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25.01.2021

Épisode 1 : Pourquoi la certification B Corp attire les entreprises ?

Contrôle des consommations d’énergie, relation avec les fournisseurs, mécanisme d’évaluation des collaborateurs, gestion des déplacements professionnels… Les entreprises souhaitant obtenir la certification B Corp le savent : elles doivent se pencher sur une multitude de critères sociaux, sociétaux et environnementaux pour espérer décrocher le label. Une certification exigeante qui est aujourd’hui en plein développement. La démarche, positive pour l’intérêt collectif, peut également devenir un atout en interne, tant pour la gestion des ressources humaines que le développement des affaires. 

C’est une démarche des plus symboliques, qui marque la plupart des entreprises accédant à la certification B Corp. Une fois le label obtenu, elles doivent signer une « déclaration d’interdépendance ». Par celle-ci, elles s’engagent notamment à travailler au maximum avec d’autres sociétés certifiées, à créer des partenariats et à développer, entre elles, des mécanismes d’entraide. Des liens sont initiés pour que chacune d’entre elles puisse, lorsque cela est nécessaire, s’appuyer sur les autres pour progresser. Pour beaucoup d’organisations ayant rejoint le mouvement, cette notion d’interdépendance permet de bien comprendre l’état d’esprit qui anime leur communauté. « Etre B Corp est une identité très forte », confirme Yaël Guillon, cofondateur d’Imfusio, un cabinet d’accompagnement des organisations certifié en 2019.

« Une identité très forte » qu’ont aujourd’hui en commun un nombre croissant d’entreprises. De fait, la communauté des entreprises B Corp est en pleine expansion. Le mouvement, né aux Etats-Unis en 2006, a progressivement essaimé à travers la planète. Très implanté en Amérique du Nord et en Amérique latine, il est actuellement en développement en Europe. Au total, 3700 organisations sont certifiées dans 75 pays, dont plus de 120 en France. On trouve parmi elles des grands groupes comme des PME, des ETI comme des start-ups. Beaucoup œuvrent dans le secteur des services mais le monde industriel et agroalimentaire est également représenté.
Leur trait commun ? « Une communauté de valeurs », assure-t-on, au sein de plusieurs entreprises certifiées. Comme le rappelle B Lab, l’association portant le mouvement, les entreprises B Corp « intègrent dans leur modèle d’affaire et dans leurs opérations des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux ». La certification vise ainsi à « distinguer celles qui réconcilient but lucratif et intérêt collectif ». De nombreux critères sont pris en compte pour les évaluer, afin d’avoir une vision à 360° des actions menées par l’entreprise. Ils concernent la gouvernance (mécanisme de décision…), les collaborateurs (pratiques salariales…), la collectivité (relation avec les fournisseurs…), l’environnement (impact sur la biodiversité…) ou encore les clients (protection de leurs données…).
Ces différents paramètres sont évalués à travers un questionnaire, le BIA (Business Impact Assessment). Un audit de vérification vient clore le processus de certification. Un nouveau contrôle devra être effectué au bout de trois ans, en prenant appui sur une nouvelle version plus exigeante du BIA. « Ce qui permet d’entrer dans un processus d’amélioration continue », indique Alice Dux, chargée de projet RSE chez le chocolatier Valrhona.

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La loi PACTE de 2019 permet aux entreprises de devenir des « sociétés à mission ». Elles se saisissent alors d’un objectif sociétal et environnemental (réduire le gaspillage alimentaire par exemple) et s’engagent à mettre leur activité au service de cette mission. Dans le même temps, ces entreprises se dotent d’une raison d’être qu’elles intègrent à leurs statuts. Un organisme tiers indépendant sera chargé de s’assurer de la réalisation des objectifs. S’ils ne sont pas atteints, « une procédure de retrait de la qualité de ‘’société à mission’’ peut être engagée auprès du président du tribunal de commerce compétent », indique le ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance, afin que l’entreprise n’ait plus la possibilité d’user de cette mention.

La démarche empruntée par les sociétés à mission est donc différente de celle des entreprises B Corp. Si elles visent toutes les deux à renforcer l’engagement durable des organisations, elles se distinguent en de nombreux points (périmètre d’action, mode d’évaluation…). Elles peuvent toutefois s’avérer complémentaires, assure-t-on chez B Lab. « Une fois que l’entreprise s’est dotée d’une mission, B Corp permet de donner corps à sa raison d’être, explique Augustin Boulot. Notre démarche garantit que la société va au bout de sa démarche, mais surtout qu’elle le fait avec le maximum de cohérence possible et d’attention sur son impact sociétal et environnemental ».

Un questionnaire pour s’auto-évaluer


Le questionnaire BIA (Business Impact Assessment) n’est pas exclusivement réservé aux entreprises souhaitant obtenir la certification B Corp. Toute organisation peut s’en saisir afin de s’auto-évaluer et découvrir des leviers d’amélioration sur les questions sociales, sociétales et environnementales. « C’est un outil de mesure et de gestion d’impact qui est en libre accès », confirme Augustin Boulot, délégué général de B Lab. En France, si plus de 120 sociétés françaises sont aujourd’hui certifiées, plus de 5300 utilisent cette solution. Elles sont environ 100.000 à l’échelle mondiale (pour 3700 certifiées).

Pour découvrir le BIA : https://bimpactassessment.net/

« C’est en allant à la rencontre d’organisations qui ne pensent pas comme nous que l’on parviendra à changer les choses. »

David Lorrain

fondateur de Recyclivre

Formaliser ses pratiques pour gagner en efficacité 

L’importance croissante prise par la RSE dans les organisations au cours de la dernière décennie n’est, bien sûr, pas étrangère aux vents porteurs dont bénéficie aujourd’hui le mouvement B Corp. Mais il en faut davantage pour expliquer l’intérêt actuel des entreprises pour le label. Car les organisations l’ayant obtenu le reconnaissent : le questionnaire auquel il faut se soumettre est d’une grande exigence et peut imposer, en interne, d’importants chantiers de transformation, parfois sur plusieurs années.

Pour expliquer un tel engagement, il faut tout d’abord en revenir à la raison d’être du label. Pour beaucoup d’entreprises, il permet de faire prospérer des valeurs qu’elles portent en leur sein, parfois depuis leur création. Se lancer dans la démarche permet donc de donner une nouvelle ampleur à leurs engagements sociétaux et environnementaux. Au sein de l’organisation tout d’abord. « Le questionnaire est un bon moyen pour nous de se poser des questions et de chercher des leviers pour progresser », explique David Lorrain, fondateur de RecycLivre, une entreprise B Corp spécialisée dans la collecte et la revente de livres d’occasion. C’est aussi l’occasion de formaliser des pratiques et, ce faisant, de gagner en efficacité. « Les spécificités de notre mode de gouvernance n’avaient pas été  détaillées par écrit jusqu’alors, explique Ségolène Guitton, designer de transformation chez Imfusio. Nous avons donc réalisé ce travail ». Un travail qui est positif pour la certification, mais qui l’est aussi pour l’organisation elle-même. « Nous avons gagné en efficacité, certains points ont été clarifiés, ce qui a fluidifié les relations et les échanges », poursuit-elle.
L’engagement dans la communauté B Corp permet aussi, aux yeux de certaines entreprises, de diffuser hors de leurs murs les valeurs auxquelles elles adhèrent. Ce peut être le cas en impliquant et sensibilisant de nombreuses parties prenantes de leur écosystème (clients, fournisseurs…). Certaines sociétés profitent également de la « communauté B Corp » pour porter leurs convictions au-delà de leurs cercles habituels. « C’est en allant à la rencontre d’organisations qui ne pensent pas comme nous que l’on parviendra à changer les choses, estime David Lorrain. Il est donc plus utile d’échanger avec des entreprises du CAC 40 que de rester entre soi, entre acteurs de l'Économie sociale et solidaire ». 
 

« C’est une certification qui démontre que l’on porte vraiment ce que l’on annonce. »

Yaël Guillon

Cofondateur d’Imfusio

Impliquer les collaborateurs en interne

Efficace pour promouvoir l’engagement sociétal et environnemental des organisations, le mouvement B Corp est aussi considéré par des entreprises comme un levier favorisant l’implication des collaborateurs en interne. « C’est l’une des vraies plus-values du processus de certification, considère Alice Dux. Remplir le questionnaire a nécessité l’implication de nombreux métiers de l’entreprise. Nous avons obtenu la certification en janvier 2020 et, désormais, nous continuons de faire appel aux collaborateurs, chargés de thématiques spécifiques, pour travailler à l’amélioration de nos process. Cette mobilisation interne est un facteur de succès ».

La certification B Corp est, dans le même temps, un atout pour développer sa marque employeur. « Elle est un moyen pour nous d’attirer les talents », confirme Alice Dux. Le label illustre l’importance d’une politique de RSE ambitieuse, dans certaines organisations, pour favoriser les recrutements, tout particulièrement des jeunes générations.  « Il est crucial pour certaines entreprises de démontrer leur attachement aux sujets sociaux, sociétaux et environnementaux », explique Augustin Boulot, délégué général de B Lab France. David Lorrain, fondateur de Recyclivre confirme : « Il sera de plus en plus difficile d’attirer des talents si l’on a une activité très carbonée et que l’on ne fait pas attention à la planète et à l’Homme. Cela peut déboucher sur de réels problèmes de recrutement ». En la matière, la certification apporte une preuve des implications de l’entreprise, et démontre l’alignement des paroles et des actes.
 

Un atout pour remporter des appels d’offre

Cela peut d’ailleurs être également un avantage pour les relations d’affaires : le label B Corp permet, aux yeux de certaines organisations, de crédibiliser leur discours (voir le témoignage de Valrhona [lien vers sous-papier témoignages]). « C’est une certification qui démontre que l’on porte vraiment ce que l’on annonce », résume Yaël Guillon, d’Imfusio. Elle peut ainsi être un atout décisif dans les relations avec des clients. « Le label permet à des entreprises d’être choisies pour un projet ou de remporter un appel d’offre, indique Augustin Boulot. Et la logique est la même lorsqu’elles recherchent des financements. Certains investisseurs souhaitent s’engager prioritairement avec des sociétés développant des actions sociétales et environnementales ».

Autre intérêt de la certification sur un plan économique : elle ouvre les portes d’un réseau de plusieurs milliers d’entreprises à travers le monde. Un atout dont compte bien se saisir David Lorrain : « Nous avons des ambitions européennes et souhaitons notamment nous implanter en Italie. En pareil cas, la question du réseau est bien sûr importante. Et le fait qu’il soit orchestré par B Corp est un avantage supplémentaire : le label a une vraie résonance à l’international ». Un réseau porteur pour développer affaires et carnet d’adresses, et d’autant plus efficace qu’il réunit des sociétés liées par cette « communauté de valeurs » qui fait la fierté des sociétés B Corp.

 

Pourquoi devenir B Corp ? Découvrez les témoignages de deux sociétés qui tirent profit aujourd’hui de leur certification.

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