Gagner la guerre (1914-1918) : la République de l’Union sacrée à la Victoire

Chronologie

1913

  • 17 janv. : Raymond Poincaré élu président de la République.
  • 19 juil. : vote, par 358 voix contre 204 avec l'appui de la droite contre les deux-tiers des députés radicaux-socialistes et la SFIO, de la loi dite loi des trois ans. Celle-ci augmente la durée du service militaire de deux à trois ans en vue de préparer l'armée française à une guerre éventuelle avec l'Allemagne. L'abrogation de cette loi est par la suite l'un des thèmes de la campagne des élections législatives d'avr.-mai 1914.

1914

  • 26 avr.-10 mai : élections législatives. Lors de la session extraordinaire du Parlement des 22-23 déc. 1914, il est décidé, pour des raisons de défense nationale, d'ajourner toutes les élections jusqu'à la fin de la guerre. La Chambre élue les 26 avr. et 10 mai 1914 reste donc en place jusqu'aux premières élections législatives de l'après-guerre, en nov. 1919.
  • 9 juin : Alexandre Ribot président du Conseil.
  • 13 juin : René Viviani président du Conseil.
  • 28 juin : assassinat de l'archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, par un nationaliste serbe. Événement déclencheur de la Première Guerre mondiale.
  • 14-16 juil. : congrès exceptionnel de la SFIO (Parti socialiste) à Paris. Jean Jaurès fait voter, contre Jules Guesde et ses amis, la grève générale préventive contre la guerre.
  • 29 juil. : déclaration du Bureau socialiste international demandant « aux prolétaires de toutes les nations intéressées, non seulement de poursuivre, mais encore d'intensifier leurs démonstrations contre la guerre, pour la paix et pour le règlement arbitral du conflit austro-serbe ».
  • 31 juil. : assassinat du dirigeant socialiste J. Jaurès. Ultimatum allemand à la France.
  • 1er août : ordre de mobilisation générale en Allemagne, qui déclare la guerre à la Russie.
  • 2 août : ordre de mobilisation générale en France. L’armée allemande envahit le Luxembourg.
  • 3 août : l'Allemagne déclare la guerre à la France.
  • 4 août : session extraordinaire du Sénat et de la Chambre des députés, lors de laquelle R. Viviani, président du Conseil, lit un message du président R. Poincaré appelant à l'Union Sacrée. Le Parlement déclare l'urgence, vote à l’unanimité les pleins pouvoirs au gouvernement et les crédits de guerre, adopte plusieurs lois spéciales, dont l’une instaure la censure. Le Parlement s’ajourne sine die jusqu’au 22 déc.
    L'armée allemande envahit la Belgique pour contourner l'armée française.
  • 11 août : la France déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie, suivie par l’Angleterre le 13.
  • 26 août : remaniement du gouvernement René Viviani. Le nouveau gouvernement d'union nationale s'ouvre au centre droit, à la droite républicaine et aux socialistes (Jules Guesde et Marcel Sembat). C'est la première fois que des socialistes participent à un gouvernement français depuis la création de la SFIO en 1905, réalisant ainsi dans les faits l'Union sacrée. 
  • 29 août - 2 sept. : le gouvernement français quitte Paris, menacé par l'avancée allemande, et s'installe à Bordeaux, laissant la capitale sous le gouvernement militaire du général Gallieni.
  • 6-12 sept. : contre-offensive française, bataille de la Marne.
  • 13 sept. : décret sur la première émission des bons de la défense nationale (4 %). A compter de cette date, le Trésor émet, de manière permanente et sans plafonnement, des bons auprès du grand public.
  • 22 sept. : Romain Rolland publie Au dessus de la mêlée dans le Journal de Genève.
  • Nov. : stabilisation du front de la mer du Nord à la Suisse, début de la guerre de tranchée.
  • 8 déc. : le gouvernement et le Parlement regagnent Paris.
  • 22 et 23 déc. : session extraordinaire des Chambres, à Paris, convoquée par le président Poincaré. Pendant 5 mois, le président et le gouvernement ont disposé de la plénitude des pouvoirs, en l'absence de tout contrôle des parlementaires, pour beaucoup partis au front. Ils souhaitent limiter l’action du Parlement et obtenir un nouvel ajournement des séances. La tension règne entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif.

1915

  • 12 janv. : session ordinaire du Parlement. Le gouvernement ne parvient pas à obtenir de celui-ci qu’il s’ajourne à nouveau. Il consent tout d'abord à proroger les Chambres à condition qu'elles ne siègent pas. Les Chambres obtiennent finalement de siéger désormais en permanence, jusqu’à la fin de la guerre.
  • Fév.-mars : échec de la tentative de percée française en Champagne.
  • 23 mai : entrée en guerre de l’Italie aux côtés des alliés.
  • 26 juin : adoption par la Chambre des députés de la loi Dalbiez ayant pour objet d'assurer la juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés ou mobilisables.
  • 26 août : la Chambre vote une nouvelle hausse des crédits militaires.
  • 5-8 sept. : conférence socialiste internationale de Zimmerwald, en Suisse : manifeste appelant au « rétablissement de la paix entre les peuples sans annexions ni indemnités de guerre ».
  • 6 sept. : décret instituant les cours martiales concernant les délits commis par les soldats.
  • 25 sept. : seconde bataille de Champagne, elle laisse 138 576 hommes hors de combat, c'est un échec.
  • 29 oct. : démission du gouvernement Viviani, formation du gouvernement Aristide Briand. Le général Gallieni nommé ministre de la Guerre en remplacement d’Alexandre Millerand, critiqué pour avoir trop protégé le Grand Quartier Général et le général Joffre contre les attaques des parlementaires qui concernaient notamment le contrôle parlementaire aux armées. Le socialiste Albert Thomas entre au gouvernement.
  • 5 nov. : Georges Clemenceau élu président de la Commission des affaires étrangères du Sénat.
  • 25 nov. : lancement du premier grand emprunt de la guerre sous le nom d’Emprunt de la victoire.
  • 2 déc. : le général Joffre est nommé par décret Commandant en chef de toutes les armées françaises en Europe.

1916

  • 21 fév. : début de la bataille de Verdun.
  • 16 mars : au ministère de la guerre, le général Roques succède au général Gallieni, démissionnaire, qui décède le 26 mai.
  • 24-30 avr. : conférence socialiste internationale de Kienthal.
  • 1er mai : le général Pétain nommé commandant de l'armée du centre. Remplacé à Verdun par le général Nivelle.
  • 16-22 juin : premier comité secret, à la Chambre des députés. Gouvernement et commandement sont hostiles au contrôle des armées, et jusqu'à la fin de 1915, la Chambre hésite à le réclamer. La bataille de Verdun change tout, en faisant éclater au grand jour l’impréparation de l'armée française. Le président du Conseil, Aristide Briand, est finalement contraint à accepter que la question soit débattue devant l’ensemble de la Chambre : c'est le 1er comité secret. En 1916 et 1917, la Chambre tiendra en tout 9 comités secrets, le Sénat 4. Ils cessent de fonctionner sous le gouvernement Clemenceau.
  • 1er juil. : début de la bataille de la Somme.
  • 27 juil. : adoption par le Parlement d’une résolution sur le contrôle parlementaire aux armées, qui est mis en place à partir du mois d'août 1916. Mais il faudra des mois pour le faire fonctionner et l'opposition est maintenant ouverte entre parlement et haut commandement.
  • Nov. : parution du roman autobiographique d'Henri Barbusse Le Feu (Journal d’une escouade). Tiré de ses carnets de guerre, ce roman révèle à ceux de l'arrière le vrai quotidien des poilus. Il reçoit le Prix Goncourt cette même année.
  • 28 nov.-7 déc. : 3ème comité secret de la Chambre des députés, consacré à la question du haut commandement et à la condamnation de ses méthodes.
  • 12 déc. : remaniement du gouvernement Briand, réduit à 10 membres au lieu de 23. Le général Lyautey est nommé ministre de la guerre.
  • 18 déc.: fin de la bataille de Verdun. Le bilan est de 162 000 tués et de 216 000 blessés évacués côté français et de 350 000 tués, blessés ou disparus côté allemand. Plus de 60 millions d'obus ont été tirés dans le secteur.
  • 25 déc. : le général Joffre est nommé maréchal de France, et remplacé par le général Nivelle à la tête des armées.

1917

  • 8 janvier : début d'un important mouvement de grèves à Paris et en province touchant jusqu'aux usines d'armement.
  • 8-12 mars : « Révolution de février » en Russie, renversement du pouvoir tsariste.
  • 14-20 mars : pris à partie à la Chambre des députés, le  général Lyautey démissionne de son poste de ministre de la guerre ; 3 jours plus tard, le gouvernement Briand démissionne. Le 20 mars, Alexandre Ribot est nommé président du Conseil.
  • 6 avr. : le Congrès américain vote l'entrée en guerre des États-Unis au côté des Alliés.
  • 16 avr. : début de l'offensive du général Nivelle au Chemin des Dames.
  • Mai-juin : nouveaux mouvements de grèves.
  • 4 mai : échec de l'offensive Nivelle au Chemin des Dames.
  • 15 mai : le gouvernement relève le général Nivelle de son commandement. Le général Pétain le remplace à la tête des armées du nord et du nord-est. Le général Foch est nommé chef d'état-major général au ministère de la guerre.
  • 20 mai : début des mutineries dans l'armée française. De nombreux soldats sont exécutés par répression.
  • 4 juin : la Chambre vote la confiance au gouvernement pour la poursuite de la guerre jusqu’à la restitution de l’Alsace-Lorraine.
  • 22 juil. : discours de G. Clemenceau devant le Sénat dans lequel il dénonce le « défaitisme », l'antipatriotisme.
  • 7 sept. : le gouvernement Ribot démissionne en raison de l'affaire Malvy.
  • 12 sept. : Paul Painlevé, nommé président du Conseil, forme un gouvernement sans participation socialiste : c’est la rupture de l'Union sacrée.
  • 12 oct. : après l’échec du Chemin des Dames, la circulaire n° 3583 du Ministère de la Guerre relative au contrôle parlementaire aux armées peut être considérée comme la charte définitive du contrôle, mais aussi d'une nouvelle collaboration entre le gouvernement et le parlement.
  • 7 nov. : début de la 2ème révolution russe, dite « Révolution d'Octobre ».
  • 15 nov. : le cabinet Painlevé est renversé par la Chambre.
  • 16 nov. : G. Clemenceau président du Conseil. Censure, chasse aux « embusqués », visites aux tranchées.

1918

  • 8 janv. : le président Wilson annonce son programme de paix en « Quatorze points ».
  • 14 janv. : l'ancien ministre Joseph Caillaux, accusé d'« espionnage et trahison », est arrêté et comparaît devant le Sénat constitué en Haute Cour.
  • 3 mars : signature du traité de Brest-Litovsk : paix séparée entre l’Empire allemand et la Russie bolchévique.
  • Mars-mai : nouveaux mouvements de grèves.
  • Mars-juil. : grande bataille de France.
  • 26 mars : le général Foch est nommé commandant-en-chef du front de l'Ouest, avec le titre de généralissime. Le 14 avril, il est nommé commandant en chef des armées alliées.
  • 15 juil. : offensive allemande en Champagne.
  • 18 juil. : seconde bataille de la Marne.
  • 23 juil. : G. Clemenceau dépose un projet de loi « complétant les dispositions du Code de justice militaire pour l'armée de terre, en ce qui concerne les fautes commises par les officiers généraux dans l'exercice de leur commandement aux armées », afin de sanctionner les officiers incompétents et désobéissants.
  • Oct. : lancement par l'État du quatrième emprunt de la Défense nationale appelé Emprunt de la victoire.
  • 1er oct. : épidémie de grippe espagnole qui fait plus de 1 000 morts en une semaine.
  • 11 nov. : signature de l'armistice à côté de Rethondes, en forêt de Compiègne.
  • 29 déc. : à la suite du débat de politique étrangère, le gouvernement Clemenceau obtient la confiance par 386 voix contre 89.

1919

  • 28 juin : signature du traité de Versailles dans la galerie des glaces du château. L'Alsace-Lorraine est restituée à la France. Le paiement de réparations est imposé à l'Allemagne.
  • 30 juin : Clemenceau présente le traité à la Chambre des députés.
  • 10 oct. : vote sur la publication des procès-verbaux des comités secrets tenus pendant la guerre.
  • 16 nov. : victoire du Bloc national (droite et centre-droit) aux élections législatives : 319 élus, dont 183 à l'Entente républicaine et démocratique, 29 aux Indépendants, 46 à l'Action républicaine et sociale, 61 aux Républicains de gauche. La gauche comprend 68 élus de la SFIO, 86 radicaux-socialistes, 26 républicains socialistes.

1920

  • 16 janv. : G. Clemenceau, devancé par Paul Deschanel (389 voix contre 408), à la réunion du Palais du Luxembourg, retire sa candidature à l'élection présidentielle.
  • 17 janv. : Paul Deschanel est élu président de la République.
  • 18 janv. : démission du gouvernement Clemenceau.

 

Sources :
-Bock, Fabienne. - Un parlementarisme de guerre : 1914-1919. - Paris : Belin, 2002. - 350 p.
-Bonnefous, Georges. - Histoire politique de la Troisième République. Tome second. La grande guerre (1914-1918). - 2e éd. aug. - Paris : Presses universitaires de France, 1967. - XII-488 p.
-Bourson, Pierre-Alexandre. - La IIIe République : 1870-1940, histoire chronologique. - Paris : Godefroy de Bouillon. - 2010. - 214 p.
-Chronologie 1914-1918 (Assemblée nationale).
-Phan, Bernard. -  Chronologie de la Première guerre mondiale. - Paris : Éd. Points, 2010. - 181 p.

Mis à jour le 22/09/2016

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