Accueil>Stéphane Keïta (SCET) « Les acteurs de la ville doivent affronter de nombreux défis simultanés »

22.10.2018

Stéphane Keïta (SCET) « Les acteurs de la ville doivent affronter de nombreux défis simultanés »

Le président-directeur général de la SCET, Stéphane Keïta, est le parrain de la troisième promotion de l'Executive Master Gouvernance territoriale et développement urbain.

Observateur privilégié des mutations aujourd'hui à l'œuvre dans le tissu urbain, il fait le point sur les défis qui attendront, demain, les acteurs de la fabrique de la ville. Tout en soulignant l'importance de la formation continue pour s'adapter aux évolutions à venir des dynamiques urbaines.

Quelles évolutions des dynamiques urbaines constatez-vous au travers des activités de la SCET ? 

Stéphane Keïta - Au sein du groupe Caisse des dépôts, la SCET est une société de conseil et d'ingénierie au service du développement territorial, qui accompagne au quotidien des entités publiques mais aussi privées, dans les différentes phases de leurs projets. Nous sommes à leurs côtés dans leur réflexion opérationnelle, leur phase d'innovation, leur stratégie patrimoniale et immobilière ou encore organisationnelle. Ce positionnement nous permet de bien prendre la mesure des défis auxquels les acteurs territoriaux doivent faire face. Pour ces derniers, les enjeux ont en effet changé. La dynamique urbaine vise aujourd'hui à refaire la ville sur la ville , à renouveler, redynamiser, reconquérir. Cela vaut tant dans les métropoles que dans les espaces périurbains. Dans ce contexte, plusieurs défis doivent être combinés. La transition territoriale, tout d'abord, qui impose de repenser l'agencement des niveaux d'interventions et des compétences des collectivités. La transition écologique et énergétique ensuite qui doit désormais être prise en compte de façon systématique, depuis la vision stratégique jusqu'à l'exploitation.  Troisième défi : la transition numérique. Elle implique une massification des données issues des usages et des fonctionnalités de la ville,  qu'il faut traiter et dont la marchandisation pose aujourd'hui question.  Enfin, les acteurs de la ville doivent également prendre en compte la transition démocratique et sociétale. Les citoyens ne veulent pas rester passifs face au processus de reconstruction de la ville, ils souhaitent des concertations. Cela témoigne de leur préoccupation pour les nouvelles formes d'espaces publics et pour la redéfinition des biens communs au sein de la ville.

Comment les professionnels de la fabrique urbaine, des secteurs publics et privés, peuvent-ils faire face aux transformations qui impactent leur secteur ?

Stéphane Keïta - La question de la coopération entre acteurs publics et privés de la fabrique urbaine est importante, mais on constate aujourd'hui que des tensions existent. Les premiers veulent réparer ou recréer la ville sans pouvoir cependant y mettre les moyens nécessaires, en raison notamment des coupes budgétaires. Les seconds sont partants pour y contribuer mais dans le cadre d'un modèle économique leur assurant un intéressant retour sur investissement. Il apparaît donc aujourd'hui primordial de mener une réflexion approfondie et de procéder à des définitions claires : qu'est-ce qui peut être considéré comme un bien commun marchand (l'eau ou l'électricité par exemple aujourd'hui) ? Et, dans le même temps, qu'est-ce qui peut être considéré comme un bien commun non marchand ? Au fond, la question centrale à laquelle nous devons répondre est : Quels sont les leviers de la fabrique de la ville et de sa gestion qui doivent impérativement relever de prérogatives de la puissance publique ?  Par ailleurs, sur ce sujet, n'omettons pas de mener également un travail en direction des populations : il faut expliquer avec précision et pédagogie sur quelles appréciations (idéologiques, éthiques, opérationnelles) nous fixons les priorités dans l'aménagement. 

En quoi la formation continue permet-elle aux professionnels de se préparer aujourd'hui aux enjeux de demain ?

Stéphane Keïta - La formation continue est fondamentale pour les professionnels car elle leur permet de prendre de la hauteur et d'appréhender les évolutions à venir. Ils peuvent ainsi porter un nouveau regard sur leur environnement. C'est également, pour ces professionnels, une précieuse mise à jour des analyses socio-économiques, juridiques, techniques etc qui se double d'une possibilité de renforcer leurs compétences, tout particulièrement leur capacité à apprendre. Se retrouver au sein d'une promotion permet par ailleurs de prendre du recul sur sa carrière, en partageant de l'expérience, de l'expertise et, je l'espère, de la convivialité. J'y crois d'autant plus que la capitalisation d'expertises est inscrite dans l'ADN de la SCET depuis plus de 60 ans grâce notamment au Réseau de 350 entreprises publiques locales et bailleurs sociaux qu’elle anime.

Pourquoi avoir accepté de vous engager auprès de Sciences Po Executive Education en devenant le parrain de la 3e promotion de l'Executive Master Gouvernance territoriale et développement urbain ?

Stéphane Keïta - En tant que chef d'entreprise, j'ai naturellement, depuis plus de dix ans, tissé des liens avec Sciences Po. J’ai participé au jury du Grand Oral du Master Stratégies territoriales et urbaines (STU) et nous accueillons régulièrement à la SCET des stagiaires issus des rangs de Sciences Po. Nous avons des liens forts avec l'Ecole urbaine partie prenante de cet Executive Master aux côtés de Science Po Executive Education, puisque par exemple la Directrice des Expertises, Emmanuelle Obligis, est membre du Comité stratégique et que nous pilotons des projets collectifs. Au-delà de cette proximité, je sais la qualité des formations qui y sont délivrées : Sciences Po fournit à la SCET de nombreux talents. La rencontre avec la promotion pourra enfin être source d'enrichissement. C'est par de tels échanges qu'on apprend, surtout dans un secteur comme le conseil stratégique et opérationnel où le principe de base est la remise en cause des certitudes.

Abonnez-vous à notre newsletters