Heureusement que le tripalium est loin et que le travail tend désormais vers plus de bien-être. Néanmoins, je trouve qu’il y a aujourd’hui un excès d’hymnes au happiness, jusqu’à tomber dans un « bonheurisme » consommatoire. L’organisation des entreprises y participent grandement : tout semble fait pour que les salariés soient heureux : des Chief Happiness Officers (CHO), des baby-foot, des restaurants variés, des salles de sport, des crèches, des psy, des coachs, des diététiciens … Sauf que – paradoxe énorme – il n’y a jamais eu autant d’arrêts maladie, de burn-out, de bore out, de brown-out, en somme de mal-être au travail. Nous assistons donc à une évolution de la conception du travail mais qui ne va pas forcément vers un mieux-être des salariés. Alors qu’on n’a jamais eu autant de CHO, les salariés n’ont jamais été aussi peu heureux ! Les CHO sont à la mode du ludique, du fun, du cool, néanmoins la réalité du travail reste difficile, les objectifs de plus en plus pressants, et oppressants, les supérieurs hiérarchiques exigeants, l’innovation un impératif vital pour les organisations. Les CHO ne seraient-ils pas des alibis, le miel qui cache l’absinthe, chargés d’édulcorer la difficulté du travail, qui évolue tout en demeurant ?