Auteur(s): 

Laurent Bonnefoy, CNRS, CERI/Sciences Po

Date de publication: 
Août 2017

Avant de déboucher sur une guerre, la dynamique révolutionnaire yéménite entamée en février 2011 avait un temps placé le parti al-Islah, branche locale des Frères musulmans, en position de force. La capacité de mobilisation des islamistes durant le soulèvement avait donné à celui-ci sa masse critique, permettant de mobiliser des militants, des fonds et une logistique. In fine, c’est grâce à son action que le Président Ali Abdallah Saleh avait été démis après 33 années de règne.

Auteur(s): 

Laurent Bonnefoy, chercheur au CERI

Date de publication: 
Février 2017
Illustration

Depuis une quinzaine d’années, les relations entre monarchies du Golfe ont été massivement lues à la lumière de la rivalité entre l’Arabie Saoudite et le Qatar. En dépit de sa petite taille, ce dernier semblait développer une diplomatie indépendante (à travers le rôle joué par la chaîne al-Jazeera notamment), tournée vers les acteurs islamistes dans le sillage des Frères musulmans.

Auteur(s): 

Laurent Bonnefoy, Chargé de recherche au CNRS

Date de publication: 
Novembre 2016

Fin août 2016 à Grozny, en Tchétchénie, 200 oulémas sunnites venus de nombreux pays musulmans se sont rassemblés pour discuter des frontières de leur identité religieuse collective. La conférence était organisée par le gouvernement tchétchène, proche de Vladimir Poutine. Issus notamment des pays du Caucase, de Syrie, du Yémen et d’Egypte, les signataires de la déclaration finale intitulée « Qui sont les sunnites ? » ont généré une vive controverse.

Colloque du 5-6 décembre 2016, avec les interventions de Laurent Bonnefoy, Alain Dieckhoff, Stéphane Lacroix, Laurence Louër, Pierre-Jean Luizard et Jean-Paul Willaime.

L’Islam est pluriel, dans ses approches juridiques, théologiques, spirituelles, mais depuis quelques temps, il est traversé, dans le monde sunnite, par la montée d’un courant fondamentaliste qui entend revenir, de façon stricte, aux « principes originels » de la religion. Cette volonté de « retour aux sources » est portée par le salafisme qui connaît un essor indéniable, sous des formes diverses, avec des rapports au politique eux-mêmes changeants, allant d’un quiétisme assumé à l’engagement dans l’action violente (djihadisme).
Pour comprendre ce fondamentalisme, il est impérieux de se pencher sur ses assises doctrinales, sur les représentations de soi et de l’Autre qu’il véhicule, sur les concepts (shari’a, sunna, djihad, califat…) qu’il mobilise, sur les mythes et utopies qu’il invoque. Certes, les idées seules ne font pas l’histoire, mais elles forment un soubassement indispensable à l’action des hommes. Il convient donc de prendre au sérieux les discours religieux eux-mêmes, sans les tenir pour de simples travestissements.
L’objectif de ce colloque interdisciplinaire qui réunit islamologues, historiens, sociologues, politistes, venant de différentes institutions de recherche en France comme à l’étranger, a précisément pour objectif de débrouiller cet écheveau complexe en engageant une réflexion en profondeur sur le fondamentalisme sunnite contemporain.

Résumé 

La violence djihadiste a reconfiguré les relations internationales contemporaines. Son appréhension souffre d’une lecture souvent confuse qui tend d’une part à la décontextualiser et d’autre part à nier les évolutions et les débats qui la structurent en interne. Ses différentes expressions, d’Al-Qaïda à l’Etat islamique en passant par des groupes locaux, sont d’abord le fruit d’histoires et de sociétés marquées par d’autres formes de violence, parfois rendues invisibles. Elles s’adaptent également à une variété d’environnements, donnant naissance à des processus d’intégration politique qu’il est important de considérer. 

Bibliographie 

Abu Hanieh Hasan et Abu Rumman Mohammad, The « Islamic State » Organization, The Sunni Crisis and the Struggle of Global Jihadism, Paris, Friedrich-Ebert-Stiftung, 2015.

Benraad Myriam, « Dans la tête de L’État islamique. Aux sources de la violence, la revanche des parias », Revue du crieur, 3, 2016, p. 60-69.

Blom Amélie, « Les “martyrs” jihadistes veulent-ils forcément mourir ? Une approche émique de la radicalisation autosacrificielle au Pakistan », Revue française de science politique, 61 (5), 2011, p. 867-891.

Burgat François, Comprendre l’islam politique, Paris, La Découverte, 2016.

Candiard Adrien, Comprendre l’islam (ou plutôt : pourquoi on n’y comprend rien), Paris, Flammarion, 2016.

Dakhli Leyla, « L’islamologie est un sport de combat », Revue du crieur, 3, 2016, p. 4-17.

Hafez Mohammed, Why Muslims Rebel : Repression and Resistance in the Islamic World, Boulder (Colo.), Lynne Rienner, 2004.

Hamid Mustafa et Farrall Leah, The Arabs at War in Afghanistan, Londres, Hurst, 2015.

Hegghammer Thomas, « The Ideological Hibridization of Jihadi Groups », Current Trends in Islamist Ideology, vol. 9, 2009, p. 26-45.

Kepel Gilles et Jardin Antoine, Terreur dans l’Hexagone. Genèse du djihadisme français, Paris, Gallimard, 2015.

Khosrokhavar Farhad, Radicalisation, Paris, Maison des sciences de l’homme, 2014.

Maher Shiraz, Salafi Jihadism. The History of an Idea, Londres, Hurst, 2016.

Martinez Luis, « Structures, environnement et basculement dans le jihadisme », Cultures et conflits, 69, 2008, p. 133-156.

Mouline Nabil, Le Califat, histoire politique de l’islam, Paris, Flammarion, 2016.

Roy Olivier, Le Djihad et la Mort, Paris, Seuil, 2016.

Staffell Simon et Awan Akil (dir.), Jihadism Transformed. Al-Qaeda and Islamic State’s Global Battle of Ideas, Londres, Hurst, 2016.

Affiliation 

Sciences Po, Centre de recherches internationales (CERI), CNRS.

Biographie 

Politiste et arabisant, spécialiste des mouvements salafis et de la péninsule arabique contemporaine, Laurent Bonnefoy est vice-responsable du projet ERC When authoritarianism fails in the Arab world (WAFAW). Il a travaillé pendant quatre années au Centre français d’archéologie et de sciences sociales de Sanaa (CEFAS) et pendant deux ans à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO).


Bibliographie 

- Yémen. Par-delà les marges, Paris, Fayard, 2017.

- Salafism in Yemen. Transnationalism and Religious Identity, London/New York, Hurst/Columbia University Press, 2011.

- Jeunesses arabes. Du Maroc au Yémen : loisirs, cultures et politique, Paris, La Découverte, 2013.

- co-dir, Yémen. Le tournant révolutionnaire, Paris, Karthala, 2012.

Graphique : Le djihadisme : une histoire transnationale, 1979-2016

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Commentaire de Laurent Bonnefoy

L'histoire du mouvement dit djihadiste s'est structurée dans le sillage du combat contre l'occupant soviétique en Afghanistan au cours des années 1980. Sa transnationalisation s'est ensuite opérée par le truchement d'Al-Qaïda qui a contribué à transformer le mouvement en une nouvelle menace à l’origine d’une recomposition des relations internationales. La territorialisation du mouvement par le biais de l'Etat islamique en Irak et en Syrie au début de la décennie 2010 a souligné les impasses de la « guerre mondiale contre le terrorisme » et induit un accroissement significatif de la violence tant dans les sociétés à majorité musulmane qu'en Europe et en Amérique du Nord.

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