30 - 13h30, format hybride

Lieu : Sciences Po, 1 place St Thomas d'Aquin, 75007 Paris

Salle : Salle d'innovation du LIEPP 

Inscription obligatoire pour assiter au séminaire à distance / en présentiel 

Intervenante : 

Abigail Saguy (UCLA)

Discutante : 

Lila Braunschweig (SciencesPo)

Résumé : 

La littérature des mouvements sociaux identifie un dilemme auquel les personnes militantes se confrontent entre les principes d'affirmation et de déconstruction de l'identité de genre. S'appuyant sur des entretiens approfondis avec 87 personnes militantes de diverses perspectives politiques, cette recherche montre qu'en discutant des documents d'identité, les progressistes ont adopté une approche pragmatique qui reconnaissait à la fois les avantages et les inconvénients d’une telle forme de reconnaissance. Elles ont exprimé leur soutien à la fois aux initiatives qui fourniraient des options supplémentaires de marqueurs de sexe/genre sur les pièces d'identité et à celles qui supprimeraient complètement les marqueurs de sexe/genre des pièces d'identité. Cette recherche soutient que les progressistes ont facilement perçu les inconvénients de la reconnaissance dans le cas des pièces d'identité parce que ce contexte—plus que d'autres—suscite des inquiétudes concernant la réglementation et la surveillance de l'État. Les personnes militantes conservatrices, qui préconisent de limiter le pouvoir du gouvernement dans d'autres contextes, étaient moins susceptibles que les progressistes de soutenir l'idée de supprimer les marqueurs de sexe/genre des pièces d'identité du gouvernement, faisant appel à d'autres priorités pour justifier cette position. Ensemble, ces résultats soulignent à quel point les préoccupations pragmatiques motivent les personnes militantes. Ils montrent également comment l'orientation politique et le contexte social façonnent les préférences pour mettre l'accent sur le sexe/genre plutôt que de le réduire.

 

Sur la base de l'article Too full of gender : How activists conceptualize the promises and pitfalls of gender-neutral identity documents. 

Annexe 1. 

Annexe 2. 

Handicap, genre et emploi : regards croisés

Journée d'étude de l'axe Discriminations et politiques catégorielles
8 novembre, 9h15-17h15
  •  Illustration Kate McDonnel, 2022 Illustration Kate McDonnel, 2022

L'axe Discriminations et politiques catégorielles du LIEPP a le plaisir de vous inviter à la journée d'étude : 

HANDICAP, GENRE ET EMPLOI : REGARDS CROISÉS

Mardi 8 novembre, 9h15-17h15, format hybride

Lieu : Salle 910, 9 rue de la Chaise, Paris 7ème 

Compte rendu de la journée "Handicap, genre et emploi : Regards croisés"

Résumé : 

Journée de restitution et d’échanges autour du projet de recherche participative « Handicap, genre et précarité professionnelle : parcours biographiques et réception de l’action publique », financé par la FIRAH et l’Agefiph et mené à Sciences Po (CRIS-LIEPP) sous la direction d' Anne Revillard. Cette journée donnera lieu à des échanges autour du projet avec des chercheur.e.s, des personnes concernées et des acteurs publics et associatifs.

La recherche visait un double objectif : une meilleure connaissance des facteurs de précarisation professionnelle des femmes handicapées, et l’identification de pistes d’amélioration de l’action publique à partir de l’expertise expérientielle des personnes. Elle a été conçue en étroite relation avec six associations du secteur qui partagent un engagement commun en faveur de l’emploi des personnes handicapées, tout en ayant des formats et des spécialisations complémentaires : LADAPT, Agefiph, apiDV, APF-France handicap, Femmes pour le Dire Femmes pour Agir (FDFA), Fibromyalgie France.

Pour plus de renseignements, consultez la page du projet.

Programme prévisionnel : 

 9h20 - Mots d’accueil par Cécile Vallée (Chargée de développement, FIRAH) et Christophe Roth (Président de l’Agefiph)

9h30 - Handicap, genre et précarité professionnelle : une recherche participative et appliquée

Cette session revient sur la démarche participative du projet. Les associations partenaires ont été impliquées à toutes les étapes du projet, de la conception au questionnement à la diffusion des résultats, selon un triple rôle : expertise, relai, et opérationnalisation des savoirs. La recherche a ainsi vocation à produire des savoirs utiles pour la pratique.  

 - Présentation générale du projet par Cécile Vallée (Chargée de développement, FIRAH)

 - Présentation du cadre scientifique du projet par Anne Revillard (Professeure associée en sociologie, Sciences Po - CRIS et LIEPP)

 - Retours d'expériences des associations sur leur participation au projet, par Carole Saleres (APF - France handicap) et Carole Robert (Fibroymalgie France)

 - Résultats et valorisation, par Mathéa Boudinet (Doctorante en sociologie, Sciences Po, CRIS-LIEPP)

 - Dimension appliquée du projet, par Véronique Bustreel (Agefiph)

10h30 - Handicap, genre et travail : quelles données ?

Cette session revient sur les données qualitatives et quantitatives disponibles ou à produire pour investiguer l'articulation entre handicap genre et travail.

- Insertion professionnelle selon le handicap et le sexe, par Marc Collet (Responsable du suivi de l'insertion professionnelle des personnes handicapées, Ministère du Travail - Dares)

- Les données disponibles et manquantes, par Arnaud Lenoir (Agefiph)

- Présentation de l'ouvrage « Portraits de travailleuses handicapées », par Anne Revillard et Mathéa Boudinet (CRIS-LIEPP)

11h30 - Handicap, genre et accès à l’emploi

Quelles sont les difficultés d'accès à l'emploi des personnes handicapées et notamment des femmes ? Cette session croise les points de vue des chercheuses, d'une spécialiste de l'accompagnement vers l'emploi et de femmes directement concernées

- Handicap et division du travail au sein des couples, par Célia Bouchet (Postdoctorante en sociologie, Mission pour la place des femmes, CNRS, associée CRIS).

- Discrimination dans l'accès à l'emploi en raison du handicap, par Naomie Mahmoudi (Postdoctorante au CNAM, chercheuse affiliée au laboratoire de recherche ERUDIT)

- Accompagner vers l’emploi, par Déguène Alix (APF - France handicap)

- Témoignages de créatrices d’entreprise

13h – 14h30 – Pause déjeuner

14h30 - Handicap et genre au travail

Comment se joue l'articulation entre handicap et genre dans les expériences au travail ? Une fois en emploi, à quels obstacles les femmes handicapées doivent-elles faire face ? Quels sont les dispositifs publics et les pratiques des entreprises pour favoriser leur accompagnement ? Comment les faire évoluer ?  

- L’endométriose, un enjeu de santé au travail, par Alice Romerio (Postdoctorante Gis-CREAPT, Ceet-CNAM, Cresppa)

- Barrières systémiques à l’insertion professionnelle : entre handicap, genre et culture, par Audrey Dupont (Postdoctorante Université de Montréal/CHU Ste-Justine - Université du Québec à Rimouski)

16h15 – Handicap, genre et politiques de l’emploi

Cette session ouvre un débat sur les recommandations issues de cette recherche participative et des autres travaux présentés au cours de la journée : comment améliorer l'accompagnement des femmes handicapées vers et dans l'emploi ?  

 - Quelles recommandations à l'issue de cette recherche, par Mathéa Boudinet (Doctorante en sociologie, Sciences Po - CRIS et LIEPP)

 - Présentation de l’action de FDFA en matière d’emploi, et apports de cette recherche pour la réflexion et l’action associatives, par Claire Desaint (Vice-présidente de Femmes pour le Dire Femmes pour Agir, FDFA)

Retour vidéo sur cette journée (Réalisation Thomas Arrivé, Sciences Po). 

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Newsletter du LIEPP - septembre 2022

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Prosecutor discretion in courtroom workgroups

Discriminations and Category-Based Policies Seminar - October 6th, 12:30-01:30pm
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LIEPP'S Discriminations and category-based policies Research group is pleased to convene this seminar : 

Prosecutor discretion in courtroom workgroups

Thursday October 6th, 12:30 - 01:30pm

Location : Sciences Po, 1 place St Thomas d'Aquin, 75007 Paris

Room : C.S16

Mandatory registration

Speaker : 

Aurélie Ouss (University of Pennsylvania)

Abstract:

In the United States, prosecutors wield a wide array of discretion in their decisions of whether and how to charge cases, what plea offers to make, and whether to withdraw cases. Their priorities and decision-making processes are often hidden from public view leading some to describe prosecutorial discretion as a “black box”. This discretion could lead to sentencing disparities and coercive practices that undermine fairness and efficacy in the criminal justice system. Guidelines that place constraints on line prosecutor's discretion are one policy lever that head prosecutors can use to address this issue. However, the net effect will depend on how other legal actors, such as judges or defense attorneys, respond to these guidelines. We examine the effect of two internal guidelines, which differed in terms of transparency and precision, on sentencing outcomes. Both policy memos created sizeable decreases in the average sentencing severity; though, they did not change the distribution of sentences. This is partially driven by responses from other legal actors: we show that when concrete targets are offered, defense attorneys compare the “going rate” between prosecutors and judges when deciding how to resolve a case for their defendant. This paper provides empirical evidence that prosecutor guidelines can constrain discretion, but changes in the criminal justice must be considered in the broader context of interconnected decisions.

Read Aurélie Ouss's interview "Evaluer les politiques pénales en France et aux Etats-Unis"

Governing Nutrient Pollution Beyond Farmers

Séminaire politiques environnementales - 8 septembre, 13h00 - 14h30
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L'axe Politiques environnementales du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire:

Governing Nutrient Pollution Beyond Farmers

Le jeudi 8 septembre, 13h00 - 14h30, en présentiel

Lieu: Salle C.S16, 1 place Saint Thomas d'Aquin, Paris 7ème

Inscription obligatoire

Présentation par:

David Kanter (New York university)

Résumé:

Nutrient pollution is one of the most significant environmental issues of our time, driven by the oversupply of fertilizer and manure to agricultural land. Most policies focus on changing farmer behavior, which is extremely difficult, largely ineffective and a major reason why pollution levels continue to rise. A more creative governance framework that can avoid the pitfalls of farmer-focused policies while spurring reductions in agricultural nutrient pollution is critical. Consequently, the core objective of the Governing Nutrient Pollution Beyond Farmers project is to design a new governance framework to address agricultural nutrient pollution in the US and the EU aimed at agri-food system actors beyond the farm capable of influencing farm-level nutrient management – from fertilizer companies to multinational retailers. Doing so would shift the regulatory burden away from the farmer and transform an intractable non-point source problem into a series of more manageable point source approaches.

Politiques climatiques et énergétiques du "Plan Vert" européen

Séminaire politiques environnementales - 15 septembre, 17h00 - 18h30
This seminar will be in English
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L'axe Politiques environnementales du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire:

Politiques climatiques et énergétiques du "Plan Vert" européen 

Présentation en anglais - This seminar will be in English

Le jeudi 15 septembre, 17h00 - 18h30, en présentiel

Lieu: Salle K008, 1 place Saint Thomas d'Aquin, Paris 7ème

Inscription obligatoire

Présentation par:

Marc Ringel (European Chair for Sustainable Development and Climate Transition, Sciences Po)

Résumé:

L'ambition du "Plan Vert" européen de décarboniser l'UE d'ici 2050 et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % jusqu'en 2030 renforce le niveau d'ambition des politiques climatiques et énergétiques de l'UE. Les propositions législatives visant à accroître l'efficacité énergétique et à renforcer l'utilisation des énergies renouvelables ("paquet Fit for 55") ont été renforcées à la lumière des préoccupations actuelles en matière d'approvisionnement énergétique et complétées par des objectifs nationaux volontaires d'économie de gaz naturel. Du point de vue de la politique climatique et énergétique, cela soulève de nombreuses questions de recherche : Comment et par quelles mesures les objectifs politiques peuvent-ils être traduits en une mise en œuvre efficace des politiques nationales ? Les parties prenantes soutiendront-elles les mesures ambitieuses de decarbonisation ? Quels sont les obstacles et les solutions pour réduire la consommation d'énergie dans le secteur du bâtiment ? À quoi ressemblerait la prochaine génération de mesures politiques dans le domaine de l'efficacité énergétique ? Dans ce séminaire, Marc Ringel (directeur de la Chaire européenne de développement durable et de transition climatique) présentera ses propos de recherche dans le cadre du LIEPP et discutera des options de coopération et synergies avec les autres activités et membres du LIEPP.

Atelier Jeune Recherche (2022-2023)

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Présentation générale de l'atelier

Animation : Anne Revillard

Email: anne.revillard@sciencespo.fr

Volume horaire : 20h (une séance de deux heures par mois de septembre à juin, le lundi de 11h à 13h)

Calendrier prévisionnel 2022-2023 :

Lundi 26 septembre 11h-12h : Introduction de l'atelier (pas de présentation) et présentation de l'équipe administrative du LIEPP pour les lauréats du Programme Jeune Recherche

Lundi 24 octobre 11h-13h

  • Audrey Harroche, CSO Sciences Po, sociologie: “La crise du Covid à l’aune des réformes de l’enseignement supérieur et la recherche. Le cas de la controverse autour de hydroxychloroquine.” 
Lundi 21 novembre 11h-12h30

  • Louise Freulet, UPC, éducation, Titre: “Une division sociale du travail de politisation ? Les jeunesses associatives de l’éducation populaire face aux rapports sociaux de pouvoir” (présentation)
  • Formation : préparer un poster de recherche
Lundi 12 décembre 11h-13h

  • Edgard Dewitte, Sciences Po, économie: "The Historical Roots of Climate Change Denial"
  • Noémie Morize, CSO Sciences Po, Sociologie, “Construire le collectif par la rémunération ? Des professionnels de santé libéraux en prise avec l’exercice coordonné”. 

Lundi 16 janvier 11h-13h:

  • Julie Madon, CSO Sciences Po, Sociologie: Atelier écriture
  • Thomas Delahais, Quadrant Conseil 

Lundi 13 février 11h-14h (Attention, horaire inhabituel)

  • Session de préparation des posters: Tous les participant.e.s à l'atelier doivent avoir envoyé leur poster une semaine à l'avance

Lundi 13 mars 14h-16h (nouvel horaire pour les séances restantes)

  • Echange sur les données de la recherche avec Cyril Heude - Présentation

Guide données de la recherche Sciences Po

Lundi 17 avril 14h-16h 

  • Alain Abena Tsongui, CSO Sciences Po, Socioligie: titre à préciser

Lundi 15 mai 14h-16h

  • Ana Cleaver, URMIS, UPC, Sociologie: “Travailleuses Domestiques et Politiques Publiques: une analyse sociologique des inégalités structurelles au Brésil” (titre à confirmer) (présentation), français
  • Carlo de Nuzzo, Cevipof:  "The binomial of Citizenship. A comparison between France  and Italy, from the rise of Mass Society to the Maastricht Treaty 1919-1992"

 

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Criminalité & Justice : nouvelles perspectives en termes d'inégalités

Journée d'étude le 14 septembre, 9h30 - 17h00
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L'axe Discriminations et politiques catégorielles du LIEPP vous invite à la journée d'étude:

Criminalité & Justice : nouvelles perspectives en termes d'inégalités

Le mercredi 14 septembre de 9h30 à 17h00, en présentiel

Lieu: Salle K011, 1 place Saint Thomas d'Aquin, Paris 7ème

Inscription obligatoire

Programme

Communications en français et en anglais

9h30-10h00: accueil/coffee

10h00-10h45: 

A justice rendered by women for women? What judicial intervention does to gender wealth gap,
Nicolas Frémeaux (Université Paris Panthéon-Assas) et Sibylle Gollac (CRESPPA) - Presentation

10h45-11h30: 

Border Apprehensions and Federal Sentencing of Hispanic Citizens in the United States,
Simone Bertoli (CERDI) - Presentation

11h30-12h15: 

Quand la mobilité des magistrats engendre une inégalité territoriale du traitement judiciaire. Le cas de la justice des mineurs
Thomas Léonard (ENPJJ)

12h15-14h: lunch / déjeuner

14h-14h45: 

Officer-Involved: The Media Language of Police Killings
Aurélie Ouss (UPenn)

14h45-15h30

Why do people commit crime ?, 
Arnaud Philippe (University of Bristol) - Presentation

15h30-16h15: 

Victim or Threat? Shipwrecks, Terrorist Attacks and Asylum Decisions in France
Mathilde Emeriau (LSE) - Presentation

16h15-16h45: farewell coffee

Le LIEPP recrute

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AXE DISCRIMINATIONS ET POLITIQUES CATÉGORIELLES - 12h/mois en 2022/2023

L'Axe « Discriminations et politiques catégorielles » du LIEPP recrute un.e assistant.e de recherche (doctorant.e ou masterant.e) en appui aux activités de l’axe Le Laboratoire Interdisciplinaire d'Evaluation des Politiques Publiques (LIEPP) de Sciences Po recrute un.e assistant.e de recherche (doctorant.e ou masterant.e)  en appui de l'Axe...

En savoir plus

DISPOSITIFS DE FORMATION CONTRE LES DISCRIMINATIONS - CDD 3 mois 

Placé(e) sous la responsabilité de la secrétaire générale du LIEPP et d’une équipe de chercheuses de l’axe « discriminations et politiques catégorielles », vous serez chargé(e) de la réalisation d’une revue systématique de littérature en anglais sur les dispositifs de formation contre les discriminations (anti-discriminatory training)....

En savoir plus

PROJET IDEE - Postdoc 21 mois

Le LIEPP recrute  1 Chercheur(e) postDoctorAl(e) en CDD Le Laboratoire Interdisciplinaire d’Evaluation des Politiques Publiques (LIEPP) recrute un(e) chercheur(e) postdoctoral(e) dans le cadre du programme IDEE (Innovations, Données et Expérimentations en Éducation). Ce programme aide les chercheurs à mener des expérimentations éducatives...

En savoir plus

PRELÈVEMENTS SOCIAUX - CDD 1 à 3 mois

Placé.e sous la responsabilité d’une équipe de recherche de l’axe « politiques socio-fiscales » et de la secrétaire générale du LIEPP, vous apportez votre soutien dans un projet de recherche sur l’évolution des prélèvements sociaux dans le temps. Le travail consiste, à analyser l’évolution des barèmes de prélèvements en comparaison...

En savoir plus

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La « Santé dans toutes les politiques », une démarche encore trop rare en France

Entretien avec Laurence Warin, Lauréate du Programme Jeune recherche du LIEPP
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Lauréate 2021-2022 du programme de soutien à la jeune recherche en évaluation des politiques publiques du LIEPP, Laurence Warin est docteure en droit d'Université Paris Cité (Institut Droit et Santé), où elle a soutenu le 30 mars 2022 une thèse sur l'approche « Santé dans toutes les politiques ».

En quoi consiste l'approche « santé dans toutes les politiques » ?

La « santé dans toutes les politiques » est une approche transversale des politiques publiques qui promeut la prise en compte des enjeux sanitaires dans la prise de décision publique de l’ensemble des secteurs. Selon François Bourdillon, ancien directeur de Santé publique France, le Nutriscore est l’un des meilleurs exemples de l’intégration de la santé dans une autre politique en France. En effet, en accord avec la réglementation européenne, et suite à l'adoption de la loi de modernisation de notre système de santé en 2016, le législateur français a mis en œuvre un dispositif complémentaire d’information nutritionnelle facultatif mais dont la forme est unifiée par la loi. Il s’agit du Nutriscore, une pastille composée d’une lettre et d’une couleur, qui informe les consommateurs sur la qualité nutritionnelle d’un produit. Le produit est ainsi classé sur une échelle à cinq niveaux allant du plus favorable (A) au moins favorable (E) sur le plan nutritionnel. Ce logo a été conçu par l’agence Santé publique France, qui en protège la marque au niveau français et européen et en a établi ses règles d’utilisation. L’objectif est d’améliorer l’information nutritionnelle placée sur les produits pour aider les consommateurs à acheter des aliments de meilleure qualité nutritionnelle, mais on peut aussi s’attendre à ce que ce dispositif incite les industriels à revoir la composition de leurs produits afin de pouvoir apposer un meilleur score sur leur emballage et ainsi attirer les clients. Nous avons là un exemple où deux secteurs sont mobilisés : celui de la santé et celui de la consommation, en vue d’atteindre un objectif commun, l’amélioration de la santé des consommateurs.

  • D'où vient cette démarche ?

L’approche « santé dans toutes les politiques » est le fruit d’une longue réflexion menée au niveau mondial par l’OMS et la plupart des États. Depuis les années 1970, la santé est progressivement appréhendée de façon globale, en lien avec les facteurs qui l’influencent : l’environnement dans lequel on vit, l’emploi que l’on occupe, le réseau social, le logement, mais aussi les comportements que chacun adopte (alimentation, tabagisme, sédentarité, etc.). Avec le développement de diverses notions telles que celle d’environnement favorable à la santé, et celle de promotion de la santé, émerge aussi l’idée selon laquelle on ne peut atteindre un bon niveau de santé de la population uniquement grâce aux soins médicaux ; il apparaît nécessaire d’intégrer les questions de santé dans la conception et l’élaboration des politiques des autres secteurs : éducation, alimentation, transports, etc. C’est en 2006, lors de la Présidence finlandaise de l’Union européenne, que le terme de « santé dans toutes les politiques » est avancé. Puis, plusieurs conférences mondiales chapeautées par l’OMS précisent cette approche, en particulier la Déclaration d’Helsinki sur la « santé dans toutes les politiques », adoptée en 2013. Certains États ont adopté cette approche dans leur législation nationale ou au niveau infranational, par exemple la Californie, l’Australie-Méridionale, le Québec.

  • Quelles sont les limites à sa mise en œuvre en France ?

En France, il n’y a pas de cadre juridique mis en place pour intégrer la santé dans les autres politiques publiques. En effet, aucune règle de droit ne prévoit de prendre en compte, de façon obligatoire ou non, cette question lors de la mise en place des politiques publiques d’autres secteurs. Certes, un principe transversal d’intégration de la santé est inscrit en droit de l’Union européenne, dans le Traité pour le fonctionnement de l’Union européenne, et fait, à ce titre, partie du système juridique français, mais le manque de précision de cette disposition donne peu de résultats concrets au niveau européen, et a fortiori en France.

D’autre part, la France manque de moyens financiers et opérationnels pour mettre en œuvre la « santé dans toutes les politiques ». Par exemple, le Comité interministériel pour la santé, qui existe depuis 2014, présente un potentiel intéressant pour affirmer la place des questions de santé dans d’autres politiques, mais il reste encore très effacé et peu productif.

  • Quel bilan dressez-vous de votre participation au programme jeune recherche du LIEPP ?

Le programme jeune recherche du LIEPP présente de nombreux avantages : faire découvrir les sujets de recherche d’autres jeunes chercheurs, ouvrir à d’autres méthodes de recherche et d’autres disciplines, et parfois échanger sur les éventuelles difficultés que l’on peut rencontrer pendant la thèse. Par exemple, j’ai trouvé très intéressante la démarche qui consiste à ce que chacun donne son avis et ses conseils sur un projet de publication que l’un de nous a choisi de présenter aux autres.

  • Dans les démarches universitaires en évaluation des politiques publiques, la voix des juristes n'est pas forcément très présente. Quelle peut être selon vous leur apport à la démarche d'évaluation ?

Que ce soit au cours d’une évaluation a priori, in itinere ou a posteriori, des questions portant sur la ou les normes impliquées peuvent se poser. Il peut donc être intéressant d’avoir le regard du droit sur les enjeux juridiques qui jalonnent les différentes étapes d’évaluation.

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Séminaire d'intégration du LIEPP 2022

21 et 22 juin 2022
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Mardi 21 juin - Amphi Albert Sorel – 27, rue Saint Guillaume

9h00 – 9h30 : Accueil – café

9h30 - 10h15 : Le LIEPP en 2022 – Anne Revillard (LIEPP / OSC, sociologie)

10h15 - 11h15 : Axe Politiques de Santé

11h15 – 11h30 :  Pause-café 

11h30 – 12h30 : Axe Evaluation de la démocratie

12h30 - 14h00 : Pause déjeuner dans le jardin

14h00 – 15h30 : Axe Politiques éducatives

15h30 – 16h15 : Pause-café et échanges par axe

16h15 – 17h15 : Axe Discriminations et politiques catégorielles

17h30 : Cocktail dans le cloître au 1, place Saint Thomas d’Aquin

 

Mercredi 22 juin - Salle K.011 - 1, place Saint Thomas d'Aquin

13h30 - 15h00 : Axe Politiques sociofiscales

15h00 - 15h45 : Pause-café - Session posters sous les voûtes

15h45 - 16h45 : Axe Politiques environnementales 

17h15 - 18h45 : Visite guidée du quartier de Saint Germain des Prés (départ église de Saint Germain des Prés, arrivée place Saint Thomas d’Aquin).

 

 

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Comprendre les écarts de représentation visible dans les parlements démocratiques

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 À l'occasion des législatives françaises de ce mois de juin, l’équipe du LIEPP (Sciences Po) a échangé avec Laura Morales (Professeure des Universités de Science Politique à Sciences Po) et Claire Vincent-Mory (chercheure post-doctorante au LIEPP) au sujet du projet de recherche Inclusiveparl (Des démocraties inclusives ? Conceptualiser et mesurer la représentation politique descriptive et substantive des groupes sous-représentés dans les parlements démocratiques), pour comprendre comment ses résultats pourraient nourrir les discussions au sujet des candidats à la députation. 

  • Pour commencer, pouvez-vous nous présenter brièvement l’objet de ce projet et son intérêt, dans la perspective des élections législatives à venir ?

Les démocraties représentatives établies font face à une crise de confiance majeure. Cette dernière se manifeste notamment par le sentiment de nombreux citoyens que leurs élus sont détachés des besoins et des demandes de la population qu’ils sont supposés représenter, mais aussi par l’abstention. Cette crise de confiance est bien souvent attribuée (à la fois par les citoyens et par les analystes) à la professionnalisation des représentants élus et au manque d’inclusivité sociale des institutions représentatives. De nombreuses institutions sont concernées par cette aspiration à rendre les lieux de pouvoir plus inclusifs, que ce soit dans le secteur économique (par exemple, les conseils d’administration), social (par exemple, les médias) ou politique. Toutefois, c’est bien dans l’arène politique que la représentation de la diversité de nos sociétés a les effets les plus importants. Les élus constituent non seulement des symboles de l’allocation du pouvoir dans la société, mais ils possèdent également le pouvoir d’agir sur la régulation de la diversité dans les autres sphères de l’espace public.

L’élection massive de députés de La République en Marche en France en 2017 (53% des sièges de l’Assemblée Nationale avaient été gagnés par le nouveau parti créé par Emmanuel Macron) illustre bien cette aspiration : ce succès sans précédent est dû, en partie, à la promesse de renouveler la classe politique, afin de permettre aux citoyens non professionnels de la politique de prendre part à l’action politique nationale. Un élan similaire en faveur du renouvellement politique et d’une plus grande inclusivité s’est produit en Italie et en Espagne au milieu des années 2010, avec notamment l’émergence de nouveaux partis d’opposition puissants (Movimento Cinque Stelle ; Ciudadanos et Podemos). Cependant, quelques années après cette vague de renouvellement des élites législatives nationales, il est difficile de dire dans quelle mesure celle-ci s'est traduite par des changements substantiels en termes d’initiatives et de décisions politiques, de la part des législateurs.

Fort de ce constat, le projet de recherche InclusiveParl tente de répondre à un certain nombre de questions issues des tensions inhérentes à la représentation politique : dans quelle mesure la représentation démocratique aujourd’hui est-elle biaisée ? Y a-t-il un lien entre la présence “visible” d’élus appartenant à des groupes minorisés et les formes de représentation et de mise à l’agenda des intérêts et des causes qui comptent pour ces derniers ? Ce lien varie-t-il selon les pays européens, mais aussi dans le temps ? Pour répondre à ces questions, le projet examine les liens entre la représentation politique descriptive visible de sept groupes sous-représentés (femmes, jeunes, classes populaires, minorités ethniques ou issues des migrations, minorités religieuses, personnes en situation de handicap, et personnes LGBTI+) et leur représentation politique substantive dans quatre parlements nationaux (France, Italie, Espagne et Royaume-Uni).

  • Comment procédez-vous pour étudier ces tensions autour de la représentation politique ?

Depuis l’ouvrage majeur de Hanna Pitkin, The Concept of Representation, paru en 1967, les chercheurs ont traditionnellement établi une distinction entre les formes descriptives, substantives et symboliques de la représentation politique. La représentation descriptive fait référence à la capacité des personnes élues à rendre présentes les personnes absentes, et par voie de conséquences, à se faire le reflet, d’une manière ou d’une autre, de ce qui les caractérise. La représentation substantive ou matérielle, en revanche, exige que les élus agissent au nom des absents en défendant leurs préférences, leurs intérêts, leurs besoins ou leurs demandes. Enfin, la représentation symbolique fait référence à la capacité du représentant à figurer les représentés, à les remplacer sans nécessairement leur ressembler. 

En tenant compte de ces distinctions établies de longue date, la littérature sur les déficits de la représentation descriptive tend à se focaliser sur la question de la “présence”, et à juger de sa qualité à l’aune de cette dernière. Nous affirmons l’importance d’intégrer au débat un élément supplémentaire, seul capable selon nous de juger de la capacité à représenter de manière descriptive un groupe ou d’une catégorie de population : la visibilité. Nous soutenons que la visibilité des formes d’appartenance et des caractéristiques identitaires est une condition nécessaire (bien qu’insuffisante) pour prétendre représenter légitimement un groupe ou une catégorie sociale, d’un point de vue descriptif. Par exemple, une élue politique peut appartenir à un groupe religieux, ou bien avoir une identité de genre ou une orientation sexuelle minoritaires sans que cela ne soit visible dans l’espace public. Dans ce cas, l’invisibilité invalide la prétention à jouer le rôle de représentant politique descriptif de ces groupes, malgré la présence. Nous considérons la visibilité comme le produit de plusieurs mécanismes entrecroisés : les caractéristiques matérielles de l’élu (ce qui est présent), l’agentivité de l’élu (ce qui est présenté) et la perception qu’en a l’électeur (ce qui est perçu).

Sur le plan empirique, le projet procède à l’étude de la représentation politique descriptive en mesurant la visibilité des déclarations d’auto-désignation et des caractéristiques sociales des législateurs élus, au moyen d’une importante base de données établie pour chacun des 4 pays précités depuis les années 1990, à l’aide de protocoles de codage détaillés et exhaustifs destinés à opérationnaliser l’approche de la visibilité que nous proposons. Appréhender la représentation descriptive visible est délicat et requiert une approche non-essentialiste : l’auto-désignation de l’élu ne correspond pas toujours à ce qui est matériellement visible, ni à la perception qu’en ont les électeurs. Par ailleurs, nous étudions la représentation substantive au moyen de l’analyse des questions écrites soumises par les législateurs au pouvoir exécutif, ainsi qu'à l'aide d'une sélection de plusieurs projets de loi affectant tout particulièrement les intérêts des groupes sous-représentés que nous considérons dans ce projet de recherche.

  • Quels sont les résultats de vos recherches, à ce stade, et en quoi peuvent-ils éclairer les enjeux des élections législatives de juin 2022 ?

Nous avons collecté des informations biographiques sur tous les législateurs qui ont occupé un siège dans les chambres basses parlementaires en France (Assemblée Nationale), en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni depuis le début des années 1990 : sexe (apparent), âge, profession exercée avant d'être élu parlementaire, pays de naissance (et celui de leurs parents), nationalité à la naissance, ethnicité autodésignée (le cas échéant), appartenance religieuse (le cas échéant) et, depuis le milieu des années 2000, leurs identités de genre et orientations sexuelles autodésignées, ainsi que les handicaps ou maladies invalidantes déclarées ou visibles (le cas échéant) [1]. Les données recueillies comprennent également un large éventail d’informations relatives aux mandats, aux carrières politiques et partisanes, mais aussi à l’activité parlementaire (comme la participation aux commissions par exemple). Toutes ces informations ont été extraites de sources accessibles librement dans l’espace public : sites web parlementaires, pages web personnelles, réseaux sociaux, interviews dans les médias (papier, audio, télévision ou web), sites d’information généralistes, etc. Grâce à cet ensemble de données biographiques, mais aussi grâce à la mobilisation d’informations issues des statistiques institutionnelles officielles, nous sommes en mesure d’exposer non seulement l’ampleur des écarts de représentation pour chacune des catégories sociales en France, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni, mais aussi de mesurer leur évolution dans le temps, depuis la décennie 1990.

La figure 1 ci-dessous montre l’ampleur des écarts de représentation descriptive visible pour chacun des groupes considérés, entre les députés et la population. Les zones rouges représentent les parts respectives de ces groupes dans la population. Les zones bleues représentent la part des parlementaires visiblement identifiés comme appartenant à chacun de ces groupes au tournant des années 2010 (fin des années 2000 - début des années 2010). Les zones jaunes représentent les parts respectives de parlementaires au cours des législatures achevées les plus récentes.

Figure 1. L’écart entre la part de la population totale et leur représentation descriptive visible à l’Assemblée Nationale (ou chambres basses) en France, Italie, Espagne et au Royaume Uni, pour les deux législatures les plus récentes.


Source: Données du projet InclusiveParl pour les données relatives aux législateurs, différentes statistiques et enquêtes officielles pour les données relatives aux populations. 

Comme nous pouvons le voir sur la figure 1, la représentation descriptive des catégories populaires et des jeunes sont celles qui présentent les écarts les plus importants dans les 4 pays, sans progrès significatif au cours de la période récente. La représentation des femmes s’est améliorée en France comme en Italie au fil des législatures récentes, mais ces deux pays partaient d’une situation particulièrement mauvaise par rapport au cas espagnol par exemple (40% de femmes à l’assemblée déjà en 2011). La chambre des communes britannique reste à la traîne, avec seulement 30% de femmes membres du parlement (35% pour la législature courante 2019-2024).

Pour le cas français, la comparaison entre la forme bleu et la forme jaune signale que la représentation descriptive visible a progressé d’une législature à l’autre. L’évolution significative de l’inclusivité dans l’Assemblée Nationale française, au fil des trois législatures les plus récentes, ainsi que les déficits de représentation restants, sont particulièrement visibles sur la figure 2. Cette dernière présente l’évolution de la présence visible des législateurs par catégorie sociale considérée par rapport aux parts respectives dans la population française. 

S’il apparaît clairement que les partis politiques et les coalitions électorales sont devenus graduellement plus inclusifs à l’égard des femmes et des personnes d’ascendance immigrée, la progression de la visibilité des autres groupes sociaux demeure faible (comme pour les jeunes ou les LGBTI+) voire quasi-inexistante (comme les catégories populaires, les minorités religieuses ou les personnes en situation de handicap).

Figure 2. Les déficits de représentation descriptive visible en France, 2007-2022

Source: Données du projet InclusiveParl 

Pour certains des groupes sociaux considérés, les failles dans la représentation descriptive visible sont dues - jusqu’à un certain point - à l’absence au parlement de législateurs qui en sont issus (comme c’est le cas par exemple pour les femmes, les jeunes ou les catégories populaires). Pour d’autres groupes sociaux en revanche, l’écart s’explique par la faible visibilité voire l’invisibilité de ces marqueurs identitaires ou d’appartenances. Par exemple, il est tout à fait probable qu’un certain nombre de députés français possèdent une ascendance immigrée ou se reconnaissent dans une confession religieuse minoritaire, mais qu’ils soient réticents à l’idée de partager toute information au sujet de leur trajectoire familiale ou de leurs croyances religieuses. De même, il est probable qu’un certain nombre de députés en situation de handicap, ayant une maladie invalidante, une orientation sexuelle ou une identité de genre minoritaire choisissent de ne pas divulguer cette information dans l’espace public. Dans tous ces cas de figure, la décision peut s’expliquer par la conviction que ces informations personnelles relèvent strictement de la sphère privée, mais aussi par la peur des assignations identitaires, du harcèlement médiatique ou sur les réseaux sociaux, ou encore par crainte des conséquences politiques et d’un possible coût électoral. Historiquement marqué par l’injonction républicaine à l’aveuglement aux différences, la notion de laïcité et la stricte séparation entre les sphères privées et publiques, le contexte sociopolitique français demeure particulièrement crispé sur ces sujets, et la crainte d’être accusé de jouer le jeu du communautarisme peut être réelle parmi les élus. 

D’ailleurs, parmi les 12 parlementaires français en activité entre 2017 et 2022, publiquement identifiés comme LGBTI+, 7 l’ont été avant leur élection à la députation (58%), et les 5 autres l’ont été après. De même, parmi les 11 députés français qui ont publiquement assumé un handicap ou une maladie invalidante de longue durée, 4 seulement l’ont fait avant leur élection en 2017. La recherche qualitative sur les députés minoritaires a montré que les raisons susmentionnées sont exprimées de manière récurrente par celles et ceux qui s'abstiennent de partager des informations biographiques personnelles, et les candidats et les élus ont souvent des raisons légitimes de ne pas divulguer d'informations personnelles. Toutefois, les résultats de notre recherche soulignent combien les choix de présentation des élus - ce qu’ils partagent et montrent d’eux publiquement - est une dimension essentielle de la représentation descriptive. Sans cela, certains groupes ne sont pas visiblement présents et par voie de conséquence, ne peuvent être représentés d’un point de vue descriptif. A l’heure où les partis et les coalitions politiques présentent leurs candidats pour les élections législatives françaises de juin 2022, les candidats ont l’opportunité de se présenter aux électeurs français de plusieurs manières. En dévoilant - individuellement - publiquement leurs caractéristiques socio-démographiques, leurs appartenances et les marqueurs identitaires qui leur semblent définir “qui ils sont”, les candidats peuvent non seulement aider les électeurs à mieux les connaître (et ainsi créer ou nourrir un sentiment de proximité capable de faciliter le vote en leur faveur), mais aussi travailler à la représentation politique, en contribuant à la représentation descriptive visible de groupes traditionnellement marginalisés.

  •  Pour finir, les préjugés et les attitudes discriminantes jouent-ils un rôle ?

Oui, bien que cela n’apparaisse pas toujours de manière évidente. D’une part, les différences de niveau d’inclusion parlementaire que nous observons entre les quatre pays étudiés semblent aller de pair avec le niveau d’acceptation sociale (ou d’absence de préjugés) à l’égard des groupes étudiés. Pour chacun des quatre pays, la figure 3 montre le pourcentage de citoyens se déclarant tout à fait à l’aise à l’idée d’avoir une personne ayant une certaine caractéristique sociale occupant le poste élu le plus élevé dans le pays (comme le président ou le premier ministre). De manière générale et face à la plupart des caractéristiques sociales minoritaires ou minorisées, les électeurs du Royaume-Uni apparaissent comme les plus ouverts ou comme ayant le moins de préjugés, suivis par les électeurs espagnols, puis par les français. Pour la plupart des groupes, les citoyens italiens semblent avoir le plus de préjugés, particulièrement à l’égard des personnes LGBTI+.

D’autre part, on observe un lien entre le niveau d’inclusion dans les parlements et la sensibilisation des citoyens aux discriminations subies par les groupes sous-représentés. Celle-ci s’est toutefois améliorée comme le révèlent les enquêtes Eurobaromètre mesurant la perception des discrimination par les citoyens en Europe (figure 4). De manière générale, la prise de conscience des discriminations subies par les minorités ethniques, LGBTI+ et religieuses est plus importante que pour d’autres groupes. Par exemple, aucune des populations des quatre pays que nous étudions ne semble considérer que les discriminations à l’égard des jeunes soient particulièrement étendues. En outre, l’Eurobaromètre ne pose aucune question au sujet des discriminations subies par les catégories populaires ou les personnes économiquement défavorisées. Ainsi, la tendance observée à une amélioration de l’inclusivité parlementaire dans le temps paraît corrélée à une tendance à une amélioration de la prise de conscience des discriminations subies dans la société par les groupes marginalisés. Mais la perception publique des discriminations ne correspond pas nécessairement aux déficits de présence visible que nous observons dans les parlements nationaux. En effet, les groupes qui subissent les écarts de représentation les plus importants sont ceux pour lesquels l’expérience de la discrimination ou de la mise à l’écart est la moins reconnue socialement (les jeunes, par exemple).

Figure 3. Acceptation d’une personne présentant une caractéristique déterminée, pour occuper le poste élu le plus haut du pays, par catégorie et par pays.

Source: Eurobaromètre 393 (2012) et Eurobaromètre 83.4 (2018)

Figure 4.  Perceptions publiques de l’existence de discriminations généralisées, par catégories sociales et par pays 

Source: Eurobaromètre 393 (2012) et Eurobaromètre 83.4 (2018)

Ces résultats suggèrent que les attitudes des citoyens sont liées de manière complexe à l’inclusivité de leurs parlements nationaux. En premier lieu, la composition des élites politiques témoignent de l’état de la conscientisation sociétale de la nécessité de lutter ou non contre certaines discriminations. Dans le même mouvement, les élites politiques tentent de composer avec les préjugés qu’elles perçoivent dans leurs électorats à l’égard des compétences politiques et de la fiabilité supposées des candidats et des élus, en fonction de leurs caractéristiques socio-démographiques, de leurs appartenances et de leurs marqueurs identitaires visibles. Réciproquement, une meilleure inclusion parlementaire contribue à favoriser les changements de comportement et de perception au sein de l’électorat. Par conséquent, pour parvenir à une représentation descriptive visible capable de témoigner d’une plus grande inclusion démocratique, il est nécessaire à la fois que les partis et les élites politiques prennent l’initiative, mais aussi que les perceptions et les attitudes du public à l'égard des groupes sous-représentés évoluent.

____

[1] Nous analysons ces caractéristiques sociales et auto-désignations de la manière suivante : 1) Sexe : sexe déclaré ou apparent du parlementaire (masculin, féminin, autre); 2) Âge : année de naissance déclarée par le parlementaire; 3) Origine immigrée :  le parlementaire et/ou un de ses parents sont nés dans un pays différent de celui où il est élu, avec une nationalité de naissance différente du pays dans lequel il est élu ; 4) Minorité ethnique : le parlementaire s’auto-désigne publiquement à l’aide d’un label ou d’une expression relative à l’ethnicité, à l’appartenance raciale ou bi-nationale ; 5) Minorité religieuse : le parlementaire déclare une appartenance religieuse autre que chrétienne ; 6) Handicap : le parlementaire déclare un handicap, une maladie invalidante de longue durée, et/ou présente visiblement un handicap ou une invalidité ; 7) LGBTI+ : le parlementaire et/ou une source hautement fiable déclare une orientation sexuelle ou identité de genre LGBTI+ ; 7) Professions populaires : Nous utilisons la classification des professions de Daniel Oesch (2006), fondée sur la nomenclature CITP-O8, et prenons en compte les catégories des travailleurs qualifiés et peu qualifiés (CITP 6 et 8),  employés de type administratif (CITP 4 avec quelques exceptions et quelques inclusions des catégories 3 et 5), et les personnel de service (majeure partie de la catégorie CITP 5 avec quelques inclusions des catégories 3, 8 et 9). 

Bibliographie mentionnée : 

Oesch, Daniel. 2006. "Coming to Grips with a Changing Class Structure. An Analysis of Employment Stratification in Britain, Germany, Sweden and Switzerland.", International Sociology, 21 (2): 263-288. 

Pitkin, Hanna F. 1967. The Concept of Representation. Berkeley: University of California Press.

Remerciements:

Ce projet et cette publication ont bénéficié du soutien apporté par l'ANR et l'État au titre du programme d'Investissements d'avenir dans le cadre du LABEX LIEPP (ANR-11-LABX-0091, ANR-11-IDEX-0005-02) et de l'IdEx Université Paris Cité (ANR-18-IDEX-0001)

Laura Morales et Claire Vincent-Mory remercient l'assistanat de recherche de : Lucile Baumann, Martha Bearne, Charlotte Beddouk-Ginesy, Camille Brebion, Annina Claesson, Alma Gamper Saez, Gianni de Gennaro, Clémence Fontan-Ducret, Emma Lancha Hernández, Ester Molinaroli, Valerie Rein, et Yuxi Yi.

Qu’est-ce qu’un bon lycée ? Mesurer les effets établissements, au-delà de la moyenne

Séminaire politiques éducatives - 28 juin, 17h-18h30
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L'axe Politiques éducatives du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

Qu’est-ce qu’un bon lycée ? Mesurer les effets établissements, au-delà de la moyenne

Mardi 28 juin, 17h-18h30, en présentiel
Lieu : Salle C.S16, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007
Présentation par : 

Étude réalisée avec Milena Suarez Castillo (PSE - EHESS)

Résumé : 

Mesurer la capacité d’un établissement scolaire à faire progresser les élèves qu’il scolarise est un exercice complexe. Cette étude propose une discussion introductive sur les principaux indicateurs qui sont mobilisés pour identifier les « bons lycées », et l’usage qui peut en être fait. Même en se limitant aux indicateurs liés à la réussite scolaire, il rappelle qu’il est difficile de distinguer ce qui relève des effets propres de lycées du niveau initial des élèves. Des taux de réussite au baccalauréat élevé peuvent surtout refléter le degré de sélectivité du recrutement plutôt que la qualité du suivi des élèves. Par ailleurs, des indicateurs sur les taux de réussite moyens d’un établissement ne renseignent qu’imparfaitement sur la réussite de l’ensemble de ses élèves. A partir de données françaises sur le baccalauréat 2015, cette étude montre que, à composition sociale et scolaire donnée, certains lycées tendent à amplifier les écarts de niveau scolaire entre les élèves qu’ils scolarisent, tandis que d'autres parviennent à réduire les écarts de réussite, sans sacrifier le niveau moyen.

Où en est l'innovation publique ?

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Le LIEPP et l'École d'Affaires Publiques de Sciences Po sont partenaires du colloque de la Chaire Innovation Publique organisé par l'Institut national du service public (INSP), l'École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI), Sciences Po et l'École Polytechnique : 

Où en est l'innovation publique ? 

23 et 24 novembre 2022
Lieu : 2 avenue de l'Observatoire, 75006, Paris

Ce colloque vise à croiser les regards entre praticiens et chercheurs dans le domaine de l’action publique et dans toutes les disciplines (sciences politiques, droit, histoire, sciences sociales, sciences de gestion, recherche en design, sciences du numérique, sciences comportementales…).

Il s'agit d'un événement ouvert à contributions ainsi qu'à toutes les méthodes de recherche. Une sélection des meilleures contributions présentées lors du colloque fera l'objet d'un dossier thématique et sera publiée dans la Revue française d’administration publique (RFAP).

Les intentions de communication - présentant une recherche finalisée (« recherche aboutie ») ou dont le terrain est en cours (« recherche en cours ») - devront contenir de 1 000 à 2 000 mots maximum, bibliographie et notes comprises.
Elles peuvent être rédigées en français ou en anglais.
Elles sont à déposer en ligne sur innopublique22.sciencesconf.org

1er juillet 2022 : date limite des soumissions en ligne

Retrouvez des propositions d'axes, les modalités de soumission et les dates prévisionnelles dans l'appel à communication

Pour plus d'informations 

Developing policy evaluation in an academic setting: assets and challenges

Snowball seminar organized by LIEPP as part of CIVICA Research (Democracy in the 21st Century)
Friday, June, 24th, 2022, 2:00-5:30 PM, Sciences Po Paris
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This half-day snowball seminar organized at Sciences Po (Paris) aims at bringing together scholars interested in discussing the specificities of developing policy evaluation in an academic setting. The practice of evaluation involves a diversity of actors beyond academia: public administrations, parliaments, private consultants, NGOs… What are the specificities of academic evaluation, and how can we foster this practice in an academic setting?

There are arguably particular assets to developing evaluation from an academic standpoint, for example in terms of autonomy in the choice of objects of evaluation, in the possibility of developing long-term research frameworks, or in the capacity to bring “non-evaluation” academic research into the evaluative discussion. On the other hand, there are challenges to developing evaluation in an academic setting: for example, the rhythm of academic research may be too slow for evaluative needs, doing evaluation is valued to very varying degrees in the different academic disciplines, and the interdisciplinary approach often required by evaluation is a challenge when researchers themselves are evaluated based on disciplinary criteria. To what extent does producing research in an evaluative perspective favour certain types of methods, formats or research designs, such as systematic literature reviews or the promotion of more participatory approaches?

Beyond producing evaluative research, how can we make sure that the process and results of this research are conveyed to relevant stakeholders in adapted and efficient format that actually favour their impact on policymaking and civil society? Making research actionable and relevant to policymakers and civil society is a key component of policy evaluation. What publics do academic institutions target, what are the relevant formats? What role should academic institutions play in the training of policymakers, NGOs, etc., in evaluation? Can investing in training favour a broader awareness of the need for a more systematic evaluation of public policies?

The organization of this snowball seminar draws on the experience of Sciences Po’s Laboratory for interdisciplinary evaluation of public policies (LIEPP), in view of exchanging with scholars from other CIVICA member institutions on these institutional aspects of developing academic evaluation. It aims at connecting research centres and individual academic researchers involved in policy evaluation, and functioning as a breeding ground for new projects in this domain.

Location: Room K.008 (1 place Saint Thomas d'Aquin), 75007 or zoom

Mandatory registrationRegister for a physical attendance - Register for a remote attendance

Programme: 

2:00 - 2:10 : Introduction by Anne Revillard (Associate Professor, member of OSC and director of LIEPP, Sciences Po Paris)

2:10 - 3:40 : Roundtable 1: Developing academic evaluative research

This roundtable will reflect on the specificities of developing evaluative research from an academic setting. Who conducts evaluative research within academia? How is this research funded? What are the topics covered? How can we draw on the inputs of topic-based fundamental research to better inform evaluative practice? To what extent does producing research in an evaluative perspective favour certain types of methods, formats or research designs, such as systematic literature reviews or the promotion of more participatory approaches? This roundtable will also address the challenges to developing evaluation in an academic setting: for example, the rhythm of academic research may be too slow for evaluative needs, doing evaluation is valued to very varying degrees in the different academic disciplines, and the interdisciplinary approach often required by evaluation is a challenge when researchers themselves are evaluated based on disciplinary criteria. These are some of the questions which will be addressed in this first roundtable.

Speakers: 

  • Lucia Corno (Executive director, Laboratory for Effective AntiPoverty Policies (LEAP), Bocconi University, Milano) 
  • José Luis Fernández (Director of Care Policy and Evaluation Centre, London School of Economics, London)
  • Danielle Mason (Head of Policy, What Works Centre for Local Economic Growth, Centre for Cities) 
  • Gaby Umbach (Robert Schuman Centre for Advanced Studies, European University Institute, Florence)
  • Anne Revillard (Associate Professor, member of OSC and director of LIEPP, Sciences Po, Paris)

3:40 - 4:00: Pause 

4:00 - 5:30 : Roundtable 2 : The role of academic institutions in outreach and training in evaluation

Making research actionable and relevant to policymakers and civil society is a key component of policy evaluation. This roundtable addresses the role of academic institutions in outreach and training in evaluation. Beyond producing evaluative research, how can we make sure that the process and results of this research are conveyed to relevant stakeholders in adapted and efficient format that actually favour their impact on policymaking and civil society? What publics do we target, what are the relevant formats? What role should academic institutions play in the training of policymakers, NGOs, etc., in evaluation? Can investing in training favour a broader awareness of the need for a more systematic evaluation of public policies?

Speakers: 

  • Thilo Bodenstein (Associate Professor at the Department of Public Policy, Central European University, Budapest)
  • Andrew Cartwright (Associate Professor at the Department of Public Policy, Central European University, Budapest)
  • Ioana-Roxana Melenciuc (Head of Department of International Relations and European Integration, Scoala Nationala de Studii Politice si Administrative, Bucarest)
  • Diane Stone (School of Transnational Governance, European University Institute, Florence)
  • Kai Wegrich (Professor of Public Administration and Public Policy, Hertie School of Governance, Berlin)

Equal Pay in Practice: Comparative Research on Policy Implementation

ZIF Workshop
June 20th-21st , 2022

 

MONDAY, JUNE 20TH : COUNTRY ANALYSIS BY REGION

Short 10 minute presentations with 15 minutes of discussion after each regional grouping (s) and a question or two from the discussants to kick-off discussion.

Discussants:

  • Jill Rubery (University of Manchester) (Day 1 Only)
  • Iga Magda (Warsaw School of Economics)

9:00-9:30 Introductions: Goals, Framework and Agenda

Isabelle Engeli (Exeter University), Amy Mazur (Washington State University)
Sophie Pochic (CNRS Centre Maurice Halbwachs), Alexandra Scheele (Bielefeld University)
Ania Plomien (London School of Economics)

9:30-10:30 Southern Europe
Spain 
National : Olga Salido (Universidad Compultense Madrid)
France Firm level : Sophie Pochic (CNRS Centre Maurice Halbachs)
Italy : Elisa Chieregato (Goethe University/ University of Verona)

10:30-11:15 Germanic Europe
Austria : Stefanie Wöhl (University of Applied Sciences BFI Vienna) on-line?
Germany : Alexandra Scheele (Bielefeld University) and Andrea Jochmann-Doell (GEFA, Essen)
Belgium : Patrizia Zanoni and Veronika Lemeire

11:30-12:30 Nordic Countries

Norway : Mari Teigen and Ines Wagner (Institute for Social Research, Oslo)
Sweden National : Lenita Friedenvall (University of Stockholm)
Sweden Sub-national/ Firm Level : Anne Charlotte Callerstig (Orebro University) on-line?
Finland : Paula Koskinen Sandberg (Tampere University) – online?

13:30-14:00 EU – Sophie Jacquot (Université Saint-Louis – Bruxelles)

14:00-15:00 Central Eastern Europe

Poland : Ania Plomien (London School of Economics) and Zofia Łapniewska (Jagiellonian University in Kraków)
Albania and Montenegro : Ingrid Bego (Western Carolina University)
Croatia and North Macedonia : Andrea Spehar (University of Gothenburg)

15:00 -16:00 Anglo-American Countries

Australia Lucie Newsome (University of New England) on-line?
Canada : Francesca Scala ( University of Concordia)
UK : Susan Milner (University of Bath) - paper pre recorded?
USA National Level: Ashley English and (University of North Texas) and Meredith Neizgoda (University of North Texas)
USA Sub-National/ State: Season Hoard (Washington State University) and Sydney Smith (Washington State University)

16:30 -17h30 GROUP DISCUSSION: Lessons Learned Thus Far?

 

TUESDAY, JUNE 21ST : DISCUSSION OF CROSS-NATIONAL THEMES

Divided into 4 thematic sessions that come out of the first day. Each theme will have a 90 minute facilitated discussion with the discussant starting.

9:30-10:00 Organizing the Thematic Sessions

10:00-11:15 Collective Bargaining System as Implementation Practice  (Actors and Empowerment) 

11:30-12:30 Mix of Policy Instruments: Legislation, Court Cases, Pay Transparency (Reporting)/ Certificates/ Complaints – Outputs and Practice (Actors and Empowerment) 

13:30-14:45 Multi Level/ Dimensional Issues 

  • By Level of Governing Institution: EU/ National/ Sub-National ( Federal Systems)

  • By Collective Bargain Structure: Intersectoral/ Sectoral Firm Level – Practice and Empowerment 

  • “ Street-Level”

15:00- 16:15 Outcomes/ The What If Problem

  • Direct – Gender Wages Gaps – How to Measure
  • Indirect – Change in implementers frames and social attitudes about equal pay Coffee Break
  • Overall Gender Transformation

16:15 -17:30 Closing Session

 

La réforme des études de santé: de la genèse à la mise en œuvre

Séminaire de restitution de résultats, 8 juin 16h30 - 18h00
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Le projet REF-Santé vous invite au séminaire de restitution des résultats de l'étude : 

La réforme des études de santé : de la genèse à la mise en œuvre 

Mercredi 8 juin, 16h30 - 18h

Lieu : Salle C.S25, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007

Inscription obligatoire 

Programme : 

La première intervention concerne la genèse et la mise en œuvre de la réforme. Le focus est mis sur le temps long de réflexions et paradigmes sur la formation des professionnels de santé, y compris l’introduction de la « Paces » (première année commune aux études en santé) et les expérimentations qui s'ensuivent. Un intérêt particulier est porté vers les acteurs de la réforme et le processus de décision entre eux.

Interventions de : 

Lors de la deuxième intervention, l'équipe du projet reviendra sur la façon dont la réforme a été reçue et mise en œuvre du point de vue des usager.ères, à savoir les candidat.es aux filières PASS et L.AS, les étudiant.es et leurs parents. Elle éclairera entre autres les ressorts du mouvement de contestation de la réforme.

Interventions de : 

Appel à projets « Evaluation interdisciplinaire des politiques du genre » 2022

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Appel à projets 2022 du LIEPP (clos) :
« Evaluation interdisciplinaire des politiques du genre » 

 

Le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP) lance son deuxième appel à projets en partenariat avec le programme PRESAGE et la Cité du Genre, sur le thème de l’évaluation interdisciplinaire des politiques du genre. Cet appel à projets s’inscrit dans la dynamique de redéploiement du LIEPP en partenariat avec Université Paris Cité. 

Il vise à promouvoir le développement et la valorisation de travaux académiques interdisciplinaires d’évaluation des politiques publiques portant soit sur la conception, la mise en œuvre et les effets des politiques visant explicitement la question du genre (ex. politiques d’égalité femmes/hommes, politiques relatives à l’identité de genre et aux questions LGBTQI+), soit sur les effets, en termes de genre, de politiques publiques visant d’autres enjeux relevant des thématiques de recherche du LIEPP (ex. politiques sociales et fiscales, politiques migratoires, politiques relatives à la santé ou au handicap, politiques éducatives, politiques environnementales, évaluation de la démocratie).

Les contributions doivent être interdisciplinaires, l’appel étant ouvert de façon large à toutes les disciplines permettant d’alimenter la réflexion sur l’action publique. Trois types de projets peuvent être soumis : revues de littératures interdisciplinaires, projets de recherche, et organisation d’événements ou de réseaux interdisciplinaires en évaluation des politiques publiques

Chaque projet est porté par un.e ou deux chercheur.e, dont un.e au moins doit être une.e chercheur.e titulaire ayant pour affiliation principale un laboratoire de Sciences Po ou de Université Paris Cité. Les projets financés sont d’une durée maximale de 24 mois, sur un calendrier se terminant au plus tard en novembre 2024.

Les personnes intéressées par cet appel à projets sont invitées à contacter dès à présent l'équipe du LIEPP pour faire part de leur souhait de déposer un projet, en envoyant un court message avec pour objet [Appel à projets genre] à liepp@sciencespo.fr. L'équipe du LIEPP sera à leur disposition pour répondre à leurs questions et les accompagner dans le montage du projet (notamment renforcement de l'interdisciplinarité et montage budgétaire) (NB: l'équipe ne sera pas disponible entre le 22 juillet et le 26 août). 

Les projets peuvent être soumis en français ou en anglais.

Si vous préférez tout savoir sur cet appel sous forme de FAQ, consultez ce lien

Les projets sont à soumettre pour le 18 septembre 2022 au plus tard, par le biais du 
 formulaire de candidature en ligne.

Aucun dossier de candidature incomplet ou hors délai ne sera considéré. Les résultats seront communiqués fin octobre, les projets pourront démarrer à partir de novembre 2022.

Documents joints :

- Texte complet de l’appel à projets (pdf)

- Formulaire de candidature à prévisualiser (pdf)

- Fiche budgétaire (xls)

 Liste des projets sélectionnés : 

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Appel à projets général du LIEPP 2022

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 Appel à projets général 2022 du LIEPP (clos)

"Évaluation interdisciplinaire des politiques publiques"

Le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques lance un nouvel appel à projets général, visant à renforcer les activités de ses axes de recherche. Cet appel à projet s’inscrit dans la dynamique de redéploiement du LIEPP en partenariat avec Université Paris Cité. 

Le LIEPP promeut les recherches qui, quelles que soient leurs disciplines et leurs méthodes, permettent d’alimenter l’évaluation des politiques publiques, par l’étude du fonctionnement et des effets de différentes politiques. Le LIEPP repose sur une approche de recherche évaluative innovante, confrontant méthodes quantitatives, qualitatives et comparatives, et combinant un haut niveau d’exigence scientifique avec le souci de diffusion et de traduction des résultats de la recherche auprès des acteurs publics. Ses activités sont organisées en six grands axes de recherche : discriminations et politiques catégorielles, politiques socio-fiscales, politiques éducatives, évaluation de la démocratie, politiques environnementales et politiques de santé

Cet appel à projets vise à renforcer les activités des six axes de recherche thématiques du LIEPP. Chaque axe est rapidement présenté dans le texte complet de l'appel en précisant, le cas échéant, ses thématiques de recherche prioritaires. Au-delà de ces thématiques prioritaires, tout projet relevant des thématiques générales des axes sera considérés dans le cadre de cet appel. Pour plus d’information, n’hésitez pas à contacter les responsables de chaque axe de recherche (indiqués sur la page de chaque axe sur le site du LIEPP). 

Les contributions doivent être interdisciplinaires, l’appel étant ouvert de façon large à toutes les disciplines permettant d’alimenter la réflexion sur l’action publique. Trois types de projets peuvent être soumis : revues de littérature interdisciplinaires, projets de recherche et organisation d’événements ou de réseaux interdisciplinaires en évaluation des politiques publiques. 

Chaque projet est porté par un.e ou deux chercheur.e, dont un.e au moins doit être une.e chercheur.e titulaire ayant pour affiliation principale un laboratoire de Sciences Po ou de Université Paris Cité. Les projets financés sont d’une durée maximale de 24 mois, sur un calendrier se terminant au plus tard en novembre 2024.

Les financements apportés pourront être à géométrie variable selon les besoins, du cofinancement ponctuel d’un projet déjà amorcé à des financements plus conséquents impliquant par exemple le recrutement d’un.e assistant.e de recherche sur quelques mois (voir la liste des dépenses éligible dans le texte complet de l'appel, ci-dessous). Les personnes intéressées sont invitées à contacter l’équipe du LIEPP (liepp@sciencespo.fr) dès que possible et en amont du dépôt de leur projet pour discuter du montage budgétaire (NB : l’équipe ne sera pas disponible pour répondre aux questions entre le 22 juillet et le 26 août). 

Les projets peuvent être soumis en français ou en anglais.

Si vous voulez tout savoir sur cet appel sous forme de FAQ, consultez ce lien

Les projets sont à soumettre pour le 18 septembre 2022 au plus tard, par le biais du 
formulaire de candidature en ligne.

En cas d'impossibilité de soumettre votre dossier via le google.form suite à des problèmes techniques, merci d'envoyer votre projet (document word et excel) à andreana.khristova@sciencespo.fr and liepp@sciencespo.fr

Aucun dossier de candidature incomplet ou hors délai ne sera considéré. Les résultats seront communiqués courant novembre, les projets pourront démarrer à partir de début novembre 2022.

Documents joints :

- Texte complet de l’appel à projets (pdf)

- Formulaire de candidature à prévisualiser (pdf)

- Fiche budgétaire (xls)

Liste des projets sélectionnés : 

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Stage au LIEPP sur la recherche interdisciplinaire dans le domaine de l'environnement

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Sophia Noel est étudiante en troisième année au collège universitaire de Sciences Po, Majeure “économie et société”. Elle commence un master en sociologie à l’École de la recherche de Sciences Po en septembre 2022. Pendant le semestre de printemps 2022, elle a réalisé un stage de recherche au LIEPP, au sein de l'axe politiques environnementales.

  • Pourquoi avez vous choisi de faire un stage au LIEPP ?

Pendant mes années à Sciences Po, j’ai particulièrement apprécié les travaux de recherche, comme le Grand Écrit. Étant donné mon intérêt pour la recherche , le choix d’un master à l’École de la Recherche était déjà clair pour moi. J’ai vu le stage d'initiation à la recherche, ouvert aux étudiants et étudiantes de troisième année,comme une opportunité de découvrir les activités de recherche à Sciences Po, avant mon master. J’ai candidaté au LIEPP en raison de la réflexion poussée en matière d’interdisciplinarité. Avant mon stage, j’ai passé un semestre au département Arts and Sciences de UCL à Londres, où j’ai suivi des cours sur des thématiques interdisciplinaires. Ceci, joint avec la base pluridisciplinaire que j’ai reçu au collège universitaire, m’a convaincue de la valeur ajoutée de la recherche interdisciplinaire. Le projet auquel je participe au LIEPP fait dialoguer plusieurs sciences sociales, ainsi que les sciences environnementales et planétaires. Avant mon parcours à Sciences Po, j'étais très intéressée par les sciences planétaires. Même si je suis vraiment contente d’avoir choisi la sociologie, c’est toujours un plaisir de diversifier un peu mes perspectives de recherche.

  • À quels projets participez vous ?

Je suis actuellement stagiaire au sein de l’ axe politiques environnementales, sous le direction de Charlotte Halpern. Au début, j’ai réalisé une revue de littérature exploratoire pour le projet CAPin GHG Le projet analyse l’émergence et les usages des inventaires urbains des gaz à effet de serre (GHG) par les décideurs politiques et d’autres acteurs. J’ai lu et synthétisé plus d’une cinquantaine de textes sur le sujet. J’ai ensuite produit une revue problématisée des méthodes d'inventaires GHG et de la littérature concernant leur étude. Cela a été un plaisir de découvrir la dimension politique de ces inventaires, qui constituent la base de toutes les politiques de mitigation à travers le monde. J’ai hâte de voir comment les étapes suivantes du projet vont se dérouler, et en particulier les études de cas dans les villes de Paris, Barcelone, Kuala Lumpur et Singapour.

Plus récemment, j’ai contribué à l’organisation d’un panel organisé à Sciences Po par l’Ecole urbaine et l’IDDRI, qui a discuté du rôle des villes dans l’adaptation face au changement climatique. Pour apporter mon soutien à l'événement, j'ai lu et résumé le contexte et les points essentiels du chapitre de l’IPCC au sujet des villes. Le chapitre souligne les grands obstacles auxquels font face les villes pour s’adapter au changement climatique, comme la rigidité bureaucratique et l'insuffisance de l'implémentation par rapport aux objectifs.

  • Comment se passe le travail dans un laboratoire de recherche ? 

Même en tant que stagiaire, j'ai été chaleureusement accueillie au LIEPP et dans la vie du laboratoire. J’ai eu le plaisir de suivre quelques séminaires méthodologiques. J’ai participé à des événements sur l'économie de la recherche médicale et les réseaux de dons internationaux. En raison de la structure interdisciplinaire du LIEPP, il y a des étudiants et des chercheurs provenant de plusieurs horizons disciplinaires et universitaires. C'est donc un environnement intellectuel très dynamique. Concernant mon projet, je suis très contente avec le caractère substantiel de mes missions, et la collégialité de mes superviseurs. Ce sont les raisons principales pour lesquelles cette expérience est si enrichissante pour moi.

  • Comment ce stage a-t-il influencé votre projet professionnel ? 

Ce stage a vraiment renforcé mon choix de continuer ma carrière académique à l’École de la recherche ici à Sciences Po. Je me réjouis de participer aux défis intellectuels dans le monde de la recherche, et j’ai hâte de développer mes compétences pendant mon master. Ce stage m'a aussi donné l'ambition de faire une thèse dans le futur. De plus, mes travaux dans l’axe Politiques environnementales ont souligné pour moi l’importance capitale du changement climatique comme problème mondial. Le changement climatique donne un filtre de complexité à tous les problèmes étudiés par les chercheurs en sciences sociales: la santé, l’avenir du travail, la migration, les inégalités, et la liste est longue. Les chercheurs en sciences sociales ont l’énorme responsabilité de prendre note de ce que la communauté scientifique dit sur les réalités planétaires et d'expliquer les conséquences pour l’ensemble des sociétés humaines. Que le réchauffement soit maintenu ou non en dessous de 1,5°C, les sociétés devront faire face à des changements dramatiques: soit une reconstruction de notre système économique pour rester en dessous de 1,5°C, soit des changements environnementaux d’une ampleur sans précédent si nous ne le faisons pas. Les risques de chaque scénario sont répartis d’une manière inégale dans la société. Le même niveau d'énergie qui a été consacré à la compréhension des effets sociaux hétérogènes de la mondialisation et de la COVID-19 doit être consacré au changement climatique.

Propos recueillis le 27/04/2022

Programme Jeune Recherche (2022)

Lauréat.e.s 2022
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Le programme de soutien à la jeune recherche en évaluation des politiques publiques s’inscrit dans la dynamique de redéploiement du LIEPP en partenariat avec Université de Paris. En 2022, il est ouvert aux doctorant.e.s (dès la 1ère année de thèse à la rentrée universitaire 2022-2023) et jeunes docteur.e.s (ayant soutenu depuis moins de 2 ans, la thèse devant avoir été soutenue après le 31 août 2020) dont l’affiliation principale est un laboratoire de Sciences Po ou d’Université de Paris, toutes disciplines confondues. 

Voir le descriptif complet du programme en 2022 et les modalités de candidature.

LAURÉAT.E.S DU PROGRAMME POUR 2022/2023 : 

ABENA TSOUNGUI, Alain, sociologie, CSO (Sciences Po): Tentative d'évaluation du compte de santé des étrangers en France 

L’essentiel du débat sur le coût des dépenses de santé appliquées aux personnes étrangères en France (immigrés légaux et illégaux), qui revient inlassablement au-devant de l’actualité médiatique à chaque période électorale, est focalisé sur le rythme d’évolution rapide de l’aide médicale d’Etat (AME). Il s’agit d’un dispositif de couverture santé offert aux personnes étrangères en situation irrégulière pouvant démontrer une résidence d’au moins trois mois en France et un faible niveau de ressources. Ce dispositif est complété par deux autres mécanismes de financement des soins : i) le dispositif des soins urgents et vitaux, qui permet de compenser les dépenses engagées par les hôpitaux pour l’octroi des soins à des étrangers en situation irrégulière non éligible à l’AME; ii) la protection universelle maladie PUMA dont bénéficient les demandeurs d’asile et qui a remplacé la CMU. 
La politisation dont fait l’objet l’AME depuis sa création en 1999 est exemplaire de la manière dont est traité le problème de l’immigration en France, avant tout à travers la charge qu’elle représenterait pour les finances publiques. 
L’ambition ici est d’investiguer sur le compte des charges et des recettes qui composent les dépenses de santé des étrangers en France, en vue d’en dégager un solde. Il s’agira de se baser sur des statistiques déjà produites par un ensemble d’institutions publiques (DREES, CNAMTS, IGAS-IGF, etc) ou par divers chercheurs sur la consommation des soins des étrangers, et de produire au besoin des données propres sur des aspects de cette dépense. Il s’agira pour nous d’offrir une vue d’ensemble du financement des soins des étrangers.

CLEAVER Ana, sociologie, URMIS (UPC): Travailleuses domestiques et politiques publiques: une analyse sociologique des inégalités structurelles au Brésil

Ce projet de recherche entend analyser comment des politiques publiques spécifiques de lutte contre la pauvreté, vouées à la réduction des inégalités sociales et à l’accès au droit du travail, ont eu un impact sur les conditions de vie et de travail des travailleuses domestiques brésiliennes. Pour cela, l’analyse sera menée sur deux volets: d’une part, un examen des statistiques officielles permettra d’identifier, dans la durée, l’impact des différentes politiques publiques mises en place sur la vie des travailleuses domestiques. Ensuite, l’expérience vécue par les femmes employées dans cette catégorie socioprofessionnelle sera étudiée, afin de discuter les difficultés auxquelles elles sont confrontées pour leur survie et de comprendre leur perception sur les voies nécessaires pour la réduction des inégalités et la lutte contre la pauvreté. Ainsi, il est possible de donner de la densité aux données statistiques, en les inscrivant dans l’expérience vécue par les travailleuses domestiques. À la suite de l’analyse, la thèse proposée entend présenter des propositions pratiques, basées sur les analyses réalisées et sur l’expérience des travailleuses domestiques en tant qu’utilisatrices des politiques et services publics, pour leur inclusion économique et sociale.

DE NUZZO, Carlo, sociologie politique comparée, CEVIPOF (Sciences Po): Evaluation de la citoyenneté : une comparaison entre la France et l'Italie, de la naissance de la société de masse au traité de Maastricht 1919-1992.

Citizenship is one of the keywords of the contemporary philosophical and political vocabulary, since it touches on some of the central issues being discussed in the political arena: human rights, the foundation, definition and nature of which are the subject of intense debate; the nature of the political community, which had long been identified with the nation-state, but the boundaries of which are now being discussed, and often extended to include supranational formations. 
Citizenship is an expression that can be used to focus on the fundamental political relationship and its main articulations: expectations and requests, rights and duties, modes of belonging and criteria for differentiation, strategies for inclusion and exclusion. Citizenship is composed of two meanings: the first, of a legal nature, coincides with a normative status, a subject linked through territorial connections, family ties to the legal system of a state. The second, of a theoretical- political type, coincides with the social status of the citizen, i.e. with all the political, economic and cultural conditions that are guaranteed to those who are full members of an organised social group. 
Citizenship can be represented as a triangle, with Structure, Discourse, and Agency as its sides. Citizenship is produced by laws and public policies (Structure); but also from cultural constructions and their variations across time and space (Discourse); lastly, it can be tied to a broad set of actors (Agency). To try to understand citizenship we must consider all sides of this triangle, because it derives from the interplay between structure, agency and discourse. 
To try to understand citizenship we must consider all three sides of this triangle, because citizenship derives from the interplay between structure, agency and discourse. If we do not rely on such a multidimensional concept of citizenship, we cannot fully grasp what citizenship entails over time and in different contexts. The triangle of citizenship is necessary in order to understand the link between the individual, civil rights and the political community. To think about citizenship means analysing the connecting points between an individual and a politically organised community. The triangle of citizenship raises the question of how a given society has approached and resolved the problem of the relationship between the individual and the legal and political order. The answers to this question will differ depending on the context and the specific problems faced by a given society.

DEWITTE, Edgard, économie, Département d'économie (Sciences Po): The Historical Roots of Climate Change Denial 

Plus de 30% des américains déclarent ne pas croire au changement climatique anthropogénique, et cette fraction est restée relativement constante depuis que les premieres enquêtes d'envergure sur le sujet. Souvent pointée du doigt, la polarisation de la question sur des lignes politiques est bien réelle. Cependant, ces croyances font montre d'une forte hétérogénéité, géographique notamment, au sein même de ces affiliations politiques. Par ailleurs, cette explication, comme la plupart des corrélats étudiés par la littérature naissante sur le sujet (genre, éducation, revenus,..), est souvent insatisfaisante: pourquoi les républicains sont-ils climato-sceptiques? Dans ce projet, il s'agit de rechercher des explications plus spécifiques, et historiques, aux niveaux relativement hauts et persistent de climato-scepticisme observés aux Etats Unis. 
Le cadre conceptuel est celui de la formation des croyances et en particulier des "raisonnements motivés" qui pourraient être à l'oeuvre avec un sujet mobilisant tellement d'enjeux économiques et sociaux. Dans ce cadre, des travaux existants ont montré que lorsque le "cout" du déni devient trop grand, par exemple faisant face à des événements climatiques extrêmes, les croyances s'en voyaient affecté positivement. Mais l'effet de ces chocs est souvent de courte durée, et ne permet en tout cas pas d'expliquer les niveaux actuels. Cette recherche regarde la question sous l'angle opposé: quelle désirabilité pourrait-il y avoir à de telles croyances? Elle est menée dans le cadre spécifique des communautés exposées à l'extraction d'énergies fossiles. 

FREULET, Louise, éducation, CERLIS (UPC): Une division sociale du travail de politisation ? Associations d’éducation populaire et jeunesses face aux inégalités ethnoraciales, de genre et de religion

En France, le problème des « discriminations » liées à « l’origine » est mis à l’agenda politique dans les années 1990. Dans la continuité, des associations d’éducation non-formelle – dites d’ « éducation populaire » - déploient des dispositifs pour que les jeunes « s’engagent » contre les inégalités ethnoraciales, mais aussi de genre, de sexualité et de religion. D’un dispositif à l’autre, les profils sociodémographiques des jeunes (classe/genre/race/religion) sont fortement contrastés. A l’intersection des sciences de l’éducation et de la sociologie politique, ma thèse vise à évaluer ces programmes en répondant à la problématique suivante : ces interventions associatives façonnent-elles – et si oui, comment – les manières dont différents profils de jeunes politisent le problème des inégalités ethnoraciales, de genre et de religion ? Comment les jeunes se divisent-ielles socialement ce travail de politisation et qu’est-ce que cela dit des effets (in)égalitaires de ces interventions associatives ? 

HARROCHE Audrey, sociologie, CSO (Sciences Po): Gouverner par les inégalités : la mise en œuvre d’une initiative d’excellence dans l’enseignement supérieur et la recherche

La thèse prend pour objet les Initiatives d’excellence (Idex) qui constituent la déclinaison française des réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche menées au nom de l’excellence à travers l’Europe. Plusieurs pays tels que l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Espagne, ou encore la Suède, le Danemark, et la Norvège ont réformé ce secteur afin de modifier le système d’attribution des crédits symboliques et financiers au profit d’une plus grande concentration des fonds et de leur attribution compétitive. Les Idex prennet la forme d’appels à projets lancés dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir (le PIA) créé en 2011 et constituent la clef de voute de ce programme. Les plus dotés et les plus transformateurs, ce sont eux qui portent les ambitions réformatrices du PIA. Ils distribuent 7,7 milliards d’euros à une dizaine de sites universitaires. L’enjeu est de différencier et de hiérarchiser les établissements afin de faire émerger des pôles d’excellence pluridisciplinaires capables de rivaliser avec les meilleures universités du monde. Afin d’obtenir ces fonds, les équipes dirigeantes des établissements doivent se constituer en consortiums et formaliser un projet dont l’essentiel, en fait, porte sur l’introduction de dispositifs permettant de hiérarchiser les activités et les personnes au sein des universités. Après quatre ans de mise en œuvre, les projets sont évalués : si l’évaluation est positive, la totalité de la dotation est accordée et le projet est définitivement pérennisé. Dans ce projet, les Idex sont envisagés comme un instrument d’action publique au service d’une politique inégalitaire c’est-à-dire une politique qui a pour but d’accroitre les inégalités et qui comporte les trois dimensions suivantes : un traitement différencié, aussi bien au niveau matériel que symbolique, des individus ; le fait que ce traitement différencié résulte d’une hiérarchisation des organisations, des activités, et des personnes ; le fait que cette hiérarchisation soit organisée par les pouvoirs publics dans le cadre d’une réforme.

MADON, Julie, sociologie , CSO (Sciences Po): Quelles politiques publiques pour la durée de vie des produits ?

Dans ce projet, il s'agit explorer les extensions possibles d’un travail de thèse sur le thème de la durée de vie des produits. Cette question, qui a été mise sur le devant de la scène avec les polémiques sur l’obsolescence programmée dans les années 2010, a pour intérêt de mêler au moins deux enjeux aux yeux des acteurs publics et privés qui s’en emparent : l’enjeu économique d’une part, et l’enjeu environnemental de l’autre. Dans la sphère associative, par exemple, la question de l’obsolescence interpelle autant des associations consuméristes, qui cherchent à défendre le pouvoir d’achat des consommateurs, que des associations environnementales, qui critiquent le coût en ressources de la production et la pollution générée par les déchets. Des politiques publiques ont été déployées sur ces sujets à plusieurs reprises, encadrant les pratiques industrielles: loi Hamon contre l’obsolescence programmée en 2015, extension de la durée de garantie en 2016, et bien plus récemment, loi anti-gaspillage en 2020. 

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La fréquentation de l’internat au lycée public dans l’Éducation nationale

Séminaire politiques éducatives - 10 mai, 17h-18h30
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L'axe Politiques éducatives du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

La fréquentation de l’internat au lycée public dans l’Éducation nationale
Quel impact sur la réussite scolaire ?

Mardi 10 mai, 17h-18h30
Lieu : Salle d'innovation du LIEPP, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007
Présentation par : 

Étude réalisée avec Audrey Farges (Ensai et Université de Rennes 1)

Résumé : 

Fréquenter l’internat au lycée permet-il de mieux réussir ses études secondaires ? Cette présentation vise à apporter des éléments de réponse, à partir d’une étude des parcours d’élèves scolarisés en lycée public sous tutelle de l’Éducation nationale dans les années 2010. Elle s’appuie sur les données recueillies par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) dans le cadre du panel des élèves entrés en sixième en 2007. Ces élèves sont pour la plupart entrés au lycée au début des années 2010. Le parcours des élèves ayant été internes pendant leur scolarité au lycée est comparé à celui des élèves n’ayant pas été internes. Les critères de comparaison sont l’obtention d’un diplôme, en particulier du baccalauréat, et la mention obtenue à cet examen. Le panel de la DEPP permet de tenir compte des différences de structure entre les deux populations comparées, en matière de contexte familial, et de profils scolaires et comportementaux pouvant influencer la réussite scolaire.

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Présentation de l'ouvrage : "Le Grand retour de la terre dans les patrimoines"

16 mai, 17h00-19h00 (format hybride)
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Le LIEPP a le plaisir de vous inviter à la présentation de l'ouvrage : 

Le Grand Retour de la terre dans les patrimoines 

Lundi 16 mai, 17h00 - 19h00
Lieu : C.S25, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007 et zoom 
Inscription obligatoire

Alain TRANNOY, Étienne WASMER, Le Grand Retour de la terre dans les patrimoines. Et pourquoi c'est une bonne nouvelle !, Odile Jacob, 2022. 

Présentation par : 

  • Étienne Wasmer, Professeur d'économie, NYU Abu Dhabi et co-fondateur du LIEPP

Discussion par : 

  • Jacques-François Thisse, Professeur d'économie, Louvain la Neuve
  • Bruno Palier, Directeur de recherche CNRS en science politique au CEE, Sciences Po et ancien directeur du LIEPP
  • Hans Helmut Kotz, Senior fellow en économie, Leibniz Institute for Financial Research et professeur invité en économie, Harvard University

Résumé de l'ouvrage : 

La France est riche. La valeur de son patrimoine foncier s’élève aujourd’hui à 7 000 milliards d’euros, soit trois années de revenu national, contre à peine une année après la Seconde Guerre mondiale. Comment expliquer cette hausse et à qui profite-t-elle ? S’agit-il d’une bulle immobilière un peu plus durable que les autres ? Et, sinon, quelles conséquences faut-il en tirer pour notre économie ?

Dans ce livre passionnant et minutieusement documenté, Alain Trannoy et Étienne Wasmer expliquent pourquoi la terre urbaine s’est considérablement valorisée au cours des trente dernières années, une tendance que la préférence française pour le foncier et les contraintes écologiques (le « zéro artificialisation ») ne peuvent que conforter. Alors que faire de cette manne providentielle ? Les auteurs proposent ni plus ni moins qu’une révolution fiscale. Avec un objectif : diminuer fortement les impôts grevant l’activité économique, augmenter les salaires tout en soutenant l’accumulation du capital productif, afin de pérenniser notre modèle social.

LIEPP dans les médias : Avril 2022

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Axe politiques socio-fiscales

Axe évaluation de la démocratie

Axe discriminations et politiques catégorielles

Axe politiques de santé

Axe politiques éducatives

Autres thèmes de recherche

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LIEPP dans les médias : février 2022

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Axe évaluation de la démocratie

Axe politiques socio-fiscales

Axe politiques éducatives

Autres thèmes de recherche

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L’évaluation, entre recherche et action

  • © Studio Sciences Po© Studio Sciences Po

Sciences Po lance fin 2011 un laboratoire de recherche consacré à l’évaluation des politiques publiques à partir de quatre centres fondateurs, le Centre d’études européennes et de politique comparée, le Centre de sociologie des organisations, l’Observatoire sociologique du changement, et le Département d’économie. Créé d'abord comme LabEx (Laboratoire d’Excellence), le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP), qui compte plus de 80 affiliés, se redéploie depuis 2020 en partenariat avec Université Paris Cité.

Mobilisant une approche innovante, interdisciplinaire, de l'évaluation, ce centre de recherche fête cette année, avec quelques mois de retard, ses 10 ans d’existence. À l'occasion de cet anniversaire, le LIEPP organise une rencontre sur le thème : 

L’évaluation, entre recherche et action

Vendredi 13 mai, 9h00 - 17h30
Amphithéâtre Emile Boutmy - 27, rue Saint Guillaume

 

Lire l'interview d'Anne Revillard, directrice du LIEPP, donné à l'occasion des 10 ans pour le site de Sciences Po.

Lire le compte rendu de la journée.

 

Programme

9h00 - 9h30 : Accueil

9h30 - 9h35 : Ouverture par Philippe Martin, Doyen de l'École d'affaires publiques de Sciences Po. Voir vidéo

9h35 - 10h05 : Le LIEPP dans le paysage de l’évaluation des politiques publiques. Voir vidéo

  • Aux origines - Etienne Wasmer (NYU Abu Dhabi, LIEPP) et Cornelia Woll (Hertie School of Governance, CEE) 
  • Au fil du temps - Bruno Palier (CEE, LIEPP)
  • Aujourd’hui et demain - Anne Revillard (OSC, LIEPP)

10h05 - 11h15 : Une pluralité des méthodes d’évaluation des politiques publiques. Voir vidéo

  • L'apport des méthodes mixtes à l'évaluation des politiques éducatives : le cas de deux expérimentations éducatives - Carlo Barone (OSC, LIEPP), discussion : Yann Renisio (OSC)
  • Les politiques publiques par les incitations fiscales - Clément Carbonnier (LED, LIEPP), discussion : Philippe-Pierre Cabourdin (Cour des comptes)
  • Utilisation de testing pour mesurer les discriminations - Dylan Glover (INSEAD, LIEPP), discussion : Emmanuel Valat (ERUDITE, Université Gustave Eiffel)

Animation : Bruno Palier (CEE, LIEPP)

11h15 - 11h30 : Pause 

11h30 - 13h00 : Regards internationaux sur les enjeux contemporains de l’évaluation. Voir vidéo

(Table ronde en anglais)

  • Thomas Cook (Professeur émérite en sociologie à Northwestern University, Institute for Policy Research et Joan&Sarepta Harrison Chair in Ethics and Justice)
  • Sandra Mathison (Professeure en sciences de l'éducation à l’Université de Colombie britannique)
  • Ray Pawson (Professeur émérite à l’Université de Leeds)
  • Laura Peck (Chercheuse en Politique sociale et économique à Abt Associates)
  • Robin Stryker (Professeure en sociologie, Purdue University)
  • David Aubin (Professeur en science politique, Université Catholique de Louvain) 

Animation : Anne Revillard (OSC, LIEPP)

13h00 - 14h00 : Buffet déjeuner

14h00 - 15h30 : L’évaluation face aux crises. Voir vidéo

  • Expertise, coopération et crise sanitaire - Henri Bergeron (CSO, LIEPP), discussion: Nathalie Latour (Fédération des acteurs de la solidarité)
  • Réduire le déficit d'adaptation des villes aux canicules : les cours OASIS - Martin Hendel (LIED, LIEPP), discussion : Élisabeth Lehec (Ville de Paris)
  • Scientoscepticisme : une approche comparative et interdisciplinaire - Emiliano Grossman (CEE, LIEPP), Charlotte Halpern (CEE, LIEPP) et Henri Bergeron (CSO, LIEPP), discussion : Grégoire Chauvière Le Drian (Banque européenne d'investissement)

Animation : Morgane Laouénan (Université Paris 1, LIEPP) 

15h30 - 15h45 : Pause 

15h45 - 17h15 : Renforcer les collaborations autour de l'évaluation des politiques publiques en France. Voir vidéo

  • Virginie Gimbert (Responsable Département recherche et valorisation scientifique - Cnaf) 
  • Isabelle Duchefdelaville (Présidente de la Société Française de l'Evaluation) 
  • Adam Baïz (Responsable de l'évaluation des politiques publiques, à France Stratégie) 
  • Philippe Hayez (Conseiller maître à la Cour des comptes)

Animation : Agathe Devaux-Spatarakis (Quadrant Conseil)

A partir de 18h00 : Cocktail

Seminar: Social Identity and Criminal Justice Contact

May 12th, 12h30 - 14h30
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

LIEPP's Evaluation of democracy and Discriminations research groups and the Centre for European Studies and Comparative Politics (CEE) are glad to invite you to the seminar 

Social Identity and Criminal Justice Contact 

Thursday May 12th, 12h30 - 14h30 (CET)
Location: Room K.011, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007
Mandatory registration

During this seminar, Frank Baumgartner (Department of Political Science, University of North Carolina) will present his recent work with Marty A. Davidson, II and Kaneesha R. Johnson on "Social Identity and Criminal Justice Contact". 

Abstract: 

We use a census of over seven million defendants from the North Carolina judicial system, each person who was arrested from 2013 through 2019 to understand the impact of social and demographic factors on contact with the judicial system. We build a composite index of disadvantage, incorporating information on age, race, and gender as well as information we impute from the individual’s home address. Using geocoded residential addresses allows us to map each individual to different neighborhoods defined by common property values or income levels. We develop a five-fold index based on estimated income, age, race, gender, and characteristics of the neighborhood. This index is strongly associated with various measurable outcomes from the criminal justice system: Contact (rates of arrest), charge dismissals, plea deal acceptance, hiring of private legal counsel, and sentencing outcomes. Here, we focus on contact.

Challenges and innovations in rule of law measurement

Seminar, June 16th 2022, 12h-14h
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

LIEPP's Evaluation of democracy research group is glad to invite you to the seminar: 

Challenges and Innovations in rule of law measurement 

Thursday, June 16th, 12h00 - 14h00
Location: Room C.S16, 1, place Saint Thomas d'Aquin, 75007
Mandatory registration 

Presentation by: 

Abstract: 

The new stress on rule of law due to Sustainable Development Goal 16, on one hand, and the EU new Rule of Law mechanism, on the other, exposes on old vulnerability that scholars have long been aware. Rule of law is notoriously difficult to measure, and the thicker the concept the greater the difficulty, as it’s a basket (multidimensional) concept. Even more difficult is to identify a comprehensive and reliable measurement across time. The most popular governance indicators are perception ones, like the World Bank Institute Governance Indicators, the World Economic Forum Global Competitiveness Survey or Transparency International’s Corruption Perception Index. Such indicators have proved vulnerable to the reputation change of countries. In Europe, high deficit countries, most notably Greece, deteriorated on their World Bank Rule of Law and Corruption Perception Index after the euro crisis hit, exactly when they had embarked on reforms to correct imbalances and rationalize their governance. Once the popular perception attributed their economic problems to their chronic governance quality, experts rushed to correct their previously high rankings, thus punishing precisely the more reform-minded governments, which were trying to fix the problem.

Measurement of institutional change is a formidable problem, and despite advances in governance measurement due to open data there is little guidance for policymakers. A United Nations Development Programme review report noted: ‘To put it plainly, there is little value in a measurement if it does not tell us what needs to be fixed’ (UNDP 2008, p. 8). We need to establish both the present status and the evolution over time of rule of law if we are to succeed in evaluating rule of law across time and provide action-able advice.

This seminar discusses the challenges of operational definitions of rule of law, reviews critically the current measures, and proposes a strategy to use fact-based measures allowing more precise monitoring over time of changes in rule of law. A new generation of fact-based indicators is proposed drawing on the current work of the lecturer as academic consultant for governance measurement for UNODC.

Do Audit Experiments Reflect Applicant Behavior? Cautions for Calculations of Probabilities of Success

Seminar, May 20th, 11h30-13h
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

LIEPP' Discriminations and category-based policies and OSC are glad to invite you to the seminar: 

Do Audit Experiments Reflect Applicant Behavior? Cautions for Calculations of Probabilities of Success

May 20th, 11h30-13h

Location: Room K008, 1 place Saint Thomas d'Aquin

Manatory registration

Speaker: Michael VuoloPhD, is an Associate Professor in the Department of Sociology at The Ohio State University and Editor-in-Chief of Sociological Methodology, the official methods journal of the American Sociological Association. His research interests include law, crime, and deviance; health; employment; substance use; the life course; and statistics and methodology.

Abstract: Audit and correspondence studies have flourished in sociology and related disciplines. By sending actual applications that differ only by particular treatments, this method allows researchers to tap into discrimination by decision-makers such as employers, landlords, and schools that surveys and qualitative interviews are unlikely to reveal, with the strong internal validity of an experiment. However, the applicant is assumed to apply to all available openings for which they are qualified, and the probability of success represents an estimate at the unit level rather than that of the applicant. This presentation uses two studies in progress to consider these two assumptions. First, I present the results of an experiment and qualitative interviews with individuals with criminal records regarding whether they apply for jobs based on inquiries regarding records appearing on job applications. We find that when applications have criminal record questions or warnings of a criminal background check, applicants are less likely to apply for a position and that the reasoning behind such self-selection differs by race and gender. In other words, applicants do not apply to all positions as audits typically assume. Second, I demonstrate via the binomial distribution that unit-level probabilities do not accurately reflect real world applicant chance of success. For most studies of the labor market, they underrepresent the effects of discrimination and do not consider the degree of choice in jobs that applicants of differing treatments attain. For studies of other units such as housing and schools, the unit-level probabilities that note discrimination are of relatively little consequence for real-world applicants. Both studies necessitate a new focus on applicants within audit experiments, with a consideration of both self-selection into applying and applicant-level probabilities of success.

Journées Limites Planétaires

3 mai et 4 mai 2022
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

Présentation

L’axe Politiques environnementales du LIEPP (Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques) et le Centre des Politiques de la Terre, sous la double tutelle Sciences Po et Université Paris Cité, organisent deux workshops sur les limites planétaires et ce afin d’analyser le lien entre ce cadre d’action et les dynamiques d’action collectives qu’il suscite. Ces workshops réuniront académiques et praticiens pour penser conjointement, et dans une perspective interdisciplinaire, la nature, les usages et les effets du concept de limites planétaires.

Objectifs

Les « limites planétaires » font l’objet de vives discussions dans les cercles académiques, agences publiques de l’environnement et organisations de la société civile. Ce concept, développé par Johan Rockström et une équipe de recherche du Stockholm Resilience Center, propose d’appréhender les transformations environnementales au niveau global à partir de neuf processus qui apparaissent comme autant de « limites planétaires », c’est-à-dire de seuils au-delà desquels le système Terre s’oriente vers un avenir incertain.

Les débats académiques ont porté, tout d’abord, sur la pertinence scientifique du concept de limites planétaires, le choix des neuf processus identifiés et des valeurs limites au-delà desquelles un seuil serait franchi, ou encore sur la quantification de leurs effets cumulés dans le temps. Malgré ces critiques, le concept de limites planétaires fait l’objet d’un engouement fort et croissant parmi les acteurs publics, collectifs et privés du domaine de l’environnement, qui se manifeste par sa diffusion rapide au sein des agences nationales de l’environnement, des acteurs économiques et de la société civile. En proposant un cadre global et cohérent pour l’action, le concept de limites planétaires permet ainsi de documenter l’impact écologique des transformations en cours et de quantifier les évolutions propres à chaque pays ou région, contribuant ainsi à la production d’une expertise scientifique à l’échelle globale. En complément du renouvellement des savoirs mobilisés, le lien avec les activités humaines incriminées permet aussi d’envisager le lien avec la fabrique des politiques publiques et de l’action collective, en termes de définition des objectifs et du calendrier, de légitimation de nouveaux acteurs, de renouvellement des méthodes de choix et de sélection, ainsi que de suivi et d’évaluation.

  • Workshop : Les limites planétaires, mobilisation des savoirs pour l’action publique
    Salle J210, 13 rue de l'Université, 75007, Sciences Po, 3 mai, 11h-18h
    Inscription obligatoire
    Contact : Charlotte Halpern (Sciences Po, CEE, LIEPP & CPT)

Pour ce premier workshop, l'attention porte sur les débats académiques et les usages de ce concept dans la fabrique de l'action publique. Comment appréhender ce concept issu des sciences expérimentales, qui s’articule avec une méthode de quantification et une représentation des transformations environnementales à l’échelle du système Terre ? Quels sont les facteurs explicatifs de sa diffusion rapide auprès des autorités publiques de l’environnement, à différentes échelles, et ce malgré les défis considérables soulevés par la collecte et le traitement de données sur chacune des transformations en cours ? En quoi les limites planétaires contribuent-elles, à l’échelle globale, au renouvellement des controverses scientifiques et politiques sur la formulation des objectifs et le choix des moyens ? Enfin, quels usages des limites planétaires sont-ils faits dans la fabrique de l’action publique, et en particulier dans le suivi et l'évaluation des politiques publiques ?

Programme :

11h00 - 11h20 : Accueil, Introduction
Charlotte Halpern (Sciences Po, CEE & LIEPP / CPT)

11h20 - 11h50 : Discussion critique de la notion de limites planétaires du point de vue des sciences expérimentales
Magali Ader (IPGP, UPC)

11h50 - 12h20 : Les limites planétaires : l'inévitabilité des transformations profondes et systémiques pénètre la gouvernance du climat 
Sébastien Treyer (IDDRI)

12h20 - 12h50 : Discussion collective 

13h00 - 14h00 : Déjeuner 

14h00 - 14h30 : Penser la dynamique des systèmes socio-écologiques en lien avec les transformations planétaires
Juliette Pugliesi (Chargée de projets capital naturel - WWF France & Coordinatrice du groupe de travail Biodiversité SBTN (Science Based Targets Network) 

14h30 - 15h00 : Soutenabilité et structuration des enjeux climatiques au sein de l'État 
Johanna Barasz (France Stratégie) 

15h00 - 15h30 : Discussion collective

15h30 - 15h45 : Pause 

15h45 - 16h15 : How good are IPCC graphs at communicating climate science to policy-makers? 
Helen Fischer (University of Mainz & Leibniz Institute for Knowledge Media, Tübingem) 

16h15 - 16h45 : Discussion
Anneliese Depoux (co-directrice du Centre Virchow-Villermé et membre du Centre des Politiques de la Terre, Université Paris Cité) 

16h45 - 17h00 : Discussion

 

  • Workshop : Les limites planétaires, mobilisation des savoirs pour l’action collective
    Salle M19 du Bâtiment Olympe de Gouges, Campus de Rive Gauche, Université Paris Cité, 4 mai, 14h-18h
    Inscription obligatoire
    Contact : Nathalie Blanc (CNRS, LADYSS, Université Paris Cité & CPT)

Ce second workshop sur les limites planétaires portera sur les capacités mobilisatrices d’une conceptualisation issue des sciences expérimentales auprès des organisations de la société civile. Les limites planétaires peuvent-elles dès lors constituer un vecteur d’engagement, en particulier pour les non-experts ? Comment les associations et les mouvements de défense de l’environnement se sont-ils appropriés cette notion et l’ont-ils intégrée dans leur répertoire d’action ? Quelle place est faite aux connaissances scientifiques dans l’action ? Que permet cette expression en termes d’action collective ?

Programme : 

14h00 - 14h15 : Accueil, Introduction de la journée d'étude et présentation des intervenants 
Nathalie Blanc (CNRS, LADYSS, CPT) et Romain Leclerq (CPT) 

14h15 - 15h00 : Intervention de Marine Calmet (Wild Legal) 
En 2020, l'association Wild Legal construit aux côtés de la Convention Citoyenne pour le Climat une proposition visant à la création d'une Haute Autorité pour le Climat, instance supra ministérielle compétente pour garantir l’application et le respect des mécanismes biologiques des écosystèmes ainsi que leurs interactions. Il s'agit d'apporter une réponse transversale aux enjeux climatiques et écologiques mais également de provoquer une profonde refonte de l’ensemble de nos politiques écologiques en misant sur l’adoption d’outils juridiques nouveaux issus de la collaboration entre scientifiques, juristes et citoyens.

15h00 - 15h15 : Questions sur l'intervention 

15h15 - 16h00 : Intervention de Yamina Saheb (OpenExp) 
A l’appui des exemples de l’Union européenne, de la France et de l’Allemagne, cette intervention permettra de mettre en avant ce en quoi les objectifs de décarbonation annoncés par les pays de l’OCDE ne sont pas alignés avec la limite qui leur est propre, déjà dépassée. Ces objectifs n’étant pas non plus compatibles avec les trajectoires des autres pays, la dichotomie Nord-Sud est d’autant plus renforcée.

16h00 - 17h30 : Discussion collective

Supports méthodologiques pour les revues de littérature

Le LIEPP promeut la réalisation de revues de littérature interdisciplinaires comme outil pour l’évaluation des politiques publiques.

Plusieurs séances de son séminaire METHEVAL ont été consacrées à cette question, et un volet de ses appels à projets est dédié au financement de revues de littérature interdisciplinaires.

Cette page se propose de réunir et de rendre accessibles des ressources méthodologiques pour la réalisation de différents types de revues de littérature afin de faciliter l’adoption de cette pratique.

  • Choisir un type de revue de littérature adapté

Cet outil est conçu pour fournir des conseils et du matériel de soutien aux chercheur.e.s sur les méthodes de conduite et de présentation des synthèses de connaissances.

Right Review : https://rightreview.knowledgetranslation.net/

  • La revue exploratoire interdisciplinaire

“La revue de littérature exploratoire (“scoping review” ou “mapping review” en anglais) est une approche plus récente. Elle a pour objectif de faire un état des lieux rapide des connaissances sur un sujet (recherches scientifiques et/ou autre type de littérature). [...] La revue de littérature exploratoire reste avant tout un travail de recherche d'identification, de nature essentiellement descriptive, qui comportera des critères d'inclusion plus larges qu'une revue systématique.”

Note méthodologique par Chloé Mour

  • La revue de littérature systématique

“Une revue systématique compile toutes les données probantes correspondant aux critères d'éligibilité prédéfinis afin de répondre à une question de recherche spécifique. Elle utilise des méthodes explicites et systématiques sélectionnées en vue de minimiser les biais, fournissant ainsi des résultats plus fiables et permettant de tirer des conclusions et de prendre une décision éclairée (Antman, Lau, & Tharyan, 1992; Oxman & Guyatt, 1993).”

Belaïd, Loubna et Valéry Ridde, “Une cartographie de quelques méthodes de revues systématiques”, Working Paper du Ceped, n°44, Ceped (UMR 196 Université de Paris IRD, ERL 1244 Inserm), Paris, Mars 2020.

Cochrane Handbook for Systematic Reviews of Interventions

Seminar : Firms and the Intergenerational Transmission of Labor Market Advantage

April 15th, 11h30-13h (CET)
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

LIEPP's Educational Policies research group and OSC are glad to invite you to the seminar: 

Firms and the Intergenerational Transmission of Labor Market Advantage

Friday April 15th, 11h30-13h00 (CET)
Location: Room K.008, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007
Mandatory registration 

During this seminar, Per Engzell (Research Fellow in Sociology, postdoctoral Researcher in the Leverhulme Centre for Demographic Science, University of Oxford and visiting professor at LIEPP from March to April 2022) will present his recent paper with Nathan Wilmers (MIT Sloan): 

Abstract: 

Recent research finds that pay inequality stems both from from pay-setting and from workers’ individual characteristics. Yet, intergenerational mobility research remains focused on transmission of individual traits, and has failed to test how firms shape the inheritance of inequality. We study this question using three decades of Swedish population register data, and decompose the intergenerational earnings correlation into firm pay premiums and stable worker effects. One quarter of the intergenerational earnings correlation at midlife is explained by sorting between firms with unequal pay. Employer or industry inheritance account for a surprisingly small share of this firm-based earnings transmission. Instead, children from high-income backgrounds benefit from matching with high-paying firms irrespective of the sources of parents’ earnings advantage. Our analysis reveals how an imperfectly competitive labor market provides an opening for skill-based rewards in one generation to become class-based advantages in the next.

Seminar : The politics and policy of the allocation of development finance for renewable energy projects

April 6th, 12h-14h (CET)
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

LIEPP's Environmental Policies research group is glad to invite you to the seminar : 

The politics and policy of the allocation of development finance for renewable energy projects

Wednesday April 6th, 12h00-14h00 (CET)
Location : Innovation Room, LIEPP, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007
Mandatory registration

Presentation by: 

  • Cristina Peñasco: Professor of Public Policy, University of Cambridge and visiting professor at LIEPP in March-April 2022. 

Abtract: The access to affordable and clean energy is one of the global goals in the Agenda 2030. Energy is a priority resource as it acts as an asset at the core of sustainable development: it can help overcome social, economic and environmental challenges. The transition to low carbon economies is essential for economic development in developing economies and it opens venues for developed countries to think strategically about energy and foreign policy in a changing context. Analysing how bilateral aid for renewable energy projects i.e. mitigation energy projects for energy generation with renewable sources, is allocated is essential to understand if donor countries prioritize social and environmental goals or if their motives are less altruistic and more focused on their own economic and strategic benefits. This seminar will explore the factors behind the decision of donor countries regarding the provision of Official Development Assistance (ODA) for renewable energy projects in developing countries and will propose policy solutions to foster the effectiveness of ODA and its catalytic role in reducing risks and secure further investments on renewable energy generation infrastructure.

3ème workshop climat urbain

Journée d'étude, 15/03 de 9h30 à 16h00, format hybride
  • Martin HendelMartin Hendel

Le Laboratoire Interdisciplinaire des Énergies de Demain (LIED) (Université de Paris) et l'axe Politiques environnementales du LIEPP (Sciences Po) ont le plaisir de vous inviter à une journée d'étude dédiée au climat urbain : 

3ème Workshop Climat Urbain
Du fondamental aux solutions d'adaptation au changement climatique

La journée aura lieu mardi 15 mars 2022 de 9h30 à 16h00, en format hybride.
Lieux : UFR de Physique de l'Université de Paris, (4 rue Elsa Morante, 75013 Paris) et via Zoom

  • matin : amphithéâtre Pierre-Gilles de Gennes, au 1er sous-sol
  • après-midi : salle Luc Valentin 454A

Inscription gratuite mais obligatoire auprès de martin.hendel@u-paris.fr

Merci de noter que pour les personnes participant en présentiel à l’événement le contrôle du passe vaccinal est obligatoire

Programme :

  • 9h30-10h00 : Accueil-café

  • 10h00-12h00 : Urban climate change considerations for Singapore - séminaire de Matthias Roth (Professor in the Department of Geography at the National University of Singapore)

Abstract : Cites in warm or hot regions are strongly affected by the UHI which increases ambient outdoor temperature and decreases outdoor thermal comfort to possibly intolerable levels. The situation is exacerbated in equatorial/wet climates, where high day- and nighttime air temperature in combination with the high humidity characteristic of the wet tropics, present a particularly challenging living environment for urban residents. Such additional warming generated by the UHI on top of anthropogenic global warming is clearly undesirable. Singapore, located in the tropics next to the equator, is no exception to this. Rapid growth of the city has generated a nocturnal canopy-layer UHI intensity which has doubled in magnitude since 1965; at the same time the spatial extent of the nocturnal UHI has also expanded to accommodate a growing population and expanding industries, often at the expense of vegetated areas. Local growth and development aspirations are therefore likely responsible for a local temperature increase which is about twice that of the global temperature trend over land. Given the homemade nature of this local urban climate change, options exist to mitigate some of the unwanted warming, irrespective of (in)action at the global level regarding anthropogenic global warming. This presentation demonstrates how Singapore has become a hot “little red dot” and introduces some observational and modeling work directed at better understanding the local urban climate.

  • 12h00-14h00 : Pause déjeuner

  • 14h00-16h00 : Workshop "Projets d'adaptation climatique des cours d'école" du groupe de travail "Climat urbain et applications opérationnelles"

Etudier, comprendre et appréhender les violences fondées sur le genre

Ecole thématique, lundi 16 mai-vendredi 20 mai
  • Catherine CavalinCatherine Cavalin

Le LIEPP co-organise l'École thématique : 

Étudier, comprendre et appréhender les violences fondées sur le genre.
Perspectives interdisciplinaires et internationales (Violences_Genre) 

Dates : du lundi 16 mai 2022 au vendredi 20 mai 2022

Lieu : Centre d'hébergement Paul Langevin (CAES du CNRS) à Aussois, Savoie 

Objectifs scientifiques de l'école 

L’objectif de cette école thématique est double : il s’agit de proposer un état des lieux des savoirs sur les violences fondées sur le genre et de revenir sur les différents types de politiques publiques qui existent pour les combattre. À ce titre, dans le contexte de prise en compte croissante de ces violences, l’école thématique vise à acquérir des bases indispensables des savoirs sur les violences de genre : épistémologiques, sociologiques, historiques, anthropologiques, juridiques ou encore épidémiologiques.

Les violences de genre sont aussi façonnées par les contextes politiques et sociaux. L’école thématique s’intéressera aux effets contextuels sur ces violences, en particulier là où les violences interindividuelles de tous types et létales façonnent au quotidien toutes les sociabilités. Comment des contextes de crime organisé, de violences de masse, ou des états de guerre modifient-ils la construction et la perception des violences de genre ? En quoi ces contextes, malgré leur diversité, se rejoignent-ils cependant dans une possible interprétation à travers le filtre du genre ? Pour répondre à ces interrogations, l’école thématique tâchera de faire émerger des questionnements communs à différentes traditions académiques et s’appuiera sur différentes perspectives disciplinaires (droit, sociologie, philosophie, anthropologie, médecine, etc.).

Publics concernés 

L’objectif de cette école thématique est de permettre des discussions entre des chercheuses et des chercheurs spécialistes des violences de genre, doctorant.e.s, docteur.e.s, titulaires ou non, et des personnes travaillant à d’autres titres sur les violences :

a) chercheur·e·s étudiant d’autres formes de violences (violences de guerre, violences de masse, autres formes de violences interpersonnelles) qui n’ont pas nécessairement questionné leurs terrains sous l’angle du genre ;

b) chercheur·e·s ayant rencontré la problématique des violences de genre au cours de leurs recherches, mais de manière annexe ou connexe et qui souhaitent s’en saisir plus avant. En ce sens, notre école thématique invitera des chercheur·e·s à réaliser en quelque sorte une revisite de leurs propres travaux dans l’optique des violences de genre : font-elles sens, dans ces matériaux d’enquête constitués sur d’autres thématiques ou à d’autres fins ? Qu’éclairent-elles sur ces terrains “décalés” ?

c) chercheur·e·s qui travaillent sur les violences de genre et qui souhaitent renforcer leurs connaissances ; 

d) non-chercheur·e·s dont la pratique professionnelle, non nécessairement orientée par une grille de lecture genrée, concerne les violences à un titre ou un autre.

Modalités d'inscription 

Les demandes d’inscription doivent être envoyées à l’adresse suivante : et.violencesdegenre@gmail.com

Date limite de préinscription : 15 mars 2022

Confirmation et paiement des inscriptions : 16-30 mars 2022

Toutes les informations et le programme détaillé

Évaluation économique de la Stratégie Nationale Bas Carbone en Tunisie

7 mars, 12h30 - 14h30

La direction scientifique de Sciences Po et l'axe politiques environnementales du LIEPP co-organisent le prochain séminaire dans le cadre de l'Atelier interdisciplinaire recherches sur l'environnement (AIRE) : 

Évaluation économique de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) en Tunisie 

7 mars, 12h30 - 14h30
En ligne
Inscriptions auprès de marina.abelskaiagraziani@sciencespo.fr

Présentation : 

Avec l’accord de Paris, les parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) se sont engagées à une politique climatique ambitieuse pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. Les gouvernements sont appelés à engager deux actions complémentaires dans la lutte contre le changement climatique :

i. Une contribution déterminée au niveau national (CDN) visant à inciter les pays à fixer des objectifs quantitatifs de réduction des émissions de GES à l’horizon 2030.

ii. Une stratégie nationale bas carbone (SNBC) visant à adopter des politiques climatiques d’atténuations à l’horizon 2050 afin de décarboner profondément leurs économies. Face à l’urgence de l’action climatique, la Tunisie doit entreprendre des réformes structurelles et mettre en place les conditions propices pour favoriser le développement socio-économique à faibles émissions de gaz à effet de serre (GES) et résilient au changement climatique. L’élaboration de la SNBC représente pour la Tunisie une opportunité pour moderniser son modèle économique tout en réduisant les émissions de GES. Dans cette présentation, nous ferons une introduction sur les enjeux énergétiques, climatiques et économiques en Tunisie. Nous passerons en revue la démarche adoptée pour l’élaboration de la SNBC ainsi que la vision climatique et énergétique et les différents leviers techniques et économiques de mise en œuvre. Finalement, nous présenterons une évaluation quantitative de la SNBC en Tunisie à l’aide du modèle ThreeME. Nous simulons différents scénarios qui combinent plusieurs instruments ou mesures de lutte contre le changement climatique : une pénétration significative des énergies renouvelables dans le mix électrique, l'élimination des subventions aux énergies fossiles et la mise en place d'une taxe carbone.

Intervenant.e.s : 
  • Gissela Landa, spécialiste de la modélisation macroéconomique. Elle a rejoint en 2012 l’OFCE au sein du pôle environnement pour travailler sur les problématiques de la transition énergétique, notamment à l’aide du modèle ThreeME et pour lequel elle en a opéré son adaptation à l’économie mexicaine et tunisienne. Ses recherches sont consacrées à l’impact de politiques environnementales et aux liens entre changement climatique, transition énergétique et développement. Avant cela, Gissela travaillait à l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’Energie (ADEME) au sein du département « Économie et Prospective » où elle a contribué au développement d’un modèle du secteur forestier intitulé DEFIBOA.
  • Frédéric Reynès, directeur de NEO (Netherlands Economic Observatory, Dept. International) et chercheur associé à l’OFCE en charge du Pôle Environnement. Il est spécialiste en modélisation macroéconomique et des méthodes d’analyse quantitative. Son expertise et ses intérêts de recherche principaux portent sur la macroéconomie appliquée, les questions énergétiques et environnementales (en particulier les politiques fiscales et le marché pétrolier) et le marché du travail. Depuis 2008, il supervise les développements du modèle ThreeME (Multi-sector Macroeconomic Model for the Evaluation of Environmental and Energy policy).
Chair : 

Charlotte Halpern, chercheuse au Centre d'Études Européennes et de politique comparée (CEE) et co-directrice de l'axe politiques environnementales du LIEPP

Vidéo de la séance 

Bilan et perspectives des dispositifs d'ouverture sociale à Sciences Po

Séminaire politiques éducatives - Vendredi 18 février 16h30-18h30 (en ligne)
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

L'axe politiques éducatives du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire : 

Bilan et perspectives du dispositif d'ouverture sociale à Sciences Po

Vendredi 18 février, 16h30-18h30 (en ligne)
Inscription obligatoire

Interventions : 

  • Stratégies de présentation de soi et modes de jugement des performances à l’oral des candidats à Sciences Po par la voie « Convention éducation prioritaire » (CEP) par Agnès VAN ZANTEN (OSC, LIEPP)

Cette présentation s’appuiera sur deux ensembles de matériaux recueillis dans le cadre d’une enquête qualitative plus vaste, réalisée entre 2013 et 2020 et portant sur les trajectoires et expériences des étudiants ayant été admis à Sciences Po par la voie « Convention éducation prioritaire ». Il s’agit tout d’abord de 72 entretiens avec des jeunes « CEP » dont 30 effectuant encore des études à Sciences Po en premier cycle ou en Master et 42 diplômés, tous sauf un exerçant déjà un emploi. Il s’agit ensuite d’entretiens avec 30 membres des commissions d’admission par la voie CEP et avec 9 organisateurs de ces commissions, à quoi s’ajoutent des observations participantes d’une dizaine de commissions. La perspective interactionniste adoptée mettra l’accent sur la façon dont deux modalités idéaltypiques de présentation de soi adoptées par les étudiants (méritocratique et stratégique) interagissent avec deux modalités de jugement des membres des commissions (le jugement professoral et le jugement managérial) et sur leurs effets sur les chances d’admission des candidats.

  • Dynamiques sociales et territoriales du recrutement à Sciences Po : l’impact du CEP par Marco Oberti (OSC, LIEPP)
A partir des données de la scolarité sur les élèves, et de celles de la base APAE sur les lycées, nous présenterons d’une part, l’évolution du profil social, territorial et scolaire des étudiants sur la période récente, et d’autre part les caractéristiques de leur lycée d’origine. Nous nous intéresserons aux deux procédures d’admission (procédure par examen et CEP) qui, jusqu’en 2021, concernaient les élèves issus des établissements situés en métropole ou dans les DROM. Si le CEP a permis à une part non négligeable d’élèves de milieu populaire d’intégrer Sciences Po, la part de ceux issus des classes supérieures admis par cette voie reste majoritaire. Parallèlement, le profil de ceux admis par la procédure par examen reste stable dans le temps et très sélectif et homogène sur le plan social, scolaire et territorial. Ces résultats sur la période 2014-2018 seront discutés à l‘aune des premiers éléments dont nous disposons pour la période la plus récente, caractérisée par des changements institutionnels très importants (réforme de la procédure d’admission et du baccalauréat, intégration à Parcoursup) mais aussi par une pandémie.

Echange autour de l’ouvrage - Evaluation : fondements, controverses, perspectives

Mardi 8 mars 17h-19h, format hybride
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

Le LIEPP (Sciences Po) et le Ceped (Université de Paris) ont le plaisir de vous inviter à l'échange autour de l’ouvrage:

Évaluation : fondements, controverses, perspectives, ESBC, 2021 (disponible en Open access)

Anthologie coordonnée par Thomas DELAHAIS (Quadrant Conseil), Agathe DEVAUX-SPATARAKIS (Quadrant Conseil), Anne REVILLARD (Sciences Po, OSC, LIEPP) et Valéry RIDDE (Université de Paris, Ceped et IRD)

Mardi 8 mars 2022, 17h00-19h00

L'événément aura lieu dans l'amphithéâtre Emile Boutmy, 27 rue Saint Guillaume, 75007 et pourra également être suivi à distance

Merci de noter que le passe sanitaire sera requis pour une participation en présentiel à l'événement. 

Résumé de l'ouvrage :

Nombre d'institutions publiques locales, nationales ou internationales mobilisent des pratiques d’évaluation pour dresser le bilan de leurs interventions et nourrir la décision publique. L’évaluation reste toutefois relativement mal connue dans ses fondements théoriques et dans la diversité de ses pratiques.

À quoi sert-elle ? Qui évalue et comment ? En fonction de quelles valeurs évalue-t-on ? L’évaluation est-elle une science, et sur quels paradigmes repose-t-elle ? Telles sont les grandes questions explorées par cet ouvrage. Sans défendre une « école » particulière, nous rendons compte de la diversité des approches à partir de la traduction en français de textes fondateurs et contemporains du champ international de l’évaluation.

Ciblant un lectorat divers (au sein des universités, des administrations, du secteur privé ou associatif), cet ouvrage en accès ouvert entend ainsi favoriser les échanges et contribuer à la consolidation d’un socle de références communes en évaluation. Plus de détails sur l’ouvrage

Programme : 

L'échange sera organisé autour de deux tables rondes. 

  • 17h00 - 17h15 : Introduction par les auteurs et autrices de l'ouvrage. Voir vidéo
    Thomas Delahais (Quadrant conseil), Agathe Devaux-Spatarakis (Quadrant conseil), Anne Revillard (Sciences Po, OSC, LIEPP) et Valéry Ridde (Université de Paris, Ceped et IRD)
  • 17h15 - 18h05 : L'évaluation entre recherche et action. Voir vidéo
    Intervenant.e.s : Nathalie Mons (Cnesco), Rigas Arvanitis (Ceped-IRD), Adam Baïz (France Stratégie)
  • 18h05 - 19h00 : Qui évalue en fonction de quelles valeurs ? Voir vidéo
    Intervenant.e.s : Paul Cotton (Jeunes SFE), Danièle Lamarque (Société européenne d'évaluation), Karen Rousseau (AFD)

LIEPP dans les médias : Janvier 2022

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Axe politiques socio-fiscales

Axe politiques éducatives

Axe discriminations et politiques catégorielles

Axe évaluation de la démocratie

Autres thèmes de recherche

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Séminaire revues de littérature

Mardi 8 février, 16h00-17h30
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Le LIEPP a le plaisir de vous inviter à un séminaire de présentation de revues de la littérature encadrées par les axes Discriminations et politiques catégorielles et Politiques environnementales. Le séminaire a pour objectif de mutualiser et d'échanger autour des enseignements, des méthodes et des difficultés de ces revues. 

Mardi 8 février 2022, 16h00-17h30 - Format hybride 
Zoom ou Salle d'innovation du LIEPP, 1, place Saint Thomas d'Aquin, 75007, Paris

Inscription obligatoire

Merci de noter que le passe sanitaire sera requis pour une participation en présentiel au séminaire

Présentation des revues : 

  • Anti-discrimination policies in higher education institutions : an interdisciplinary scoping review

Par Chloé Mour (LIEPP) en collaboration avec Daniel Sabbagh (CERI) et Anne Revillard (OSC, directrice du LIEPP et co-directrice de l'axe Discriminations et politiques catégorielles). Toutes les informations sur le projet

 Over the last decades, academic institutions have increasingly introduced initiatives aimed at reducing a wide range of discriminations (based on charasteritics such as gender, race, class, disability, religion, sexual orientation) hindering studies or career advancement. However, little is known about their intended effects. This interdisciplinary scoping review maps the literature on the evaluation of policies tackling discriminations in higher education institutions (HEIs). The review includes research evidence assessing implemented policies across every geographical location and across time.

Results will be presented during the workshop. The overarching goal is to provide a clear picture of a complex and wide area of research (and policy-making) for both researchers and practitioners. A second item of discussion relates to the applied methodology, here the Joanna Briggs Institute's methodology for scoping reviews. Initially used in health studies, scoping review is becoming a popular method to synthesize research evidence in social sciences. Issues and challenges faced with this methodology will be raised.

 

  • Les politiques publiques et la gouvernance des transitions écologiques

Par Nathalia Cappelini (Institut de hautes études internationales et du développement) en collaboration avec Charlotte Halpern (CEE, co-directrice de l'axe Politiques environnementales du LIEPP)

Cette revue de littérature systématique et exploratoire a pour objectif d’interroger la part dévolue, dans les études sur les transitions écologiques, aux régulations politiques et en particulier aux politiques politiques et la gouvernance. À partir d’un corpus de 100 articles scientifiques nous avons conduit des analyses par métadonnées, par secteur et enfin transversales, pour identifier comment les politiques publiques et la gouvernance - comme objet d’étude et comme disciplines - éclairent l’analyse des transitions écologiques. En tant qu’objet d’étude, quelles dimensions des politiques publiques et de la gouvernance sont mobilisées par les travaux sur les transitions pour rendre compte des transformations en cours ? En tant que disciplines, quels concepts, cadres d’analyse, outils et méthodes des policy et des governance studies sont retenus dans le champ des études de la transition ? Dans une deuxième étape, cette revue de littérature vise aussi à établir un dialogue avec les praticiens qui interviennent dans l’évaluation des transition, et ce pour affiner la compréhension du rôle des politiques publiques et de la gouvernance dans ces processus.

Les séminaires de l'axe Discriminations et politiques catégorielles

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L’axe Discriminations et politiques catégorielles organise au moins une fois par mois un séminaire ouvert à tous.tes, présentant des travaux de recherche sur divers sujets en lien avec ses thématiques.

Séances à venir : 

2024

Inscription obligatoire pour assister au séminaire en présentiel.

Inscription obligatoire pour assister au séminaire via Zoom.  

Séances passées : 

2024

  • 21 mars : Séminaire What If The Basis For Policy Decisions Is Misleading? The Case Of Perceived Discrimination Of LGBTQ+. Voir programme

2023

  • 15 décembre :  Workshop "Discrimination and Inequalities on online markets". Voir programme

  • 23-24 novembre : Gender equality policy in practice (GEPP) – Equal pay workshop implementation when policy fails: the uphill battle for equal pay. (Workshop interne).

  • 1er juin : The politics of “deservedness”: the case of on-demand food delivery couriers. Intervention de Meng-Hsuan Chou. Voir programme

  • 12 avril : Mesurer et analyser les discriminations dans l'enseignement supérieur et la recherche - présentation des enquêtes ACADISCRI et ESTRADES. Voir programme. 

2022

  • 10 novembre : "Saturé de Genre" : affirmer ou minimiser le genre dans les papiers d’identité. Voir programme  
  • 8 novembre : Journée d’étude Handicap, Genre et Emploi : Regards Croisés. Voir programme 
  • 6 octobre : Prosecutor discretion in courtroom workgroups. Voir programme Lire l'entretien avec Aurélie Ouss "Evaluer les politiques pénales en France et aux Etats-Unis"
  • 14 septembre : Criminalité & Justice : nouvelles perspectives en termes d'inégalités. Voir programme 
  • 21-22 juin :  Equal Pay in Practice: Comparative Research on Policy Implementation. Voir programme
  • 20 mai : Do Audit Experiments Reflect Applicant Behavior? Cautions for Calculations of Probabilities of Success. Voir programme
  • 18 mai : Analyse des procédures de recrutements des musiciennes et musiciens dans les orchestres permanents : réflexions méthodologiques autour du projet PRODIGE. Voir programme
  • 23 mars : Changer la société par la famille et par le droit ? Minorités sexuelles et de genre d'un continent à l'autre. Voir programme
  • 16 février : Visible Representation ? The Descriptive and Substantive Political Representation of Marginalised Groups in Democratic Parliaments. Voir programme
  • 27 janvier : Telemedicine in Abortion Care. Voir programme
  • 19 janvier : Que peuvent les chiffres contre les discriminations ? Retour sur le dossier : "L'égalité par les chiffres" des Cahiers de la lutte contre les discriminations. Voir programme

2021

  • 24 novembre : Les quotas de genre dans les Conseils d'Administration. Voir programme
  • 20 octobre : Obstacles psychosociaux à l'égalité femmes-hommes : idéologies légitimatrices, effet backlash et opposition à l'action collective. Voir programme
  • 29 septembre (en anglais) : Separating race from religion? Dilemmas of the Committee on the Elimination of Racial Discrimination (CERD). Voir programme

Cycle de séminaires : Méthodes et approches en évaluation (METHEVAL).

  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

  

 

Présentation du cycle de séminaires

Le cycle de séminaires « Méthodes et approches en évaluation » (METHEVAL) se propose d'approfondir la réflexion sur les méthodes et approches en évaluation des politiques publiques dans une optique interdisciplinaire et ouverte à la diversité des perspectives. Il s’agit à la fois de susciter des échanges entre chercheur.e.s utilisant différents types de méthodes, de renforcer les compétences collectives en évaluation par la constitution progressive d’un corpus de références commun, et de préciser le positionnement du LIEPP au regard des débats les plus récents qui traversent le champ international de l’évaluation.

Transversale aux différents axes thématiques du LIEPP (politiques éducatives, discriminations et politiques catégorielles, politiques socio-fiscales, évaluation de la démocratie, politiques environnementales, politiques de santé), cette réflexion sur les méthodes et approches en évaluation constitue un lieu d’échange et de développement d’une culture évaluative commune.

A partir de présentations d’intervenant.e.s internes ou externes au LIEPP appartenant à différentes disciplines (économie, sociologie, science politique, éducation, santé…), le cycle veillera à rendre compte, au fil des séances, de la pluralité des méthodes actuellement mobilisées en évaluation (ex. études d’impact, méthodes économétriques, méthodes qualitatives ou mixtes, analyse de la mise en œuvre, revues de littérature…) dans une diversité de domaines et de contextes nationaux. 

A qui s’adresse le cycle ?

Au-delà de l’approfondissement de différentes techniques méthodologiques, ce séminaire vise à ouvrir une réflexion sur les enjeux épistémologiques et éthiques de l’évaluation, mais aussi sur ses usages et son impact sur la société et l’action publique. Il a aussi vocation à être un lieu d’échange entre acteurs académiques et non-académiques (administratifs, associatifs, consultants…) de l’évaluation.

Quelle est sa finalité ?

Ce cycle de séminaire et ses traces numériques, en libre accès, ont aussi vocation à fonctionner comme ressources pour d’autres acteurs universitaires, administratifs, professionnels et associatifs impliqués dans des démarches d’évaluation des politiques publiques. Un projet de publication collective sous forme d’ouvrage pourra être adossé à ce séminaire, la mise en discussion des présentations permettant d’avancer dans la réalisation de ce projet éditorial.

Programme des séances

Nota bene : les séminaires se dérouleront en ligne les jeudis de 17h à 18h (heure de Paris), sauf indication contraire.

PROCHAINES SÉANCES

2024

Résumé : Unlike organisational studies, which abandoned the notion of 'configuration' after considering it essential in the 70s and 80s, it is now widely used in evaluation, particularly among case study approaches and qualitative methods. In this presentation, Valéry Ridde, Sarah Louart and Jean-Marc Goudet analyse the role of configurations in health sociology, organisational sociology and realist evaluation in the context of global health interventions. After reviewing the literature to show how the concept's use has evolved, they will explain how they have used the configuration tool in their hospital resilience studies, medical technological innovation, and mental health in the face of climatic events. Finally, they will discuss how the configuration can be a heuristic element in knowledge transfer and the transferability of evaluation findings. 

  • 23 mai : Increasing internal and external validity through a multimethod evaluation with Qualitative Comparative Analysis and Process Tracing: The Case of Training Transfer Effectiveness in Flemish SMEs.a (title to be confirmed). Intervenantes : Priscilla Alamos-Concha (Radboud University) / Valerie Pattyn (Leiden University). Inscription obligatoire pour participer au séminaire via Zoom

sÉances passÉes 

2024

  • 18 avril :  Navigating the Context and External Validity Conundrums in Realist Cross-Country Evaluations. Intervenante : Ana Manzano (University of Leeds). Résumé de la séance.  

In evaluation research, the external validity issue is always problematic because it entails extending study conclusions to other future populations in which the interventions are delivered under different temporal and/or spatial conditions. Consequently, to establish causality in an absolute sense (to ‘replicate’ and ‘scale up’ interventions) seems an impossible task since programmes are often not entirely transferable, due to the contextual complexities and implementation challenges encountered outside controlled research environments.

In this webinar, I will discuss how case-oriented comparative realist cross-country evaluations aim to learn “why interventions worked in this way” (analytical) as opposed to “learning about” other countries (interpretative). That is, in realist evaluations, the typical cross-country evaluation question “Does this intervention work better in one country than in another”? is re-conceptualized as “How and why does this intervention work differently in each country, for whom, in what circumstances?” The detailed answer to that “why” is where the explanatory power rests. The process entails adding explanatory depth through contextualization but also de-contextualization through middle-range theorization.

With biomedicine as prime influence, randomized controlled trials were considered for a long time at the top of a hierarchical pyramid of evidence in global health. However, another perspective and view on causality has gradually been gaining ground. Increasingly, health is being considered as a complex social phenomenon embedded in a specific system and context. The Covid-19 pandemic, with its intersecting uncertainties at multiple levels, has further exposed the need for a contextual turn in global health. Complexity thinking in health is oriented towards a better understanding of health systems and its embeddedness in a systemic context is currently having a momentum. Realist Evaluation is part of these complexity-oriented methodologies that put context front and centre. We explore how Realist Evaluation tackles the role of context in its causal analysis.

Mixed methods research, i.e., research combining qualitative and quantitative methodologies, has grown in popularity in program evaluation to understand complex interventions. Despite recent constructive and fruitful developments that have led to the consolidation of mixed methods as a distinctive methodology, fundamental methodological issues such as generalization have received little attention. The purpose of this presentation is to provide a critical reflection on how the concept of generalizability has been used in mixed methods research.

The presentation will be structured into three parts. First, we will describe how generalization is conceptualized in quantitative and qualitative research, highlighting the significant differences between both and the difficulties in reconciling them in a mixed methods study. Second, we will provide preliminary results of a review on generalization in mixed methods research. Finally, we will end with a discussion on the threats to generalization in mixed methods research.

In this presentation, Dr. Wong will explain how complexity can be conceptualised and broken down into 'researchable' components using realist research approaches (namely realist review/synthesis or realist evaluation). More importantly, these approaches provide a warrant for the transferability of findings from one setting to another. 

2023

How can evaluators meet the growing demand for generalisable claims, especially in the context of evaluating complex interventions in a complex world? While the scientific debate often focuses on methodological requirements, evaluation practitioners face a very different equation. Indeed, they are usually not in a position to choose the time, budget or data conditions under which they conduct their evaluation. And yet they are required to ensure a sufficient level of robustness in answering the evaluation questions, while at the same time addressing questions of value (Is it good? For whom and when?), utility and policy relevance.

Evaluators have long developed strategies for 'squaring the circle' that are not without merit. In particular, they pragmatically focus on the uses and users of generalisability claims, and rely on the entire evaluation process, rather than being limited to methodological aspects. However, we argue that these routines are insufficient in complex situations. We take the example of social-ecological transition initiatives, which are complex interventions, to show how conventional approaches can be impractical and even harmful. We illustrate some additional strategies that might be pursued, including: iterative attempts to clarify what is to be generalised; providing guidance on when claims of generalisability are sensible; and paying attention to the contexts of implantation.

  • 16 novembre : External validity in program evaluation; iron laws, hiding hands and the evidence ecosystem. Intervenant : Tom Ling, Senior Research Leader and Head of Evaluation, RAND Europe, and President of the European Evaluation Society. Résumé de la séance. Voir vidéo

Assessing the external validity (or transferability) of any research or evaluation continues to raise challenges. Some of these challenges relate to the technical design of the research/evaluation and to the extent to which the study has internal validity (as a prerequisite for having external validity). However, equally important when understanding transferability is the evidence ecosystem within which the new knowledge is created and then ‘lands’. This problem is often less well understood but if we are interested in how (far)knowledge can be transferred from one study to other settings we require evidence that goes beyond evidence about the technical design and reliability of results of the study. To understand the circumstances under which findings can be confidently transferred, we need to understand the evidence ecosystem within which the findings are constructed and this includes:

• CAUSAL DENSITY Does the evidence produced tell us about potential impacts of similar interventions with other groups, in different places, at a different scale, and across different timescales, and what does prior evidence about the causal density of similar interventions tell us;

• DESIGN AND IMPLEMENTATION CONTEXT Does this study show the strength of the evidence behind the design of the intervention, and does it describe in sufficient detail how the intervention was implemented so that other interventions may have fidelity to the original design, and does implementation science support the expectation that the intervention will be as planned;

• PRIOR SCIENTIFIC RESEARCH AND EVALUATION KNOWLEDGE What is the strength of existing evidence about the impact of similar interventions and - understanding and no evidence is understood in a vacuum - are the results supported or undercut by previous tacit knowledge and research findings, and how strong is this prior evidence (scientific progress is based on building on or refuting previous results);

• RELEVANCE How do/will policy makers and other decision-makers make sense of and use the evidence, and does it tell them anything that is actionable and effective. Is the evidence produced technically proficient but practically irrelevant to decision makers.

To show that these are not entirely new concerns we will touch on the work of Rossi and Hirschman before, drawing on examples, we explore the question of generalizability (or transferability) in the context of these four questions and suggest that at least some of the disputes about generalisability/transferability should be understood differently and more constructively.

In this session, Doug Besharov and Anne Revillard will introduce the topic of this year’s METHEVAL seminar series, external validity or generalizability in policy evaluation. Following up on the event organized at LIEPP in June, 2023, the sessions organized during the 2023-2024 academic year will address the question of how to generalize based on evaluative approaches that embrace complexity, notably realist evaluation. In this introductory session, Doug Besharov and Anne Revillard will open a discussion on definitions and terminology, around notions such as external validity, generalizability, applicability, statistical and analytical generalization, stressing how different methodological perspectives tackle these issues differently, and reflecting on possible common grounds for discussion.

  • 28 septembre:  ‘Does accessibility of evaluative information facilitate better parliamentary oversight?’
    Intervenante : Valérie Pattyn, Institute of Public Administration, Université de Leiden. Résumé de la séance

Parliaments have a key role in holding governments accountable for an effective and efficient spending of public money. To fulfil this oversight function, evaluative information provided by ministerial departments can be very useful. In this paper, we investigate whether and on which conditions the ‘accessibility’ of evaluative information matters in incentivizing MPs to use evaluative knowledge in their daily parliamentary work. With MPs having different sources of information at their disposal other than evaluative evidence, and often having little time to scrutinize all supporting documents provided by the executive, one can expect that a greater accessibility of evaluative information will increase the chance that this information is actively referred to in parliamentary questions and debates.

This paper analyzes the results of a pilot that was launched by the Dutch Ministry of Finance in 2020-2021. The pilot introduced a new format for ministries to provide evaluative information as required by the Government Accounts Act 2016. The overall premise underlying the pilot is precisely that accessible evaluative information facilitates more elaborate use of it. We analyze this issue from a mixed method lens, and rely on a combination of interviews with MPs, and automated text analysis of parliamentary documents (with or without pilot).

This talk examines the theory, methodology and practice of user and stakeholder involvement in programme and policy evaluation by focusing on the realist approach to evaluation, a form of theory-driven methodology to evaluate complex social programmes and policies. In recent years, there is a renewed interest in involving stakeholders to support policy and programme evaluation in the healthcare arena. Policy documents such as the World Health Organization “Patient Engagement” (2016) have stressed the need for users and members of the public to be at the centre of policy evaluations. The family of user involvement approaches to conduct evaluations is forever growing. These include collaborative, participatory, empowerment evaluation, coproduction, action research, utilization-focused evaluation and so on. The roots of all these evaluation approaches lie in progressive participatory movements to pursue social justice, but the value and values of these practices are contested.

As more evaluation approaches emerge and others, such as realist evaluation, incorporate citizen participation in their repertoire of data collection methods, the lack of conceptual clarity leads to ambiguities and hampers efforts to achieve and evaluate with participatory approaches. This talk will start by providing an overview of all these confounding terms, focusing on differences and similarities with the aim to enhance conceptual clarity. After this, critiques and uncertainties about participatory evaluation approaches will be examined, while understanding how and why they could work within, and add value to theory-driven approaches to evaluation such as realist evaluation.

  • 13 avril : Editing the journal Evaluation – curating an ongoing conversation Intervenant : Elliot Stern (Fellow of UK Academy of Social Sciences; Emeritus Professor Lancaster University). Résumé de la séance.Voir vidéo

Elliot Stern helped Sage, the publisher, launch the journal Evaluation in 1995 and has continued as Editor since then. Over nearly 3 decades the field of ‘evaluation’ has continued to evolve - and the journal has hosted and often championed many of the debates that have underpinned this evolution. One vision that Elliot has is that writing for the journal is about joining an ongoing conversation to continuously refine what we mean by evaluation. An editor as curator is not a neutral role: there are some anchor points. These include a focus on theory, methodology and practice, an explicitly European perspective on what it means to be an international journal; and a continuing concern for interdisciplinarity.

Elliot hopes to elaborate briefly on the above but spend as much time as possible answering questions and initiating a conversation with those who attend the seminar.

The seminar will be facilitated by Anne Revillard (LIEPP) and Thomas Delahais (Quadrant Conseil)

See https://journals.sagepub.com/home/EVI to browse copies of Evaluation – international journal of theory, research and practice.

L’évaluation des politiques publiques a véritablement démarré en France dans les années 2000, soit quarante ans après les Etats-Unis. Elle se développe rapidement, mais sert-elle vraiment à éclairer la décision politique ? Afin d’en juger, nous avons étudié 262 lois votées entre 2008 et 2020, dans des domaines aussi variés que la santé, l’éducation, les finances ou encore la sécurité. Nous avons cherché à mesurer, à travers une analyse textuelle et statistique, la mobilisation des travaux évaluatifs par le Parlement et le gouvernement, en amont et en aval du vote de la loi.

  • 16 février : Le développement des capacités en évaluation : l'expérience de l'ENAP. Résumé de la séance

Interventions :
Aref Ben Abdallah (Ecole nationale d'administration publique, Canada). Voir présentation. 
Annie d’Amours (Ecole nationale d'administration publique, Canada). Voir présentation

Au Québec, la Loi sur l’administration publique a été adoptée en 2000, donnant la priorité à la qualité des services aux citoyens. Essentiellement, la loi propose un cadre de gestion axé sur les résultats et la performance. En 2014, le Conseil du trésor du Québec a estimé qu’il était d’intérêt gouvernemental de favoriser la prise en compte des constatations et des résultats découlant de toute démarche d’évaluation de programme en faisant adopter la Directive concernant l’évaluation de programme dans les ministères et les organismes afin de favoriser l’évaluation de programme au sein de l’administration et de renforcer les saines pratiques de gestion axée sur les résultats. La Directive visait à une utilisation accrue des évaluations à des fins de planification, d’amélioration et de reddition de comptes. En 2022, la Directive a été évaluée, notamment au regard de sa pertinence, de son efficacité, de sa gouvernance ainsi que de ses effets. Cette session, tout en brossant un portrait large du Cadre de gestion de l'Administration gouvernementale au Québec, présentera les constats et les recommandations des travaux d’évaluation réalisés.

  • 12 janvier : Qualitative Comparative Analysis as an evaluation tool: Potential and challenges. Intervenante: Valerie Pattyn (Institute of Public Administration of Leiden University). Résumé de la séance. 

Qualitative comparative analysis (QCA) is gaining strong popularity as an evaluation method. The method enables to identify the configurations of conditions that lead to specific outcomes (e.g. policy effects). In this seminar, we will discuss what it involves to apply QCA in an evaluation context, for which evaluation questions the method is most appropriate, and which challenges QCA evaluators may encounter. This can help reducing unfounded fears and promoting awareness of traps and requirements, when considering to apply the method.

2022

Depuis leur émergence dans les années 1970, les approches d'évaluation basées sur la théorie occupent une place de choix dans la pratique évaluative anglosaxonne et française.On retrouve leur marque dans la diffusion d'outils structurants les évaluations comme les théories du changement, les logiques d'intervention, mais elles sont aussi revenues au centre des débat théoriques comme alternative aux méthodes contrefactuelles (expérimentales ou quasi-expérimentales) pour évaluer l'impact des interventions.

Lors de ce séminaire, en mobilisant des cas d'utilisation nous reviendrons sur les fondements de cette approche, ses atouts ainsi que ses écueils.

  • 10 novembre : La récolte d’incidences pour une évaluation systémique de la recherche : apprentissages et défis 

Intervenant : Genowefa Blundo Canto (CIRAD). Résumé de la séance. Voir vidéo

Au cours des deux dernières décennies, les services météorologiques et climatiques ont servi d'instruments politiques clés pour lutter contre la variabilité accrue des précipitations et des événements climatiques extrêmes qui affectent les communautés rurales vulnérables du Sahel ouest-africain. Dans les années 2000, l'Agence Nationale de Météorologie du Sénégal s'associe à des acteurs de la recherche nationale et internationale pour mettre en place des groupes de travail multidisciplinaires décentralisés, l’adaptation du langage aux concepts utilisées par les agriculteurs, et la formation de personnes ressources dans les communautés afin de faciliter l’utilisation des prévisions et des recommandations au niveau local. Au cours des années, ces services météorologiques et climatiques ont été séquentiellement étendus à la plupart des départements du Sénégal.

Dans ce séminaire, nous présentons les résultats de l’évaluation de ce processus d’innovation et comment la recherche y a contribué. En combinant l'Outcome Harvesting (récolte des incidences) avec les récits d’innovation et l’analyse du chemin d'impact, nous montrons que l’expansion des services météorologiques et climatiques vers de nouveaux utilisateurs, secteurs et usages s'est faite selon cinq axes :

1) l'amélioration continue des services,

2) l'émergence et la consolidation des facilitateurs de services,

3) l'inclusion des services dans la planification des actions,

4) la mobilisation active pour soutenir la mise à l'échelle des services,

5) l’autonomisation des acteurs.

Les facteurs qui sous-tendent le processus de mise à l'échelle incluent le renforcement des capacités, le partage des connaissances via des plateformes d'action, et la création d'opportunités d'interaction par les institutions de recherche et leurs partenaires ; le soutien financier national et international ; et un environnement politique favorable. L’Outcome Harvesting a également permis de saisir les défis soulevés par l'expansion de ces services au fur et à mesure de l'apparition de nouveaux utilisateurs et usages. Dans le séminaire, nous menons en outre une réflexion sur la combinaison de méthodes qualitatives d’évaluation pour la production de connaissances sur de processus d’innovation de long terme.

  • 6 octobreLe courtage de connaissances : présentation de la recherche-action du courtage de connaissances en faveur de la réduction des inégalités sociales de santé (CourtISS), séance co-organisée avec le CEPED

Intervenants : Tony Zitti (CEPED, IRD, Université Paris Cité), Gwendal Bars (Agence régionale de santé Ile-de- France), Valery Ridde (CEPED, IRD, Université Paris Cité). Résumé de la séance. 

En savoir plus sur le projet CourtISS : présentation du projet CourISS

En pleine gestion de crise COVID, des agent·e·s de l’Agence régionale de santé d’Ile-de- France (ARS IdF) ont fait le constat suivant : l’efficacité de l’intervention de l’ARS IdF nécessiterait une meilleure utilisation des données probantes dans le champ des inégalités sociales de santé (ISS). Le projet CourtISS, porté par des membres du Ceped, de l’équipe RENARD (Université de Montréal) et de la Direction de la Santé publique (DSP) de l’ARS IdF, a été co-pensé et co-élaboré à partir de ce constat. L’objectif de cette recherche-action est de tester une intervention de courtage de connaissances au sein de l’ARS IdF pour améliorer la prise en compte des données scientifiques dans les travaux de l’ARS et mieux agir en faveur de la réduction des inégalités sociales de santé en Ile-de-France. Ce séminaire permettra dans un premier temps de présenter une introduction au transfert de connaissances et au courtage de connaissances. Dans un second temps, une présentation sera faite sur l’origine du projet CourtISS, ainsi que les résultats préliminaires de l’analyse du contexte et des besoins des agent·e·s de l'ARS IdF en utilisation des données probantes.

  • 9 juin : Les méthodes mixtes en science politique et en sociologie : objectifs, stratégie, fabrique

Intervenants : Thomas Aguilera (CEE, Sciences Po Rennes), Tom Chevalier (CEE, LIEPP, Sciences Po Rennes)

La présentation sera l'occasion de revenir sur la publication d'un numéro spécial sur l'enjeu des méthodes mixtes en science politique (RFSP, 2021) dans lequel nous avions proposé une analyse du développement cloisonné et contrasté des méthodes mixtes en termes de disciplines et de traditions académiques entre pays tout en mettant en avant de récents travaux empiriques inédits de jeunes chercheur-e-s mobilisant les méthodes mixtes dans leurs recherches. Nous reviendrons également sur une nouvelle typologie de stratégies de méthodes mixtes pour la science politique (Aguilera & Chevalier, 2021) que nous souhaitons maintenant mettre à l'épreuve de la fabrique de la recherche en science politique et en sociologie.

Clément Pin (LIEPP) et Carlo Barone (OSC, LIEPP). Résumé de la séance. Voir vidéo 

La deuxième intervention présentera plus en détail un projet de recherche évaluative reposant sur l’usage des méthodes mixtes mené au sein de l’axe Politiques éducatives du LIEPP. Ce projet permet d’illustrer deux stratégies d’articulation des méthodes quantitatives et qualitatives (Pin & Barone, 2021) : l’une finalisée sur la réalisation d’un essai aléatoire contrôlé, l’autre s’appuyant sur les résultats de cette évaluation pour enrichir la compréhension de processus sociaux – processus concernant en l’occurrence le développement des compétences langagières par un programme de lecture parentale.

Références :

Aguilera, T. & Chevalier, T. (2021). Les méthodes mixtes pour la science politique : Apports, limites et propositions de stratégies de recherche. Revue française de science politique, 71, 365-389.

Pin, C. & Barone, C. (2021). L’apport des méthodes mixtes à l’évaluation : Une expérimentation randomisée dans le champ des politiques éducatives. Revue française de science politique, 71, 391-412. 

  • 9 mai : Experimental Evaluation Design for Program Improvement 

Intervenante : Laura Peck (Principal Scientist, Abt Associates, Social & Economic Policy Division). Résumé de la séance. Voir vidéo 

The main part of this presentation will detail variants of experimental evaluation designs and how these can stretch evaluations to answer diverse questions about policy and program impacts. The presentation is based on Laura’s recently-published book (SAGE, 2020) by the same title and will draw on substantial field experience, offering applied examples.

  • 7 avril Understanding Realist Methodology and the Context-Mechanism-Outcome Configuration

Intervenant : Justin Jagosh (Center for Advancement in Realist Evaluation and Synthesis - CARES). Résumé de la séance. Voir vidéo

Realist methodology asks the questions: ‘what works, for whom, under which circumstances and how?’ Central to the approach is the context-mechanism-outcome configuration, which can be used to develop initial programme theories and analyze data. The CMO configuration is a deceptively simple heuristic that takes time to understand and use appropriately. Following a brief introduction on realist methodology, this webinar will help to: (1) define the CMO configuration; (2) explain its philosophical versus methodological implications and (3) demonstrate its use in practice. There will be time for questions and discussion. 

  • 10 mars : Évaluation économique des produits de santé et exemples des agences HTA (Haute Autorité de Santé)

Intervenant : Salah Ghabri (Haute Autorité de Santé). Résumé de la séance

L’objectif est de présenter les approches économiques utilisées par les organisations publiques dans l’évaluation des technologies et des programmes de santé. Les principes et les principales recommandations seront présentés dans les cas de la Haute Autorité de Santé (HAS) et du National Institute for Health and Care Excellence (NICE). Un exemple d’évaluation économique à la HAS sera également exposé.

  • 17 février : Evaluative Criteria: A Model to Strengthen Criteria Specification in Practice 

Intervenante : Rebecca Teasdale (University of Illinois Chicago). Résumé de la séance. Voir vidéo

Evaluative criteria define a “high quality” or “successful” intervention and provide the basis for judgment of merit and worth—yet criteria are often assumed and implicit in the evaluation process. This presentation will draw on a recent article and ongoing research to introduce an empirically supported model that describes and integrates two aspects of criteria: domain and source. The talk will highlight how the framework can be used to guide criteria specification, make criteria more explicit, broaden the range of voices and values that shape evaluative inquiry, and clarify evaluation design and reporting.

  • 13 janvier L'évaluation au-delà des méthodes et des codes : une sagesse pratique 

Intervenante : Marthe Hurteau (UQÀM). Résumé de la séance. Voir vidéo

L’évaluation a acquis ses lettres de noblesse en tant que discipline au cours des dernières années. Elle a su se pourvoir de fondements théoriques, d’une méthodologie qui prend en considération la multitude des options ainsi que de codes de conduite (standards) et de codes d’éthique. De plus, elle fait l’objet d’une multitude de publications scientifiques et elle est enseignée dans plusieurs universités à travers le monde. Cependant, comme bien des champs professionnels, l'évaluation de programme fait face à de multiples contraintes qui rendent son recours de plus en plus difficile. Diverses professions, comme le domaine de la santé et le management, ont fait appel à une vieille vertu pour les aider, la sagesse pratique.

La présentation fera un bref tour d’horizon des composantes de la discipline, en établissant une distinction entre la déontologie et l’éthique, en guise d’introduction au concept de sagesse pratique. Celle-ci sera explorée par la suite : ce en quoi elle consiste, sa contribution, des pistes pour l’acquérir, etc.

2021

  • 9 décembre : Introduction aux méthodes expérimentales pour l'étude du comportement humain

Intervenante : Lou Safra (CEVIPOF, LIEPP). Résumé de la séance. Voir vidéo 

Les sciences comportementales occupent une place croissante dans le monde de la recherche en sciences sociales au sens large. Et pour cause, ces nouvelles méthodes, issues notamment de la psychologie expérimentale et des neurosciences, en font des outils particulièrement pertinents pour apporter de nouveaux éclairages sur les questions étudiées en sciences humaines. Néanmoins, comme tout champ de recherche, les sciences cognitives et comportementales ont également leurs limites. Aussi est-il important pour les chercheurs en sciences humaines d’acquérir un regard critique éclairé sur les sciences comportementales mais également de pouvoir s’approprier ces méthodes pour leurs propres recherches. Lors de ce séminaire, je présenterai les principales méthodes utilisées en sciences comportementales et les questions fondamentales à se poser lors de l'élaboration d'un protocole pour la réalisation d'études comportementales.

Intervenant : Nicolas Jacquemet (Université Paris 1, PSE). Résumé de la séance. Voir vidéo 

Yannick GABUTHY, Nicolas JACQUEMET, Olivier L'HARIDON, Économie comportementale des politiques publiques, La Découverte, 2021. 

L’efficacité de l’action publique constitue une préoccupation croissante des autorités, qui sont amenées à solliciter de plus en plus souvent les résultats issus de la recherche en sciences économiques. La contribution de ces travaux à l’élaboration des politiques publiques tient à leur capacité à analyser et comprendre la manière dont les acteurs économiques réagissent aux évolutions de l’environnement dans lequel ils prennent leurs décisions. Ce raisonnement repose sur des hypothèses de comportement fortes, faisant l’objet d’un nouveau courant de recherche, l’économie comportementale, qui allie psychologie et économie afin d’affiner la compréhension des déterminants des décisions.

Cette présentation dressera un panorama des apports de ce nouveau courant à la définition et à l’évaluation des politiques publiques. Il décrit les nouveaux outils d’intervention, comme les nudges, tout en soulignant la pertinence des outils d’intervention traditionnels. Il en propose une application en matière d’économie de la santé, de choix d’épargne et de retraite, de politique environnementale et de régulation du marché du travail.

  • 23 septembre : Les analyses coûts-bénéfices

Intervenant : Clément Carbonnier (Université Paris 8, LIEPP). Résumé de la séance. Présentation PPT.

Ce séminaire présentera les principaux enjeux et contraintes des évaluations coûts-bénéfices à travers deux exemples filés : les politiques de confinements ciblés en période de Covid d’une part et la politique d’emploi par la baisse du coût du travail de l’autre. Les apports et limites seront discutés le long des étapes de cette méthodologie : recensement exhaustif des coûts et bénéfices ; évaluation multicritère de ces effets ; détermination des équivalents monétaires ; prise en compte de la temporalité ; interprétation des résultats.

  • 6 mai : Évaluer les initiatives de transition avec l'analyse de contribution

Intervenants: Thomas Delahais et Adrien Flichy, Quadrant Conseil. Résumé de la séance

Les initiatives qui parient sur des changements profonds dans la fabrique de l'action publique pour faire advenir une transition écologique et sociale se multiplient. Comment les évaluer sans leur imposer des référentiels qu'elles jugent obsolètes ? Comment rendre justice à leurs ambitions de faire évoluer des systèmes complexes? L'analyse de contribution est une approche d'évaluation d'impact qui vise à repérer les contributions plausibles des interventions évaluées et à les tester rigoureusement. Nous présenterons ici cette approche et son application à des initiatives de transition, dans la suite de notre article, Évaluateurs en transition (2020).

  • 15 avril : What is evaluation and how does it differ from research? Séance en anglais 

Intervenante : Dana Linnel Wanzer, University of Wisconsin-Stout (USA). Résumé de la séance. Voir vidéo

This presentation discusses the findings from a recent article published in the American Journal of Evaluation. The study asked evaluators and researchers to define evaluation and differentiate evaluation from research. Results identified differences, and that evaluators were more likely to differentiate evaluation from research compared to researchers. Overall, this study has important implications for the profession of evaluation and how we communicate evaluation to others.

  • 25 mars : Évaluer les innovations publiques : enjeux, concepts et perspectives 

Intervenant : Mathias Béjean, Université Paris Est Créteil. Séance organisée en partenariat avec la Chaire innovation publiqueRésumé de la séance. Voir vidéo 

Après avoir effectué un panorama historique des théories de l'évaluation, l'exposé se focalise sur de nouvelles approches de l'évaluation des innovations issues du design et des living labs. Nous abordons notamment les notions d'évaluation d'usage, de données de vie réelle et de "test and learn". Dans une troisième et dernière partie, l'intervention propose une réflexion sur l'articulation de ces nouvelles approches avec les standards actuels à partir de deux recherches en cours : les technologies de santé et les innovations pédagogiques.

  • 4 mars : Les principes généraux de revues systématiques : la démarche Cochrane 

Intervenante : Isabelle Boutron, Université Paris Descartes, Centre de Recherches en Epidémiologie et Statistiques. Séance coorganisée avec l'Institut Santé Publique Paris (Paris Public Health). Résumé de la séance 

  • 11 février : Évaluation des politiques publiques et indépendance. Le cas des expérimentations aléatoires.

Intervenant : Jules Simha, CERLIS, Université de Paris. Résumé de la séance 

Les expérimentations sociales, et avec elles les expérimentations aléatoires, se fixent comme objectif d'évaluer des dispositifs d'action publique de manière extrêmement rigoureuse. Elles mobilisent notamment, dans cette perspective, des acteurs scientifiques issus de la communauté académique. La science est dès lors appelée à devenir un gage de rigueur mais également d'indépendance. En revenant sur cette dernière notion, il s'agit de réinterroger les productions évaluatives tout comme les discours qui vantent leurs mérites.

  • 21 janvier : Benchmark des politiques évaluatives 

Intervenants : Adam Baïz et Vincent Aussilloux, France Stratégie. Texte de supportPrésentation (pdf). Résumé de la séance 

L’évaluation d’impact vise à apprécier, à partir de méthodes statistiques, les effets propres d’une politique publique au regard des objectifs qui lui sont assignés. Développée aux États-Unis dès les années 1960, elle apparaît en Europe à la fin des années 1990, portée par la volonté de rationaliser l’action publique et de rendre le processus de décision politique plus transparent. Alors que la France connaît actuellement, avec retard, un essor des évaluations d’impact, France Stratégie a entrepris de recenser les bonnes pratiques dans cinq des pays considérés comme les plus avancés en la matière : les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Suède et l’Allemagne. Sur la base d’entretiens, de rapports institutionnels et d’articles universitaires, trois facteurs clés favorisant la production et l’utilisation des évaluations dans la décision sont analysés : l’existence de dispositifs formels promouvant les évaluations d’impact, le degré de diffusion et d’influence de ces évaluations sur le public et sur les décideurs, et enfin l'ouverture du milieu administratif aux chercheurs en économie.

Texte de support: Vingt ans d’évaluations d’impact en France et à l’étranger - Analyse comparée des  pratiques dans six pays

  • 7 janvier : Les revues de littérature mixtes

Intervenante : Quan Nha Hong, McGill (Canada). Texte de supportRésumé de la séance

La revue systématique mixte est de plus en plus populaire. Il s'agit d'un type de revue de littérature qui suit une approche systématique et inclut des études utilisant des méthodes quantitatives, qualitatives et/ou mixtes. En combinant des études qualitatives, quantitatives et mixtes, la revue systématique mixte permet d'aborder des questions complémentaires et d'approfondir la compréhension des phénomènes observés. Les dernières années ont été marquées par un développement considérable des méthodes de repérage, de sélection, d'évaluation et de synthèse des études qualitatives, quantitatives et mixtes. Durant ce webinaire, nous ferons un bref survol de ce développement méthodologique et présenterons différents devis de synthèse qui peuvent être utilisés dans une revue mixte. 

Texte de support : Quan Nha Hong, Anne-Marie Turcotte-Tremblay et Pierre Pluye. 2019. Les revues systématiques mixtes. Un exemple à propos du financement basé sur les résultats. In Évaluation des interventions de santé mondiale. Méthodes avancées. Sous la direction de Valéry Ridde et Christian Dagenais, pp. 157-186. Québec : Éditions science et bien commun et Marseille : IRD Éditions.

2020

  • 10 décembre : The craft of interviewing (individuals and groups) in realist evaluation. Séance en anglais

Intervenante : Dr. Ana Manzano, Associate Professor in Public Policy, School of Sociology & Social Policy, University of Leeds. Texte de supportRésumé de la séance. Voir vidéo 

In evaluation research -most especifically in formative, process and development approaches- individual and group interviews are frequently the main and only tool to generate data about programme effectiveness. There is much debate about the conduct of the interview (closed versus open, formal versus informal, etc.) and there is also a rather elaborate embroidery of subtypes and distinctions. One contribution rather ignored -and a significant one for evaluation- is the realist interview. Realist evaluation processes -among other methods of data collection- the use of theory-driven interviews to 'inspire/validate/falsify/modify' hypotheses about how programmes and interventions work. This talk will provide an overview of how individual and group interview techniques have been applied in realist evaluations in the last decade as well as suggesting some guiding principles. 

Reading : Manzano A. The craft of interviewing in realist evaluation. Evaluation. 2016 Jul;22(3): 342-60. 

  • 26 novembre : De l’usage des cadres et théories pour l’évaluation des interventions

Intervenant : Valéry Ridde, Directeur de recherche au CEPED (Université de Paris/ RD). Texte de supportRésumé de la séance. Voir vidéo 

Lorsqu'il s'agit d'étudier les effets de la mise en oeuvre des interventions de santé publique, il devient indispensable d'avoir recours à une approche interdisciplinaire et des méthodes mixtes. Mais rares sont les chercheur.es et les formations universitaires qui s'inscrivent dans ce pragmatisme tant le dogmatisme et la fragmentation dominent encore les recherches sur les objets de santé publique. En outre, le recours à des théories et des cadres conceptuels ex ante est bien souvent perçu comme une hérésie épistémologique pour certain.es. Et même lorsque cela est le cas, les chercheur.es tombent parfois dans la facilité, appliquant sans jusitification ou discernement une théorie ou un cadre conceptuel déconnecté de son contexte d'utilisation. Cette présentation est une démarche réflexive basée sur l'expérience récente de la coordination scientifique de trois projets de recherche interventionnelle en santé publique au Burkina Faso et au Mali. Elle cherche à expliciter les démarches méthodologiques prévues à l'origine dans les protocoles de recherche; puis, à mettre en exergue les différents défis épistémologiques et méthodologiques que la rencontre de la santé publique avec d'autres disciplines ont permis de révéler. Enfin, il s'agit d'en tirer quelques leçons plus générales pour notre pratique collective d'une recherche interventionnelle interdisciplinaire usant de méthodes mixtes. 

Texte de support : Ridde V., Pérez D., Robert E. 2020. Using implementation science theories and frameworks in global health. BMJ Global Health.

  • 5 novembre : Les méthodes d'évaluation quasi-expérimentales

Intervenant : Denis Fougère, OSC et LIEPP de Sciences Po. Texte de supportRésumé de la séance. Voir vidéo 

Les méthodes d’évaluation sont aujourd’hui fréquemment utilisées pour estimer les effets des interventions publiques en matière de santé, d’éducation ou d’emploi. Pour l’essentiel, ces méthodes sont fondées sur une comparaison entre des élèves, des classes, des salariés ou des entreprises bénéficiant de l’intervention ou de la politique que l’on souhaite évaluer (le groupe cible) et des élèves, des classes, des salariés ou des entreprises n’en bénéficiant pas (le groupe témoin).

Au cœur de la démarche statistique d’évaluation, est souvent posée la question des biais de sélection ou d’auto-sélection : le recours à un dispositif public d’aide ou d’accompagnement est une décision reposant en général sur des choix, individuels ou collectifs. Si l’on ne tient pas compte de ces mécanismes de choix, l’on risque de produire des estimations biaisées des effets de l’intervention publique en comparant directement les situations des deux groupes, cible et témoin. Pour limiter les conséquences des biais de sélection, les statisticiens utilisent généralement un groupe témoin (ou groupe de contrôle) dont les caractéristiques observables se rapprochent le plus possible de celui des membres du groupe cible (ou groupe de traitement).

La méthode permettant en théorie de limiter au maximum le biais de sélection est l’expérimentation randomisée, dont le principe est maintenant bien connu. Lorsque cette méthode, souvent difficile et longue à mettre en place, ne peut être utilisée, les statisticiens recourent à des méthodes dites quasi-expérimentales, notamment les doubles différences (differences-in-differences), la régression avec discontinuité (regression discontinuity design) et l’appariement d’échantillons (matching). Notre exposé présentera brièvement le principe de chacune de ces méthodes quasi-expérimentales, à l’aide notamment d’exemples illustratifs.

Texte de support : Fougère, D., Jacquemet, N. 2019. Inférence causale et évaluation d’impact. Economie et Statistique, n°510-511-512.

  • 8 octobre : Un aperçu international sur l’évaluation des politiques publiques

Intervenant : Stephane Jacobzone (OCDE). Texte de supportRésumé de la séance

L'évaluation des politiques est un élément essentiel de la bonne gouvernance, car elle favorise la responsabilité publique et contribue à la confiance des citoyens dans le gouvernement. L'évaluation permet de s'assurer que les décisions sont ancrées dans des données fiables et qu'elles produisent les résultats souhaités. Les conclusions du rapport de l'OCDE "Improving Governance with Public Policy Evaluation : Lessons From Country Experiences" seront présentées et disctuées ici. Ce rapport propose une analyse systémique de l'institutionnalisation, de la qualité et de l'utilisation de l'évaluation dans différents pays et examine les liens entre ces trois dimensions. Nous verrons que le rapport couvre également les aspects transversaux liés à l'évaluation réglementaire et à la budgetisation des performances. Nous soulignerons enfin le rôle et les fonctions des institutions clés au sein de l'exécutif, telles que les centres de gouvernement et les ministères des finances. 

Texte de support : OCDE. 2020. Improving Governance with Policy Evaluation : Lessons From Country Experiences. OECD Public Governance Reviews. Éditions OCDE, Paris.

  • 24 septembre : L’apport des méthodes mixtes pour l’évaluation d’un programme par expérimentation randomisée.

Intervenant : Clément Pin, chercheur postdoctoral au LIEPP, et Carlo Barone, professeur de sociologie à Sciences Po (OSC-LIEPP). Résumé de la séance. Voir vidéo 

Si l'appel à dépasser le clivage entre les méthodes quantitatives et qualitatives n'est pas nouveau dans le champ des sciences sociales, le développement de travaux pratiquant et/ou revendiquant leur mixage au sein d'un même projet de recherche s'est affirmé ces dernières années. Cette communication présente un projet de ce type et le mobilise comme un cas permettant d'illustrer et de nourrir une réflexion méthodologique centrée sur le recours aux méthodes mixtes dans l'évaluation des politiques publiques. L'objet du projet était de concevoir, mettre en oeuvre et évaluer un programme d'action visant à favoriser le développement des compétences langagières d'enfants de milieux défavorisés. Tout en recourant à une expérimentation randomisée, généralement associée aux méthodes quantitatives en ce qu'elle procède par un raisonnement de type hypothético-déductif centré sur l'identification statistique d'un lien causal, le projet de recherche intégrait une composante qualitative dès sa phase de conception et sur l'ensemble du déroulement, pour produire des connaissances relatives à son contexte de mise en oeuvre et aux conditions de sa réception.

La première partie de la communication, à dominante épistémologique, présentera la stratégie de recherche adoptée au regard de la littérature académique qui théorise une pratique dite réaliste de l'évaluation. La deuxième partie, à dominante méthodologique, précisera l'apport des méthodes qualitatives pour la réalisation d'un essai aléatoire contrôlé, en illustrant avec l'expérimentation de terrain que nous avons réalisée. 

  • 10 septembre : Cartographie de quelques méthodes de revues systématiques utilisées en sciences sociales et de la santé

Intervenante: Loubna Belaid, chercheure associée à CIET Trust et au groupe de recherche participative au département de médecine de famille, Université McGill, Montréal, Canada. Texte de supportRésumé de la séance

La revue systématique est devenue peu à peu l’étalon-or pour identifier, analyser, et synthétiser les données scientifiques les plus robustes pour répondre à une problématique donnée, quelle que soit la discipline ou le secteur concerné. Elle se distingue des revues de type « état de l’art » par leur processus systématique, rigoureux et transparent. La revue systématique est un outil important pour les politiques publiques et les pratiques fondées sur des données probantes qui visent à rapprocher la recherche de la prise de décision. 

Ce séminaire vise à présenter un aperçu des différentes méthodes de revues systématiques existantes. Nous décrirons chacune des revues selon ses caractéristiques, ses étapes, ses forces, ses défis et limites. 

Ce séminaire pourrait être utile pour les intervenants (chercheurs et praticiens) qui souhaitent développer des actions et des politiques fondées sur des données scientifiques ainsi qu’aux étudiants désirant proposer un état des lieux systématique et rigoureux des connaissances pour construire la problématique de leur mémoire ou de leur thèse de recherche universitaire. 

Texte de support : Belaid, Loubna and Valéry Ridde. 2020. Une Cartographie de Quelques Méthodes de Revues Systématiques. Working Paper CEPED N°44.

Programme Jeune Recherche du LIEPP

  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

Le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP) promeut les recherches qui, quelles que soient leurs disciplines et leurs méthodes, contribuent à l’évaluation des politiques publiques, par l’étude du fonctionnement et des effets de différentes politiques.

Ses activités s’organisent à partir de six grands axes de recherche (discriminations et politiques catégorielles, évaluation de la démocratie, politiques éducatives, politiques environnementales , politiques socio-fiscales, politiques de santé). Il encourage le croisement des approches (disciplinaires, méthodologiques) afin d’enrichir la réflexion en évaluation des politiques publiques. 

Le programme jeune recherche vise à apporter un soutien aux jeunes chercheur.e.s qui souhaiteraient développer un volet de leur travail sur les implications de leur recherche pour l’action publique, et à le faire dans une optique interdisciplinaire.

Le programme poursuit quatre objectifs :

  • Valoriser et apporter un appui aux travaux de jeunes chercheur.e.s;

  • Faciliter la traduction des recherches académiques en résultats utiles pour l’évaluation des politiques publiques;

  • Favoriser la mise en dialogue interdisciplinaire des recherches, en vue notamment de favoriser l’émergence de projets interdisciplinaires;

  • Donner une meilleure visibilité, auprès d’acteurs publics et de la société civile, aux travaux de jeunes chercheur.e.s ayant un apport pour l’évaluation des politiques publiques.

Ce programme se déploie parallèlement à l’atelier Jeune recherche du LIEPP.

Entretien avec Laurence Warin, lauréate du programme jeune recherche du LIEPP en 2021/2022

Descriptif et liste des lauréats : 

Programme Jeune Recherche (2024)

Programme Jeune Recherche (2023)

Programme Jeune Recherche (2022)

Programme Jeune Recherche (2021) 

Programme Jeune Recherche (2020)  


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