Disparition de Gilles Le Béguec

Disparition de Gilles Le Béguec

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Gilles Le Béguec, décédé le 16 janvier, était un grand professeur d’histoire politique. Il a commencé sa carrière comme maître de conférences à l’Université de Limoges, puis comme professeur à l’Université de Nancy (1990-1996), enfin à l’Université de Nanterre (1996-2012) où il assurait des grands cours dans des amphithéâtres bondés, fascinant ses étudiants par sa science, sa rigueur, son souci de l’exactitude, et les impressionnant par sa voix de stentor.

Sa thèse de doctorat d’Etat, dirigée par René Rémond, intitulée L’entrée au Palais-Bourbon. Les filières d’accès privilégiées à la fonction parlementaire 1919-1939, fut soutenue en 1989. Il y étudiait la formation et les procédures de sélection et de reproduction des élites au sein du personnel politique de la IIIème République, en mettant en évidence la place que les avocats y occupaient. Son travail se fondait sur une vaste moisson d’archives et recourait à une innovante analyse prosopographique. Il a également permis une meilleure compréhension
de la composition des groupes dirigeants des droites françaises, des organisations de jeunesse ou encore des entourages politiques. Son livre, La République des avocats, s’impose comme un ouvrage de référence. Les
recherches de Gilles Le Béguec ont inspiré nombre de ses doctorants.

Gilles Le Béguec était chercheur associé depuis très longtemps au Centre d’Histoire de Sciences Po où, de 2006 à 2008, il a animé, avec Sabine Jansen et Jean-Paul Thomas, un groupe de travail consacré aux entourages politiques. Par ailleurs, il y venait fréquemment pour suivre des séminaires et y intervenir toujours avec grand à propos. Il fréquentait régulièrement les archives d’histoire contemporaine aujourd’hui rassemblées dans le Département Archives de Sciences Po. Il y passait des heures, en particulier pour consulter les fonds de l’Ecole libre de Sciences Politiques, Edouard Daladier, Jacques Kayser, Gaston Monnerville, Michel Debré, André Siegfried, Jérôme Monod, Jean Sainteny, Pierre Chatenet ou encore Jean Charbonnel. Cette liste atteste sa curiosité insatiable et son goût profond pour les archives dont leur dépouillement nourrissait ses interventions dans les colloques et ses publications diverses et variées. Il était aussi membre du Conseil scientifique de l’Association Georges Pompidou et fut président du Conseil scientifique de l’Institut Charles de Gaulle. Car Gilles Le Béguec ne s’en cachait pas, il avait été militant gaulliste et il restait un gaulliste. Il avait une passion pour la politique passée comme présente, en France comme dans d’autres pays, notamment en Italie où il entretenait des relations scientifiques et amicales très fortes avec nombre d’historiens et d’historiennes travaillant sur le parlement, les partis et les élites du XIXème siècle à nos jours. Gilles Le Béguec était un homme de grande culture, doté d’un vrai sens de l’humour, maniant l’ironie à bon escient, toujours aimable et affable, profondément humain. Nous conserverons le souvenir de sa personnalité et continuerons à lire son œuvre.

Marc Lazar

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