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24.04.2022

Ilyana Aït Ahmed, lauréate du Concours National de Plaidoirie Animaliste

Plaidoirie d'Ilyana Aït Ahmed
Ilyana Aït Ahmed

COMMENT EST NÉE VOTRE ENVIE DE PARTICIPER AU CONCOURS NATIONAL DE PLAIDOIRIE ANIMALISTE 2022 ?

Ilyana Aït Ahmed : J’ai souvent hésité à m’inscrire à des concours d’éloquence sans jamais passer le cap. Quand j’ai vu que ce concours de plaidoirie était axé sur la cause animale, je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté.

En effet, j’ai intégré le master Droit économique de l’École de droit de Sciences Po à Paris, dans l’espoir de pouvoir, un jour, mettre mes compétences juridiques au service de la défense des animaux. J’ai d’ailleurs eu la chance de réaliser un stage auprès d’Alice Di Concetto, ancienne élève de Sciences Po et juriste qui a fondé un think tank : The European Institute for Animal Law & Policy (Animal Law Europe). Cette expérience a été des plus enrichissantes et n’a fait que me conforter dans mon désir de travailler pour l’amélioration du traitement des animaux.

J’aimerais également passer le Barreau l’année prochaine en vue de devenir avocate et, pourquoi pas, de plaider dans le cadre de contentieux. Il me semblait donc important de m’exercer à l’oral et à la rhétorique. Dans cette perspective, quelle meilleure occasion que de le faire devant des jurés aussi inspirants qu’impressionnants et des invités de marque, tels que le député Dimitri Houbron et l’élue municipale de Grenoble Sandra Krief ?!

QUELLE A ÉTÉ VOTRE PRÉPARATION ?

Ilyana Aït Ahmed : Le sujet était libre, la première étape pour moi était donc de choisir quelle thématique j’allais aborder dans mon discours. Je n’ai pas tergiversé longtemps : pour moi, parler des animaux d’élevage était une évidence, il ne me restait plus qu’à trouver un angle d’attaque.

J’ai toujours été sensible à la souffrance animale, mais ce n'est qu'il y a huit ans que j'ai fait le choix de changer de mode de consommation et de devenir vegan. Ma dissonance cognitive, mes habitudes ancrées dans notre culture, les publicités mensongères, en bref, tout un système m’avait empêché de faire le lien entre le sort réservé aux animaux et ce qu’il y avait dans mon assiette, ce que je portais comme habits ou ce que j’achetais comme cosmétiques. Le Concours National de Plaidoirie Animaliste était l’occasion rêvée pour moi de parler de ces obstacles qui freinent la prise de conscience collective de l’exploitation cruelle des animaux, et en particulier celle des animaux d’élevage. J’ai essayé, à travers ma plaidoirie, intitulée "La graine du doute", de mettre en lumière l'action des lobbies de l’industrie agro-alimentaire qui ont tout intérêt à ce que l’on garde nos œillères.

Ensuite, une fois mon texte écrit (et relu des dizaines de fois), je l’ai appris pour pouvoir me détacher le plus possible de mes notes et ainsi regarder le jury et le public pour essayer de capter au mieux leur attention.

Enfin, je me suis exercée à l’oral pour trouver le bon ton, marquer des silences là où il le fallait, changer de rythme et hausser la voix par moments. Pour cela, je me suis entraînée devant des proches qui m’ont donné des conseils précieux pour m’améliorer.

Comment se sont déroulées les différentes phases du concours ?

Ilyana Aït Ahmed : Une première phase de pré-sélection a été organisée. Pour ma part, je suis passée le dimanche 6 mars 2022 devant un jury composé de membres du Campus Animaliste, qui est à l’initiative de ce concours.

Une semaine plus tard, j’ai eu la joie d’apprendre que ma plaidoirie avait été retenue pour la finale du 25 mars, aux côtés de celles de sept autres candidats sélectionnés.

J’ai retravaillé mon texte en prenant en compte les remarques dont m’avaient fait part les membres du Campus Animaliste et le jour J, j’ai eu l’honneur de plaider devant un jury d’exception, à savoir Brigitte Gothière, Cédric Villani, Hélène Thouy, Francis Teitgen, Pierre Rigaux et Valentine Labourdette, présidente du Campus Animaliste.

Que diriez-vous et quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaiteraient participer au Concours National de Plaidoirie Animaliste 2023 ?

Ilyana Aït Ahmed : Je leur dirai de ne pas hésiter ! C’était une expérience incroyable, qui m’a permis de rencontrer des personnalités que j’admire, des militants divers de la cause animale et des invités sensibles à la question. Cette soirée, en plus de m’avoir permis de gagner en assurance et en aisance à l’oral, m’a surtout donné espoir. Me retrouver dans un évènement réunissant autant de gens passionnés et impliqués dans la défense des animaux était revigorant et très enthousiasmant !

Si j’avais des conseils à donner à de futurs participants, je leur dirais de se faire confiance, de parler de ce qui les touche particulièrement et d’avoir une parole libre et sans concession : ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de s’exprimer dans une plaidoirie de 6 à 9 minutes sur le sujet de son choix ! J’ajouterais peut-être de répéter son texte devant son entourage, cela m’a beaucoup aidée personnellement.

Je tiens à remercier le Campus Animaliste de m’avoir permis de participer à cet évènement marquant et j’espère avoir donné envie à certaines ou certains de se lancer !