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01.07.2019

Amélie Motte : « Les émotions, une source d'information précieuse pour les managers »

Le stress, la contrariété, la joie... En observant avec attention les émotions de leurs collaborateurs, les managers peuvent gagner en efficacité dans l'accompagnement de leurs équipes. Les explications d'Amélie Motte, déléguée générale adjointe de la Fabrique Spinoza, think tank du bonheur citoyen, et formatrice en intelligence émotionnelle à Sciences Po Executive Education.
 

Qu'est-ce que l'intelligence émotionnelle ?

Amélie Motte - Il s'agit de la capacité à considérer les émotions comme des informations, à les prendre en compte et à raisonner avec elles. S'il n'est pas encore très répandu en entreprise, le management par l'intelligence émotionnelle suscite aujourd'hui un intérêt croissant. Le contexte lui est en effet favorable. Le management de la performance et la course à la productivité ont montré leurs limites face aux crises. Dans le même temps, les attentes des collaborateurs ont évolué. Les nouvelles générations considèrent les organisations comme des lieux où elles doivent pouvoir s'épanouir. Le leader doit quant à lui désormais inspirer, susciter l'engagement et la motivation. Autant de compétences qui relèvent davantage de l'intelligence émotionnelle que de l'intelligence technique. Un bon leader doit donc aujourd'hui être aussi un expert de l'humain.... Et donc des émotions.

Comment les managers peuvent-ils intégrer l'intelligence émotionnelle dans leur travail quotidien ?

Amélie Motte - La première étape, incontournable, consiste à comprendre sa propre logique émotionnelle. Avant de s'intéresser aux émotions des collaborateurs, il faut d'abord se pencher sur les siennes. Les managers doivent donc apprendre à observer leurs émotions avec curiosité et bienveillance. Et s'interroger : quelle est l’émotion que je ressens ? S'ils sont stressés, il leur faut considérer cette émotion non comme un problème, mais comme une information. Une information qu'ils vont pouvoir utiliser, par exemple pour trouver un moyen de réduire le sentiment d'insécurité qui les habite alors.

La seconde étape consiste à s'intéresser aux émotions des collaborateurs ?

Amélie Motte - Oui, une fois que je reconnais l'intelligence du processus émotionnel chez moi, je vais pouvoir faire de même pour les autres. Les managers ont ainsi la capacité d'obtenir de nombreuses informations et d'agir en conséquence. Mon collaborateur est inquiet ? Je vais me demander comment « nourrir » son besoin de sécurité. S'il exprime de la colère, je dois m'interroger : se sent-il suffisamment reconnu ? La tristesse quant à elle pourra être reliée à une quête de sens qui n'est peut-être pas totalement satisfaite.

Le manager peut-il également inviter les salariés à se saisir eux-mêmes de leurs émotions ?

Amélie Motte - Des pratiques permettent en effet de développer une culture d'entreprise laissant toute leur place aux émotions. C'est le cas par exemple de la « météo intérieure ». Les collaborateurs sont invités en début de réunion à partager leur état émotionnel. Chacun peut s'exprimer. L'un évoquera une fatigue liée à des raisons personnelles, un autre expliquera être contrarié du fait des exigences d'un client... Découvrant ainsi l'état émotionnel de son équipe, le manager sera beaucoup plus efficace lors de cette réunion. Par cette prise de parole, les collaborateurs pourront, quant à eux, prendre de la distance avec leurs émotions et retrouver un calme intérieur.

L'intelligence émotionnelle invite-t-elle également le manager à se pencher sur les émotions positives ?

Amélie Motte - Tout comme il faut chercher à limiter les affects négatifs, il est bon de cultiver les affects positifs. Les bénéfices sont d'ailleurs nombreux pour l'entreprise. Travailler dans un état d'esprit positif permet d'être en meilleure santé, davantage engagé, plus performant. C'est pour cela que les managers ont tout intérêt à développer un climat social positif au sein de l'organisation, faire en sorte que les collaborateurs se connaissent mieux et s'apprécient. Ils peuvent, pour ce faire, encourager les temps d'échanges informels, et développer une culture de la gratitude et de la reconnaissance au sein de leur équipe. Ce qui, in fine, renforcera le sentiment d'appartenance et donc la cohésion du groupe. Pour aller plus loin, retrouvez la présentation de la formation courte

Crédit photo : Franck Juery

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