La première illustration choisie est une photo de presse qui montre l’importante foule à l’écoute du discours du président chilien de l’Unité populaire, Salvador Allende, qui rend compte de sa tournée à l’étranger en décembre 1972. Au cours de celle-ci, le dirigeant socialiste a pu se rendre à Cuba, au Mexique, en URSS, en Ukraine et en Algérie dont il vante la solidarité dans la lutte contre l’impérialisme. Il fait également état de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU au cours duquel il a dénoncé les actions de déstabilisation menées au Chili par des entreprises transnationales états-uniennes. Cette photo atteste du soutien que le peuple chilien apporte au gouvernement d’Unité populaire, alors que le coup d’état du général Augusto Pinochet aura lieu six mois plus tard. Elle souligne, de plus, la valeur accordée aux questions internationales qui, dans ce contexte, font du Chili une expérience politique à laquelle le monde entier est attentif. La photo est extraite d’un article intitulé « Allende dio cuenta de la gira y llamó a la unidad del pueblo » parue dans El Clarín, 15 décembre 1972. Elle provient des archives du Centre de documentation politique (CEDOP), de l’Université catholique du Chili.

La deuxième illustration retenue ici est représentative du contexte de réforme agraire du Chili de l’Unité populaire au cours de laquelle les Mapuche – le gentilé ne prend pas de « s » car il comporte déjà la marque du pluriel dans sa signification originale qu’est « gens de la terre » – occupent illégalement les grandes propriétés terriennes ou latifundio. Ils réclament ainsi les terres qui leur ont été usurpées au cours de la colonisation entreprise par l’État chilien à la fin du XIX^e siècle. Des femmes mapuche guident ici des parlementaires qui viennent constater l’occupation des terres. La dictature met brutalement fin à ce processus.
La photo a été publiée dans l’article d’Osvaldo Rivera, « Cautín : la Derecha lanza plan sedicioso contra la reforma », Última Hora, 8 janvier 1971. Elle provient des archives du Centre de documentation politique (CEDOP), de l’Université catholique du Chili.

L’affiche de propagande (troisième document) illustre le soutien que reçoit le dictateur bolivien Hugo Banzer de la part des organisations paysannes des quatre coins du pays. Dans un pays à majorité rurale, la démonstration de cette adhésion vient confirmer la légitimité du régime militaire. Cette dernière est toutefois factice, car le massacre de paysans de Cochabamba en 1974 a largement discrédité le dictateur auprès de la classe paysanne. Des organisations paysannes et aymaras clandestines commencent à critiquer le régime au cours de ces années. Elles deviennent hégémoniques au moment de la transition démocratique en 1979. L’affiche a été publiée dans « Los campesinos dijeron sí ! », Última Hora, 2 avril 1976, p. 11. Elle provient de la bibliothèque et des archives historiques de l’Assemblée législative plurinationale de Bolivie.

Le quatrième document est une photo représentant Luciano Tapia Quisbert et Isidoro Copa Cayo respectivement candidats pour la présidence et la vice-présidence aux élections boliviennes de 1978. Leur parti, le Mouvement indien Túpac Katari (Movimiento Indio Túpac Katari, MITKA), vient d’être créé et se veut la voix des Aymaras du pays. Il dénonce les autres organisations politiques qui ont, jusque-là, parlé au nom des peuples autochtones sans se soucier de leur sort et renoncent à la voie révolutionnaire. La revendication des droits ancestraux des Aymaras prend alors une place centrale, y compris sur le plan symbolique, comme en attestent les ponchos traditionnels que portent les deux candidats. Cette photo a été publiée dans « Candidatos Movimiento Indio Tupaj Katari », Última Hora, 10 juin 1978, p. 9. Elle provient de la bibliothèque et des archives historiques de l’Assemblée législative plurinationale de Bolivie.

Document I.

Document II.

Document III.

Document IV.

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