Le séminaire Arts & Sociétés se consacre au monde des représentations visuelles. Il reçoit des chercheurs et des chercheuses en sciences humaines et sociales (histoire de l’art, histoire, anthropologie, philosophie, littérature, droit…) dont les travaux en cours sur des questions essentielles contribuent à enrichir les savoirs et pratiques des étudiantes et des étudiants engagés dans la préparation d’un mémoire ou d’une thèse de doctorat.
Laurence Bertrand Dorléac et Thibault Boulvain
Les séminaires se tiennent en format hybride (mi-présentiel/mi-zoom).
Merci de vous inscrire en ligne.
Calendrier 2022-2023
1. 26/10/2022 | Franck LEIBOVICI et Julien SEROUSSI
Une œuvre-enquête
Julien Seroussi a été analyste aux Chambres à la Cour pénale internationale, à La Haye. Franck Leibovici fait le pari que les pratiques de l’art et de la poésie peuvent modifier nos manières de faire, tout autant que celles des sciences sociales et du droit offrent à l’art et à la poésie la possibilité non plus seulement de représenter les choses, mais d’agir en leur cœur même. En collaboration avec la CPI, ils élaborent ensemble des dispositifs matériels qui encapsulent des gestes issus de différentes disciplines pour faire faire aux juristes des gestes de vision et de description inattendus.
2. 23/11/2022 | Alice THOMINE-BERRADA
Préparer l’exposition « À travers les Beaux-Arts »
Depuis la fin du XVIIIe siècle, l’École des beaux-arts a été traversée par plusieurs dizaines de millier d’aspirants-artistes : leurs parcours incarnent chacun à leur façon la réalité, aussi complexe que diverse, de la formation qu’elle a prodiguée. Cette exposition, qui se tiendra au Palais des Beaux-Arts à l’automne 2023, a pour ambition, à partir de trajectoires individuelles sélectionnées pour leur exemplarité – hommes ou femmes, français ou étrangers, célèbres ou non, académiques ou modernes – de renouveler la perception du rôle joué par l’École des beaux-arts dans l’histoire de l’art et de l’apprentissage artistique. Ce séminaire sera l’occasion d’évoquer les problématiques particulières que soulève la préparation d’une exposition consacrée aux mécanismes de transmission abrités par une institution légendaire.
Alice Thomine-Berrada est conservatrice en chef du Patrimoine. Archiviste- paléographe, diplômée de l’École du patrimoine et docteur de l’École pratique des Hautes-Études, elle a consacré de nombreuses publications à l’art et l’architecture du XIXe siècle. Depuis 2018, date de son arrivée au service des collections des Beaux-Arts de Paris en tant que responsable de la collection de peintures, sculptures et objets, ses recherches portent principalement sur l’histoire de l’École des beaux-arts de Paris.
3. 07/12/2022 | Alexis ANNE-BRAUN
Réparer les œuvres et réparer les gens. Réflexions ontologiques et éthiques sur l’activation des œuvres d’art
Dans son dernier essai De la liberté. Quatre chants sur le soin et la contrainte, l’autrice américaine Maggie Nelson mène une réflexion croisée sur les pratiques réparatrices en art : Pourquoi et comment l’art devrait-il prendre soin des gens ? Que se passe-t-il lorsque le soin accordé à son art diminue l’attention qu’il faut aussi accorder aux autres et à leur vulnérabilité ? L’impératif de protéger les œuvres et de les réparer peut-il entrer en conflit avec l’impératif de protéger les gens ? Je propose d’éclairer ces questionnements éthiques à la lumière d’un concept à l’œuvre dans la dernière philosophie de l’art de Nelson Goodman, le concept « d’activation artistique ».
Après avoir obtenu un doctorat de philosophie à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne avec une thèse portant sur la théorie des symboles de Nelson Goodman, Alexis Anne-Braun est, depuis septembre 2022, maitre de conférences en esthétique et philosophie de l’art à l’ENS-Ulm. Il mène par ailleurs des activités de commissariat d’exposition et de performances.
4. 04/01/2023 | Alain SCHNAPP
Les Grecs, les Étrusques et l’image
À Ischia, au VIIIème siècle avant notre ère, un artisan décore une amphore avec l’image d’un lion qui rêve à sa proie, et cet acte, pour qui regarde le vase, ouvre la possibilité de partager le rêve du lion. Toutefois, est-il encore possible pour nous de retrouver un rêve aussi ancien et jusqu’à quel point peut-il être interprété ? Le lion qui rêve comme les satyres qui gambadent sur la panse des vases nous disent-ils quelque chose de la société qui les a imaginés ? Cette séance sera consacrée à l’imaginaire visuel des Grecs et des Étrusques, à travers l’œuvre de François Lissarrague et celle, non traduite en français, de Bruno d’Agostino et Luca Cerchiai.
Alain Schnapp est Professeur émérite d’archéologie à l’université de Paris I et chercheur à la Maison de l’archéologie et de l’ethnologie ParisI/ Paris Ouest/ CNRS. Il a contribué avec S. Cleuziou, A. Coudart et J.P Demoule à la réforme de l’archéologie en France et à la fondation de l’INRAP (Institut National d’archéologie Préventive). Il a été directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie de l’université Paris I et directeur général de l’INHA. Son travail porte sur l’archéologie des cités grecques, l’iconographie et l’histoire de l’archéologie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages ainsi que de nombreuses études spécialisées sur l’iconographie du monde grec, les fouilles des sites de Laos (Calabre), Eleftherna et Itanos (Crète). Il a dirigé le programme européen « archives de l’archéologie (AREA). Il a enseigné et poursuivi ses recherches dans de nombreuses universités européennes et américaines : Cambridge (GB), Aarhus, Naples (Istituto Orientale), Pérouse, Heidelberg, Bâle, Cologne, Berlin (Wissenschafts Kolleg) Princeton, Los Angeles (Getty Research Institute), Stanford. Parmi ses publications : Le chasseur et la cité, chasse et érotique en Grèce ancienne, 1997 ; Ruines, essai de perspective comparée, 2015 ; Journal de la commune étudiante, avec P. Vidal-Naquet,Paris 2018 ( 3° édition) ; La conquête du passé, 2020, (3° édition) ; Une histoire universelle des ruines, 2020.
5. 08/02/2023 | Hélène GHEYSENS
Psycho-politique de l’espace public : les questionnements de Lea Lublin (1929-1999)
Née en Pologne puis formée entre l’Argentine et la France, Lea Lublin se nourrit des recherches marxistes et psychanalytiques, afin de questionner l’espace public au travers de l’action artistique. Qu’elle en intègre les signes dans ses peintures, puis qu’elle prenne possession de l’espace lui-même par ses performances, ses sculptures et ses parcours orientés, elle ne cesse d’interroger la relation complexe entre construction de la conscience, et sémiotique urbaine et médiatique. Embrassant les combats de son temps : affirmation d’une culture extra-occidentale, non-alignement durant la guerre froide, démocratisation de l’art, revendications féministes, Lea Lublin propose de penser une éthique non dogmatique de la création.
Hélène Gheysens termine une thèse consacrée à l’œuvre de Lea Lublin au prisme des études culturelles, à Paris I Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Pascal Rousseau. En 2019, elle a été́ co-curatrice à l’Institut National d’Histoire de l’Art de l’exposition AntipsychiARTrie, relations entre art et antipsychiatrie depuis 1960. Elle est la fondatrice de la Mission Recherche des Amis du Centre Pompidou, un dispositif d’accompagnement des chercheurs auprès du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou. Elle a contribué́ à différents outils archivistiques, revues et publications, tels que la base de données du CNAP, le site Aware Women Artists, la revue Artpress, les Cahiers du Mnam, Histo.Art, des catalogues et textes d’expositions.
6. 22/03/2023 | Soersha DYON
Sérialité et marché dans les ateliers parisiens de la Renaissance : l’exemple de la moresque
La moresque est un ornement nouveau qui a émergé en Italie à la fin du XVe siècle et qui a connu un fort succès en Europe à la Renaissance, notamment en France. Souvent citée comme symbole des échanges culturels entre l’Europe et le Moyen-Orient, la moresque permet, au-delà de cette dimension, d’appréhender le rôle de l’objet et du marchand dans la diffusion du langage ornemental, et de comprendre la relation entre l’estampe et l’objet. Situer ainsi l’histoire de la moresque au croisement de la pratique d’atelier et de la représentation visuelle permet de replacer le phénomène ornemental dans la culture matérielle de son époque, où il peine souvent à trouver sa place.
Soersha Dyon termine une thèse sur l’arrivée et la diffusion de l’ornement moresque en France au XVIe siècle, sous la direction de Guy-Michel Leproux. Elle a été ATER en histoire de l’art moderne à l’université Rennes 2, et l’une des collaboratrices du Making & Knowing Project, à l’université de Columbia à New York.
7. 26/04/2023 | Thierry LAUGÉE
Le trophée cinématographique dans les documentaires animaliers de Martin et Osa Johnson
Le 26 juillet 1923, le taxidermiste Carl Ethan Akeley, exerçant alors à l’American Museum of Natural History signa la préface d’un prospectus destiné à récolter des fonds pour une nouvelle mission scientifique dans le Tanganyika. L’auteur de In Brightest Africa n’allait pas, comme dans ses précédentes expéditions, récolter sur le terrain des spécimens et des informations pour composer ses groupes biotopes. Il confiait cette nouvelle mission à un couple de jeunes cinéastes, Osa et Martin Johnson afin qu’ils rassemblent des archives visuelles. Cette campagne fut envisagée comme une réponse scientifique au film à succès d’H. A. Snow, Hunting Big Game In Africa, héroïsant le chasseur contre les bêtes africaines dites les plus cruelles. La direction de l’AMNH prit ici la décision d’organiser la protection des espèces par la diffusion d’un nouveau type de trophée. Cette communication vise à questionner les enjeux et les formes nouvelles de cette chasse cinématographique.
Thierry Laugée est Professeur d’Histoire de l’art contemporain à Nantes Université. Spécialiste de l’art animalier, du patrimoine scientifique dans ses liens avec l’art du XIXe siècle, il a publié Figures du génie dans l’art français (1802-1855) (Pups, 2015), Des images pour l’animal. Instruction visuelle et conservation des espèces dans l’État de New York (1869-1914) (Presses universitaires de Strasbourg, 2022) et Ernest Thompson Seton, portraitiste du monde sauvage (Éditions Vendémiaire, 2022).
8. 17/05/2023 | Anne LAFONT
Le Sud local : musée et droits civiques dans la Black Belt
Dans le sud des États-Unis, et plus précisément encore dans les États anciennement confédérés, les vingt dernières années ont vu une efflorescence de musées, de toutes tailles, qui ont, pour la plupart, pris au sérieux, la question des droits culturels tels qu’ils ont été énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme au lendemain de la deuxième guerre mondiale, en 1948, et tels qu’ils ont été approfondis dans des textes successifs dédiés, rédigés par le Groupe de Fribourg, notamment en 1993 puis en 2007. Il est intéressant d’en regarder les effets à différentes échelles et principalement à l’aune de l’histoire des Africains-Américains dans ces lieux où s’est déployée la brutalité du système esclavagiste et de ses avatars sociaux post-abolitionnistes. Car il semble que cette histoire a trouvé droit de cité grâce au musée : il s’agira de regarder comment.
Anne Lafont est historienne de ‘art et directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Elle s’intéresse à ‘art, aux images et à la culture matérielle de l’Atlantique noir et aux questions historiographiques liées à la notion d’art africain. En 2019, elle a publié : L’art et la race. L’Africain (tout) contre l’œil des Lumières (Les presses du réel) et co-dirigé un livre avec François-Xavier Fauvelle en 2022 : L’Afrique et le monde. Histoires renouées (La découverte).