A paraître : Servir les riches. Les domestiques chez les grandes fortunes" de Alizée Delpierre
- Servir les riches
Le 22 septembre, les Editions La Découverte publient "Servir les riches. Les domestiques chez les grandes fortunes" de Alizée Delpierre qui présente le travail de sa thèse de doctorat de sociologie menée au CSO sous la direction de Didier Demazière et soutenue le 29 mai 2020.
En s’appuyant sur une enquête immersive de plusieurs années, ce livre lève le voile sur les relations quotidiennes entre ceux qui servent et ceux qui sont servis. Depuis mars 2020, Alizée Delpierre est chercheuse en contrat post-doctoral au CSO, sur le projet européen H2020 « Hecat » sur le chômage et l’emploi en Europe, collaboration internationale composée de membres issu·e·s de neuf institutions : https://cordis.europa.eu/project/id/870702/fr.
Publications de la rentrée : Alizée Delpierre, Hadrien Clouet et Madeleine Sallustio
- Actualité CSO
La rentrée marque la parution de plusieurs ouvrages dont "Servir les riches. Les domestiques chez les grandes fortunes" de Alizée Delpierre (sortie le 22 septembre) qui présente le travail de sa thèse de doctorat de sociologie menée au CSO sous la direction de Didier Demazière et soutenue le 29 mai 2020. En s’appuyant sur une enquête immersive de plusieurs années, ce livre lève le voile sur les relations quotidiennes entre ceux qui servent et ceux qui sont servis.
Depuis mars 2020, Alizée Delpierre est chercheuse en contrat post-doctoral au CSO, sur le projet européen H2020 « Hecat » sur le chômage et l’emploi en Europe, collaboration internationale composée de membres issu·e·s de neuf institutions : https://cordis.europa.eu/project/id/870702/fr.
Hadrien Clouet publie également sa thèse de doctorat consacrée à La promotion du temps partiel par les services publics d'emploi allemand et français aux Éditions de la Maison des sciences de l'homme.
En comparant l’expérience respective des usagers et des conseillers dans les deux institutions française et allemande, il explique pourquoi un grand nombre de chômeurs sont dirigés vers des emplois à temps partiel, alors que les conseillers ne sont pas enthousiasmés par cette idée. Il souligne ainsi le rôle du service public d’emploi à l’égard de la précarisation sur le marché de l’emploi.
Hadrien Clouet, chercheur associé au CSO, est député de la Haute-Garonne aux dernières élections législatives.
Madeleine Sallustio a rejoint le CSO au 1er novembre 2021 en tant que post-doctorante du CNRS. Docteure en sciences politiques et sociales, spécialisée en anthropologie et diplômée à l’Université libre de Bruxelles, elle s’intéresse aux formes contemporaines de l’utopie, de la dystopie, de la nostalgie, ainsi qu’aux idées anarchistes, aux dynamiques rurales et aux alternatives à l’exploitation salariale.
Elle vient de publier À la recherche de l'écologie temporelle. Vivre des temps libérés dans les collectifs néo-paysans autogérés : une analyse anthropologique aux Editions PUR.
Dans un contexte de crise climatique, d’attaques croissantes des droits des travailleurs et du durcissement de la société de surveillance, la perspective du « retour à la terre » gagne en popularité. Si les justifications écologiques de ce phénomène social ont fait couler beaucoup d’encre, celles liées à la réappropriation d’un « temps choisi » sont en revanche moins étudiées. À travers une recherche anthropologique portant sur les rapports au temps, cet ouvrage propose une porte d’entrée originale sur les enjeux idéologiques et politiques des collectifs agricoles du sud-est du Massif central français.
Une rentrée sous haute tension climatique
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Ce que télétravailler veut dire. Une sociologie du télétravail dans les organisations
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La rentrée s'ouvre avec le séminaire organisé par l'axe Travail, emploi et profession qui accueille Gabrielle Schütz.
Gabrielle Schütz est maîtresse de conférences en sociologie au Laboratoire Printemps à l'Université Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines et en délégation CNRS au CSO pour l'année universitaire.
Son intervention a pour titre :
Ce que télétravailler veut dire. Une sociologie du télétravail dans les organisations.
Résumé :
Entamée fin 2018, la recherche présentée prend pour objet les transformations organisationnelles qu’accompagne le télétravail ou qu’il provoque. Fondée sur deux monographies longitudinales, elle étudie les enjeux et les conséquences du déploiement du télétravail dans les organisations, en termes d’activité, d’identités professionnelles, de relations de travail, de management. Elle porte une attention particulière au caractère genré des organisations, à travers le cadre théorique développé par Joan Acker, et plus généralement aux rapports sociaux de domination qui les traversent.
La séance se tient le vendredi 16 septembre de 10h à 12h à la fois en présentiel sur le campus de Sciences Po et en distanciel sur zoom.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Reprise du séminaire doctoral le 16 septembre
- Actualité Sciences Po
Cláudia Sarrico (Université de Minho, Portugal) et Gabrielle Schütz (Université Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines), chercheuses invitées
- Cláudia S. Sarrico et Gabrielle Schütz
Au 1er septembre 2022, le CSO a le plaisir d'accueillir deux chercheuses invitées :
- Cláudia S. Sarrico est professeur titulaire de gestion à l'École d'économie et de gestion de l'Université de
Minho, au Portugal. Auparavant, elle était responsable du projet sur le Research Precariat du Global Science Forum à l'OCDE.
Ses recherches portent sur la gestion des opérations et sur la performance de gestion et de mesure, dans l'éducation, l'enseignement supérieur et la science. Elle s'intéresse plus particulièrement à l'élaboration des politiques et de stratégies dans ce domaine.
Des informations sur les publications, les projets et les activités d'évaluation sont disponibles sur :
ORCID: https://orcid.org/0000-0003-4463-8412
Researcher ID: https://publons.com/researcher/593201/claudia-s-sarrico/
Scopus: https://www.scopus.com/authid/detail.uri?authorId=6602341945
Claudia S. Sarrico est accueillie par Christine Musselin et est au CSO jusqu'au 30 juin 2023.
- Gabrielle Schütz est Maîtresse de conférences en sociologie au Laboratoire Printemps à l'Université Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines.
En délégation CNRS au CSO, Gabrielle Schütz poursuit sa réflexion entamée en thèse, qui portait sur les transformations du salariat et leurs modalités socialement différenciées, en fonction notamment du genre et de la position socioprofessionnelle. Cette recherche s'intitule : Ce que télétravailler veut dire. Une sociologie du télétravail dans les organisations.
Gabrielle, dont le contrat prend fin au 31 juillet 2023, est accueillie par Emilie Biland-Curinier.
Comment les politiques publiques ont façonné notre relation à l’argent depuis les années 60 ? avec Jeanne Lazarus
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Podcast : Climat : peut-on sauver la planète avec des petits gestes ?
- Podcast Chaleur humaine Le Monde
Vidéo sur la mobilité des fonctionnaires dans l'Union Européenne
- Actualité CSO
Travail forestier et réchauffement climatique
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Travail forestier et réchauffement climatique
En mars 2021, l’Office National des Forêts (ONF) partageait sur les réseaux sociaux une photographie du ministre de l’Agriculture martelant un chêne pluricentenaire destiné à la rénovation de la charpente de Notre-Dame de Paris.
(Office National des Forêts, le ministre de l’Agriculture martèle un chêne destiné à la rénovation de la charpente de Notre-Dame de Paris, le 5 mars 2021, forêt de Bercé, Facebook.)
Le martelage, exercé en forêt publique par les gardes forestiers(1), consiste à désigner les arbres à couper ou à protéger, par une marque au marteau. Il représente à la fois l’emprise de l’État sur le territoire et un symbole central de la profession forestière. Toutefois, aujourd’hui, le martelage se transforme : les gardes forestiers, comme leurs collègues ingénieurs et ouvriers, doivent réviser leurs techniques de travail, face aux défis du réchauffement climatique et à la baisse de leurs effectifs. Au cœur d’une enquête qui m’a menée tant dans les administrations européennes, nationales et régionales que dans les cabines des abatteuses mécaniques, je propose ici une focalisation sur le travail des gardes forestiers à travers le martelage. Cet acte technique constitue en effet un objet idéal pour saisir l’inscription de l’action de l’État sur les forêts dans un contexte d’incertitude climatique dans la mesure où il constitue un moment clef de prise de décision dans la gestion forestière. L’étude du travail comme activité à l’échelle) des gardes forestiers permet de mieux comprendre la matérialité de l’action publique forestière et des débats qui la traversent.>
Le martelage : une empreinte de l’État sur ses forêts
Assuré en moyenne deux fois par semaine dans les régions de tradition forestière telles que les Vosges, il consiste à désigner les arbres destinés à être coupés (marquage en abandon) et plus rarement conservés (marquage en réserve). Les arbres récoltés permettent aux autres arbres de se développer ; les arbres conservés, vivants ou morts, sont valorisés pour la biodiversité (habitat d’oiseaux, d’insectes…). Activité collective, le martelage réunit tous les membres d’une unité territoriale qui, en « virée », en ligne, balayent les parcelles les unes après les autres. Les gardes forestiers suivent les consignes de martelage données par leur collègue chargé de la parcelle, selon le document d’aménagement réalisé par l’agence territoriale de l’ONF, qui doit lui-même correspondre aux directives et schémas régionaux d’aménagement et aux orientations nationales.
Une fois prise la décision sur le sort de chaque arbre évalué, celui-ci est martelé à l’aide d’un marteau forestier, constitué d’un côté d’une hachette, et de l’autre du sceau inscrit en lettres gothiques « AF » (pour « administration forestière »). Le martelage s’effectue en trois étapes. Dans un premier temps, le garde dégage un morceau d’écorce à l’aide du tranchant du marteau par un mouvement vertical (le flachis), puis y appose le sceau de l’État à hauteur d’homme afin qu’il soit visible des collègues puis des bûcherons. Dans un second temps, il renouvelle l’opération au pied de l’arbre, « au collet. » Ce deuxième signe permet a posteriori le « récollement » par le garde, c’est-à-dire le contrôle de la coupe, le bûcheron devant abattre l’arbre au-dessus de cette marque. Le garde peut ainsi s’assurer que seuls les arbres martelés, choisis par ses pairs, ont été coupés. S’il observe des souches sans martelage, il peut verbaliser l’entreprise de travaux forestiers. Le martelage incarne ainsi tout autant l’autorité de l’État (par le choix et le contrôle des opérations) que l’autonomie des travailleurs de terrain. Cette dernière repose sur le pouvoir discrétionnaire qu’ils peuvent exercer sur les arbres et l’indépendance de leur jugement sylvicole, qui est protégée par l’anonymat du sceau, celui de l’État. Les décisions sont prises « au service de la forêt » : les volumes de bois à marteler par hectare sont proposés par un aménagiste public, indépendant, et non par les acheteurs de bois. Ainsi, les martelages constituent des actes d’affirmation des convictions sylvicoles des gardes forestiers qui, comme l’exprimait un des forestiers que j’ai rencontrés, martèlent « en âme et conscience » au service de l’État.
Le martelage : une expertise complexe face au réchauffement climatique
Le martelage consiste avant tout en l’exercice d’un regard affûté qui requiert du professionnel qu’il sache mettre en relation une multitude de variables : interprétation du travail des prédécesseurs, connaissances botaniques, géologiques, sylvicoles… Pour cela, le regard dirigé vers le sol, les alentours, puis vers le houppier des arbres, il estime l’état des feuilles ou des aiguilles, mais aussi la hauteur de l’arbre « à dire d’expert ». « Que se passe-t-il si je coupe cet arbre à côté ? va-t-il apporter de la lumière ? détériorer l’ambiance forestière en asséchant le sol ? » Telles sont les questions que se pose un garde qui m’explique au cours d’une virée qu’il conserve les hêtres pour « faire de l’ombre aux petits sapins. » La perception de la forêt est ainsi celle d’une configuration en réseau. Si un arbre retient particulièrement l’attention du garde en vue d’une coupe, celui-ci mesure son diamètre à l’aide d’un compas forestier. Sa décision de le marquer ou non s’effectue alors tout en appréhendant « l’urgence climatique » qui entraîne des dépérissements conséquents et inattendus, et des incertitudes quant à la bonne démarche à adopter. Pour répondre à ces questions, le garde doit marier les consignes qu’il a reçues pour le martelage (suivre une sylviculture régulière ou irrégulière, favoriser telle ou telle essence, désigner un certain volume total d’arbres), avec des connaissances extérieures à la situation. Ces dernières sont issues de constats qu’il a pu faire sur des parcelles similaires, des recommandations sylvicoles des responsables du service forêt, et de sa formation théorique. L’instant de quelques secondes, il anticipe alors le destin d’un morceau de forêt dans un climat réchauffé.
Le martelage : expression de la nécessité d’une présence sur le terrain
Les yeux rivés vers le houppier, évaluation d’un sapin, mars 2021. Photographie Charlotte Glinel
Ces savoirs se construisent particulièrement au cours des journées de martelage qui, comme la plupart des « journées de terrain » (inventaires de parcelles, descriptions naturalistes, formations), constituent des moments de convivialité et de partage de connaissances professionnelles. Les gardes forestiers, parfois accompagnés de supérieurs hiérarchiques ingénieurs ou de spécialistes, échangent et confrontent leurs savoirs abstraits à des cas concrets. Au-delà des discussions qui entourent le sort d’arbres particuliers, les sensibilités sylvicoles de chacun sont perceptibles au cours de la virée. Une fois l’arbre désigné, le garde crie au pointeur, qui note et synthétise l’ensemble des arbres martelés, son essence et son diamètre de manière qu’il soit également audible par ses collègues. En s’écoutant les uns les autres, un équilibre émerge sur la fiche de martelage, comme me l’explique un chef d’équipe (responsable d’unité territoriale) : « Il y a ceux qui martèlent plus fort, moins fort… et c’est ça qui fait la diversité d’une forêt ! »
Le martelage est régulièrement cité par les gardes forestiers comme étant « le cœur du métier », leur identité professionnelle se nourrissant d’un lien intrinsèque au territoire qu’ils gèrent. Chacun gère un ensemble de parcelles forestières appelé « triage » au sein d’une unité territoriale. Ils en connaissent l’histoire et y exercent un ensemble d’activités dans une relative autonomie, garantie par la nature de leur travail difficile à standardiser. Pour mener leurs missions, les gardes insistent sur l’importance de leur présence sur le terrain qui alimente une expertise expérientielle revendiquée. Or, le contact avec les parcelles gérées se raréfie en raison de la suppression des postes et de l’augmentation des surfaces à gérer. Depuis les années 2000, les travailleurs de l’ONF affrontent des réformes managériales successives qui ont entraîné la suppression de près d’un tiers des effectifs. Les plus touchés sont les personnels administratifs et de terrain, dont les gardes forestiers. Si ces derniers sont si présents dans le débat public, c’est autant le résultat de la fascination pour leur métier que l’expression de la nécessité de leur expertise dans la poursuite d’une gestion durable des forêts et la mise en œuvre des politiques publiques. Leur expertise est reconnue depuis une trentaine d’années par leurs supérieurs, ingénieurs forestiers qui ne participent plus aux opérations de martelage, mais aussi par d’autres acteurs publics participant à la définition des politiques publiques. Ainsi, en mars 2022, à l’occasion de la clôture des Assises de la Forêt et du Bois réunies par les ministères de l’Agriculture et de la transition écologique, une chercheuse de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) soulignait la nécessité des « besoins humains de terrain qui soient capables d’être au plus près de l’endroit où ça se fait pour accompagner les propriétaires publics et privés dans des stratégies ambitieuses d’adaptation. Ces gens-là, il faut les recruter et les former. » Dès lors, il apparaît que la controverse forestière actuelle porte non seulement sur l’aménagement du territoire, mais surtout sur les formes du travail forestier dans un futur climatique incertain dont il est nécessaire d’étudier les contours et les transformations.
Les défis imposés par le réchauffement climatique sur l’action publique forestière ne revêtent pas seulement une réalité discursive. Elle s’incarne également dans le destin individuel et collectif des arbres et des forêts, selon les décisions des professionnels forestiers prises sur le terrain qui alimenteront une vision ou une autre de la forêt. Celles-ci s’appuient sur leur socialisation sylvicole construite au fil de leur formation et de leur carrière. Cette esquisse succincte du martelage en forêt publique montre une façon par laquelle les débats relatifs à l’adaptation des forêts au réchauffement climatique prennent pleinement part dans les activités en recomposition des professionnels qui ont en charge leur gestion : dans les décisions prises au pied de chaque arbre, le partage de savoirs et d’incertitudes, et dans les conditions de sa réalisation. S’intéresser à la matérialité du travail, à ses instruments, pour comprendre l’incarnation de l’action publique, permet de saisir en quoi la crise climatique est dans les forêts françaises également une crise professionnelle. Les incertitudes que la situation climatique fait peser sur les choix de gestion à opérer s’illustrent avec d’autant plus d’intensité au sein de l’ONF que ses professionnels font face à un réajustement constant de leurs tâches. Cette tension est alors renforcée du fait que les expertises produites par l’établissement, du département de recherche et développement à l’accompagnement des communes rurales, demeurent incontournables et attendues par leurs partenaires étatiques, communaux, et privés.
Charlotte Glinel est doctorante au CSO où elle mène une thèse de sociologie consacrée aux forêts : Les forêts au service de la lutte contre le réchauffement climatique. Sociologie du travail et de la gouvernance des forêts sous la direction de Sylvain Brunier et Jean-Noël Jouzel. Elle vient de publier aux côtés d’Aliénor Balaudé et Julie Madon un article dans Socio-Anthropologie intitulé "Trois sociologues dans un fauteuil. Ce que le basculement numérique contraint fait aux conditions d’enquête et aux matériaux recueillis"
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Pauline Grimaud, docteure en sociologie
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Pauline Grimaud, docteure en sociologie
Des horaires dérogatoires ordinaires ? Sociologie des conflits et négociations autour du travail nocturne et dominical
Directeur de la thèse : Jérôme Pélisse
Jury :
Sophie BERNARD, Baptiste GIRAUD, Cécile GUILLAUME, Michel LALLEMENT, Jérôme PELISSE (Directeur de recherche), Jens THOEMMES.
La soutenance publique s'est tenue le 01/07/2022 à 14h00 à Sciences Po.
Contact : Pauline Grimaud pauline.grimaud@sciencespo.fr
Résumé
Cette thèse porte sur les conflits et négociations autour du travail dominical et nocturne qui concerne un nombre croissant de salariés depuis les années 1980 en France.
Mobilisant le marxisme sociologique tel que l’ont formulé M. Burawoy et E. O. Wright, la thèse montre l’intérêt d’articuler les notions d’exploitation et de marchandisation pour comprendre l’évolution actuelle de la relation salariale et de la conflictualité au travail. Dans cette perspective, les heures de travail dominical et nocturne sont appréhendées comme des horaires dérogatoires, dont la spécificité est d’être soumis à des normes légales, contrairement aux autres horaires dits atypiques.
La première partie propose une socio-histoire de la régulation du repos quotidien la nuit et hebdomadaire le dimanche. Si cette norme légale a d’emblée été soumise à de nombreuses dérogations, ces dernières ont connu une inflation remarquable ces quarante dernières années, dans un contexte de mobilisations du droit concurrentes des organisations patronales et syndicales.
La deuxième partie étudie les horaires dérogatoires comme un enjeu majeur des relations professionnelles dans le grand commerce parisien. Dans ce secteur, l’extension de l’amplitude potentielle de travail des salariés s’est accompagnée d’une détérioration de leurs conditions d’emploi, suscitant un affrontement durable entre les directions des grandes enseignes et les syndicats, les conduisant à renouveler leurs stratégies d’action.
Relativisant la spécificité du commerce, la troisième partie de la thèse analyse les horaires dérogatoires à partir des compensations (en repos ou en salaire) associées au travail dominical et nocturne. Se transformant de plus en plus en un enjeu quotidien de négociation dans les entreprises, les horaires dérogatoires contribuent à l’individualisation des rémunérations, et plus spécifiquement, accroissent des inégalités horizontales entre les salariés, au sein même de chacune des catégories socioprofesssionnelles.
Mots-clés : travail nocturne, travail dominical, horaires de travail, dérogations, négociations collectives, conflits, rémunération.
Les élus sont-ils indemnisés pour travailler ?
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Les élus sont-ils indemnisés pour travailler ?
Pour les sciences sociales, considérer et analyser les activités des élus et l’exercice des mandats comme un travail est devenu une évidence, en témoignent les expressions couramment employées telles que « métier d’élu », « professionnalisation politique », « division du travail politique », etc. Pourtant, une composante majeure de ce travail — l’indemnisation des mandats — est restée sous les radars. Aussi nous avons consacré une recherche récente à la rémunération des élus, pour enrichir l’analyse du travail politique : quelles sont les règles de calcul des indemnités, combien gagnent les élus, vivent-ils de leurs indemnités, et finalement, sont-ils indemnisés pour travailler ?
Exercer un mandat : un travail gratuit ou indemnisé ?
La très grande majorité des 516 595 mandats politiques en France (comptabilisés au 1er janvier 2018) sont exercés à titre gratuit ou quasi gratuit : plus des deux tiers n’offrent aucune indemnité, à peine plus de 5 % sont indemnisés à une hauteur supérieure à 1 000 euros mensuels brut, et moins de 0,25 % pour un montant supérieur à 5 000 euros pour les parlementaires, présidents des conseils régionaux et départementaux et maires de villes de plus de 100 000 habitants. En dépit de la règlementation, la connaissance des montants exacts des indemnités demeure parcellaire car les assemblées territoriales ont la faculté d’en moduler les montants — dans des proportions limitées et au sein d’une enveloppe fermée — et en raison de la variété des règles fixant l’indemnisation des mandats dans les établissements intercommunaux.
De plus, les données disponibles informent peu sur les indemnités effectivement perçues, en raison du cumul des mandats, traditionnellement répandu en France. Or, on ne dispose pas d’un tableau précis des pratiques de cumul, qui sont très inégales. Si la règlementation en la matière a été durcie, établissant l’incompatibilité entre certains mandats, elle ne vise pas la régulation des rémunérations mais encadre la concentration du pouvoir, sachant qu’elle ne prend pas en compte les mandats intercommunaux ou certaines fonctions exécutives (vice-présidence, maire adjoint).
Il reste que la plupart des 355 900 conseillers municipaux ne cumulent pas cette mission avec d’autres mandats. En ce sens, une forte majorité d’élus n’est pas ou peu indemnisée, ne peut vivre de ses mandats, et s’y consacre gratuitement ou presque.
Ces constats convergent avec des résultats d’enquêtes établissant que les élus ne définissent pas leurs activités comme un travail et à fortiori comme un travail rémunéré, mais les présentent comme un engagement gratuit.
Enfin, la plupart des élus, y compris parmi ceux qui ont des indemnités élevées ou font de la politique à temps plein, contribuent à entretenir une représentation idéalisée de l’activité politique, qui la situe aux antipodes du travail. Ils la présentent fréquemment dans le registre du désintéressement, de la vocation, du don de soi, du dévouement à la chose publique, d’un honneur et d’un service qui n’a pas à être rémunéré. Sans critiquer frontalement le principe de l’indemnisation, ils récusent toute assimilation de l’activité politique à un travail. Cette affirmation du désintéressement même lorsque que la rémunération est effective peut être interprétée comme une démarcation de la figure — socialement dévaluée — du professionnel de la politique engagé dans une carrière. Mais elle est aussi l’indice du statut spécifique de la rémunération des élus.
Des indemnités de mandat qui ne rémunèrent pas le travail ?
L’indemnisation des mandats a été instaurée en France au milieu du XIXe siècle pour les parlementaires(3) afin d’aménager des conditions favorables à l’engagement pour des personnes qui ont besoin de travailler pour vivre et n’ont pas assez de disponibilité pour exercer des mandats : elle est justifiée par le manque à gagner induit par les fonctions d’élu plus que par les activités réalisées dans le cadre du mandat.
C’est sur une logique de compensation qu’est adossée la légitimation de la rémunération des élus : le désengagement — éventuel, volontaire et non obligatoire — des activités professionnelles à la suite de l’investissement dans le mandat est, par principe, compensé par une indemnité associée à celui-ci.
Le montant de celle-ci est forfaitaire, indépendant de la perte de revenus résultant du retrait professionnel, et indexé sur le type de mandat.
Ainsi, les indemnités ne sont pas fixées selon les règles qui président habituellement au calcul de la rémunération du travail : ne sont pris en compte ni le volume de temps de travail ni des caractéristiques du travailleur comme l’ancienneté ou l’expérience accumulée, le niveau de qualification ou le degré d’expertise, la performance ou la productivité, le temps de travail effectif, etc.
L’indemnisation échappe à ces modulations, souvent perçues comme légitimes dans de multiples contextes d’activité : à l’échelle de chaque mandat, le niveau indemnitaire est indépendant du parcours de l’élu, déconnecté du temps consacré au mandat, dissocié des manières d’investir celui-ci. L’indemnisation ne fait qu’ouvrir la possibilité d’arbitrer entre temps consacré à l’emploi rémunéré et temps consacré à la politique, sans fixer de contrainte barémique en la matière. Malgré ces conditions, les élus mettent en équivalence indemnités de mandat et revenus du travail, dans certaines circonstances au moins.
Indemnités de mandats et revenus professionnels
En effet, l’indemnité perd ces spécificités quand elle devient un moyen d’existence équivalent aux revenus du travail (hors mandat), que ce soit en complément ou en substitution. Les manières dont les élus combinent travail politique et activité professionnelle, indemnités et revenus professionnels, ont été observées lors d’une enquête sur la professionnalisation politique. Elle montre des mises en équivalence et des arbitrages entre les deux sources de rémunération que sont les mandats et les emplois. Abandonner son emploi antérieur, ou en réduire le temps de travail et donc les revenus correspondants, sont des options envisagées par les élus quand les niveaux de rémunération issue de mandats d’une part et issue de l’emploi occupé d’autre part se rapprochent.
Différents paramètres sont pris en compte, comme le statut d’emploi, les conditions de retour éventuel vers celui-ci, la structure des revenus du ménage, la configuration familiale, le patrimoine et l’endettement, pour apprécier l’opportunité de faire de son ou ses mandats son activité principale ou exclusive. Mais c’est toujours dans un cadre caractérisé par de petits écarts : soit il s’agit de limiter les pertes, ou de compenser celles-ci par une baisse de la pression sur les agendas, soit il s’agit de maintenir ses revenus ou les améliorer, généralement de manière modérée.
L’enquête montre aussi que l’indemnisation des mandats ne signifie pas seulement compensation d’un sacrifice, que celui-ci soit temporel, de carrière professionnelle, de gains financiers, de vie personnelle. Elle inaugure aussi une dépendance économique, car « vivre de », selon la célèbre expression de Max Weber, c’est aussi « dépendre de » : d’abord, percevoir un revenu c’est s’attacher au statut qui en est la source même s’il est cumulé avec d’autres activités rémunérées ; ensuite, l’intensité de l’engagement politique ou militant qui favorise l’accès à des mandats est en retour renforcée par l’indemnisation ; enfin les rétributions financières se distinguent par leur fragilité structurelle puisqu’elles sont remises en jeu dans le cycle électoral. En ce sens, l’exercice de mandats à temps plein ou sur un mode quasi exclusif génère dépendance et incertitude, et n’est pas strictement équivalent à l’installation dans une activité professionnelle rémunérée ou un travail salarié.
Une autre différence majeure réside dans l’absence de tout référentiel de rémunération, en dehors du maximum légal autorisé (fixé à 1,5 fois l’indemnité parlementaire de base, soit 10 860 euros brut) et des montants conventionnels associés à chaque mandat (qui n’informent pas les situations individuelles du fait des possibilités de cumul). Ainsi, notre enquête montre que les niveaux de rémunération à partir desquels les élus envisagent de faire de la politique à temps plein, ou le font effectivement, sont très variables, certains le font dès que leurs indemnités atteignent 2 200 à 2 500 euros mensuels brut, quand d’autres ne commencent à y songer qu’à des niveaux trois fois plus élevés. D’autres encore cumulent des indemnités de mandat supérieures à 7 000 euros avec leur travail et revenus professionnels antérieurs.
Non seulement la rémunération est indépendante des caractéristiques individuelles — du capital humain — et des engagements et réalisations effectives, mais elle n’est pas cadrée par un ordre salarial formel, c’est-à-dire un ensemble de normes sociales auxquelles les acteurs font référence lorsqu’ils cherchent à évaluer les niveaux de salaires proposés ou admis. Certes, les montants indemnitaires sont codifiés pour chaque mandat, mais cela ne fixe pas, comme dans la plupart des mondes professionnels, un référentiel de rémunération ou un niveau indemnitaire de référence. Dès lors, les normes d’acceptabilité sont essentiellement définies par les élus eux-mêmes à travers leurs conduites et leurs arbitrages.
Finalement, l’indemnisation des mandats, et les usages qu’en font certains élus en se consacrant pleinement à la politique, ne contribuent guère à rapprocher les activités politiques de la figure classique du travail salarié. Au contraire les spécificités normatives du système de rémunération, soit la compensation, le calcul forfaitaire, l’opacité découlant des cumuls, l’absence de référentiel formel, renforcent la prise de distance avec la catégorie de « travail ». Elles soutiennent une revendication vivace de gratuité de l’engagement dans l’exercice des mandats, ce qui ne signifie pas mise en cause du principe d’indemnisation, qui reste solidement établi mais déconnecté de toute idée de travail.
Didier Demazière est sociologue au CSO et développe une sociologie du travail, de l’emploi et des groupes professionnels, centrée sur les marchés du travail. Ses terrains de recherche sont le chômage et la recherche d’emploi ; les parcours des élus politiques, saisis au croisement des incertitudes électorales et des mécanismes de sécurisation et au prisme des couts et rétributions matériels de l’engagement politique et les carrières des sportifs professionnels. En 2014, il a publié avec Patrick Le Lidec « Les mondes du travail politique : Les élus et leurs entourages » et en 2021, il coécrit avec Rémy Le Saout « Vivre de la politique. Rémunération des élus et indemnisation des mandats » dans la Revue française de science politique. Voir ses publications
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Comment espérer résoudre la crise climatique sans prendre en compte les savoirs sur la société?
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Sophie Dubuisson-Quellier est sociologue, directrice adjointe du Centre de sociologie des organisations et membre du Haut conseil pour le climat, organisme chargé d’apporter un éclairage indépendant sur la politique du Gouvernement en matière de climat.
Face à cet enjeu politique, comment le monde de la recherche et la formation des futurs décideurs peuvent devenir des leviers pour l’adoption de mesures fortes en France ? Premiers éléments de réponse.
Les sciences sociales sont-elles utiles pour comprendre la crise écologique ?
La crise écologique appelle des contributions de toutes les sciences, car il faut comprendre les manifestations de ces crises, leurs causes et leurs conséquences. Celles-ci sont à la fois géophysiques et bioécologiques mais aussi sociales. Par conséquent, les sciences sociales sont indispensables à la compréhension et à l’action.
La crise écologique est souvent imputée aux “activités humaines”, mais il ne s’agit pas là de l’action naturelle des Hommes sur leur environnement. C’est en réalité plus directement l’effet de choix de société, de ce dont nous (ou plutôt les sociétés occidentales) avons collectivement décidé en matière d’organisation sociale, politique et économique.
Ces trajectoires sociales ont institué des rapports à la nature dont on mesure aujourd’hui les effets néfastes non seulement pour la nature, mais aussi pour les sociétés elles-mêmes. Parce que les causes et les conséquences de la crise écologique sont sociales, sa prise en charge nécessite des transformations profondes qui doivent être appuyées sur les sciences sociales, parent pauvre de la recherche sur les enjeux climatiques. Dans un article paru en 2020 dans Energy Research & Social Science, Overland et Sovacool montrent qu’entre 1990 et 2018, seuls 0,12% de tous les financements de recherche sur le climat ont été attribués aux sciences sociales. Comment peut-on espérer résoudre la crise climatique sans prendre en compte les savoirs sur la société ? C’est absurde.
Concrètement, que peuvent apporter les sciences sociales ?
Plusieurs choses. Sur notre dépendance aux énergies fossiles, elles peuvent aider à comprendre comment les sociétés se sont progressivement organisées et structurées, matériellement et institutionnellement. De nombreux travaux existent sur l’histoire et le fonctionnement du capitalisme, de la consommation, sur l’organisation de la production et les rapports aux énergies fossiles ou aux ressources. Dans un article qui paraîtra prochainement dans la revue Consumption & Society, je montre que la consommation de masse a été largement produite par des instruments économiques qui ont encouragé une production matérielle sans cesse croissante. Des dispositifs marchands et des politiques publiques créent et activent chez les individus des dispositions, c’est-à-dire un goût et une inclination, à la consommation de masse afin d’écouler cette production et produire de la valeur. Les sciences sociales peuvent donc aider à bien identifier les éléments structurels qui font de l’abondance une valeur cardinale de nos sociétés : dans les instruments de décision, les régimes de production de la valeur, les coûts de reconversion des emplois ou des investissements.
Sur la transition écologique, les savoirs des sciences sociales permettent de comprendre les dynamiques de changement social pour mieux la penser et la piloter. On connaît le rôle joué par les mobilisations collectives.
Mais il faut aussi prendre en compte les politiques publiques et leur capacité à traiter les questions transversales (voir le programme du colloque consacré aux Politiques alimentaires en France - 23 & 24 juin à Sciences Po).
Enfin, la judiciarisation, comme le montrent les récents procès climatiques qui mettent l’Etat ou les entreprises face à leurs responsabilités ou défaillances dans la crise climatique, joue un rôle croissant..
Les sciences sociales peuvent aussi aider à comprendre les effets et les conséquences de ces crises sur les inégalités sociales. Les approches de la justice environnementale ou climatique permettent de saisir les structures sociales de la vulnérabilité face au changement climatique mais aussi aux politiques climatiques. Elles permettent de comprendre les différences de contributions à la crise environnementale entre les plus riches et les plus modestes. Il y aurait un intérêt évident à ce que les sciences sociales soient mieux mobilisées dans l’expertise climatique comme dans les politiques publiques de transition.
Sait-on aujourd’hui prendre les décisions qui s’imposent ?
Non ! Mais il est inutile de renvoyer cette situation uniquement à un manque de volonté. Il faut plutôt saisir les causes plus structurelles, autour de la construction des intérêts mais aussi des outils de la décision. La plupart de ces outils aujourd’hui utilisés dans l’administration ou dans les entreprises sont peu robustes pour garantir la prise en compte des enjeux de climat, d’environnement ou de biodiversité. Les systèmes d’information, les outils d’aide à la décision sont dans leur grande majorité organisés autour d'objectifs de rentabilité ou de performance économique et souvent faiblement articulés avec les outils qui servent à mesurer les impacts environnementaux.
Sans compter que nous disposons de peu d’outils de mesure des impacts pour certains enjeux comme la biodiversité.
Il est nécessaire que la recherche se penche sur ces questions, que les politiques publiques évoluent en conséquence, mais aussi que les nomenclatures comptables et financières soient plus favorables à la prise en compte des limites planétaires. Il y a des enjeux de savoirs autour de la construction de ces outils et des enjeux de formation des décideurs.
Pensez-vous qu'aujourd'hui, les décideurs sont correctement formés pour faire face au changement climatique ?
La formation des décideurs est cruciale et ce sont ces enjeux qu’une institution comme Sciences Po doit être en capacité de porter. Cependant, il est important de ne pas envisager cette formation de manière trop restrictive. Il faut bien entendu former les décideurs aux questions climatiques à travers ce qui est appelé “climat literacy”, une éducation au climat, pour leur transmettre une compréhension des enjeux et des mécanismes. Mais l’idée que de telles formations suffiraient à faire passer à l’action procède souvent d’une vision un peu naïve. La sociologie de l’expertise montre que la décision publique repose sur des formes d’appropriations institutionnelles des problèmes publics qui sont liées aux savoirs et aux outils mobilisés.
De même, il est crucial de ne pas saupoudrer quelques enseignements ici ou là, afin d’éviter que les étudiants soient ballottés entre des enseignements de type “business as usual” et des cours sur la transition qui leur expliquent au contraire les dangers d’un statu quo.
Il est important de structurer les cursus par des formations à la décision en contexte de changement climatique : comment prend-on aujourd’hui les décisions dans un monde dont le climat change ? Par exemple, comment envisage-t-on une politique publique, un investissement public ou privé, un aménagement urbain, une stratégie industrielle ou commerciale, une organisation d’un système de soin en prenant en compte les limites planétaires : les effets sur le climat, l’eau, la biodiversité ou encore la vulnérabilité des populations ?
Les mobilisations d’étudiants, au sein des grandes écoles notamment, montrent que les jeunes ne veulent plus envisager des carrières qui contribuent au réchauffement du climat, ou résoudre les problèmes posés par les activités de leurs entreprises. C’est un enjeu fort pour l’enseignement supérieur et notamment pour Sciences Po qui forme les décideurs du public et du privé. Nous ne sommes plus à l’époque où la transition écologique concernait des métiers de niche : chaque diplômé, quel que soit son secteur ou son métier, doit être en mesure d’intégrer les enjeux environnementaux, climatiques, et de biodiversité dans toutes ses décisions. Cette réflexion doit être intégrée au cœur des parcours de formation et non pas comme une spécialisation optionnelle pour quelques étudiants motivés.
Entretien réalisé par Anna Egea du Centre de sociologie des organisations
Juin 2022
The law of the household workplace
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Cet atelier de recherche propose d’interroger les domesticités contemporaines – définies en tant qu’activités qui consistent à être rémunéré en faisant des tâches domestiques pour des ménages autres que le sien – en portant l’attention sur les formes qu’elle prend dans différents espaces nationaux (l’Argentine, la Jordanie, l’Égypte, la France, les États-Unis, le Japon…) et en situant ces variations nationales dans l’histoire de chacun des pays concernés. En fonction des aires géographiques, les domestiques sont salarié.e.s ou non ; ils/elles vivent ou non chez leurs employeurs/ses ; certain.e.s ont un.e seul.e employeur/se, d’autres plusieurs ; ils/elles ont des profils sociaux variés ; certain.e.s sont migrant.e.s, d’autres quittent des zones rurales pour travailler dans les grandes métropoles de leur pays....
Mardi 28 juin 2022, 15h-18h :
Communication de Adelle Blackett (LLDRL, MacGill) :
The law of the household workplace.
Organisation
Le séminaire est en distanciel sur le lien suivant (zoom) :
https://sciencespo.zoom.us/j/8282735688?pwd=eXZlbHB5cWtZNDhVU09uVy8vZllDZz09
Des lobbys au menu. Les entreprises agro-alimentaires contre la santé publique
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Des lobbys au menu
Débat autour de l'ouvrage de Daniel Benamouzig et Joan Cortinas Muñoz.
Jeudi 30 juin de 9h à 10h30, à Sciences Po, 9 rue de la Chaise, Salle 900 - 75007 Paris
Événement organisé en partenariat avec la Chaire Santé
Ce qu’il y a dans nos assiettes échappe rarement à un marketing alimentaire qui tend à privilégier une consommation excessive en quantité et de pauvre qualité nutritionnelle. Les goûts sont déformés par l’apport de produits addictifs et l’absence d’information transparente sur la nutrition contribue à promouvoir les intérêts de l’industrie agro-alimentaire – ce qui revient à nous mettre, en quelque sorte, des lobbys au menu. Pour la première fois en France, ce livre offre une enquête d’ensemble sur les interventions mises en œuvre par l’industrie agro-alimentaire. Le résultat est édifiant.
Nos invités :
Daniel Benamouzig,
Directeur de recherche en sociologie au CNRS, titulaire de la chaire Santé de Science Po Paris et co-auteur du livre.
Joan Cortinas Muñoz,
Maître de conférences en sociologie à Bordeaux Centre Émile Durkheim et co-auteur du livre.
Laure Ducos,
Chargée de campagne Alimentation à Greenpeace France.
Modératrice :
Catherine André,
Rédactrice en chef adjointe d'Alternatives Economiques.
Le débat sera également retransmis en direct sur zoom : formulaire à remplir pour recevoir le lien
Colloque ANR : Les Politiques Alimentaires en France
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L’alimentation cristallise de nombreux débats : gaspillage, prix des produits, rémunération des producteurs, effets sur la santé, le climat et la biodiversité, végétarisme, précarité… Souvent abordées par le prisme des politiques agricoles, les politiques alimentaires ont été peu analysées par les travaux des sciences sociales.
Issu d’un projet financé par l’Agence nationale de la recherche, le colloque POLAL examinera comment se constituent aujourd’hui les politiques alimentaires en France. Quels en sont les acteurs et les instruments ? Quels en sont les enjeux et comment sont-elles mises en débat ?
Le colloque questionnera les articulations entre interventions publiques et privées autour de l’alimentation. Il s’agit de comprendre comment l’Etat se saisit des enjeux d’alimentation, comment les acteurs publics parviennent à structurer un secteur fortement investi par les ONG et très largement pris en charge par les opérateurs économiques : agriculteurs, industriels, distributeurs. Symétriquement, le colloque abordera aussi le rôle et les rapports de ces acteurs privés dans la construction et la mise en œuvre des politiques alimentaires. Enfin, il analysera les politiques alimentaires à la lumière de crises majeures : celle de la pandémie de Covid-19 et celle du climat et de la biodiversité.
Ce colloque présentera les travaux de chercheurs et chercheuses menés principalement dans le cadre du projet POLAL. Il sera aussi l’occasion de discussions et d’échanges avec les acteurs des politiques alimentaires : élus, décideurs publics, acteurs économiques, experts, ONG.
Programme du 23 et 24 juin 2022 [PDF- 236 Ko] avec introduction par Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po
Comité d’organisation :
Anne-Laure Beaussier, Pauline Barraud de Lagerie, Laure Bonnaud, Thomas Depecker, Marc-Olivier Déplaude, Sophie Dubuisson-Quellier, Rémi Guillem, Nicolas Larchet, Etienne Nouguez, Bastien Soutjis.
Replay du débat : Une société saturée d'organisations ?
- Actualité CSO
Une société saturée d'organisations ?
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Débat : Une société saturée d'organisations ?
Mardi 14 juin de 18h à 19h30 - en visio
Le livre "Une société des organisations" qui vient de paraître est le fruit d'un travail collaboratif mené par les 28 chercheuses et chercheurs du CSO sous la direction de Olivier Borraz, son directeur.
Cas à l'appui, sociologues, politistes et historiens tentent d'expliquer la prolifération organisationnelle de notre société dans laquelle chaque activité, chaque mission est confiée à une nouvelle organisation avec ses codes, ses hiérarchies, ses procédures.
Nos invités :
Michel Anteby, Professor of Management & Organizations and Sociology, Boston University Questrom School of Business
Olivier Borraz, directeur de Recherche CNRS, directeur du Centre de sociologie des organisations et sociologue. Co-auteur du livre
Bernard Leca, Professeur de Contrôle de Gestion, ESSEC Business School
Ariane Ollier-Malaterre, Professeure de Management et directrice du International Network on Technology, Work and Family à l’École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal
Alina Surubaru, Maîtresse de conférences en sociologie, Université de Bordeaux.
Animateur :
Vincent Grimault, Rédacteur à Alternatives Economiques.
Colloque international : Politiques de la machine agricole
- Actualité CSO
Colloque international - 16 et 17 juin 2022
Comme hier avec le Plan Marshall, l’innovation technologique est aujourd’hui présentée comme la principale solution aux problèmes agricoles et alimentaires de notre temps. L’agriculture connectée, l’usage de drones et les biotechnologies doivent permettre d’affronter les problèmes globaux tels que le changement climatique, la sécurité alimentaire, la prévention des risques sanitaires, etc., sans affecter pour autant la compétitivité de l’agriculture. Bien que ses promoteur·rices assignent volontiers un tel rôle politique à la machine agricole, cette dernière échappe encore largement à la recherche en sciences sociales.
Le projet de recherche collectif Polma (Politiques de la machine agricole avec Sylvain Brunier pour le CSO), qui a bénéficié de financements de l’IFRIS et de la Fondation de France depuis 2018, et qui rassemble des chercheuses et des chercheurs à la croisée de l’histoire et de la sociologie. L’ambition de ce projet est de mettre à profit les outils et les méthodes de la sociologie économique, des STS et de l’histoire des sciences, de la sociologie rurale, de la sociologie et de l’histoire de l’environnement pour décaler le regard par rapport à la littérature existante sur les technologies agricoles.
Le colloque sera l’occasion de rassembler des études qui prennent pour objet les machines agricoles ou qui saisissent ces dernières à partir de problématiques connexes (foncier, travail agricole, conseil, environnement, etc.), ancrées aussi bien en sociologie économique, que dans les STS, l’histoire des sciences, la sociologie rurale ou l’histoire et la sociologie de l’environnement. Cette pluralité d’approches permettra d’engager une réflexion générale sur le rôle donné aux machines dans les politiques de transition agroécologique, qu’elles soient portées par des organisations productives (coopératives, industries agro-alimentaires, négoces) ou par des politiques publiques (agricoles, mais aussi industrielles et environnementales).
Le colloque s’organisera autour de trois principaux axes de réflexion :
Le premier axe, historique, invite les contributions à dénaturaliser la formidable motorisation agricole de l’après 1945, à lui retirer son caractère de nécessité technique et économique évidente.
Le deuxième s’intéresse aux politiques contemporaines de l’innovation agricole et à leur mise en œuvre.
Le troisième axe de réflexion porte sur l’économie des machines agricoles et les transformations du travail en agriculture qu’entraîne une mécanisation croissante des exploitations.
- Programme (PDF - 645 ko)
- Lien d'inscription (avant le 8 juin) - Il n'y aura aucune visioconférence pour ce colloque
- Lieu : Université Paris Dauphine, Place du Maréchal de Lattre de Tassigny – 75016 Paris
Le 16 juin : salle A709 - le 17 juin : salle Raymond Aron
Dossier : Les mutations du travail et par le travail
- Warren Teitelman, inventeur de "Ctrl Z"
Vidéo : L’entreprise : nouvelle frontière de la transition écologique
- L’entreprise : nouvelle frontière de la transition écologique - Sophie Dubuisson
The Second Demographic Transition and the Growth of Consumer Debt
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The Second Demographic Transition and the Growth of Consumer Debt
MaxPo/CSO joint seminar
Maude Pugliese, Assistant Professor of Population Studies at Institut national de la recherche scientifique (University of Québec) and the director of Observatoire des réalités familiales du Québec.
Discussion by: Jeanne Lazarus, Centre de Sociologie des Organisations (CSO)
When: Friday 3 June 2022, 10:00 a.m. - 12:00 p.m. (Paris time)
Location: Room K.011, 1 Place Saint Thomas d'Aquin 75007 Paris
Registration :
Vidéo : Travail et capitalisme : entre individus et collectifs
- Actualité Sciences Po et CSO
Recrutement : contrat doctoral Cifre de trois ans sur l’histoire de la direction de la Sécurité sociale
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Appel à candidatures – Un contrat doctoral Cifre de trois ans sur l’histoire de la direction de la Sécurité sociale
Le Centre de sociologie des organisations recrute un.e doctorant.e pour la réalisation d’une thèse sur l’histoire de la direction de la Sécurité sociale. La thèse sera financée, via une convention Cifre, par le Comité d’histoire de la Sécurité sociale. La candidate ou le candidat devra disposer d’un master 2 recherche en histoire, en sociologie ou en science politique. Il ou elle devra être familier.e avec le travail sur archives et sur entretiens. La thèse sera dirigée par Marie-Emmanuelle Chessel et Jérôme Aust.
Un descriptif du projet de thèse et des détails pour candidater figurent ci-dessous.
Appel à candidatures – Sociologie historique de la direction de la Sécurité sociale
Le Comité d’histoire de la Sécurité sociale et le Centre de sociologie des organisations (CSO) proposent de lancer à Sciences Po une thèse, financée par le biais d’une convention Cifre, sur l’histoire de la direction de la Sécurité sociale (DSS). Cette direction, qui succède à la direction des assurances sociales en 1945, dispose d’une stabilité au sein des services de l’État qui en font l’un des acteurs administratifs essentiels de la définition et de la mise en œuvre des politiques de protection sociale.
La thèse aura pour but d’étudier l’exercice des missions assignées à la direction, leurs changements dans le temps, l’influence qui est la sienne.
La direction de la Sécurité sociale participe à la définition et à la mise en œuvre des politiques de protection sociale par les propositions de réformes qu’elle élabore et ensuite par la mise en œuvre juridique des décisions politiques. Son champ de compétences s’étend à l’ensemble des branches de la protection sociale (assurance maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, retraite, famille). Elle prépare également les textes relatifs à l’organisation et au contrôle des protections complémentaires (mutualité, régimes complémentaires de retraite et de prévoyance). Elle a en outre la charge d’assurer le financement de la protection sociale de base par la préparation des lois de financement de la Sécurité sociale et d’en fixer les règles de gouvernance au moyen des conventions d’objectifs et de gestion. Elle est également en charge des négociations des conventions internationales de Sécurité sociale et du suivi à Bruxelles des règlements européens de Sécurité sociale. Pour l’accomplissement de ses missions, la DSS travaille avec la direction du Budget, mais aussi avec les autres directions du ministère de la Santé et avec les organismes de protection sociale, nationaux ou locaux, de base ou complémentaires.
L’évolution du rôle historique de la DSS dans le gouvernement des politiques de protection sociale pourra constituer un premier questionnement de la thèse. L’ampleur et l’évolution de ses missions ont conduit à une diversification des profils de ses agents qu’il conviendra également d’analyser. Les temporalités explorées restent à préciser, mais des réformes propres à la Sécurité sociale pourront faire l’objet d’investigations approfondies.
Cette thèse s’appuiera sur un ensemble de sources écrites et orales, en partie déjà identifiées, qu’il conviendra d’articuler. Le projet définitif de thèse sera préparé par le ou la candidate qui sera inscrit-e en sociologie à Sciences Po et préparera le dossier de convention Cifre, avec l’aide scientifique et administrative de l’équipe du CSO.
Le contrat doctoral offert court à partir de l’acceptation du projet par l’Agence Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT), idéalement avant la fin de l’année 2022. Le projet devra être formalisé et déposé par le ou la candidate, sous la responsabilité des directeurs. La thèse sera réalisée à l’école doctorale de Sciences Po et au CSO. Aucun autre travail n’est attendu par le Comité d’histoire que la réalisation de la thèse.
Le salaire est de 1957 € brut. Le poste est à temps plein.
En plus de cette rémunération, et en fonction des besoins et des compétences du/de la doctorant(e), des charges de cours rémunérées pourraient être proposées.
Cette thèse sera menée à bien par un ou une doctorant.e avec un profil d’historien.ne ayant aussi une formation de sciences sociales, ou bien un profil de sociologue ou de politiste ayant déjà travaillé sur archives. Le ou la candidate devra avoir une réelle autonomie de travail, le sens de l’initiative et une aptitude au travail collectif. Il ou elle sera dirigé.e, au CSO, par Marie-Emmanuelle Chessel et Jérôme Aust.
Procédure
1/ Envoi du dossier avant le 16 mai 2022 - prolongé jusqu'au 31 mai 2022 à : jerome.aust@sciencespo.fr
Le dossier doit comprendre :
- Un CV
- une lettre de motivation en une à deux pages ;
- un projet de recherche en deux à trois pages avec des pistes de recherche (indications sur le positionnement par rapport aux travaux existants, sur les questions potentielles, et sur les sources envisagées) ;
- pour les candidat.e.s en cours de M2 : le mémoire de M1 s’il existe + des éléments sur le mémoire en préparation (plan, introduction, chapitre rédigé…). Pour les candidat.e.s déjà titulaires d’un M2 (en 2021 ou 2020) : le mémoire du M2 soutenu (et s’il existe le rapport de soutenance).
2/ Entretien oral mi-juin 2022.
L’entretien se tiendra devant au jury composé d’au moins deux personnes, dont Jérôme Aust et Marie-Emmanuelle Chessel.
Contact :
Jérôme Aust (jerome.aust@sciencespo.fr)
Marie-Emmanuelle Chessel (marieemmanuelle.chessel@sciencespo.fr)
Le Comité d’histoire de la Sécurité sociale, mis en place en 1973, a notamment pour objet d’encourager l’étude et la recherche sur l’histoire de la protection sociale avant et après 1945 et de promouvoir la diffusion des travaux historiques. Il est assisté par un conseil scientifique. Ses moyens d’action sont la publication d’ouvrages, l’organisation de colloques, l’attribution d’aides financières, de prix de thèses et de rapports de masters. Il publie chaque année une revue scientifique, la Revue d’histoire de la protection sociale. En 1974 a été créée une Association pour l’étude de l’histoire de la Sécurité sociale qui apporte au comité les moyens financiers de son action. Cette organisation bicéphale très originale permettra la prise en charge financière, par le biais d’une convention Cifre, d’une thèse.
Unité mixte de recherche de Sciences Po et du CNRS, le Centre de sociologie des organisations (CSO) est un laboratoire qui, après avoir bâti sa réputation dans l’étude des organisations, a progressivement étendu ses domaines d’investigation et ses questions de recherche. Il est aujourd’hui un laboratoire en sciences sociales qui rassemble des sociologues, mais aussi des politistes et des historiens. Les approches théoriques et les méthodes mobilisées au CSO reflètent aujourd’hui cette diversité, propice au développement d’approches multidisciplinaires. Dans le cadre de son programme doctoral, le CSO offre aux doctorants un encadrement académique de haut niveau reposant sur leur forte intégration dans le laboratoire et de multiples dispositifs de formation scientifique. Ce programme doctoral est par ailleurs articulé avec la politique de l’École de la recherche de Sciences Po qui offre de nombreuses opportunités aux doctorants, notamment en matière d'internationalisation.
The Unholy Trinity: How State, Religion, and Employers Shape Pious Women's Employment
- ©shutterstock-PUWADON SANG
Séance organisée par l'axe Travail, Emploi et Profession le 20 mai de 10h à 12h
Présentation de Prof. Michal Frenkel, The Hebrew University of Jerusalem's Department of Sociology and Anthropology :
The Unholy Trinity: How State, Religion, and Employers Shape Pious Women's Employment.
Résumé :
Can secular states and employers integrate devotee women from conservative communities in modern organizations without jeopardizing their religious identity? With the growing presence of ultra-disciplinary and gender-conservative religions in the postindustrial society, the mission of integrating devotee women from these groups into high-quality employment is becoming both more urgent and more complicated. Claiming to represent God’s will in imposing a gendered division of labor, conservative denominations of Christianity, Islam, and Judaism equip their female members with sets of values and norms standing at odds with the requirements of most modern organizations.
Against religious leaders’ claims, historical studies demonstrate that these norms were often constructed and reconstructed in broader sociopolitical and economic contexts and are therefore more dynamic and negotiable than they are usually percived. In this paper, I draw on the case of Ultraorthodox women’s integration into the Israeli labor market to develop a theoretical approach to the study of gender-religiosity intersectionality. I first look into how modern states, employers, and institutionalized religions construct the matrix of domination that structures devotee women’s marginalization in the labor market. Then, I consider how the same matrix also offers women a ground for an agency that allows them to rise through the ranks while maintaining their religious identities and legitimate places in their communities.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Travail et capitalisme : entre individus et collectifs
- Actualité Sciences Po
Le monde du travail a profondément évolué. Les individus doivent désormais "co-construire" leurs conditions de travail. Il leur faut apprendre à s'auto-manager - d’où les coachs. Ils doivent aussi être heureux - d'où les Chief happiness officers. Autre évolution s’inspirant d’une philosophie similaire : l’appréhension, y compris juridique, du dialogue social comme un instrument de conciliation apaisée. Or, ces nouvelles pratiques ont des conséquences, tant psychologiques que productives ; tant individuelles que collectives et le conflit reste sans doute un élément consubstantiel au dialogue social.
Pour en débattre, la direction scientifique de Sciences Po avec l'appui de Henri Bergeron et Gwenaële Rot du CSO réunit six spécialistes, chercheurs et experts, autour de deux tables rondes, qui seront suivies d’échanges avec le public.
17h-18h - Responsables du et au travail ?
avec
- Henri Bergeron, directeur de recherche CNRS au Centre de sociologie des organisations de Sciences Po, directeur du Master "Organisations et Management des Ressources Humaines"
- David Muhlmann, docteur en sociologie des organisations, Senior expert chez McKinsey, psychanalyste. Auteur du Capitalisme et colonisation mentale (Presses universitaires de France, 2021).
- Scarlett Salman, maîtresse de conférences en sociologie à l'Université Gustave Eiffel, chercheuse au Lisis, auteure d'Aux bons soins du capitalisme (Presses de Sciences Po, 2021).
18h-19h - Quel renouveau du dialogue social ?
avec
- Élodie Béthoux, professeur de sociologie à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, , chercheuse au Laboratoire "Professions, Institutions, Temporalités" et directrice-adjointe "Formation" de la Graduate School Sociologie et Science Politique - Université Paris-Saclay
- Hadrien Clouet, chercheur postdoctoral au laboratoire "Centre d’Étude et de Recherche Travail Organisation Pouvoir" (université de Toulouse – Jean Jaurès) et chercheur associé au Centre de sociologie des organisations de Sciences Po
- Jérôme Pelisse, professeur des universités, chercheur au Centre de sociologie des organisations de Sciences Po
Amphithéâtre Chapsal - 27 rue Saint-Guillaume - 75007 Paris
Inscription pour les internes à Sciences Po
Inscription pour les externes à Sciences Po
Veuillez vous munir de votre invitation
Le rapport d'activité 2021 du CSO vient de sortir !
- rapport d'activité du CSO
Parution : La société des organisations
- La société des organisations
Epistemic limitations of the algorithm for profiling the unemployed in Poland
- ©shutterstock-motioncenter
We are happy to invite you to the second session of the monthly seminar "Digitalization of Public Employment Service" with :
Karolina Sztandar-Sztanderska (University of Warsaw) :
"Sloppy statistics and black-boxing of algorithms. Epistemic limitations of the algorithm for profiling the unemployed in Poland".
Date and place of the seminar :
Monday 9th of May, 10-11.30 am Center for Sociology of Organization (or Online).
Please suscribe following this link to attend the seminar :
We will send the abstract of the communication, the zoom link and the room to the participants a few days before the event.
The organizers Hadrien Clouet, Jean-Marie Pillon & Alizée Delpierre
Parution : Des Lobbys au menu. Les entreprises agro-alimentaires contre la santé publique
- Des Lobbys au menu. Les entreprises agro-alimentaires contre la santé publique
Quels enseignements retenir pour les prochaines crises?
- Actualité CSO
Podcast : Comment les politiques publiques ont façonné notre relation à l’argent depuis les années 60 ?
- ©shutterstock-Hyejin Kang
Séminaire doctoral du 29 avril 2022
- Actualité CSO
Présentation de Marte Mangset, chercheuse invitée au CSO et Associate Professor à OSLOMET :
Mesurer et construire l'excellence. Comment le processus de sélection pour des postes universitaires façonnent la qualité.
Résumé :
Les universités veulent recruter des universitaires excellents, mais comment l’excellence est-elle définie ?
Alors que de nombreuses études se concentrent sur les déviances du principe de mérite dans les processus de sélection académique, telles que le biais sur le genre ou l’ethnicité, cette étude porte sur la construction de la qualité académique dans un processus de sélection légitime.
A partir d’une étude de 48 processus de sélection dans trois universités norvégiennes, avec les documents associés, et 52 entretiens avec des membres des comités de sélection, nous analysons le processus de sélection étape par étape et aussi des différentes conceptions de la qualité académique. Les évaluateurs exposés au défi de comparer et de classer des formes de qualité incomparables ont de manière pagmatique recours à des instruments d’évaluation, et contribuent à une nouvelle construction de la qualité nettement plus étroite.
Cette présentation s’inscrit dans un cadre d’étude plus large sur la sélection dans le monde universitaire et l’espace pour le pluralisme cognitif en collaboration avec Julia Orupabo, Senior Research Fellow à Institute For Social Research.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Séminaire doctoral du 15 avril 2022
- ©shutterstock-hwanchul
Présentation de Louison Carroué, doctorant CSO :
Concrétiser « l’IA » : le rôle des consultants sur le marché de l’intelligence artificielle à destination des organisations.
Résumé :
La seconde moitié des années 2010 a été marquée par une inflation des promesses autour de l'intelligence artificielle. De nombreuses organisations étrangères à ce secteur communiquent sur le déploiement en leur sein d’outils dits "intelligents" : moteurs prédictifs, agents conversationnels, et autres "feuilles de route" sur l’IA foisonnent et sont les avatars de cette quête de modernité.
Le secteur du conseil s'est emparé de cet objet et propose aujourd'hui de nombreuses prestations dans ce domaine, comme l'identification de cas d’application de ces technologies chez ses clients ou encore la formalisation de "stratégies" autour de l'IA.
Que vend-on et que fait-on lorsque l'on propose du "conseil en IA" ? Cette recherche analyse le rôle des acteurs du conseil dans la production et la circulation d’une injonction de "se mettre à l’IA" et montre les opérations par lesquelles les consultants la concrétisent.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Conflits d'intérêts et objectivité des savoirs médicaux
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Séance organisée par l'axe Savoirs, Science et Expertise
Présentation de Boris Hauray, Iris/EHESS :
Conflits d'intérêts et objectivité des savoirs médicaux.
Résumé
Cette présentation analysera dans un premier temps les enjeux de la constitution du conflit d’intérêts en objet de recherche pour les sciences sociales. Dans un second temps, elle étudiera plus spécifiquement la manière dont les grandes revues médicales ont fait face à la mise en cause des conflits d’intérêts de leurs auteurs. Ce faisant, elle montrera qu’au cours des quatre dernières décennies, la question des conflits d’intérêt a été le support de trois problématisations distinctes de l’objectivité des savoirs médicaux.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Martin Giraudeau : Soutenance d'Habilitation à Diriger des Recherches en sociologie
- Actualité CSO
Le 21 avril 2022, Martin Giraudeau a soutenu une Habilitation À Diriger Des Recherches en Sociologie intituléee:
SCRIPTED ENTERPRISE The Textual Foundation of the DuPont Corporation.
Jury
M. Patrick CASTEL,Directeur de recherche de la Fondation nationale des sciences politiques, Centre de sociologie des organisations, Sciences Po
M. Jonathan LEVY, James Westfall Thompson Professor of US History, Fundamentals, Social Thought, and the College, University of Chicago (rapporteur)
Mme Andrea MENNICKEN, Associate Professor, Department of Accounting, London School of Economics and Political Science (rapporteur)
M. Alain POTTAGE, Professeur des universités, École de droit, Sciences Po (garant et rapporteur)
Mme Susan ZIEGER, Professor of English, University of California, Riverside (présidente)
RÉSUMÉ
This memoir is the draft manuscript of a book on the founding of the DuPont corporation in the first years of the nineteenth century. It is the monograph of a venture, which carefully follows the entrepreneurs, Pierre Samuel and Irénée Dupont de Nemours, from the inception of their idea to emigrate from France to the United States in 1797, to the start of operations of the gunpowder manufactory they eventually founded – an early industrial concern in America, established near Wilmington, Delaware, in 1804. As such, the book is a contribution to the history of business and capitalism, but it is also a contribution to the theory of entrepreneurship, and more broadly of action in society. Challenging the traditionally individual, cognitive, and creative accounts of enterprise, it argues that the entrepreneur is first and foremost a bureaucrat: forming the new firms is formalizing it by producing scripts, starting with the business plan. While previous scholarship has repeatedly insisted on the informality of enterprise, Scripted Enterprise empirically demonstrates that, for the entrepreneur, the form is the norm. Further, the book shows that the scripts of enterprise are themselves scripted: they are generic documents, which comply with certain templates and models. Even, and perhaps even more so, in contexts of so-called “freedom of enterprise,” enterprise is thus a regular, normalized, and collective activity, rather than the creative act of an imaginative individual.
The first analytic emphasis of the book is on enterprise as process. It is a study of the progressive drift of the project, from an agricultural to a commercial and, in the end, to an industrial undertaking. While Pierre Samuel Dupont initially planned, from Paris, the establishment of a rural colony, destined to eventually become a new city, perhaps even a new State in the Union, he revised his plan upon arrival in the US in January 1800, to pursue instead a project in transatlantic commerce. His youngest son Irénée finally proposed to rather establish a gunpowder manufactory, which eventually turned into the DuPont corporation that historians have analyzed the crucial role of in American capitalism over the two following centuries. This foundational drift resulted from the difficulties encountered by the Duponts in raising funds for their initial projects, and gives us insights into the entrepreneurial context of the time – that is, into the thinking of both entrepreneurs and investors, regarding which projects were most worthy of attention, and investment. In a period of intense land speculation and diplomatic tensions across the Atlantic, industrial undertakings, however novel and uncertain, could appear as safer bets.
The second analytic emphasis of the book is on enterprise as bureaucracy. It argues that the two Duponts engaged in “entrepreneurial work,” which was essentially paperwork. The drifting of enterprise went along with its drafting: the entrepreneurs prepared a long series of scripts, akin to today’s “business plans,” thanks to which they reflected on their respective projects, but also discussed and agreed with potential investors and other parties. A key issue was the credibility of these scripts, which the Duponts attempted to strengthen by gathering information in what I call “sidescripts,” from maps of the New World to published travel journals, from stories of prior, comparable ventures to accounts of competing companies. The two entrepreneurs however mobilized the information from these sidescripts in different ways. While Pierre Samuel used it to precisely locate his proposed colony, in a specific valley, and outline the concrete steps of its economic but also demographic, social, and political development over a decade, Irénée conducted accounting simulations on a profit and loss account to prove that the manufactory would be profitable, in a normal year of operations, whatever the price of gunpowder, of raw materials, etc. While the father put forth a destination for his venture, the younger Dupont abstracted his own so as to make its future appear knowable, as a set destiny. The differences between the two scripts are explained by the different credit positions of the two men, but also of the two projects. While Pierre Samuel was a well-known and connected figure proposing a familiar type of venture, Irénée was a young man without credit proposing an unusual industrial enterprise. He was therefore compelled to make stronger demonstrative efforts in his plans.
The third analytic emphasis of the book is on the generic forms of enterprise. At the time when the Duponts prepared their projects, a number of legal constraints on the formation of new companies had been abolished. The requirement to apply for a privilege, or patent, had disappeared, especially. Yet this did not mean that they were not subjected to any “service windows” that would allow the projects to go ahead. They needed to raise funds from investors. They also had to morally authorize themselves to carry out their ventures. Such project appraisals imposed a number of requirements on the plans: the scripts were themselves scripted. The book traces the different textual genres and argumentation techniques that the entrepreneurs drew on in textually designing their projects. Through a careful review of the two Duponts’ respective biographies, it shows that the father, who had previously owned a print shop and been a leading Physiocratic economist, borrowed from the genre of subscription prospectuses which was common in the printing industry, as well as on the rhetoric of contemporary political economy pamphlets, to make the case for his rural colony; while the son borrowed from the genre of engineering quotes, as well as from the emerging, quantified rhetoric of experimental reports, which he had become familiar with as the student of Antoine Laurent Lavoisier at the French State’s gunpowder works. Although they were writing side-byside, in the same moment, and for the same purpose of generating revenues for the family, the two men operated in different textual economies of credit.
Overall, the book is an effort towards the elaboration of a sociology of formalities. Drawing on the incredibly fine grain of the archival materials available on the Dupont case and on its economic, intellectual, social, and political contexts, it shows that most of the “thinking” of entrepreneurs can be explained empirically by their position at the intersection of wide variety of texts.
Contact : Martin Giraudeau
Bilan de l'activité de l'axe Droit, normes et régulations du CSO 2017-2021
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L’axe Droit, normes et régulations du CSO existe depuis janvier 2017.
Animé par Jérôme Pélisse et Claire Lemercier (qui fait une pause en la matière en 2022), avec depuis 2020, Emilie Biland-Curinier, il regroupe activement une douzaine de membres du laboratoire, chercheur.ses, doctorant.es et postdoctorant.es, ainsi que quelques associés, anciens ou passés par le CSO.
Son activité est diverse depuis quatre ans, alternant séminaires où ont été présentés des thèses (enquêtes, articles ou chapitres de thèse), enquêtes de terrain de membres du laboratoire ou communications de collègues invités ; organisation de journées d’étude ou de colloques (sur « Les cultures juridiques et judiciaires », « L’Etat, le droit et le marché : la réforme du Code des marchés publics », « Se faire concurrence, de quel droit ? » ou « Droit et temporalités ») ; lectures de textes de sociologie du droit ; réflexion sur des outils bibliographiques ou méthodologiques.
En 2021, l’activité s’est concentrée sur l’organisation d’un colloque en avril, qui a donné lieu à un projet de dossier soumis à une revue en fin d’année. Plusieurs projets ont été également été déposés durant cette année, ouvrant à des travaux empiriques qui sont au cœur de l’axe : projets INJUVID : Injustices, conflictualités et expériences du droit en urgence sanitaire" (financé par l’ANR) ; TAXLAW : The Authority of Expertise in Professional Tax Law Practice (financé par le Research Council norvégien) ; AVOCONSEILS. Le rôle des avocats aux conseils (financé par l’ANR) ; Legalization of Organizations (Fonds France-Berkeley) ; postdoctorat sur les Data Protection Officers ; thèse sur les causes lawyers environnementaux et les procès pour la justice climatique ; thèse sur la mondialisation des politiques d’entreprise liées aux droits des personnes LGBT ; etc.
Pour l’année 2022, l’axe a vocation à accueillir des discussions autour de ces projets et d’autres actuellement en cours au laboratoire, en lien avec des thèses, des projets de recherche et d’autres axes, par exemples autour des relations entre science et droit, des questions de régulations des marchés et des organisations, des transformations de l’Etat et de l’économie public-privé, des professions ou des intermédiaires du droit.
Pour rappel, les années précédentes :
En 2017 :
Fondation de l’axe en janvier, construction d’une bibliographie dans Zotéro (mis en sommeil ensuite), d’un guide des ressources juridiques (Anna Egea)
Journées d’étude « Cultures juridiques et judiciaires : étude de la circulation de modèles juridiques » (9 novembre), base d’un dossier paru dans Droit et société en 2020
En 2018 :
Séminaires internes de présentation de thèse (Charles Reveillere, Amélie Marissal)
Séminaires de présentation d’enquête (Sebastian Billows, Gulserien Kozak-Isik, R. Juston & J. Pélisse)
Séminaire autour de Malcolm Feeley (Berkeley)
En 2019 :
Séminaire interne de présentation de thèse (Isaac Lambert, février)
Séminaire « L’État, le droit et le marché. Les enjeux de la réforme du code des marchés publics », organisé par Alina Surubara, Thomas Derichaux (Univ Bordeaux) et Jérôme Pélisse, mai
Séminaire de lecture (Abel, Felstiner et Sarat, « Naming, blaming, claiming » (1980) et Albiston, Edelman et Miligan, « The Dispute Tree and the Legal Forest » (2014), juillet)
Séminaire autour de Calvin Morill (Berkeley)
Un séminaire de présentation d’enquête (Emmanuelle Marchal) et de méthode (travailler à partir de dossiers et décisions judiciaires, par C. Lemercier et E. Biland-Curinier, octobre)
En 2020 :
Journée d’étude « Se faire concurrence, de quel droit ? » organisé par Hughes Bonnefon, Isaac Lambert et Jérôme Pélisse, janvier
Séminaire autour de Michal W. McCann (University of Washington), mars
Séminaire sur « Deux professions pour un Etat régulateur : avocats et économistes de la concurrence au travail », article de Sebastian Billows et Lola Avril (juin)
Séminaire interne de présentation de thèse de Nathan Rivet et Charles Reveillere (octobre)
Séminaire doctoral autour du dossier Legal Intermediation (Sebastian Billows, Lisa Buchter et Jérôme Pélisse)
En 2021 :
Colloque Droit et temporalités, organisé par Charles Reveillere, Lus Prauthois et Jérôme Pélisse (avril)
Deux séances du séminaire doctoral :
Julien Larrègue (Les usages profanes de la biologie par les acteurs du monde judiciaire, avril) et Corentin Durand (Incorporer le droit. Les ruses de la discipline pénitentiaire, sept.)
En 2022 :
Deux séances du séminaire doctoral du vendredi matin : Cécile Vigour (février) ; Lus Prauthois (mars)
Séminaire interne sur les Data Protection Officers (Kevin Mellet et Alexis Louvion), (1er avril)
Séminaire de lecture de textes classiques de sociologie du droit, 30 mai 2022
Workshop du projet INJUVID (21 juin 2022)
Séminaire Tax Law (28 juin 2022)
Contacts :
Emilie Biland-Curinier, Professeure des universités à Sciences Po [emilie.bilandcurinier@sciencespo.fr]
Jérôme Pélisse, Professeur des universités à Sciences Po [jerome.pelisse@sciencespo.fr]
Replay de la conférence : Le Grand Défi Ecologique
- Le Grand Défi Ecologique - ADEME
More Than Euros: Exploring the Construction of Project Grants as Prizes and Consolations
- ERC European Research Council
La prochaine séance du séminaire "Enseignement supérieur et recherche" est programmée le 5 avril de 12h30 à 14h, à la fois en présentiel, sur le campus de Sciences Po, 1 place Saint-Thomas d'Aquin 75007, en salle K.027 et en distanciel.
Peter Edlund, chercheur postdoctorant au département des études commerciales de l'université d'Uppsala et actuellement en visitng au CSO, présentera une communication intitulée :
More Than Euros: Exploring the Construction of Project Grants as Prizes and Consolations.
Summary :
The growth of project grants across Europe has implied that scientists experience considerable pressures to seek research funding. Such pressures suggest that scientists would devote most of their attention to the monetary amounts at play through various grants. But, while many scientists struggle to access funding, we also see indications that the allocation of certain grants invokes much more than issues reducible to pecuniary amounts. These indications highlight our need for new knowledge on the ways that scientists attribute meanings to funding and, in doing so, construct the status of grants. Through a comparative, interview-based study, I explore how early-career scientists in Sweden constructed the status of closely related and monetarily identical European Research Council (ERC) Starting Grants (StGs) and Swedish Research Council (SRC) Reserve Grants (RGs). My findings show that scientists ascribed their respective ERC and SRC grants with very different meanings, and that such meanings were specifically attributed on the basis of those evaluations through which StGs and RGs had been acquired. Both grants target top-graded proposals in Europe-level ERC evaluations, but budgetary shortages entail that StGs are distributed to first-ranked applicants, while RGs are allocated to second-ranked applicants. These minimal distinctions did not hinder scientists from constructing ERC StGs as ‘prizes’ and SRC RGs as ‘consolations’ that, respectively, signified successes and failures in elite circles of academia. Such construction persevered even though StGs were perceived as administratively burdensome for research group leaders and economically troublesome for university departments.
Séminaire doctoral du 1er avril 2022
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Présentation de Cécile Lavier, doctorante au CSO:
L'Etat, ses citoyens et leurs vaccins. Etude comparée des politiques de vaccination contre l’hépatite B et les papillomavirus.
Résumé
Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en distanciel et en présentiel sur le campus de Sciences Po.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Nouveau projet :
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Le projet OrA-NEAT (Organization and Attitudes in Nursing homE Antibiotic sTewardship) porte sur le développement et l'évaluation d’un programme personnalisable de bon usage des antibiotiques adapté aux besoins des EHPAD français à partir d’une évaluation globale des organisations et des perceptions des professionnels de santé.
Géré par l'Université de Lorraine, il fait intervenir plusieurs partenaires dont le CSO sur une durée de 6 ans avec Henri Bergeron, Claire Bodelet, Patrick Castel, Renaud Crespin et Etienne Nouguez.
Résumé
Malgré les preuves croissantes de leur efficacité en médecine animale et humaine, l’implantation des programmes de bon usage des antibiotiques (BUA) reste suboptimale. Les interventions de ces programmes visent à modifier les comportements de divers professionnels et des patients/usagers, comme la prescription d'antibiotiques (AB). Elles sont sujettes à des interactions avec le contexte, comme quand elles sont adaptées aux moyens de l’établissement dans lesquelles elles sont mises en oeuvre, modérant ainsi leur impact une fois transférées dans d’autres établissements disposant d’autres moyens. Elles nécessitent donc des méthodes de développement et d'évaluation particulières, et de porter une attention particulière au renforcement des capacités et au contexte dans lequel elles s'inscrivent. Jusqu'à présent, les études évaluant des programmes de BUA ont accordé peu d'attention à la théorie sous-jacente à leur développement et à leur déploiement. Alors que l'épidémiologie et l’infectiologie sont essentielles pour développer et évaluer de tels programmes, les sciences sociales sont particulièrement intéressantes pour démêler les facteurs socioculturels et psychologiques motivant l’usage d’AB, et pour développer des interventions visant à modifier les comportements.
Le projet OrA-NEAT qui propose une approche interdisciplinaire vise à :
(i) Comprendre les comportements des professionnels de santé qui conduisent à l'usage d’AB et leurs attitudes envers le BUA en EHPAD afin d'identifier les opportunités dans le champ ;
(ii) Développer un programme de BUA multi-composante, adaptable aux attitudes des professionnels de santé envers le BUA et au contexte de chaque EHPAD ;
(iii) Évaluer l'efficacité, la pérénnité, l’implantation et la transférabilité d'un tel programme dans l’ensemble des EHPAD français.
Séminaire doctoral du 25 mars 2022
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Présentation de Lus Prauthois, doctorante au CSO :
L'égalité au prix de la différence. La reconnaissance partielle de l'homoparentalité par la justice en France de 2013 à 2021.
Résumé
La loi du "mariage pour tous" a ouvert le mariage et l'adoption aux couples de même sexe tout en continuant à marginaliser les minorités sexuelles. C'est ce paradoxe que la thèse de Lus Prauthois analyse à la lumière d'une enquête de terrain auprès de parents homo/bisexuels et de professionnel·les de la justice dans plusieurs juridictions française.
Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en distanciel et en présentiel sur le campus de Sciences Po.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
L’entreprise : nouvelle frontière de la transition écologique. Les nouveaux visages de l’engagement citoyen
- ©shutterstock-klee048
Réformer les architectures territoriales en Europe et en France. Des politiques de rationalisation, à la croisée des influences européennes et des dynamiques politiques nationales
- Wikimedia Commons/M.Minderhoud, CC BY-SA 3.0
La prochaine séance de l'axe Action publique et transformations de l'Etat est fixée le 18 mars 2022 dans laquelle intervient Patrick Le Lidec, Chargé de recherche CNRS et chercheur au Centre d’études européennes de Sciences Po.
Titre de son intervention :
Réformer les architectures territoriales en Europe et en France. Des politiques de rationalisation, à la croisée des influences européennes et des dynamiques politiques nationales.
Résumé :
Depuis une trentaine d’années, les politiques de réformes des architectures territoriales ont connu un renouveau très marqué dans les Etats européens. Ce regain a largement été porté par les gouvernements libéraux et relayé par différentes organisations supranationales et par la Commission européenne, qui ont érigé en norme les fusions, censées être gages d’économies budgétaires. La « rationalisation » par fusion a été très inégalement appropriée à l’échelle des Etats par les gouvernements d’Europe du nord et du sud, avant que la crise des dettes souveraines ne contribue à en faire un impératif auquel il est devenu difficile de se soustraire. En France, les gouvernements ont mené des politiques ambigües, contraintes au plan européen par une quête de crédibilité et sur la scène nationale par des contraintes constitutionnelles, parlementaires et partisanes qui ont relégué la recherche d’économies budgétaires à l’arrière-plan.
Ce séminaire qui se tient de 10h à 12h est organisé à la fois en distanciel et en présentiel, sur le campus de Sciences Po, 1 Place Saint-Thomas d'Aquin 75007, en salle K.011.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Replay du webinar : L’enseignement supérieur et la recherche face au Covid-19. Retours d’acteurs et d’actrices de l’ESR
- Actualité CSO
La session sur les Retours d’acteurs et d’actrices de l’ESR, lors de la journée d'étude du 8 mars consacrée à L’enseignement supérieur et la recherche face au covid-19, est disponible sur Youtube Sciences Po.
La discussion était animée par Anaïs Gérard, directrice de la rédaction Enseignement et Recherche d’AEF-Info avec pour invités :
- Anne-Sophie Barthez (DGESIP),
- Bernard Dizambourg (Consultant France Universités),
- Jacques Fayolle (Directeur de Télécom Saint-Etienne et Président de la CDEFI),
- Thomas Froehlicher (Directeur général de Rennes School of Business, représentant de la CGE),
- Guillaume Gellé (Président de l’URCA et Vice-Président de France Universités),
- Valérie Gibert (DGS de l’Unistra).
En savoir plus
Lire le rapport de recherche financé par l'ANR (accessible sur ce lien -PDF - 4 Mo)
Gouverner les données dans l'organisation : quel(s) rôle(s) pour le DPO ?
- Shutterstock
La chaire Good In Tech vous invite à son séminaire intitulé
Gouverner les données dans l'organisation : quel(s) rôle(s) pour le DPO ?
qui aura lieu le jeudi 24 mars de 17h00 à 18h30 (Séminaire en ligne)
Descriptif de l'événement :
Les Data Protection Officer (DPO), chargés de mettre en œuvre la conformité au RGPD au sein de l’organisme qui les a désignés, veillent à l’ensemble des traitements mis en œuvre par leur organisation. Chargés de nombreuses tâches, en lien avec leur mission principale consistant à veiller au respect des règles relatives à la protection des données, ils et elles sont assurément le visage de la gouvernance des données personnelles dans les organisations.
Qui sont ces professionnels ? Comment construisent-ils leurs compétences, leur expertise et leur éthique professionnelle ? Quelle(s) formation(s) ont-ils suivie(s) et quelles sont les exigences du RGPD en matière de formation ? Comment, concrètement, exercent-ils leurs missions au quotidien ? Quel est leur positionnement au sein de l’organisation ? De quelle légitimité et de quelle autonomie disposent-ils, et à quelles résistances se confrontent-ils ?
C'est sous l'angle de la professionnalisation que ce webinaire entend apporter un éclairage sur ces questions, et interroger les conditions de mise en œuvre d'une gouvernance des données personnelles au sein des organisations.
Ce webinaire sera l'occasion de présenter les premiers résultats d'une enquête sociologique effectuée par Alexis Louvion (avec le soutien de la chaire Good in Tech) auprès de DPO, pour comprendre les différents enjeux de leur professionnalisation. Se joindront à la discussion Paul Olivier Gibert, Président de l'AFCDP, principale association professionnelle du secteur, et Xavier Strubel, Professeur de droit du numérique, fondateur et directeur d'une formation spécialisée dans le management de la protection des données à l'Institut Mines-Télécom Business School.
Interventions :
- Paul Olivier Gibert, président de l'Association Française des Correspondants à la Protection des Données (AFCDP)
- Alexis Louvion, chercheur post-doctorant en sociologie, Chaire Good in Tech, Sciences Po (CSO) / Institut Mines-Télécom Business School (IMT-BS)
- Xavier Strubel, Professeur, Fondateur et directeur du Mastère Spécialisé Data Protection Management (MS DPM), Institut Mines-Télécom Business School (IMT-BS)
L'animation de la table ronde sera assurée par Kevin Mellet, Assistant Professor de sociologie (Sciences Po)
Le Cycle webinar de recherche de Good In Tech est un ensemble de séminaires de recherche où des chercheurs présentent leurs travaux récents sur les axes de recherche de Good In Tech, à savoir l'innovation numérique responsable, le développement de technologies responsables et la gouvernance du numérique responsable.
Pour vous inscrire, rendez-vous sur notre page Good In Tech
L'équipe Good In Tech
Changer la société par la famille et par le droit ? Minorités sexuelles et de genre d'un continent à l'autre
- Actualité CSO
L'axe Discriminations et politiques catégorielles du LIEPP a le plaisir de vous inviter au séminaire :
Changer la société par la famille et par le droit ? Minorités sexuelles et de genre d'un continent à l'autre.
Mercredi 23 mars 2022 16:00 - 17:30 En ligne
Présentation :
Émilie Biland-Curinier, Sciences Po, CSO
La reconnaissance croissante des droits conjugaux et parentaux des minorités sexuelles et de genre constitue une dynamique majeure de changement social, à l'intersection de deux institutions conservatrices à bien des égards, le droit et la famille. Comment les personnes concernées, comment les juristes qui interviennent dans leur vie privée, appréhendent-elles et participent-elles à cette transformation de leur statut social, et plus largement des sociétés auxquelles elles appartiennent ?
Ce séminaire rendra compte d'une recherche en cours qui analyse les expériences des parents LGBT et des intermédiaires du droit, au Chili, en France et au Québec afin de prendre la mesure des conditions, de la portée et des limites du changement social par la famille et par le droit.
Discussion :
Laurence Brunet, Juriste, chercheuse associée à l'ISJPS, Université Paris 1/ CNRS, UMR 8103
Lancement du séminaire « Numérisation des services publics de l’emploi »
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Le séminaire propose de saisir les enjeux de la dématérialisation des services publics d’emploi. Il engage une double critique de l’équipement numérique du service public d’emploi : une critique externe, consacrée à l’articulation entre les logiciels et le recours à l’administration ou le marché de l’emploi, ainsi qu’une critique interne, consacrée aux effets sociaux propres des logiciels sur les rapports de force ou les interactions au sein du service public d’emploi.
SÉANCE
- Intervention de Daniela Böhringer, de l'IAQ (Institut sur le travail et les qualifications) à l'université de Duisburg, pour une présentation en anglais intitulée " Self-Service in Action: Characteristics and Implications of Face-to-Screen Encounters in the Welfare State ".
ORGANISATEURS :
A lire : L’État en France et aux États-Unis : si loin, si proche
- United States Capitol – 1846 © Architect of the Capitol
L’État en France et aux États-Unis : si loin, si proche
par Nicolas Barreyre, EHESS, et Claire Lemercier, Centre de sociologie des organisations.
Article paru dans COGITO, le magazine de Sciences Po
Opposer le mode de vie politique de la France à celui des États-Unis est un classique du débat politique français qui ne date pas d’hier : Alexis de Tocqueville (1805-1859) mettait déjà ce face-à-face au centre de son livre De la démocratie en Amérique. À ses yeux, la vitalité des associations et des assemblées communales aux États-Unis s’opposait à l’individualisme français, qui conduisait, de façon en apparence paradoxale, à l’étatisme.
Près de deux siècles plus tard, les États-Unis restent présentés comme un contre-modèle d’une France qui serait, depuis Napoléon voire Louis XIV, hyper centralisée et interventionniste, régentée par un État quadrillant le territoire avec des fonctionnaires contrôlant les entreprises et la société civile. Par contraste, les États-Unis seraient un pays emblématique du capitalisme dérégulé, de la vie associative et où règne une méfiance profondément ancrée envers toute administration centrale.
Les chercheurs et chercheuses en sciences sociales se sont réapproprié cette opposition, souvent présente dans les discours politiques, et en ont tiré des modèles nationaux, dans le but d’expliciter des trajectoires historiques différentes. Or, lorsqu’on essaie de reconstituer l’expérience de l’État vécue par les habitant·es de chaque pays à différents moments du passé, une telle opposition ne tient pas.
Ce n’est pas seulement que les choses sont plus nuancées. Il est bien évident que l’État central n’est pas totalement absent aux États-Unis et que devenir fonctionnaire n’est pas de toute éternité le rêve de chaque Français ! C’est surtout que l’approche en termes de modèles nationaux mène à une impasse historique. Dans notre article The Unexceptional State : Rethinking the State in the Nineteenth Century (The American Historical Review, 2021), fondé largement sur des historiographies en plein renouvèlement, nous explorons conjointement les cas français et étatsunien dans la première moitié du XIXe siècle. De cette étude, il ressort que, loin d’être opposés, ces modèles participaient au contraire à un répertoire commun de formes étatiques, caractérisant un moment historique particulier. Cette approche historicisante de l’État nous semble pouvoir aider à mieux comprendre les articulations d’aujourd’hui entre État central, collectivités locales, associations et entreprises.
Les États-Unis : un État si unique ?
Depuis une trentaine d’années, le milieu de la recherche étatsunien fait preuve d’un regain d’intérêt pour l’histoire de l’État aux États-Unis. Précédemment, le XIXe siècle était largement considéré comme une époque des tribunaux et des partis politiques. Les travaux récents ont montré l’importance de multiples formes d’action de l’État. Les États fédérés exerçaient des pouvoirs de « police » qui pouvaient aller jusqu’à prescrire des comportements moraux. L’État fédéral, via l’armée, orchestrait la violente conquête de l’Ouest, son exploration, sa mise en cartes et son aménagement ; et la poste, service public national, jouait un rôle économique, social et politique de premier plan. Mais, si l’État étatsunien d’avant 1860 était puissant et interventionniste dans certains domaines, il n’était pas bureaucratique. Ainsi, même ces recherches les plus récentes, qui réévaluent l’État étatsunien de manière assez drastique, continuent à le caractériser comme fondamentalement différent de l’État européen, et particulièrement français. Comme s’ils obéissaient à deux logiques bien distinctes. Nous avons repris la discussion, en nous demandant si, dans les pratiques, cela se vérifiait dans la première moitié du XIXe siècle. Notre entreprise, reposant sur les publications existantes des deux côtés de l’Atlantique, s’est avérée délicate car elle nécessitait de faire dialoguer des travaux qui, d’un pays à l’autre, ne posent pas les mêmes questions. Rapprocher ainsi les deux perspectives historiques sur la base d’interrogations communes est riche d’enseignements.
Des administrations qui travaillent avec les élites
United States Capitol – 1846 © Architect of the Capitol
Tout d’abord, nous discutons de l’opposition classique entre une France centralisée et des États-Unis fédéraux. La différence constitutionnelle ne fait pas de doute — les États fédérés avaient des pouvoirs que les départements français n’avaient ni ne revendiquaient — et les discours dominants divergeaient. Mais il est notable que les États-Unis avaient aussi, parmi leurs élites, des défenseurs d’un État central plus fort, alors que la France connaissait de forts courants décentralisateurs.
Surtout, en examinant les pratiques administratives sur le terrain, on se rend compte de réalités plus mixtes. En France, les discours insistant sur l’uniformité entre territoires n’empêchent pas de nombreuses exceptions (les colonies en particulier) et accommodements. La principale tâche des préfets, représentants du pouvoir central, est d’obtenir un consentement minimal des maires et autres notables afin de pouvoir appliquer les mesures décidées à Paris. Ils cherchent ainsi à savoir ce que pensaient ces élites, pour faire remonter cette information aux ministères, et négocient avec elles. Ce n’est pas si différent des discussions qui ont lieu aux États-Unis lorsque, par exemple, certaines communautés s’opposent pour des raisons religieuses à la règle générale selon laquelle le courrier est distribué tous les jours de la semaine. Cette autonomie locale dans les pratiques administratives est une pratique largement répandue dans les deux pays à cette période.
Une fonction publique réduite, aux frontières floues
Cette situation résulte d’un choix politique, mais aussi d’une contrainte : même les préfets français, souvent présentés comme l’incarnation de la bureaucratie centralisatrice, n’ont pas les moyens d’agir seuls. Imaginer une France couverte de fonctionnaires et ruisselante de dépenses publiques est anachronique. S’il est difficile de chiffrer ce point, nous avons tenté de l’estimer. Nos résultats montrent que, là où davantage de personnes sont payées par l’État en France qu’aux États-Unis, ce n’est pas l’effet d’une inflation de la paperasse dans les bureaux parisiens ni d’une intervention plus grande dans l’économie. Ainsi, jusqu’en 1905, une partie du salaire des prêtres catholiques, des pasteurs calvinistes et luthériens et des rabbins relève de la dépense publique, alors que rien de tel n’existe outre-Atlantique. Les employés des services fiscaux de l’État central sont nettement moins nombreux aux États-Unis, où la plupart des impôts sont prélevés par les États fédérés. Malgré tout, rapporté à la population de chaque pays, on remarque que le nombre de personnes qui travaillent pour l’État est approximativement proportionnel dans la plupart des secteurs où celui-ci intervient.
Ce que ces chiffres montrent surtout, c’est la faible part des fonctionnaires qui sont payés à temps plein par l’État et qui travaillent à Paris ou à Washington. Bien plus nombreuses sont les personnes qui travaillent pour l’État, mais hors des capitales ou, surtout, sans être salariées de l’État. Les statistiques qu’on peut compiler pour le milieu du XIXe siècle excluent le plus souvent les employés considérés comme subalternes, beaucoup n’étant pas payés du tout, ou bien étant payés sur le salaire de leur chef, ou encore par les usagers. En revanche elles incluent, voire mettent au centre du service de l’État les parlementaires, ou encore, en France, les juges non professionnels (juges de paix, prud’hommes, juges du commerce). Par ailleurs, même les fonctionnaires au sens plus étroit sont rarement recrutés sur concours ou soumis à des procédures d’avancement uniformes.
Ce qui relève ou non du service de l’État n’était donc pas délimité de la façon qui nous semble évidente, la frontière entre les définitions d’emplois publics et privés ne datant que du début du xxe siècle. Cela rend assez vaine la caractérisation d’un État comme fort ou faible par la mesure de dépenses ou d’effectifs. En revanche, ces formes d’organisation où nombre de fonctions publiques étaient remplies par des notables exerçant par ailleurs d’autres métiers (marchands, avocats, etc.) correspondaient à une manière de gouverner centrée sur la fabrique du consentement, notamment des élites locales.
Mieux décrire les imbrications entre public et privé
Caricature anglaise représentant un parlementaire britannique habillé comme un juge de paix français : un type de juge de proximité tout récemment créé (1798) © The Trustees of the British Museum, CC BY-NC-SA 4.0
Dès lors, pour le XIXe siècle, il est probablement vain de chercher à mesurer la taille de l’État, comme si c’était un objet distinct aux frontières bien définies. Au contraire, un grand nombre des activités de l’État se font dans une imbrication plus ou moins grande avec (des parties de) la société civile. Notre proposition est d’étudier les formes que prennent ces imbrications, et leurs effets historiques. Nous en proposons un premier inventaire de ces formes, que l’on retrouve dans les deux pays. Dans certains domaines, l’État confère une autorité exclusive à certains éléments de la société et s’interdit d’intervenir. C’est le cas de l’autorité que le chef de famille exerce sur sa femme, ses enfants, et, aux États-Unis et dans les colonies françaises, sur ses esclaves. Dans d’autres domaines, l’État reconnaît une capacité d’action sans supervision des collectifs, en échange d’engagements à agir dans l’intérêt général. C’est sous cette forme de corporation que des Églises et des Universités, notamment, ont acquis aux États-Unis l’autonomie prisée par Tocqueville. C’est moins possible en France avant 1870 pour des associations, à l’exception de certains groupements charitables ; mais les entreprises concessionnaires de services publics, par exemple de chemins de fer, bénéficient d’un statut voisin. Enfin, dans d’autres domaines encore, l’État met en place un organisme décrit comme public, mais dont les membres, plutôt que d’être fonctionnarisés, agissent comme experts à temps partiel, et le plus souvent de façon bénévole. La question centrale ici est moins la forme exacte de ces arrangements que le fait que l’État organise une collaboration, sur un domaine précis de l’autorité publique, avec des parties spécifiques de la société civile. C’est aussi l’État qui organise ces dernières, par des reconnaissances différenciées. La « société civile » n’étant pas d’un bloc, comprendre les formes d’action de l’État nécessite de comprendre ces hiérarchies.
Le propos n’est pas ici de dire que les pratiques de l’État étaient identiques des deux côtés de l’Atlantique, mais au contraire de comprendre que les différences, réelles, ne font pas système. Se concentrer sur les pratiques permet de faire émerger un répertoire partagé — et spécifique de la période — de manières d’organiser l’État. Les catégories habituelles d’État fort ou faible, fondées sur la notion de bureaucratie telle que définie par Max Weber au début du xxe siècle, sont peu pertinentes pour décrire ces répertoires plus anciens ; elles empêchent même de les voir.
Partir du fait que, de chaque côté de l’Atlantique, les États (pourtant postrévolutionnaires) sont moins bureaucratiques qu’il n’y paraît et travaillent avec les élites « privées » permet de mieux regarder, ensuite, comment ils le font. Ce travail de description précise est également porteur d’enseignements pour l’étude du présent. Aujourd’hui, les gouvernements revendiquent aussi un travail avec la société civile ou les entreprises. Mais ces partenariats public-privé prennent de formes très différentes, bien plus bureaucratiques et impliquant des flux d’argent plus important. Plutôt que de redécouvrir régulièrement que l’État moderne n’est pas toujours wébérien, ou d’opposer des modèles nationaux, il nous paraît utile de comparer systématiquement, dans le temps, les formes des frontières — toujours poreuses — de l’État.
Claire Lemercier, directrice de recherche CNRS au Centre de sociologies des organisations (CSO), consacre ses recherches à la sociologie et l’histoire des entreprises françaises et de leur dirigeant·es, notamment du point de vue de leurs rapports au droit et à l’État ; elle travaille également à une histoire de l'apprentissage en France aux xviiie et xixe siècles.
Nicolas Barreyre, maître de conférences à l’EHESS au Centre d’études nord-américaines (Mondes Américains) travaille sur l’économie politique étatsunienne et la construction de l’État au xixe siècle. Ses recherches en cours portent sur la dette publique et les transformations du capitalisme étatsunien.