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24.01.2017

Le MOOC “Migrations internationales” de nouveau en ligne

Mise à jour mercredi 6 mai 2020 : Pas de confinement pour les idées ! Alors que la crise du Covid-19 bouleverse notre vision du monde et nous invite à interroger les notions de frontière, de mobilité et de coopération, le Mooc "Migrations internationales : un enjeu mondial" est de nouveau accessible sur les plateformes FUN et Coursera. Une occasion de faire le point, avec Catherine Wihtol de Wenden, sur l'histoire et les perspectives du phénomène migratoire. #KeepLearning

“Migrations internationales : un enjeu mondial” : c'est le sujet d'un MOOC en sept séances produit par Sciences Po. Plus de 7300 étudiants en ligne ont déjà suivi ce cours, de la politologue et sociologue Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CERI. Entretien sur ce processus de mondialisation et de régionalisation des migrations, qui affecte à la fois les États mais aussi la planète.

Dans quelle mesure, l’arrivée de migrants à laquelle doit faire face actuellement l’Europe est-elle exceptionnelle ?

Catherine Wihtol de Wenden : Les flux de migrants en Europe sont exceptionnels par le nombre de demandeurs d’asile en 2015 : 1,2 million contre  650 000 en 2014 et 200 000 en temps normal. Mais il y a eu par le passé d’autres pics de réfugiés comme dans les années 1990, quand l’Allemagne a reçu 500 000 demandeurs d’asile par an jusqu’en 1993 après la chute du rideau de fer et durant la crise yougoslave. Si la crise apparaît exceptionnelle, il est nécessaire de la comparer à d’autres crises. Quant à son caractère exceptionnel, il réside également cette fois dans le manque de solidarité entre pays européens, les pays d'Europe de l'Est ayant refusé la relocalisation proposée par la commission Juncker.

«Nous n’avons pas encore réalisé à quel point ces nouveaux migrants nous ressemblent», disiez-vous dans une interview à Libération le 4 décembre 2015. Pouvez-vous préciser un peu plus ?

C. de W. : Quand la photo du jeune Aylan Kurdi a été publiée dans les journaux, nous avons pu nous rendre compte combien cet enfant de trois ans ressemblait aux autres enfants européens. Il portait le même type de vêtements. Les familles sont la plupart du temps issues de la classe moyenne lorsqu’elles arrivent de Syrie. Elles recherchent la paix en Europe et un statut de réfugié afin d’avoir une vie stable et en sécurité… comme nous le ferions dans une telle situation. Quant aux jeunes d’Afrique sub-saharienne, ils sont de plus en plus de jeunes urbains scolarisés à la recherche d’un travail et d’une vie paisible, ce que ne peut pas toujours leur offrir leur pays. Cette crise est le symbole de la rencontre entre deux mondes.

Comment, à votre avis, cette crise migratoire va-t-elle évoluer les mois et les années à venir ?

C. de W. : A l’avenir, nous assisterons à la mobilité de nouveaux profils de migrants. Les plus pauvres n’ont pour le moment pas encore quitté leur pays par manque de réseaux transnationaux et de ressources financières. Mais ils migreront en cas de crise environnementale vers les pays voisins : de Sud à Sud.  D’autres crises politiques apporteront de nouveaux migrants d’Afrique (Algérie incluse) pour des raisons démographiques, liées au chômage mais aussi en raison de risques persistants qu’ils soient sociaux, politiques et environnementaux. Les anciens pays d’émigration deviennent des pays d’immigration comme le Maroc, le Mexique et la Turquie. Et ce mouvement s’accentue. Quant aux grandes villes de pays d’immigration traditionnels, elles deviennent de plus en plus cosmopolites.

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Légende de l'image de couverture : Sciences Po