Accueil>DESTINATION BARCELONE : RÉINVENTER LA VILLE POST-COVID

10.10.2022

DESTINATION BARCELONE : RÉINVENTER LA VILLE POST-COVID

Les étudiantes et étudiants de l’Executive Master Gouvernance territoriale et développement urbain, accompagnés de leur directrice scientifique Charlotte Halpern, étaient en Learning Expedition à Barcelone du 15 au 18 septembre 2021. Ce voyage d’étude a permis de s’immerger dans un territoire, souvent érigé en ville européenne modèle et aujourd’hui à la croisée des chemins. Dans un contexte post-covid et de tensions accrues avec Madrid, quelles sont les limites sociales, politiques, économiques et environnementales d'un développement fondé sur le tourisme ? Deux participantes, Mariana Martins et Sylvie Revertegat, rendent compte des différents échanges avec les acteurs de sa gouvernance et du développement urbain pendant leur voyage.

Quelle échelle pertinente pour organiser le territoire métropolitain ?

L’aire métropolitaine (AMB), avec 3,6 millions d’habitants, concentre près de 43 % de la population catalane sur 2 % du territoire régional. La ville de Barcelone compte 1,7 million d’habitants. Elle s’est construite autour de son centre historique, le plan Cerdà de 1859, ayant ensuite permis de structurer un projet d'aménagement et d'extension urbaine de la ville. Depuis la fin du régime de Franco, le développement de la ville a été marqué par un boom économique, l’adhésion à l’Union Européenne et l’organisation des Jeux Olympiques de 1992. Aujourd’hui, le développement urbain s’est peu à peu étendu jusqu’à ses frontières naturelles, constituée par la mer, les fleuves Llobregat et Besòs, et les montagnes de Collserola. 

La Ville centre a toujours eu des relations compliquées avec les communes périphériques, entre indifférence ou divergences. Ces divergences sont d’abord politiques, et portent sur l’Indépendance de la Catalogne. Ensuite, les débats institutionnels, autour de la gouvernance de l’aire métropolitaine confirment l’absence d’unanimité sur le périmètre et les formes envisagés. A ceci s’ajoutent enfin des conceptions divergentes quant aux nécessaires évolutions d’un modèle de développement fondé sur le tourisme. Profondément fragilisé par les crises économique de 2008, sanitaire liée au Covid, et écologique avec l’épuisement des ressources naturelles, ce modèle fait l’objet de débats acharnés dans le cadre de l’élaboration, en cours, d’une vision métropolitaine.

Le modèle de développement, fondé sur la culture et le tourisme, est-il encore viable ? 

Depuis que l’économie urbaine de Barcelone est passée d’une économie dominée par le secteur industriel à une économie dominée par les services, le phénomène touristique a connu une ampleur considérable. Cela constitue un enjeu politique majeur et structurant des mobilisations urbaines à toutes les échelles du territoire. Depuis 2013, le nombre de visiteurs n'a cessé d'augmenter, hormis pendant la crise sanitaire. Les effets de ce tourisme de masse sont dénoncés : conditions de travail précaires, spéculation sur le marché du logement, pollution de l’air, saturation des services publics et des réseaux… Ceci conduit bon nombre d'acteurs à plaider pour la maîtrise, voire la décroissance, du tourisme. Les barcelonais dénoncent également l’inertie de l’industrie touristique et des acteurs politiques et institutionnels en termes de régulation et capacité à penser les alternatives. La mobilisation des résidents opère également à l’échelle des quartiers et soutien à l’émergence d'une plateforme commune oeuvrant, à l'échelle de la ville toute entière, pour un tourisme plus durable et plus respectueux des habitants.
En parallèle, la crise sanitaire a favorisé l'émergence de nouvelles idées, notamment dans le domaine de la culture. La culture constitue, historiquement, un enjeu prioritaire des politiques et de la gouvernance urbaine et un puissant vecteur de différenciation face à l’État national. Un pacte culturel post-covid a été créé afin de soutenir toutes les parties prenantes. Une politique de diffusion de la culture pour tous a été mise en place, à travers, par exemple, des initiatives de quartier pour favoriser les échanges inter-générationnels et la diversification des supports. Une réflexion sur le renouvellement du modèle économique des projets d’envergure a aussi vu le jour. 

Quelles innovations ont été observées et identifiées pendant votre voyage ? 

Le déploiement de « super-blocks », l’émergence de coopératives et le soutien aux innovations technologiques sont autant d’exemples qui témoignent d’une quête de soutenabilité accrue. L’amélioration de la qualité de vie en lien avec des critères d’inclusion et de partage contribue au renouvellement des formes de la gouvernance urbaine et à un partage accru de l'espace public. Facilitée par le digital, cette approche nécessite l’éducation numérique des habitants et l’ouverture d’espaces d’expérimentation. 

L’Executive Master Gouvernance territoriale et développement urbain, apporte les compétences et le réseau professionnel nécessaires à l’exercice du métier de « Manager stratégique et opérationnel de projets urbains/territoriaux complexes », c’est-à-dire, concevoir et mettre en œuvre des stratégies, des projets ou des relations partenariales dans le domaine de la gouvernance territoriale et du développement urbain.
La formation dépasse les références traditionnelles de l’urbanisme et de l’aménagement pour former des managers de projets urbains/territoriaux complexes, rompus aux mécanismes de la fabrique et de la gestion urbaine, dans des domaines aussi variés que l’aménagement, le transport, le logement, le développement économique urbain, la santé et les transitions écologiques
Ce programme, destiné à des professionnels, est proposé conjointement par l’Executive Education et l’École urbaine de Sciences Po et est enregistré au RNCP (Répertoire National de la Certification Professionnelle).

 

Abonnez-vous à notre newsletters