Thèse
« Décentrer l’étude de la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne : ethnographie de la mission de renforcement des capacités des forces de sécurité intérieure du Niger (EUCAP Sahel) », sous la direction de Christian Lequesne.
Localisation(s) précise(s) de vos terrain(s) ou de vos lieux de recherche
Niamey, Niger ; Agadez, Niger ; Bamako, Mali ; Bruxelles, Belgique ; Paris, France.
Pourquoi le terrain est-il important dans votre travail de thèse ?
Je travaille sur la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne au Sahel. À partir d’une enquête ethnographique menée principalement à Niamey, ma thèse s’intéresse à la mise en œuvre locale d’une mission européenne de renforcement des capacités des forces de police, de gendarmerie et de la garde nationale du Niger. L’objectif de la recherche est de comprendre comment les agents de l’Union européenne opèrent sur le terrain d’intervention et ajustent leurs pratiques en fonction de l’évolution du contexte local.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur votre terrain ou dans vos recherches ? Quelles techniques avez-vous développées pour les surmonter ?
Jusqu’à une période récente, une majorité des travaux portant sur la politique étrangère et de sécurité de l’UE ignorait les dynamiques locales des interventions européennes. Or, les difficultés à se rendre sur ces lieux pour des raisons de sécurité (liées au contexte nigérien puis à la pandémie du Covid-19) ont compliqué de manière considérable le travail ethnographique de terrain. L’une des techniques développées pour tenter de surmonter ces difficultés a consisté à postuler en tant que « stagiaire » au sein de l’ambassade de France à Niamey. Cette position institutionnelle a constitué à la fois une ressource pour l’enquête mais aussi une contrainte dans l’exploitation et la restitution du matériau empirique. Un chapitre de la thèse est consacré à ces enjeux méthodologiques. L’expérience des confinements et des interdictions de déplacement en dehors du continent européen m’a également inspiré une réflexion, avec d’autres doctorants et doctorantes du CERI. Celle-ci a donné lieu à une publication (en accès ouvert) intitulée : « Terrains ‘sans contact ‘ : l’enquête qualitative en sciences sociales pendant la pandémie ».
Qu'est-ce qui vous a amené à choisir ce terrain ou ce sujet de thèse ? Qu'est-ce qui vous lie à ce terrain ou/et ce sujet ?
J’ai intégré le Collège Universitaire de Sciences Po en 2013 au sein du programme « Europe-Afrique ». J’ai été initié à la science politique par l’étude des aires culturelles ! J’ai pris goût à la recherche progressivement et je me souviens tout particulièrement d’un enseignement passionnant de Richard Banégas sur l’Afrique contemporaine, au cours du premier semestre de ma deuxième année. Entre 2015 et 2016, j’ai étudié au sein du programme European Social and Political Studies de University College of London (UCL) où j’ai approfondi mes connaissances sur l’Union européenne.
De retour du Royaume-Uni, j’ai intégré le master de recherche en Relations internationales de Sciences Po. Je m’intéressais alors aux relations franco-africaines postcoloniales. L’expérience du mémoire, sous la direction de Bertrand Badie, a été stimulante et m’a conforté dans l’envie de poursuivre en thèse. L’un des axes de réflexion présenté dans mon mémoire, et que je souhaitais continuer d’étudier, touchait à « l’européanisation » de la politique africaine de la France.
La thèse sur laquelle je travaille depuis 2018 m’a conduit à m’intéresser à la politique de l’UE au Niger en raison des nombreux programmes de coopération qui s’y déroulent dans le domaine sécuritaire. J’étudie les pratiques des agents de l’UE qui opèrent à Niamey et à Agadez dans le cadre de la mission EUCAP Sahel dont l’objectif est de former les membres de la police, de la gendarmerie et de la garde nationale du Niger. Mon sujet de thèse se situe donc au carrefour des Relations internationales et de l’étude des aires culturelles !
Bibliographie/RéférencePublications de Léonard Colomba-Petteng référencées sur SPIRE (portail de Sciences Po sur l’archive ouverte HAL)
Ethnographie de la mission européenne EUCAP au Niger : le “compound” d’Agadez, Visions de terrain