14h30. Les étudiants accueillent Brigitte Taittinger-Jouyet. L’occasion de plonger au cœur de la stratégie de Sciences Po et de parler sans tabous des défis que Sciences Po devra relever dans les années à venir. Les étudiants entrent immédiatement dans le vif du sujet : « Entre école de commerce et université, l’identité de Sciences Po n’est pas clairement définie. Quel est le positionnement actuel et à venir de l’établissement ? ». Réponse limpide de Brigitte Taittinger-Jouyet : « La question n’a pas vocation à être tranchée. C’est justement ce modèle original, entre université et institution, qui fait la singularité de Sciences Po. Nous avons l’ambition double de renforcer la place de la recherche pour accroître la reconnaissance de notre institution sur le plan international tout en accordant une part importante au monde de l’entreprise dans nos enseignements. L’objectif est également de renforcer les passerelles entre le public et le privé ; les carrières ne sont plus linéaires et il est nécessaire de décloisonner les secteurs. »
Les étudiants de l’Executive Master, qui réfléchissent depuis plusieurs mois à la trajectoire du dirigeant, interrogent Brigitte Taittinger-Jouyet sur sa carrière. Avec un parcours professionnel empreint du sceau du privé – elle a notamment dirigé pendant 20 ans les parfums Annick Goutal – sa prise de fonctions à Sciences Po en 2013 était loin d’être une évidence. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? « En toute honnêteté, je n’avais pas envisagé de travailler à Sciences Po. C’est Frédéric Mion qui m’a proposé ce poste suite à sa nomination en 2013. A l’époque, le défi à relever est de taille : Sciences Po est en proie à de vives tensions. Sciences Po est une très belle marque ; j’avais envie de participer à la reconstruction de la maison et j’ai eu à cœur de relever ce défi. Je me suis appuyée sur mon expérience du privé notamment dans le secteur du financement ».
Le financement. Les étudiants en profitent pour rebondir sur le sujet : « Quel modèle économique pour Sciences Po ? Ne peut-on pas craindre que l’ouverture au financement privé ait un impact sur la culture de l’établissement ? ». Brigitte Taittinger-Jouyet explique : « A mesure que l’ État se désengage, le recours aux financements privés est indispensable. Je veille à trouver les bons partenaires. Une charte éthique va être signée par les chercheurs et les différentes instances de Sciences Po afin d’éviter les dérives. Par ailleurs, un comité d’éthique et de déontologie va être mis en place pour garantir la déontologie des financements. Bien encadrés, les liens avec les entreprises ne peuvent qu’être bénéfiques pour l’école. Cette proximité avec le secteur économique permet également de renforcer l’insertion professionnelle, qui est un enjeu majeur pour nous. J’ai par ailleurs l’ambition de solliciter plus les anciens élèves pour contribuer au financement de l’école ».
L’engagement chevillé au corps