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« Conduis et tais-toi » : le message paradoxal de Riyad aux Saoudiennes

Six militantes féministes ont été incarcérées un mois avant l’entrée en vigueur du décret royal autorisant les Saoudiennes à prendre le volant.

Par  (Beyrouth, correspondant)

Publié le 21 mai 2018 à 15h15, modifié le 22 mai 2018 à 06h45

Temps de Lecture 5 min.

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Lors d’un salon automobile réservé aux femmes, à Riyad, le 13 mai.

Six militantes saoudiennes, à la pointe de la lutte pour accorder aux femmes le droit de conduire, risquent d’assister au couronnement de leurs efforts depuis une cellule de prison. Ces féministes, accusées de « saper l’unité nationale » et de porter « atteinte à la stabilité du pays », ont été arrêtées, mardi 15 mai, à un peu plus d’un mois de l’entrée en vigueur du décret autorisant les habitantes du royaume à prendre le volant.

Ce paradoxe est emblématique des limites du processus de réformes lancé par le jeune prince héritier, Mohammed Ben Salman, le fils du roi Salman. Surnommé « MBS », homme fort de la monarchie, il est présenté comme un modernisateur éclairé par la presse gouvernementale, qui vante ses efforts pour dépoussiérer le pays, sur le plan économique comme social. « C’est la pure arrogance du pouvoir, s’exclame Jamal Kashoggi, un journaliste saoudien en exil aux Etats-Unis. “MBS” n’avait vraiment pas besoin de faire cela. Il se tire dans le pied de façon magistrale. »

Lire aussi Article réservé à nos abonnés La longue marche des Saoudiennes vers l’égalité

Les six frondeuses, présentées sur les réseaux sociaux comme des « traîtresses » à la solde des « ambassades étrangères », sont représentatives de la longévité du mouvement de revendication des femmes dans le royaume. On trouve parmi elles des pionnières du féminisme saoudien, qui pour certaines ont participé à l’opération de conduite « sauvage » de 1990, la première du genre, organisée dans l’ombre du déploiement de l’armée américaine dans le royaume, en prélude à la première guerre du Golfe.

Il s’agit d’Aïsha Al-Maenna, de Madiha Al-Ajroush, d’Hessa Al-Sheikh et d’Aziza Al-Youssef, des femmes souvent issues de milieux aisés, diplômées, âgées de 60 à 70 ans. « Ce sont nos marraines, nos idoles, s’indigne sur Twitter Manal Al-Sharif, une dissidente en exil en Australie. Aïsha a survécu en 2017 à une attaque cardiaque. Elle a consacré toute sa fortune à l’éducation des femmes. L’accuser de trahison est une blague. J’ai honte de ce qui se passe en Arabie saoudite. »

« Mohammed Ben Salman ne veut laisser à personne d’autre que lui le mérite de cette mesure », suggère une féministe qui s’exprime sous couvert d’anonymat

A côté des doyennes de la cause figurent deux jeunes femmes qui représentent la relève, Lujain Al-Hathloul, 28 ans, et Eman Al-Nafjan, une trentenaire, qui, comme leurs aînées, ont été emprisonnées à plusieurs reprises ces dernières années pour avoir bafoué l’interdiction de conduire faite aux femmes. Trois hommes, sympathisants de leur mouvement, ont également été incarcérés : Ibrahim Al-Modaimigh, un octogénaire, avocat de Lujain Al-Hathloul ; Mohamed Rabieh, l’organisateur d’un salon littéraire, tenant du nationalisme arabe, une idéologie très peu du goût de Riyad en ces temps de rapprochement discret avec Israël ; et Abdelaziz Al-Meshail, un homme de médias.

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