Gagner la guerre (1914-1918) : la République de l’Union sacrée à la Victoire

Documents en ligne

Sélection de textes parus entre 1913 et 1919 : documents émanant du gouvernement et des deux Chambres du Parlement ; textes législatifs et rapports institutionnels ; documents de partis ou organisations politiques ; articles de journaux.

 

Avant l’entrée en guerre

La loi des trois ans

Loi des trois ans (Journal officiel, Gallica)
Le 06.03.1913, un projet de loi est déposé par le gouvernement Briand, en concertation avec le Conseil supérieur de la Guerre, visant à porter la durée du service militaire de 2 à 3 ans. Il est officiellement justifié par une augmentation des effectifs de l'armée allemande, elle-même engendrée par la rupture de l'équilibre balkanique, après les guerres de 1912-1913. Le projet fait l'objet de débats passionnés dans l'opinion, dans la presse et au Parlement. Les principaux opposants sont les socialistes et une partie des radicaux. Voir le dossier législatif : Loi des trois ans (Assemblée nationale) et Jean Jaurès et la défense nationale : discours sur la loi de 3 ans prononcé à la Chambre des Députés les 17 et 18 juin 1913 (Gallica). La loi est adoptée le 07.08.1913.

Les élections législatives des 26.04. et 10.05.1914

Résultats électoraux des élections législatives des 26 avril et 10 mai 1914 (Assemblée nationale)
Les élections législatives de 1914 sont remportées par la gauche (radicaux et socialistes). Le 13.06., René Viviani, nouveau président du Conseil, forme son gouvernement. Lors de sa session extraordinaire de déc. 1914, le Parlement décidera, pour des raisons de défense nationale, d'ajourner toutes les élections jusqu'à la fin de la guerre. La Chambre élue en mai 1914 (11è législature de la IIIè République) reste donc en place jusqu'au premières élections législatives de l'après-guerre, en nov. 1919. Voir à ce sujet La Chambre des députés en 1914 (Assemblée nationale).

Les socialistes contre la guerre

25 Juillet 1914 : à Vaise, l’ultime discours de Jaurès contre la guerre, cinq jours avant son assassinat (L'Humanité)
Lors d'un congrès exceptionnel de la SFIO (Parti socialiste) à Paris, les 14-16.07.1914, J. Jaurès fait voter, contre Jules Guesde et ses amis, la grève générale préventive contre la guerre. Son dernier discours, dit "Discours de Vaise", le 25.07, porte sur le même thème. Voir aussi son dernier article Sang-froid nécessaire, publié le 31.07. dans L'Humanité, journal quotidien de la SFIO dont il est le directeur.

Déclaration du Bureau socialiste international (L'Humanité, Gallica)
Déclaration du 29.07. : "Le Bureau socialiste international ... fait une obligation aux prolétaires de toutes les nations intéressées, non seulement de poursuivre, mais encore d'intensifier leurs démonstrations contre la guerre, pour la paix et pour le règlement arbitral du conflit austro-serbe."

Jaurès assassiné (L'Humanité, Gallica)
La Une de L'Humanité annonçant l'assassinat de J. Jaurès, à Paris le 31.08.1914.

 

L'Union sacrée (4 août 1914) et le gouvernement de guerre

Proclamation du Président de la République (Le Figaro, Gallica)
Le 01.08.1914, proclamation de Raymond Poincaré, affichée sur tous les murs, appelant à la mobilisation générale.

La session extraordinaire du Parlement, le 4 août

Séance du 4 août 1914 de la Chambre des députés et Séance du 4 août 1914 du Sénat (Journal officiel, Gallica)
Après l'entrée en guerre, Chambre des députés et Sénat sont convoqués le 04.08. en session extraordinaire. R. Viviani donne Communication d'un message de M. Président de la République, Raymond Poincaré : «..Dans la guerre qui s'engage, la France aura pour elle le droit, dont les peuples, non plus que les individus, ne sauraient impunément méconnaître l'éternelle puissance morale. Elle sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée...». Le Parlement déclare l'urgence, vote les pleins pouvoirs au gouvernement, adopte lois et décrets spéciaux et s'ajourne sine die, "en laissant à son président le soin de le convoquer, s'il y a lieu". Ecouter également : Discours de clôture de la séance, par René Viviani (Enregistrements sonores, Gallica).

Nouveau gouvernement (Les Communiqués officiels, Internet Archive)
Le 28.08., un gouvernement d'union nationale (2ème gouv. Viviani) s'ouvre au centre droit et à la droite républicaine, avec A. Briand, T. Delcassé, A. Ribot, A. Millerand,... et aux socialistes, avec J. Guesde et M. Sembat. C'est la première fois que des socialistes participent à un gouvernement depuis la création de la SFIO en 1905, réalisant ainsi dans les faits l'Union sacrée. La SFIO rompt alors avec un principe jusqu'ici fondamental de non-participation. Voir le manifeste dans lequel elle s'en explique (L'Humanité, Gallica, 28 août 1914).

La censure

Loi réprimant les indiscrétions de la presse en temps de guerre (Journal officiel, Gallica)
Loi adoptée le 05.08.1914. La censure de la presse est imposée par le gouvernement et le haut commandement à la fois pour empêcher la divulgation de secrets militaires et soutenir le moral des troupes et de l'arrière.

Contre la censure politique : pétition aux Chambres (Le Figaro, Gallica),
Cette pétition rendue publique le 25.08.1915 est signée par un très grand nombre de directeurs et rédacteurs en chef de journaux, associations de journalistes, députés et académiciens.

Sources gouvernementales

Bulletin officiel du Ministère de la guerre. Partie réglementaire - 1887-1916 (Gallica)

Les communiqués officiels depuis la déclaration de la guerre (Internet Archive)
Suite chronologique des dépêches du Gouvernement français sur la conduite de la guerre.

Papiers Raymond Poincaré (Gallica)
Notes journalières du président Poincaré durant les années 1913, 1914, 1915 et 1919.

 

Les relations entre exécutif et législatif : le  parlement de guerre, de l'effacement (1914) à la défense du régime parlementaire

La session extraordinaire du Parlement les 22 et 23.12.1914

Séance du 22 décembre 1914 et Séance du 23 décembre(Journal officiel, Gallica)
Le 04.08.1914, le Parlement s'était volontairement effacé. Pendant 5 mois, l'exécutif avait disposé de la plénitude des pouvoirs, en l'absence de tout contrôle des parlementaires, pour beaucoup partis au front. Pour ne pas mettre en danger la défense nationale, le gouvernement souhaitait qu'il s'ajourne jusqu’à la fin de la guerre. La séance extraordinaire de déc. 1914 met fin à cette période. L'action du gouvernement pendant l'automne est critiquée. Certes, l'union nationale est réaffirmée, les crédits de guerre provisoires et les décrets sur l'organisation militaire sont votés ; toutes les élections sont ajournées jusqu'à la fin de la guerre. Mais le Parlement s'avère décidé à retrouver ses fonctions normales et à partager la conduite de la guerre avec le gouvernement. Voir aussi Discours de M. Paul Deschanel, président de la Chambre des députés, et Discours de M. René Viviani (Enregistrements sonores, Gallica).

La session ordinaire de janvier 1915 et le régime parlementaire

Séance du 12 janvier 1915 de la Chambre des députés et Séance du 12 janvier 1915 du Sénat (Journal officiel, Gallica)
A partir de 1915, les relations entre législatif et exécutif sont un point de crispation majeur, mais la 1ère session ordinaire du Parlement se déroule normalement. Le gouvernement consent à proroger celui-ci à condition qu'il ne siège pas. Plusieurs parlementaires exigent que le gouvernement rende des comptes. Le sénateur Georges Clemenceau mène campagne dans son journal L'Homme enchaîné pour le droit du Parlement à siéger normalement. Voir : Les responsabilités du Parlement, Contrôlé par lui-même, La session parlementaire, Esthètes de gouvernement, "Parlement platonique", Le Parlement debout, Au coin du bois, Pétition (Gallica). Le gouvernement cède finalement : les Chambres obtiennent de siéger en permanence jusqu’à la fin de la guerre. Ecouter aussi le Discours prononcé par Paul Deschanel, président de la Chambre des députés, le 5 août 1915 (Enregistrements sonores, Gallica).

 Le "repli" sur les commissions parlementaires (1915-....)

Le travail en commission (Assemblée nationale) et 1914-1918 : La Grande Guerre vue du Sénat (Sénat).
Procès-verbaux et rapports en ligne des principales commissions de la Chambre des députés et du Sénat entre 1914 et 1919. Les parlementaires sont soucieux de ne plus laisser au seul gouvernement la conduite de la guerre et du pays. Mais ils sont également conscients du danger que la publicité de leurs débats représente pour la nation. Sur les questions sensibles, la vie parlementaire se déplace vers les commissions. Celles-ci jouent un rôle croissant et fournisssent un travail considérable, particulièrement les commissions du Budget, des Affaires étrangères et de l'Armée. Un double système se met donc en place : séances publiques pour les débats ne représentant aucun danger pour la défense nationale, d'une part ; travail des commissions, de l'autre.

 

Les relations entre pouvoir civil et pouvoir militaire : imposer le contrôle aux armées

Dès août 1914, le pouvoir civil s'efface devant le pouvoir militaire. Le décret du 02.12.1915 créant un Commandement en chef des Armées françaises confère une position capitale dans la direction de la guerre au général Joffre. Le général Nivelle décrit ainsi les rapports entre gouvernement et commandement : "Joffre était le directeur de la guerre, l'influence du gouvernement se faisait peu sentir" (17.01.1917, Les Armées françaises dans la Grande guerre). Gouvernement, commandement et opinion publique sont hostiles au contrôle parlementaire sur les armées ; jusqu'à la fin de 1915, les Chambres hésitent à le réclamer ; pour le commandement, les visites des députés "nuisent à la discipline". Les récits sur le front des députés-soldats, l'opiniâtreté de parlementaires comme Abel Ferry, Victor Dalbiez, Georges Clemenceau ou André Tardieu, font évoluer la situation.

Grand Quartier Général 1914-1918 (Archives de la Défense)
Répertoire détaillé des archives du Grand Quartier général, outil de commandement du général commandant en chef les armées, sitôt la mobilisation annoncée. Sous-série GR 16 NN.

Les armées françaises dans la Grande Guerre (Gallica)
Publication du Ministère de la guerre, état-major de l'armée, service historique, en 11 divisions (81 volumes) parues entre 1922 et 1939.

Bulletin des armées de la République : réservé à la zone des armées (Gallica)
Bulletin quotidien puis hebdomadaire, dont la création a été décidée par le gouvernement. Paru entre le 15.08.1914 et déc. 1917.

Les commissions de l'Armée (1915-....)

Commission de l'Armée de la Chambre des députés (1914 - 1919) (Assemblée nationale) et Commission de l'Armée du Sénat (Sénat)
Procès-verbaux et rapports en ligne. Les commissions de l'Armée des deux Chambres décident qu'elles ont le droit et le devoir de contrôler le gouvernement et les armées dans trois domaines : gestion des armes et munitions, marchés avec les fournisseurs privés, et surtout utilisation des hommes au front ; elles veulent instaurer un véritable système d'inspection. Leurs relations avec le gouvernement tournent parfois à l'affrontement, mais elles cherchent aussi à l'informer et l'aident à dénoncer les incohérences et les exigences du haut commandement.

Rapport fait au nom de la Commission de l'Armée [..] concernant le contrôle sur toutes les forces nationales mobilisées (Impressions, Chambre des députés, Gallica)
Rapport du député A. Ferry (séance du 15.02.1916).

Rapport fait au nom de la Commssion de l'Armée concernant l'organisation des relations, pendant la guerre, des pouvoirs publics avec le commandement militaire [...] et la création du contrôle aux armées et dans la zone de l'intérieur (Impressions, Chambre des députés, Gallica)
Rapport du député A. Tardieu (séance du 13.07.1916). 

Les comités secrets (1916-1917)

Comités secrets de la Chambre des députés (Assemblée nationale) et Archives des Comités secrets (Sénat)
Comptes rendus intégraux des séances de tous les comités secrets. Le recours aux seules commissions s'avère finalement insuffisant : le Parlement n'est plus correctement informé, il ne peut plus auditionner les ministres ni contrôler l'exécutif. En 1916, la bataille de Verdun, les erreurs du haut commandement le poussent vers une sorte de révolte. Le président du Conseil, Aristide Briand, est contraint d'accepter le débat : c'est le premier comité secret (16-22.06.). Lors de la séance du 22.06. (Journal officiel, Gallica), la Chambre exige "une unité de direction de la guerre sous le contrôle des pouvoirs publics". Elle décide d'instituer une "délégation directe qui exercera avec le concours du gouvernement le contrôle effectif et sur place de tous les services ayant la mission de pouvoir aux besoins de l'armée". En 1916-1917, la Chambre tient 8 comités secrets, le Sénat 3.

La mise en place définitive du contrôle

Adoption d'une proposition de résolution (Journal officiel, Gallica)
Suite à cette résolution du 27.07.1916, le contrôle parlementaire aux armées est mis en place, à partir du mois d'août. Le gouvernement Briand et le haut commandement tentent d'en réduire les conséquences au maximum. Il faudra des mois pour faire fonctionner le contrôle et l'opposition est maintenant ouverte entre parlement et haut commandement.

Rapport fait au nom de la Commission chargée d'examiner le projet de loi autorisant le gouvernement jusqu'à la cessation des hostilités, à prendre toutes les mesures commandées par les nécessités de la défense nationale par M. Maurice Viollette (Journal officiel, Gallica)
Rapport présenté à la Chambre (séance du 29.12.1916). En déc. 1916, le ministre A. Ribot dépose un projet de loi tendant à soustraire le gouvernement au contrôle parlementaire pour tout ce qui concerne l'économie de guerre, au prétexte qu'il ralentirait son travail. Dans son rapport, le député Viollette démonte l'accusation, et accuse en retour le gouvernement de porter atteinte au pouvoir législatif. Il dresse un tableau positif du travail réalisé par le Parlement. Le projet de loi est retiré.

Le contrôle parlementaire aux armées : circulaire du Ministère de la Guerre (Le Petit Parisien, Gallica, 01.11.1917)
En 1917, c'est une nouvelle crise militaire qui précipite la mise en place définitive du contrôle aux armées : la bataille du Chemin des Dames (16.04.1917), sous les ordres du général Nivelle. Les conditions de l'offensive sont tellement déplorables que le gouvernement Painlevé, prenant conscience de la situation, répond aux demandes du Parlement. La circulaire n° 3583 du 12.10.1917 du Ministère de la Guerre peut être considérée comme la charte définitive du contrôle aux armées et d'une nouvelle collaboration entre exécutif et législatif dans la conduite de la guerre.

Rapport sur les travaux de la Commission de l'Armée pendant la guerre 1914-1918 - Rapport général (Impressions, Chambre des députés, Gallica)
Rapport du député V. Dalbiez (19.10.1919) : bilan détaillé de l'action de la Commission pour le contrôle parlementaire, pendant la guerre, et des difficiles conditions dans lesquelles elle a dû travailler.

 

Discours de Mr Paul Deschanel : Les commandements de la patrie (Enregistrements sonores, Gallica)
Discours prononcé à l'Institut le 25.10.1916.

 

L'opposition à la guerre

La dénonciation de la guerre (1914-1916)

Au-dessus de la mêlée (Journal de Genève)
A partir du 22.09.1914, l'écrivain Romain Rolland publie dans Le Journal de Genève une suite d'articles dénonçant la guerre.

Rapport de la Fédération socialiste de la Haute-Vienne (1915) (La Bataille socialiste)
Ce texte, adopté le 09.05.1915, marque l’apparition d’une minorité interne opposée à la politique de la direction de la SFIO, qui deviendra majoritaire en 1918. Il affirme le désir d’une paix rapide, une protestation contre le chauvinisme de certains membres du Parti, une dénonciation de la censure, un rappel des décisions de congrès. Le rapport de la Haute-Vienne fait une forte impression.

La Conférence de Zimmerwald : Compte rendu officiel et Manifeste (Marxists Internet Archive)
Conférence internationale tenue les 05-08.09.1915 au cours de laquelle 38 socialistes européens (dont Lénine et deux syndicalistes français) rédigent un manifeste appelant au « rétablissement de la paix entre les peuples, […] sans annexions ni indemnités de guerre ». Lénine y appelle à la grève générale.

L'année 1917 : "défaitisme", mutineries et pacifisme

1917 est une année de crise. A l'arrière, les conditions de vies s'aggravent, la pénurie menace. Des grèves, de plus en plus nombreuses, naissent dans les usines. Sur le front, des mutineries éclatent, surtout après l'échec de la bataille du Chemin des Dames. Les sentiments pacifistes progressent. Les crises gouvernementales se succèdent (gouvernements Briand, Ribot, Painlevé) et l'Union sacrée se dissoud : les socialistes sortent du gouvernement.

Lettre de Pétain au ministre de la guerre, 29 mai 1917 (Les mutineries de 1917, Dossier La Première Guerre mondiale, BDIC)
Dans cette lettre adressée à Paul Painlevé, le général Pétain rend compte de la multiplications des actes d’indiscipline sur le front. Fonds Bonnet rouge, F delta res 0080/05/04/001. Voir aussi quelques documents de l'année 1917 en relations avec les mutineries sur le front.

La séance du 16 juin 1917 au Sénat et La séance du 16 juin 1917 de la Commission de l'armée sur la situation générale (Sénat)
Séance de la Commission de l'Armée du Sénat sur la situation générale en 1917 et sur la menace pacifiste : "Tracts anarchistes et pacifistes, non communication de documents de la Sûreté générale ; auditions de MM. Ribot (Président du Conseil), Painlevé (ministre de la Guerre), et Malvy (ministre de l’Intérieur) sur la propagande anarchiste et pacifiste". Au milieu du mois de juin, la commission sénatoriale de l'Armée s'inquiète de la propagande pacifiste aux armées. Le 16.06., elle entend le gouvernement sur les "menées anarchistes et pacifiques". Le même jour, elle décide de créer une sous-commission de la Sûreté nationale, présidée par Clemenceau.

Les menées antipatriotiques : le discours de Georges Clemenceau (L'Homme enchaîné, Gallica)
Réquisitoire prononcé le 22.07.1917 devant le Sénat, dans lequel G. Clemenceau, en patriote intransigeant, fustige tous ceux qui mettent en cause l'unité du pays face à l'ennemi : le groupe socialiste, les organisations ouvrières qui fomentent des grèves alors que les soldats sont au front, les pacifistes et leur propagande antipatriotique. Il s'en prend enfin à Louis Malvy, ancien ministre de l'Intérieur, qu'il accuse d'indulgence envers les ennemis intérieurs, et qui sera, sous son ministère, accusé faussement du crime de trahison. Il manifeste une véritable haine à l’encontre des défaitistes, auxquels il associe les pacifistes. Durant cette année 1917, nombres des éditoriaux de son journal L'Homme enchaîné lancent les mêmes attaques.

 

Le retour du pouvoir civil : le gouvernement Clemenceau et la Victoire (nov. 1917-nov. 1918)

Déclaration du gouvernement : Mr Georges Clemenceau, président du Conseil, ministre de la Guerre (Journal officiel, Gallica)
Le 14.11., le président Poincaré, convaincu qu'il faut un homme fort pour mener la guerre à son terme, nomme G. Clemenceau, qu'il n'aime guère, président du Conseil et ministre de la Guerre. Ce discours d'investiture du 20.11., qui reçoit largement la confiance du Parlement, marque le début d'une nette inflexion dans la conduite de la guerre, à laquelle les Français adhèrent. Entre nov. 1917 et nov. 1918, G. Clemenceau parvient à mettre fin aux doutes, rejette toute idée de négociation ou de paix anticipée, fait partager sa résolution à une majorité. Les grèves qui éclatent en 1918 ne mettent pas en cause l’objectif de la victoire. Par ailleurs, G. Clemenceau, qui "milita" beaucoup au Sénat entre 1914 et 1917 pour le contrôle parlementaire aux armées, est convaincu que le Parlement doit être au centre de la démocratie en temps de guerre. Devenu président du Conseil, il répond aux demandes d'audition du Parlement et accepte plusieurs fois, jusqu'à la fin de 1918, de solliciter la confiance du Parlement pour sa politique.

Georges Clemenceau : Discours de guerre (Impressions, Chambre des députés, Gallica)
Ensemble des discours prononcés entre le 21.05.1913 et le 30.06.1919.

Projet de loi complètant les dispositions du Code de justice militaire pour l'armée de terre, en ce qui concerne les fautes commises par les officiers généraux dans l'exercice de leur commandement aux armées (Journal officiel, Gallica)
Projet déposé par G. Clemenceau lors de la séance du 23.07.1918 de la Chambre des députés. C'est sous son gouvernement que le contrôle parlementaire aux armées devient réellement effectif. G. Clemenceau lui-même, qui s'est si souvent rendu dans les tranchées, continue de le défendre une fois au pouvoir. Cet accord avec le Parlement apparaît clairement dans l'affaire des sanctions contre les généraux coupables de la défaite du Chemin des Dames. On avait vu grandir la volonté des parlementaires de sanctionner les chefs militaires incompétents et désobéissants. Son projet de loi propose de rétrograder et de sanctionner les chefs qui ont fait preuve d'une dangereuse incompétence.

Georges Clemenceau : « Je fais la guerre » (Assemblée nationale)
Discours du président du Conseil devant la Chambre, le 08.03.1918.

La séance du 11 novembre 1918 (Assemblée nationale)
Séance du Parlement. Lecture par G. Clemenceau, président du Conseil, des conditions de l'armistice signée le matin même, et discours de G. Clemenceau et P. Deschanel ; vote d'un hommage national aux artisans de la victoire. Pour plus de détails, voir 1ère séance du 11 novembre 1918 - Chambre des députés (Journal officiel, Gallica) et Séance du 11 novembre 1918 - Sénat (Journal officiel, Gallica).

 

Sources :
-Anizan, Anne-Laure. - 1914-1918, le gouvernement de guerre. - Histoire@Politique. Politique, culture, société. - (2014-01/04)n°22.
-Baumont, Michel. - Abel Ferry et les étapes du contrôle aux armées, 1914-1918. - Revue d'histoire moderne et contemporaine <P 8°0364>. - (1968-01/03)vol.15, p.162-208.
-Bock, Fabienne. - Un parlementarisme de guerre : 1914-1919. - Paris : Belin, 2002. - 350 p.
-Bonnefous, Georges. - Histoire politique de la Troisième République. Tome second. La grande guerre (1914-1918). - 2e éd. aug. - Paris : Presses universitaires de France, 1967. - XII-488 p.
-Bourson, Pierre-Alexandre. - La IIIe République : 1870-1940, histoire chronologique. - Paris : Godefroy de Bouillon. - 2010. - 214 p.
-Chronologie 1914-1918 (Assemblée nationale).
-Pedroncini, Guy. - Les rapports du gouvernement et du haut commandement en France en 1917. - Revue d’histoire moderne et contemporaine. -  (1968)vol.15, p. 122-132.
-Roussellier, Nicolas. - Le Parlement français et la Première Guerre mondiale. - Parlement[s]. - (2008-02)n°10, p. 13-30.

Mis à jour le 22/09/2016

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