« France is back ! », aime à répéter Emmanuel Macron. Il lança la formule au Forum économique mondial de Davos, le 24 janvier et, la veille, à Versailles, s’adressant en anglais aux grands patrons américains de la nouvelle économie, en partance pour la station des Alpes helvétiques. Apôtre d’une francophonie « décomplexée », le président français manie volontiers la langue de Shakespeare pour vanter une France ouverte aux défis de la mondialisation.
L’élection surprise, le 7 mai 2017, de ce jeune et brillant technocrate aux convictions européennes assumées constituait déjà en soi un changement. D’où le rapide et indéniable succès d’image du nouveau président, même s’il se retrouve parfois en porte-à-faux, à force de vouloir concilier l’inconciliable.
Un an plus tard, le retrait de Donald Trump de l’accord sur le nucléaire iranien, après celui sur le climat, malgré la relation affichée d’« amitié » entre les deux chefs d’Etat, représente un incontestable revers pour un président très attentif à son image.
Pour 55 % des Français, selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et France Info, il est perçu comme trop aligné sur le locataire de la Maison Blanche. Dresser le bilan de la politique extérieure d’Emmanuel Macron est prématuré, mais il est déjà possible de déceler les lignes de force et les failles de son action diplomatique.
Le jupitérien
Encore candidat, Emmanuel Macron déclarait dans l’hebdomadaire Challenges, en octobre 2016 : « La France a besoin d’un président jupitérien. » En s’installant à l’Elysée, il a rappelé que, selon la Constitution de la Ve République, le chef de l’Etat est le véritable maître d’œuvre d’une politique étrangère. Si le jeune président a fait de la personnalisation extrême de la fonction une marque de fabrique, elle est souvent ressentie comme de l’arrogance, notamment au sein de l’Union européenne (UE). Surtout, elle l’expose.
Avec un Donald Trump imprévisible, une Theresa May engluée dans le Brexit et une Angela Merkel affaiblie, Emmanuel Macron bénéficiait d’un exceptionnel alignement de planètes pour émerger sur la scène internationale. Il a très bien su en jouer.
« Le simple fait que, partout, il soit considéré comme un vrai président, et que la parole de la France soit à nouveau prise au sérieux, est déjà un vrai résultat, remarque l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine. Même s’il surjoue l’amitié et les contacts personnels, il affirme un style se démarquant clairement de celui de ses prédécesseurs. Maintenant, il doit transformer l’essai après ce démarrage réussi. »
Il vous reste 86.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.