L'histoire du PSU

Glossaire

Assises nationales du socialisme
Réunion, les 12-13 oct. 1974, de représentants du PS et du PSU et de militants CFDT et associatifs. Après le bon score de F. Mitterrand lors de l'élection présidentielle de mai 1974, les assises sont présentées comme la dernière étape du processus de reconstruction de la gauche non communiste autour d'une stratégie d'union de la gauche. Le débat préparatoire au sein du PSU est d’autant plus fort qu’il y va de l’avenir politique de la gauche et du parti. Trois tendances s'opposent : ligne du bureau national et de M. Rocard pour un engagement dans le PS ; courant d’extrême gauche refusant toute union avec le PS ; voie intermédiaire pour la création de comités d’action avec le PS lors de luttes sociales. Le PSU est finalement exclu de la préparation des assises. M. Rocard et ses amis quittent le PSU et adhèrent au PS.

Autogestion et PSU
Au PSU comme à la CFDT ou dans les associations de la deuxième gauche, l'autogestion désigne un projet de socialisme différent de celui du socialisme des pays de l'Est, détourné par un système bureaucratique. Il s'agit d'un véritable projet politique et d'organisation sociale. L'autogestion concerne, certes, l'organisation de la production dans l'entreprise, mais elle ne s'y limite pas : elle doit fonder l'organisation de la société toute entière. Elle est un modèle politique et social de décision, de contrôle, de "nouveaux rapports sociaux".
Lors de son 8e congrès (Toulouse, 1972), le PSU rend public son projet de socialisme autogestionnaire dans le manifeste Contrôler aujourd'hui pour décider demain.
Parmi les nombreuses publications du PSU sur le sujet, voir : Contrôler aujourd'hui pour décider demain : manifeste... adopté par le 8e Congrès national du PSU, Toulouse, 9, 10 et 11 décembre 1972 ; Pour l'unité populaire, pour le socialisme autogestionnaire (1976) ; L'Autogestion ? (1976, Etats généraux pour l'autogestion socialiste) ; Pour vivre, produire, travailler autrement : programme autogestionnaire (1978).

Bouchardeau, Huguette (née en 1935)
Secrétaire nationale du PSU de 1979 à 1981. Tête de liste du PSU pour les élections européennes de 1979. Candidate de ce parti à l'élection présidentielle de 1981, obtient 1,1% des suffrages. Entre dans le gouvernement Mauroy en mars 1983 comme secrétaire d'État à l'Environnement et au cadre de vie, puis en juil. 1984 comme ministre de l'Environnement, portant ainsi le PSU au pouvoir. Démissionne du PSU en 1986.

Bourdet, Claude (1909-1996)
Entré dans la Résistance en 1940, membre du comité directeur du mouvement Combat. Catholique de gauche. Journaliste, co-fondateur avec R. Stéphane et G. Martinet de l'Observateur (plus tard France-Observateur), qu'il quitte en 1963. Membre de l'Union de la gauche socialiste (UGS), participe en 1960 à la création du PSU. Membre de la direction nationale du parti jusqu'en 1967, membre du parti jusqu'à sa dissolution. Auteur de Les chemins de l'unité (1964).

Centre d'action démocratique - CAD
Groupe d'anciens radicaux qui, exclus du Parti radical, adhèrent au PSA à la suite de P. Mendès-France, passant ainsi comme lui du radicalisme au socialisme.

Centre d'études socialistes - CES
Organisme créé en novembre 1960 par la direction du PSU pour la formation politique et théorique des militants du parti. Publication : Les Cahiers du Centre d'études socialistes.

Chapuis, Robert (né en 1933)
Adhère en 1964 au PSU, dont il devient secrétaire national en 1973. Quitte le parti en 1974 à la suite de M. Rocard et rejoint le PS, dont il devient un responsable national. Nommé secrétaire d'État chargé de l'enseignement technique dans le gouvernement de M. Rocard (1988 et 1991). Auteur, entre autres, de Les chrétiens et le socialisme : témoignage et bilan (1976) et Si Rocard avait su... : témoignage sur la deuxième gauche (2007).

Craipeau, Yvan (1911-2001)
Militant trotskiste, secrétaire personnel de Trotski en 1935. S'engage en 1954 à la Nouvelle gauche, avec G. Martinet et C. Bourdet, puis à l'UGS, puis au PSU en 1960. Dirigeant de la fédération des Alpes-Maritimes du PSU. Quitte le parti vers 1975. Auteur, entre autres, de La révolution qui vient : les voies nouvelles du socialisme (1957) et de Mémoires d'un dinosaure trotskyste : secrétaire de Trotsky en 1933 (1999).

Depreux, Edouard (1898-1981)
Député SFIO de la Seine de 1946 à 1958. Ministre de l'Intérieur en 1946-1947, puis de l'Education nationale en 1948. Vote contre l'investiture du général de Gaulle à la présidence de la République en 1958, contrairement à Guy Mollet, et s'oppose à ce dernier à propos de la guerre d'Algérie. De plus en plus en désaccord avec les conceptions politiques de la SFIO, quitte ce parti en 1958 et participe à la création du Parti socialiste autonome (PSA), dont il devient secrétaire général. Co-fondateur en 1960 du PSU, dont il est le premier secrétaire national, jusqu'en 1967. Membre du PSU jusqu'à sa mort en 1981. Auteur, entre autres, de Renouvellement du socialisme (1960), Souvenirs d'un militant : cinquante ans de lutte, de la social-démocratie au socialisme (1918-1968) (1972), Servitude et grandeur du PSU (1974).

Etudiants socialistes unifiés - ESU
Organisation des étudiants du PSU, créée en avr. 1960. L. Sfez, puis R. Le Loch en sont les premiers secrétaires nationaux, élus successivement en avr. et déc. 1960. Les ESU jouent un rôle très important, au cours des années 1960, dans le syndicat étudiant UNEF, dont ils occupent la direction de 1967 à janv. 1971. J. Sauvageot, vice-président de l'UNEF et l'un des leaders du mouvement étudiant de mai-juin 1968, est membre des ESU et du PSU. Les ESU disparaissent en 1971. Les publications des ESU sont Tribune étudiante puis Lutte socialiste.

Fédération de la gauche démocrate et socialiste - FGDS
Créée en 1965 sous l'impulsion de F. Mitterrand, candidat à l'élection présidentielle. Regroupe la SFIO, la Convention des institutions républicaines, l'Union Démocratique et Socialiste de la Résistance, l'Union des groupes et clubs socialistes, les clubs Socialisme et Démocratie. La FGDS refuse le programme commun que lui propose le PSU. Le PSU refuse d'adhérer à la FGDS. Tentative de regroupement de la gauche non communiste, celle-ci disparaît en 1969.

Gauche ouvrière et paysanne - GOP
Tendance interne au PSU, créée en mai 1972. Après avoir fait sécession du parti, devient une organisation autonome d'inspiration maoïste "populiste".

Heurgon, Marc (1927-2001)
Historien. Membre de l'UGS en 1957, puis du PSU en 1960. Secrétaire à l’organisation du PSU de 1964 à 1969 et membre du Bureau national. Joue un rôle très important, au nom du PSU, dans le mouvement de mai-juin 1968. Favorise l'accession de M. Rocard au poste de secrétaire national en 1967, puis rompt avec lui en 1969. Quitte le PSU en 1972. Militant de la GOP. Auteur de Histoire du PSU. 1, La fondation et la guerre d'Algérie (1994).

Mallet, Serge (1927-1973)
Sociologue. Membre du PCF jusqu'en 1956, qu'il quitte pour adhérer à Tribune du communisme. L'un des fondateurs du PSU en 1960. Membre du parti jusqu'à sa mort en 1973. Auteur, entre autres, de Les paysans contre le passé (1962), La nouvelle classe ouvrière (1963), Le gaullisme et la Gauche (1965).

Martinet, Gilles (1916-2006)
Membre du PCF avant la guerre, entré dans la Résistance en 1941. Journaliste, co-fondateur avec C. Bourdet et R. Stéphane du journal l'Observateur. Membre de la Nouvelle Gauche en 1953, puis secrétaire national de l'UGS. Co-fondateur du PSU en 1960, membre du bureau national. Favorable à l'adhésion du PSU à la FGDS, mis en minorité sur ce point. En 1971, rédige le manifeste Le socialisme pour aujourd'hui, face à la dérive gauchiste du parti. Quitte le PSU en janv. 1972 et adhère au PS, dont il sera membre du bureau exécutif, puis du comité directeur.

Mendès France, Pierre (1907-1982)
Membre du Parti radical à partir de 1923. Plusieurs fois député. Président du Conseil en 1954-1955. Ministre d'Etat en 1956 dans le gouvernement de G. Mollet, s'oppose à la politique algérienne de ce dernier et démissionne. En 1958, vote contre les pleins pouvoirs à de Gaulle et mène campagne pour le "non" au référendum. Ayant échoué dans ses tentatives de modernisation du Parti radical, adhère à l'idée d'un nouveau socialisme démocratique et entre d'abord au PSA, puis au PSU en 1960. Refuse toute responsabilité dans ce parti mais est élu député à Grenoble en 1967. En mai-juin 1968, apparaît un temps comme un recours possible pour la gauche en cas de chute du régime (meeting de Charléty) ; mais conscient de l'impuissance de la gauche à revenir au pouvoir, battu aux législatives de juin 1968, démissionne du PSU. Entraîné dans l'échec de la candidature de G. Defferre à l'élection présidentielle de 1969, prend peu à peu sa retraite politique. Soutient F. Mitterrand lors des élections de 1974 et 1981.

Mousel, Michel (né en 1940)
Adhère au PSU en 1960. Président de l’UNEF en 1963-1964. Secrétaire national du PSU de 1974 à 1979. Auteur de L'Utopie réaliste : une autre logique économique pour la gauche (1977).

Nouvelle Gauche (Mouvement Uni de la Nouvelle Gauche)
Mouvement créé en 1955 par la fusion d'une partie de l'Union progressiste, du CAGI et de Jeune République. Animé par C. Bourdet, Y. Craipeau, G. Martinet, P. Naville,.... Par la suite intégré dans l'Union de la gauche socialiste (UGS).

Parti socialiste autonome - PSA
Issu d'une scission de la SFIO lors du congrès d'Issy-les-Moulineaux le 8 sept. 1958 et créé par les opposants à la direction de ce parti. Fusionne en avril 1960 avec l'UGS et Tribune du communisme pour former le PSU. P. Beregovoy, E. Depreux, D. Mayer, M. Rocard, A. Savary, F. Tanguy-Prigent, R. Verdier en sont les principaux animateurs.

Philip, André (1902-1970)
Economiste. Adhère à la SFIO en 1920. Ministre des Finances et de l'Economie nationale en 1946-1947, entre en 1951 au Conseil économique. En désaccord avec G. Mollet, exclu de la SFIO en 1958, rejoint le PSA puis le PSU, qu'il quitte en 1962. Se rapproche ensuite du gaullisme. Auteur de Le socialisme trahi (1957) et Pour un socialisme humaniste (1960).

Poperen, Jean (1925-1997)
D'abord membre du PCF, dont il est exclu en 1959. Crée alors Tribune du communisme. Co-fondateur du PSU, membre du comité politique national. Leader de la minorité d'opposition à la direction du parti, favorable à l'unité de la gauche plutôt qu'à son renouveau. Exclu du PSU en 1967, crée l'Union des groupes et clubs socialistes, qui rejoindra d'abord la FGDS puis le NPS. Plus tard membre du secrétariat national du PS et ministre dans le gouvernement Rocard. Auteur de L'unité de la gauche : 1965-1973 (1975).

Piaget, Charles (né en 1928)
Militant syndicaliste (CFDT), membre du PSU, figure emblématique du conflit social au sein de l'entreprise horlogère LIP (1973-1976). En 1974, une minorité du PSU propose sa candidature à l'élection présidentielle ; celle-ci est repoussée en faveur du soutien au candidat de l'Union de la gauche, F. Mitterrand.

Rencontre socialiste de Grenoble (30 avr.-1 mai 1966)
Colloque co-organisé par le PSU et ayant pour objectif, face à une certaine faillite de la gauche, de définir les éléments d'un programme pour un socialisme moderne, susceptible d'être appliqué par celle-ci une fois parvenue au pouvoir. La rencontre réunit, quelques mois après la création de la FGDS, des membres du PSU, de la CFDT, de la minorité SFIO, de Citoyens 60, des membres des clubs, des gaullistes de gauche, des anciens communistes.

Rocard, Michel (né en 1930)
Adhère à la SFIO en 1951, secrétaire national des Etudiants socialistes de 1954 à 1956. Rejoint d'abord le PSA, puis le PSU en 1960. Alors proche de P. Mendès France. Rallie le courant favorable à la "modernisation du socialisme" et privilégie l'élaboration du programme de la gauche (l'un des artisans du "contre-plan"). Succède en 1967 à E. Depreux comme secrétaire national du parti, sur une ligne critique envers l'union de la gauche. A partir de mai-juin 1968, se laisse porter par la vague gauchiste, prédominante dans le parti. Candidat à l'élection présidentielle de 1969, puis emporte l'élection législative partielle dans les Yvelines. En 1971, rompt enfin avec le gauchisme. Lors du congrès de Toulouse (1972), sa ligne l'emporte, avec l'adoption d'un projet de "socialisme auto-gestionnaire" ; critique la stratégie du Programme commun, qu'il juge archaïque, alors que F. Mitterrand et le PS ont entamé depuis le Congrès d'Epinay la reconstruction de la gauche réformiste. En 1973, perd son siège de député, est remplacé par R. Chapuis au secrétariat national. En 1974, participe à la campagne présidentielle de F. Mitterrand. Partisan de la fusion du PSU avec le PS, est mis en minorité. Après les Assises du socialisme, en oct. 1974, quitte le PSU pour le PS, avec plusieurs milliers de militants "rocardiens".

Sauvageot, Jacques (né en 1943)
Membre du PSU et des ESU. Vice-président de l'UNEF en mai 1968, l'un des leaders du mouvement étudiant.

Secrétaires nationaux du PSU
1960-1967 : Edouard Depreux
1967-1973 : Michel Rocard
1973-1974 : Robert Chapuis
1974-1979 : Michel Mousel
1979-1981 : Huguette Bouchardeau
1981-1983 : Jacques Salvator
1983-1984 : Serge Depaquit
1984-1989 : Jean-Claude Le Scornet

Tribune du communisme
Groupe et revue créés en 1958 par des dissidents du PCF. Le secrétaire en est J. Poperen. Fusionne en avril 1960 avec le Parti socialiste autonome (PSA) et l'Union de la gauche socialiste pour former le PSU.

Union de la gauche socialiste - UGS
Créée en 1957, regroupe des organisations représentant les différentes familles minoritaires de la gauche des années 1950 et refusant les politiques à la fois de la SFIO et du PCF : gauche chrétienne (Mouvement de Libération du peuple, Jeune République), marxiste (Nouvelle Gauche, dissidents SFIO), trotskistes (Nouvelle Gauche). Secrétaire national : G. Martinet. Fusionne en avr. 1960 avec le PSA et Tribune du communisme pour former le PSU.

Union nationale des étudiants de France - UNEF
Organisation étudiante (puis syndicat) fondée en 1907. S'engage fortement contre la guerre en Algérie. Dans les années 1960, diverses tendances d'extrême gauche se succèdent à sa tête. En 1967, les ESU s'emparent de sa direction ; M. Heurgon, responsable du PSU, est la cheville ouvrière de cette conquête. Dirigée par le PSU, est un acteur essentiel du mouvement de Mai 68 et organise la plupart des manifestations étudiantes, par l'intermédiaire de son vice-président J. Sauvageot, membre du PSU. A l'issue des événements, entre dans une période de crise, se politise de plus en plus. En 1970, le PSU décide d'abandonner la direction de l'UNEF.

 

Sources :
-Becker, Jean-Jacques ; Candar, Gilles (dir.). - Histoire des gauches en France. Volume 2, XXe siècle : à l'épreuve de l'histoire. - Paris : la Découverte, 2005. - 776 p.
-Biard, Roland. - Dictionnaire de l'extrême-gauche de 1945 à nos jours. - Paris : Belfond, 1978. - 411 p.
-Hatzfeld, Hélène ; Mischi, Julian ; Rey, Henri. - Dictionnaire de la gauche. - Paris : Larousse, 2007. - 287 p.
-Kesler, Jean-François. - De la gauche dissidente au nouveau Parti socialiste : les minorités qui ont rénové le PS. - Toulouse : Privat, 1990. - 471 p.
-Sirinelli, Jean-François. - Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe siècle. - Paris : Presses universitaires de France, 2003. - 1254 p.

 Haut de page

Mis à jour le 23/09/2016

Menu corporate