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24.04.2023

Didier Tabuteau : « Une formation pour décrypter le système de santé français »

C’est un système particulièrement complexe, composé d’une myriade d’acteurs, de structures, et dont les processus de décision restent méconnus du plus grand nombre. L’Executive Master Gestion et politiques de santé de Sciences Po Executive Education se propose de décrypter le secteur de la santé français et de permettre ainsi à ses acteurs de gagner en professionnalisme.
Les explications du directeur de la formation, Didier Tabuteau.

 

Les professionnels de santé évoluent dans un secteur d’activité des plus complexes. Comment la formation les accompagne-t-elle ?

Didier Tabuteau - L’Executive Master Gestion et politiques de santé se propose de répondre à leur demande première : décrypter un système effectivement particulièrement complexe. Nous nous efforçons tout d’abord de leur proposer une vision d’ensemble, car ils n’en connaissent souvent qu’une partie (hôpital, médecine de ville, industrie…). Dans le même temps, nous examinons son fonctionnement, en se concentrant sur la manière dont les décisions sont prises. Comment la loi de financement de la Sécurité sociale prend corps ? Comment un hôpital prend une décision budgétaire ? Quels sont les critères qui guident les choix d’un professionnel de santé ? Nous cherchons donc à comprendre les éléments qui entrent en compte dans les prises de décision, saisir leurs composantes économiques, juridiques, politiques, sociologiques… Cela en n’omettant pas une autre dimension, centrale : il s’agit d’un système fondamentalement culturel, le rapport à la maladie, au corps, à la santé, à la vie pouvant considérablement varier pour chacun d'entre nous, selon notre histoire, notre formation, le lieu où nous vivons, le travail qui est le nôtre…

Le secteur de la santé compte une grande diversité d’acteurs. Retrouve-t-on une telle pluralité au sein de la promotion ?

Didier Tabuteau - Chaque promotion apparaît en effet comme un microcosme assez représentatif du monde de la santé. Le secteur est, en quelque sorte, reconstitué. On peut trouver parmi les participants, un pharmacien d’officine, un médecin généraliste, une infirmière hospitalière, un cadre de l’industrie, un représentant d’une Agence régionale de santé (ARS) ou encore un membre d’une association de patients. Et lorsque l’ensemble de ces acteurs du système de santé sont réunis, les points de vue se partagent et l’on retrouve le bouillonnement et la richesse des échanges qui caractérisent le secteur. Cela va d’ailleurs favoriser la création de liens durables entre les différents membres des promotions. Une association des anciens de l’Executive Master a d’ailleurs été créée et est aujourd’hui très active.

Qu’est-ce ce qui incite les professionnels du monde de la santé à suivre l’Executive Master ?

Didier Tabuteau - Leurs attentes sont plurielles. Certains professionnels souhaitent, comme nous l’avons vu, mieux connaître et maîtriser le système dans lequel ils évoluent. Leur objectif est alors de renforcer leur professionnalisme et leur capacité à maîtriser leur environnement. D’autres participants souhaitent voir leur carrière évoluer et prévoient de prendre de nouvelles fonctions (par exemple un médecin hospitalier qui est appelé à devenir président de la Commission médicale d’établissement). Certains estiment enfin nécessaire de se former afin de mener une reconversion professionnelle.

Quels formats pédagogiques sont privilégiés au cours de la formation ?

Didier Tabuteau - Nous avons recours à différents formats. Des intervenants réguliers, universitaires ou professionnels du secteur, apportent lors de cours interactifs une culture commune (droit de la santé, économie de la santé, sociologie de la santé, connaissance des partenaires…). Dans le même temps, des échanges sont organisés avec différentes personnalités (président d’université, parlementaire, représentant d’organisation syndicale, experts, …) qui vont intervenir sur un sujet précis (la réforme des études médicales par exemple). Nous organisons par ailleurs certaines séances où les participants vont connaître des « mises en situation » par l’intermédiaire de jeux de rôle. Ils vont par exemple négocier une convention médicale durant une journée, gérer une crise ou établir un budget. Enfin, les participants vont rédiger un mémoire, ce qui constitue le cœur de l’évaluation et de la formation elle-même.

Parmi les points d’attention de la formation, l’Executive Master s’attache à porter un regard prospectif sur le secteur de la santé…

Didier Tabuteau - C’est un secteur majeur en France, 12 % de la richesse nationale y est consacré. Il est donc essentiel de se projeter, de tenter de décrypter ce que seront les 10 ou 20 prochaines années. Et ce d’autant plus que la notion de temps long est centrale dans ce secteur. Des phénomènes conjoncturels peuvent évidemment survenir (épidémie…) et entraîner des bouleversements rapides. Mais c’est sur le long cours que les choses évoluent : la mise en place d’un nouveau traitement ou la construction d’un hôpital peuvent prendre une dizaine d’années. Cette visée prospective s’accompagne d’ailleurs d’une approche historique, afin de comprendre la construction du secteur de la santé et de percevoir qu’un système d’une telle ampleur et d’une telle complexité ne peut qu’évoluer relativement lentement.

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