Afghanistan : enjeux politiques et régionaux

Afghan market teeming with vendors and shoppers, 2-4-2009 - Staff Sgt. Russell Lee Klika, US Army National Guard/Wikicommons
Afghan market teeming with vendors and shoppers, 2-4-2009 - Staff Sgt. Russell Lee Klika, US Army National Guard/Wikicommons
Afghan market teeming with vendors and shoppers, 2-4-2009 - Staff Sgt. Russell Lee Klika, US Army National Guard/Wikicommons
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Incertitude politique, insécurité, marasme économique, corruption... une guerre et des violences de plusieurs décennies. Les Afghans sont pessimistes quant à la situation de leur pays. Où en est-on? Quelles sont les forces militaires encore présentes? Quelles sont les relations avec le Pakistan?

Avec
  • Christophe Lafaye Chercheur associé au CHERPA (Centre de recherche de Sciences Po Aix), spécialiste de l'armée française
  • Gilles Dorronsoro Politiste, professeur de science politique à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Adam Baczko Chercheur CNRS au Ceri-Sciences Po.
  • Laurence Nardon Docteure en sciences politiques, responsable du programme États-Unis de l'Ifri
  • Christophe Jaffrlot Directeur de recherche au CNRS

Autour de Christine Ockrent :

Christophe Jaffrelot, directeur de recherche au CERI-Sciences Po/CNRS, il a publié Le Syndrome pakistanais chez Fayard en 2013

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Gilles Dorronsoro,  Professeur de science politique à l'Université Paris I. Il a co-publié avec Adam Baczko et Arthur Quesnay, Syrie : anatomie d'une guerre civile  aux éditions du CNRS en 2016, et plus récemment, avec Adam Baczko, l’article « Logiques transfrontalières et salafisme globalisé : l’État islamique en Afghanistan », _Critique internationale__,_ 2017/1 (N° 74),

Adam Baczko, chercheur à l’EHESS, il a publié également l’article “ Gouvernance internationalisée en situation de guerre civile : l’accaparement foncier en Afghanistan (2001-2015)” dans  Critique internationale, 2017/2 (N° 75),

Laurence Nardon, Directrice des programmes États-Unis et Canada à l**’Ifri**, elle vient  de publier l’article, « Politique étrangère américaine : la sombre vision de Monsieur Trump », Études, 2018/3 (Mars),

Christophe Lafaye, chercheur associé au CHERPA (Centre de recherche de Sciences Po Aix). Il a publié L'armée française en Afghanistan : le génie au combat 2001-2012 : à l'origine des opérations de contre-insurrection du XXIe siècle aux éditions du CNRS Editions, avec le Ministère des Armées, en 2016

Les enjeux économiques en Afghanistan, vus par la presse internationale

La revue de presse d'Eric Chol, Rédacteur de Courrier International

L’instabilité politique pèse sur l’activité afghane, et rend très aléatoire le retour de la croissance.

In this Jan. 12, 2015 file photo, an Afghan money changer, left, counts a pile of currency at the Money and Exchange Market in Kabul.
In this Jan. 12, 2015 file photo, an Afghan money changer, left, counts a pile of currency at the Money and Exchange Market in Kabul.
- AP Photo/Massoud Hossaini, File/The Diplomat

C'est ce qui inquiète Omar Joya, professeur à la American University à  Kaboul qui signe un bilan économique du pays dans la revue asiatique The Diplomat. Selon l’auteur, le gouvernement afghan va avoir toutes les difficultés du monde redémarrer la croissance économique, alors que les incertitudes politiques n’ont sans doute jamais été aussi élevées. Omar Joya rappelle que le pays a enregistré des performances remarquables entre 2002 et 2012 – la croissance atteignait en moyenne 9,4% par an, le revenu par habitant a triplé au cours de cette période, pour atteindre 670 dollars. Mais depuis, nous explique-t-il, l’économie tourne au ralenti, un rythme moyen de 2,5% de croissance , et le revenu par tête a fléchi, et la pauvreté continue de s’étendre,  puisqu’elle touche 4 habitants sur dix. Que s’est-il passé au cours de ces dernières années qui expliquerait ce décrochage ? Omar Joya rappelle qu’il y a eu le transfert  du contrôle de la sécurité aux forces afghanes, et qu’en parallèle, l’aide internationale a diminué de façon sensible.

L’enveloppe  qui tournait autour de 12 milliards et demi de dollars est revenue sous la barre des 9 milliards en 2015, et bien sûr, reconnaît l’auteur, ceci explique en partie cela, c’est-à-dire le ralentissement économique, mais en partie seulement, précise Omar Joya. Car à ses yeux, la situation politique a aussi un impact important sur l’économie afghane : l’instabilité et les incertitudes qui dureront au moins jusqu’au prochain scrutin présidentiel, en 2019, freinent les investissements et la consommation. D’ailleurs, toutes les enquêtes d’opinions le disent, les Afghans sont de plus en plus pessimistes sur la situation de leur pays.

Incertitude politique, insécurité, marasme économique : le climat n’est pas très accueillant en particulier pour ces réfugiés qu’on renvoie en Afghanistan...

Le journal britannique The Guardian a révélé au début de l’année  les résultats d’une étude réalisée pour le Conseil norvégien pour les réfugiés et selon laquelle 72% des Afghans qui sont renvoyés dans leurs pays sous prétexte que les conditions de sécurité y sont remplies, doivent fuir à nouveau notamment à cause des violences. Selon le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, cité dans l’article,  

“La rhétorique selon laquelle les choses vont mieux en Afghanistan et que nous pouvons de ce fait y renvoyer des gens n’est pas correcte. Les ministères de l’Immigration disent qu’il est possible d’y retourner en toute sécurité, mais il a été montré que c’est faux”.

L’an dernier, le nombre de demandeurs d’asile afghans qui ont été forcés à rentrer dans leur pays par la Grande-Bretagne et les autres pays d’Europe a triplé. Mais comme on le voit, une grande majorité n’y restent pas : selon le Guardian, près de 1200 Afghans ont fuit chaque jour leur pays en 2017.

C’est vrai que l’année dernière,  le nombre de victimes causées par les attentats et les attaques suicide a augmenté de 17% par rapport à 2016, avec 602 morts. Et je ne parle que des attentats, car si on compte à présent le  nombre total des victimes civiles du conflit afghan, le bilan s’élève à 3400 morts et 7000 blessés. Face à des statistiques aussi macabres, il est difficile de parler d’un retour à la normale dans un pays en guerre depuis presque 30 ans. 

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