ASSURER LE BIEN-ÊTRE DES SALARIÉS IMPOSE UN CHANGEMENT RADICAL DE PARADIGME
Longtemps cantonnée à des mesures périphériques (mise à disposition de services de conciergerie, tournois de babyfoot, cours de yoga ou salles de sieste), la notion de bien-être en entreprise prend donc aujourd’hui une dimension nouvelle au point de bousculer les logiques de travail. ”Pour assurer le bien-être de leurs collaborateurs, les entreprises n’ont d’autre solution que de faire un aggiornamento de leur approche managériale, encore trop souvent axée sur le contrôle”, prévient Patrick Légeron. “Elles devront pour ce faire former leurs managers à pratiquer la reconnaissance, l’empathie, l’écoute… C’est ce qu’ont fait les Pays du Nord en développant le concept d’un Health management qui construirait le bien-être au travail comme la Health food construit la santé. Elles devront également écouter la parole de leurs salariés en mettant en place des groupes de travail afin que les solutions proposées n’émergent pas uniquement de décisions descendantes. “ Mais le bien-être au travail, et notamment le maintien d’un équilibre sain entre la vie professionnelle et personnelle, relève aussi de la responsabilité individuelle des salariés qui devront apprendre à s’investir dans leur travail de façon plus raisonnée. Les jeunes générations pourraient sur ce registre servir de modèles à leurs aînés, encore trop imprégnés de la culture du présentéisme et du surinvestissement au travail.
GARANTIR LE BIEN-ÊTRE POUR ATTIRER LES TALENTS
Ces changements opérés, resteront ensuite pour les entreprises à afficher clairement cette priorité accordée au bien-être dans le travail. “Le discours de bonnes intentions n’est évidemment pas suffisant”, commente Patrick Légeron. “Les entreprises doivent se donner les moyens d’étayer leur discours en se dotant d’indicateurs adaptés. Les pouvoirs publics pourraient d’ailleurs les y aider en instaurant un index du bien-être au travail, à l’instar de celui récemment mis en place pour l’égalité homme/femme. Rendu public, il permettrait aux collaborateurs et postulants d’évaluer la performance des employeurs. Le phénomène du Name and Shame aidant, cela contribuerait aussi à une certaine émulation collective.“
Nouvel enjeu majeur de l’attractivité des entreprises, cette prise en compte du bien-être des salariés n’a de plus rien d’une approche angélique. C’est, au contraire, une approche d’efficacité, de performance et d’attractivité. Car toutes les études le confirment : le bien-être des collaborateurs est un contrat gagnant/gagnant. Les salariés heureux seraient en effet 31% plus productifs et 55% plus créatifs que leurs homologues insatisfaits, mais aussi 25% moins absents et malades. “Si les entreprises n’ont pas obligation à rendre leurs salariés heureux, elles semblent en tout cas avoir tout intérêt à le faire !”.
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(1) https://wearewildgoose.com/uk/news/friends-in-the-workplace-survey/
(2) Enquête européenne des entreprises sur les risques nouveaux et émergents: ESENER 2019 (osha.europa.eu>facts-and-figures>esener)
(3) WorkForce View in Europe 2019 (adp.co.uk/workforceview)
(4) Etude réalisée par le MIT et l’Institut Harvard
(5) Etude réalisée par l’institut Chapman de certification des professionnels du bien-être aux Etats-Unis en 2005