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28.03.2022

Il était une data : en France, les villes sont responsables de 67% des émissions de gaz à effet de serre

Présidente du Conseil de l’Union européenne depuis le 1er janvier 2022, la France met tout en œuvre pour accélérer les changements nécessaires à l’atteinte du nouvel objectif climatique européen de réduction de 55% des émissions de GES d’ici à 2030. Les villes, aujourd’hui responsables en France de 67% des émissions de gaz à effet de serre, constitueront un maillon essentiel à la réussite de ce challenge.

Accélérer la transition écologique, une priorité pour l’Europe

 

Adopté en Juillet 2021, le “Fit for 55“ constitue le plus ambitieux paquet de mesures pour l’énergie et le climat jamais adopté en Europe. Il vise à réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 (par rapport aux années 1990) pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. L’Europe y consacrera un tiers de son budget. “Ce positionnement nouveau de l’Europe en leader mondial de la transition écologique relève d’abord d’une responsabilité historique. La révolution industrielle, à l’origine des émissions de carbone, est née en Europe. Nous avons donc une responsabilité vis-à-vis des pays qui se sont industrialisés plus tardivement” commente Guillermo Martin, ancien directeur des programmes Affaires publiques et régulation au sein de l’Executive Education. 

“Prendre le leadership sur les questions de durabilité constitue aussi un moyen de reprendre pied dans la compétition économique mondiale alors même que l’Europe est aujourd’hui distancée sur la Tech par les acteurs asiatiques et américains. C’est enfin l’opportunité de combattre le sentiment d’inquiétude généralisé en ouvrant un horizon de transformation.“ 

La réussite de ce “Fit for 55“ implique une mobilisation collective inédite. Les villes auront notamment un rôle essentiel à jouer. Responsables de 67 % des émissions de gaz à effet de serre en France, 70% dans le monde, elles constituent même les premières garantes de l’atteinte de ces objectifs.

 

Les villes et territoires, au cœur de l’action climat

Selon un récent rapport du réseau mondial des grandes villes C 40, les villes auraient la capacité de réduire de 90% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Cette réduction résulterait pour 50% de la transition énergétique et, pour 40% d’une baisse de la consommation à technologie constante. Les villes disposent pour cela de leviers impactants comme l’affectation des espaces urbains, la qualité des logements, la mobilité, l’approvisionnement des cantines, … Mais ces choix exigent des arbitrages périlleux entre les enjeux écologiques, sociaux, économiques et ce d’autant plus que leurs conditions d’acceptabilité restent difficiles à réunir.

“Bâtir une ville sobre écologiquement suppose d’aller vers la densité. C’est le fameux modèle de la ville complète où toutes les activités satisfaisant aux besoins des citadins sont concentrées sur un même périmètre pour limiter les déplacements”, reprend Guillermo Martin. Or ce modèle va à l’inverse de l’envie de “retour à la campagne” mise à jour par la pandémie. “Pour le rendre acceptable, les élus et les opérateurs urbains doivent ré-enchanter la ville en y amenant du service, des écoles, de la culture, des espaces verts de proximité, des logements de qualité. Elles n’en ont aujourd’hui pas les moyens.” 

Au-delà du déploiement rapide de mesures réglementaires prôné par la présidence française : la réglementation thermique des bâtiments, la loi climat et résilience interdisant la location de logements énergivores, le zéro artificialisation net empêchant l’urbanisation de zones agricoles sans compensation, une réflexion s’impose aujourd’hui sur la manière d’accompagner ces transformations. Le mécanisme financier de transition juste récemment institué par l’Union Européenne constitue à ce titre une première avancée.

Gouvernance : comment s’y mettre ?

D’autres freins devront aussi être levés à commencer par l’articulation des politiques publiques avec les stratégies privées, associatives et citoyennes. La question de la répartition du sol entre des usages concurrents, résidentiels, alimentaires, industriels, urbanistiques, agricoles, naturels, récréatifs impacte tous les niveaux de gouvernance et tous les secteurs. Le développement de bornes de recharge nécessaire à l’électrification de la voiture implique, par exemple, aussi bien les plans d’action industriels, les questions territoriales et les questions de normes nationales et européennes. 

“Des équilibres doivent être trouvés entre l’économique, l’écologique, le social… Toutes les villes se positionnent mais les questions ne se posent pas de la même façon selon les territoires. Il est donc impossible de continuer à raisonner dans une seule logique macro-économique”, résume Guillermo Martin. “Il est impératif que l’Europe et l’État s’attachent rapidement à créer un lieu de dialogue démocratique, intersectoriel et transversal pour favoriser les coopérations et imaginer une mécanique de pilotage de la transition écologique multi-niveaux et multi-secteurs.“

Sur ce registre, la récente labellisation par la Présidence française, du Sommet Européen des Villes et des Régions, organisé à Marseille en Mars et du Sommet Climate Chance Europe 2022 qui a réuni ce même mois à Nantes tous les réseaux européens et français de collectivités territoriales, semble déjà plutôt de bon augure.

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